nos coutumes, ainfi qu’on le peut voir dans le glof-
faire de M. de Lauriere.
En quelques endroits de ces coutumes le terme de
répit lignifie fouffrapce; mais dans l’ufage ordinaire,
répit lignifie furféance aux pourliiites ou délai de
payer.
Anciennement en France les juges accordoient des
lettres de répit, mais nos rois fe lont réfervé ce privilège
; il fut pourtant défendu en 1560, aux officiers
de chancellerie d’expédier aucunes lettres de
répit-, mais on eft depuis revenu à l’ordonnance de
François I. en 15 3 5, qui veut que ces lettres émanent
du prince.
L’ordonnance de 1667 a défendu de nouveau à
tous juges d’accorder aucun répit ni furféance, fans
lettres du roi ; elle permet feulement aux juges, en
condamnant au payement de quelque fomme, de
donner trois mois de furféance, fans que ce délai
puîflè être prorogé ; néanmoins dans l’ufage on accorde
quelquefois différens termes pour le payement.
Les lettres de répit né s’expédient qu’au grand
fceau, & ne doivent être accordées que pour caufes
importantes,dont il faut qu’il y ait quelque commencement
de preuve authentique.
L’acLreffe de ces lettres fe fait au juge royal du domicile
de l’impétrant, à moins qu’il n’y ait inftance
pendante devant un autre juge, avec la plus grande
partie des créanciers hypothécaires, auquel cas l’a-
drefl'e des lettres fe fait à ce juge.
Les lettres de répit donnent fix mois à l’impétrant
pour en pov.rfuivre l’entérinement avec faculté aux
juges de lui accorder un délai raifonnable pour payer,
lequel ne peut être de plus de cinq ans, fi ce n’eu du
confentement des deux tiers des créanciers hypothécaires.
La furféance oclroyié par les lettres de répit court
du jour de la lignification d’icelles, pourvu qu’elle
foit faite avec affignation, pour procéder à l’entérinement.
L'appel des jugemens rendus en cette matière ref-
fort nuement au parlement.
Les cb-obligés cautions & certificateurs ne jouif-
fent pas du bénéfice des lettres de répit accordées
au principal débiteur.
On n’accorde point de répit pour penfions, alimens,
médicamens , loyers de maifon, moiffon de grain,
gages de domeftiques, journées d’artifans & mercé-
naires, maniemens de deniers publics , lettres de
change , marchandifes prifes fin l’étape, foire, marché,
halles,ports publics, poiffon de mer frais, fec
& falé , cautions judiciaires, frais funéraires, arrérages
de rentes foncières, & redevances de baux
emphytéotiques.
Un débiteur n’efl pas exclus de pouvoir obtenir
des lettres de répit, fous prétexte qu’il y auroit renoncé.
Pour en accorder de fécondés, il faut qu’il y ait
des cailles nouvelles, & l’on ne doit pas en accorder
de troifièmes.
Les lettrés de répit font préfentement peu iilitées;
lés débiteurs qui lé trouvent infolvables, prennent
le parti d’atermoyer, avec leurs créanciers , ou de
faire ceffion. Vvy^z l’ordonnance de 1669, tit. des répits
, la déclaration .du 13 Décembre 1699, & les
mots Abandonnement , At e rm o yer , Cession,
Fa il l it e , Let tré s d’état. (A)
R É P IT , ( Marine. ) Voyez, RECHANGE.
REPLACER, v. aéh ( Gram. ) c’eft remettre à fa
place. Voyez les articles PLACE & P LACER.
REPLAIDER, v. a£t. (Gramé) c’eft plaider une fe-
condëfôis. Voyez les articles Plaider , PLAIDO YER,
Plaideur,.
REPLANCHEYER, v. à&. ( Gram. ) c’eft refaire
Un plancher. Voyelles articles PLANCHE, PLANCHER.
& Plancheyer.
REPLANTER , v. aft. ( Gram. ) c’eft planter de
nouveau. Voyez Us articles Plan , Plantation ,
Pl a n t e r , Plantoir.
REPLATRER, v. a£h (Gram.) c’eft renduire de
plâtre. Voyez Plâtre 6* Plâtr er.
RÉPLÉTION, en Médecine, fignifié plénitude ou
pléthore, excès d’embonpoint. Voyez P lénitude &
Pléthore.
Les maladies qui viennent de réplétion , font plus
dangereufes que celles qui viennent d’inanition. La
faignée & la diette font les meilleurs remedes quand
on eft incommodé de réplétion.
Réplétion fe dit auffi de l’accablement de l’eftomac
furchargé de nourriture & de boiffon. Les Médecins
tiennent que toute réplétion eft mauvaifé , mais que
celle du pain eft la pire. Voyez iNDiGESTi.ON.
R éplétion , ( Jurifprud. ) en matière bénéficia-
le eft, lorfqu’un gradué eft rempli de ce qu’il peut
prétendre en vertu de fes gradés, ce qui a lieu lorf-
qu’il a 400 liv. de revenu en bénéfice en vertu de fes
grades, ou 600 liv. autrement au’en vertu de fes gra-
des. Voyez ci-devant G radue , & le mot R empli.
( A )
REPLI, f. m. ( Gram.) il fe dit de tout ce qui eft
mis en double fur foi-même: le repli d’une étoffe, lé'
repli d’un papier. On l’applique à la marche tortiieufe
des ferpens & à la figure fléchie en plufieurs fens de
leurs corps. Sa croupe fe recourbe en replis tortueux.
On le prend aufli au figuré je me perds dans les replis
de cette affaire ; qui eft-ce qui conrioit tous les
replis du coeur humain ?
REPLIER, v. aft. (Grarn.) plier une fécondé fois..
On déplie les pièces de drap ou d’étoffes pour les faire
voir , & enfuite on les replie pour les refferrer.
Replier , fe replier fur foi-même, fe dit du cheval
qui tourne fubitement de la tête à la queue, dans
le moment qu’il a peur ou par fantaifie.
REPLIQUE, f. f. (Gram. ) fecond.e réponfe à une
féconde obje&ion.
Répliqué , ( Jurifprud. ) eft ce que le demandeur
répond aux défenfes du défendeur.
L’ordonnance de 1667. abroge les dupliques, tri-
pliques, &c.
A l’audience on appelle répliqué ce que le défen-
feur du demandeur Ou de l’appèllant répond au plaidoyer
du défendeur ou de l’intimé. Cette répliqué eft
de grâce , c’eft-à-dire, qu’il dépend du juge de l’accorder
ou de la refufer , félon que la caufe lui pa-
roit être entendue. C’ eft pourquoi à la grand’chambre
du parlement, l’avocat de l’appellant qui plaide
en répliqué, n’eft plus au barreau d’en-haut, mais
dans le parquet où il defeend pour Conclure. (A)
Réplique, f. f. en Mufique, lignifie la même cho-
fe qu’oftave. Voyez O c t a v è . Quelquefois aulfi en
compofition on appelle répliqué l’irnifibn de la même
note, donné à deux parties différentes. Voyez Unisson.
ÇS)
REPLISSER, v. a£l. ( Gram. ) c’eft pliffer une féc
o n d é fois. Voyelles articles P l i S 6* PLISSER.
REPLONGER , v. aû. ( Gram. ) c’eft plonger
de nouveau. Voyez ^es arcicUs Plonger & Plongeo
n: :
REPOLIR, v. aflt. ( Gram. ) c’êft rendre le poli.
Voyez Poli & Po lir.
REPOLON , f. m. air de martege, qüi éonliftè
dans une demi-vOlte fètmée encinqtems. Quelques-
uns , entr’autres M. de Newcaftle, appellent repo-
lohs le galop d’un cheval l’efpàce d’iïn demi-mille ,
& méprifent autant Ce manege que lés autrés l’efti-
mènt.
RÉPONDANT, f. m. en termes de dretii, eft c'elin
qui
qui répond ou s’engage pour un autre. Voyez C aution
& Garan t.
Le répondant eft tenu du dommage caufe par celui
pour lequel il a répondu. Il y à quatre ordonnances
de nos rois qui défendent expreffément aux bourgeois
de prendre des domeftiques qui n’ayent des répondons
par écrit. Répondant, dans cette derniere
phrafe, fe prend pour l’afte même, par lequel quelqu’un
s’eft engagé à répondre de la fidélité d’un do»
meftique. Mais cet ufage d’exiger des valets des répondons,
eft tout-à-fait néglige.
RÉPONDRE, v. aft. ( Gram. ) c’eft fatisfaire à
unequeftionou à une demande. Il n’y a point d’igno-
rans qui ne puiffent faire plus de queftions qu’un ha»
bile homme n’en peut répondre.
R é p o n d r e , ( Critiq. facrée. ) ce mot fignifié
dans l’Ecriture i°. répliquer à un difeours , à une
queftion 20. juflifier , rendre témoignage : mon ih- i
nocence me rendra témoignage, refpondebit Gen. I
xxx. g j . Enfin contredire, contejlêr; qui êtes-vous
pour contefter avec Dieu? Qui refpondeas Deo. Job.
ix. 14.(D . J .)
R épondre , dans le Commerce, fignifié cautionner
quelqu’un, le rendre garant pour lui. Les cautions
& leurs certificateurs répondent folidairement des
dettes, faits & promeffes de ceux pour qui ils s’engagent
, & doivent à leur défaut les acquitter, delà
le proverbe, qui répond, paie : ce qui n’arrive que
trop fréquemment dans le négoce. Diclionn. de Commerce.
R épondre aux éperons , ( Maréchal. ) fe dit d’un
cheval qui y eft fenfible & y obéit. Répondre à ? éperon
eft tout le contraire ; car ce terme fignifié un
cheval m ol, qui au lieu d’obéir au coup d’éperon,
ne fait qu’une efpece de plainte, & n ’en eft pas plus
emw. Répondre à la main. Voyez Main.
REPONS, f. m. terme de bréviaire, c’eft une efpece
de motet compofé de paroles de l’Ecriture, & relatives
à la folemnité qu’on célébré, qui eft chanté par
deux choriftes, à la fin de chaque leçon de matines ;
on en chante auffi un à la proceffion & aux vêpres.
II eft appelle répons, parce que tout le choeur y répond
en en répétant une partie, que l’on nomme reclame
ou réclamation. Voyez RECLAME.
Il y en a auffi à la fin des petites heures qu’on àp-
pellQ-répons-brefs, parce qu’ils, font plus courts que
les répons des matines. Ils font chantes par les enfans
de choeur, & tout le peuple y répond en en reprenant
une partie ; les répons-brefs font toujours fui vis
d’un verfet & d’une oraifon.
RÉPONSE , REPARTIE, (Synon.) la réponfe en
general s'applique à une interrogation faite. La reparue
{a dit indifféremment de toute répliqué. Quoiqu’une
repartie vive & prompte faffe honneur à l’ef-
p rit, il eft encore plus convenable de fe retrancher
à une repartie judicieufe ; & dans les queftions qu’on
a droit de nous faire , il faut s’attacher à y répondre
nettement.
Il y a des occafions où il vaut mieux garder le fi-
lence que de faire une repartie offenfante, & l ’on n’eft
pas obligé de répondre à toutes fortes de queftions.
Une repartie fe fait toujours de vive vo ix , une réponfe
fe fait quelquefois par écrit.
Les reponfes & les reparties doivent être juftes ,■
promptes , judicieufes, convenables aux perfonnes,
aux teins , aux lieux & aux conjeftures. Il y a des
reponjes & des reparties de toutes efpeces qui biffent
plus _ou moins à penfer à l’efprit. Il y en a de fenten-
cieufes de jolies de fabriques , de galantes , de
«atteufes,, de nobles, de belles , de bonnes, d’heu,-
rraies ,d héroïques,«*. Donnons queWes èxem-
pies des unes des autres.
DohTf1 de? andoit-à Ariftarque pourquoi il n’écrivoit
* Ton* X I V ™ PaS w Ê Ê Ê qUeie voudrGis »
» féjpondit-iï, & jè ne veux pas écrire cè que je pour-
» rois ». Tacite a encore mieux dit : Rara temporurn
félicitas , uoi fentire quoe velis , & quee fentias feribert
hce't. j
La np/crut dé la reine Chrliliné d ieui: qui fe plat-
gnoient de cequ’elle avoit nomméSalvius iénateur de
, lede. Ç'Oiqu il ne fût pas d’une maifon affez noble
devrait etre connue de tous les rois. « Quand il eft
» queftion d’avis & de fa^es eBnfeils, répondit-elle
» on ne demande point feize quartiers, mais ce qu’il
» faut faire. Les nobles avec de la capacité ne feront
» jamais exclus du fénat, & n’excluront jamais les
» autres m. ptlang.3t b t t t e i M .Dakmbcn t ij
° n peut mettre dans l’ordre des JtSlîêS ftpanici
toutes les laillies quand elles ont du fel. Telle eft ■
par exemple, la ripon]i,S\\n mauvais peintre devenu
médecin , t e dit vivement à ceux qui lui ejeman-
doient la raifon de fon changement d’état « qu’il
B choiflr un art dont la terre couvrît les
» fautes qu’il y feroit ».
I Telle eft encore la réponfe plaifante-d’Henri IV:
“ Latberme de Mcdicis , lors de la conférence de
Ste Bris près deOugnaç en i $8$, Cette princeffe qui
employoït fés filles d’honneur 4 amtifer les grands 8s
^-découvrir leurs fècrets .^tournant versHenri IV
Itu demanda qu’eft-ce’qu’il voüloit : « Madame lui
» repondit-il en regardant les filles qu’elle avoit ame-
-n e e s , il n’y a rien-là que je veuille ». Il ne Iiii avoit
PSï fdJldïÿÿsËiLüne auffi bqïüî-e répanfe,
Un fatynqùe fpif tuel interroge dé’ céqu’ilpenfoit
d un tableau du , cardinal de Richelieu , dans lequel
ce mimftre s’étoit fait peindre tenant un globe à la
™ain ’ “ ots latins » u ‘ fiant. H W B
tup, eu lubfntant il donne le moiivemen: a-.f.-éôade '
oeDondit vivement, ergo tadente, omnia W H f f l
lorfqu il ne fubfiftera plus , lé monde fera donc en
repos.
Entre les reparties oil régné l’efprit d’une^rtâïgeW
Iantene ,-on-peut citer c flle de M. deBuffy : «Vous'
» ineregarde/auffi », lui dit une .belle femme : « Ma-
fiWainee;!A nparmtil, roii fait fi bléfi qu’il finit vous
» regarder,- que qui ne le fait pas dans une compa-
» gme, y entend lurembnt fineffe „ ., ,
J!ai parlé flaiteufies. Une femme vint
le matin fe plaindre à Soliman II. que la nuit pendant
qu elle dormoit fés janiffiires avoient tout emporté
de chez elle. Soliman fount & répondit qu’elle dybit
donc-dormi d’unifemmeilbien profond, fi èllen’avoit
rien entendu dtf bruit qu’on avoit dû fifire en pillaht
la maifon. « 11 eft v ra i, feigneur, répliqua çettefiem-
» nie, que je dormois profondément, parce que je
l “ Rue ta haute® veilloit p o u ru h lil. Le
t fultan admira la repartie St la récompenfa.
On a feit’fouvent de nobles reponfes , celle-ci mé-
nte d’être citée. Dans le procès de François de Montmorency
, comte de Luze & de Bouttèviïfe, M. du
Châtelet fit pour fa défenfe un mémoire également
’ éloquent & haidi Le cardinal de Richeliéu lui re«
procha fortement dtvdlr m,s au ce mémoire
; pour condamner la juftice du prince. « Pardonnez-
» m ^ * t i ; répondit-il ç’Sft pour juftifier fa clé-
j » mence ,ç*s il a la .'i^rth. ti’.en nier envers un des
» plus honnêtéS & dés plus vailians hommes de loir’
royaume ». ■-
Je placé au rang des belles tèponfes dé l’antiquité
j celle de Marins à l’officier de Sextilius qùi, après lui
avoir défendu de là part dé foii maître dé mettre le
pie en Afriquë j lui demafidâ fa réponfe: «Mon ami,'
>i répliqùa-t-îl, dis à'ton maître que tu a vu Marins
» fogiiif, affis fur les ruines de Carthage»! Quelle
noblelie , quelle grandeur, & quelle force de fens
dans ce peu de parole® Il h’y avoit point d’image
plus capable de faire impreffion fur l’eljirit de Sexti-
lius que eclie-ci, qui lui reuiettoit devant les yeux la