lice eft compofé d’écailles 8c de petites feuilles, duquel
s’élèvent plufieurs fleurons , longs de plus d’un
pouce, d’un beau rouge defafran, foncés 8c découpés
en cinq parties; '
Les embryons dés graines n’ont point d’aigrette^ ;
8c lorfqu’elles font parvenues à leur maturité, elles
font très-blanches, lifîës, liüfr.ntes, longues de trois
lignes, plus pointues à l’extrémité inférieure, marquées
de quatre angles ; elles contiennent fous une
écorce un peu dure, 8c comme cartilagineufe, une
efpece d’amande blanchâtre , d’une faveur d’abord
douçâtve, eniuite âcre, 8c qui caufe des naufées,
Les fleurs paroiffent dans le mois d’Août ; les graines
font mûres en automne. On cultive cette plante
dans quelques provinces de France, d’îtalié 8c d’Ef-
pagne, non-feulement pour l’ufage de la Médecine,
mais encore pour la teinture.
On eftirrie les graines récentes, luifantes, blanches
, quoique quelaues-uns ne rejettent pas celles
qui tirent fur le roux, celles dont la moelle ell blanche,
graflé, 8c qui étant jettées dans l’eau, vont au
fond ; mais il ne faut jamais employer celles qui font
flafques , moifles , cariées, rouffes. On ne fe fert
que de la moële, 8c on rejette l’écorce.
La graine de carthame, que quelques-uns appellent
auffi graine de perroquet, parce que les-perroquets
la mangent avec avidité, & s’en engraiffent fans en
être purgés, eft un purgatif pour les hommes. Elle
eft remplie d’une huile â c re, à laquelle on doit rapporter
fa vertu purgative. Les Médecins la donnent
en émuliion; quelques-uns la mêlent avec des décodions
, 8c tous tâchent d’en corriger les défauts
par des remedes aromatiques ou ftomachiques ; mais
le plus sur eft de n’en point faire ufage. (D . ƒ.)
S a f r a n b a t a r d , yoye{ C a r t a m e .
S a f r a n d e s In d e s , (Botan. exot.') Le fafran, ou
fauchet des Indes , eft appellé crocus indicus , Arabi-
bus curcuma par Bontius.C’eft une petite racine oblon-
gue, tubéreufe , noueufe , de couleur jaune, ou de
fafran, 8c donnant la couleur jaune aux liqueurs dans
lefquelles on l’infufe ; fon goût eft un peu âcre &C
amer; fon odeur eft agréable, approchante de celle
du gingembre, mais elle eft plus foible.
La plante qui pouffe cette racine, eft nommée par
Bontius, curcuma folïis longioribus & acutioribus ; 8c
dans le jardin de Malabar, maniella hua. Tournefort
a fait une erreur en la rangeant parmi les efpeces de
•cannacorus ; M. Linnæus la caraftérife ainfi :
Son calice eft formé par plufieurs fpates partiales,
fimples, 8c qui tombent; la fleur eft un pétale irrégulier
, dont le tuyau eft fort étroit. Le pavillon eft
découpé en trois parties , longues , aiguës, évafées
•de écartées. Le neftarium eft d’une feule piece, ovale,
terminée en pointe, plus grande que les découpures
du pétale , auquel il eft uni dans l’endroit où cepé.-
tale eft le plus évafé. Les étamines font au nombre
de cinq, dont quatre font droites, grêles, & ne portent
point de fommets ; la cinquième, qui eft plantée
entre le neftarium , eft longue , très-étroite, ayant
la forme d’-une découpure du pétale, 8c partagée en
deux à fon extrémité, près de laquelle fe trouve le
ffommet. Lê piftil eft un embryon arrondi qui liip-
porte la fleur , 8c pouffe un ftile de la longueur des
étamines, furmonté d’un ftygma fimple 8c crochu.
Le péricarpe ou ïe fruit, eft cet embryon qui devient
une capfule arrondie à trois loges féparees par des
cloifons ; cette capfule contient plufieurs graines.
La racine du fafran des Indes meurit, 8c fe retire
de la terre après que fes fleurs fe font féchées. Cette
plante eft fort cultivée dans l’orient, pour l’ufage de
ià racine, qui fert à affaifonner la plupart des mets ;
ils ulent auffi des fleurs pour en faire des pommades
dont ils fe frottent le corps. On regarde encore le Jà-
fra.ii d e s Indes comme un grand remede pour provo-
Iquer les réglés, faciliter l’accouchement, 8c fur-tout
pour la guerifon de la jaunifl'e. Enfin les Indiens l’emploient
fouvent dans la teinture.
Il y a une autre efpece de fafranjes Indes que
l’on furnomme rond, 8c que les Portugais nomment
rat{defafrao : on ne le trouve pas dans les boutiques.
C ’eft une racine tubéreufe, un peu ronde, plus greffe'
que le pouce, compaftë, charnue , chevelue au-,
dehors , jaune endedans. Cette racine étant coupée
tranfverfalement a diflérens cercles , jaunes, roû-
ges, dé couleur de fafran, elle imite le fafran 8c le
gingembre par fon goût & fon odeur , ‘qui font cependant
plus foibles que dans le curcuma long; elle
a auffi les mêmes venus , mais plus foibles. Cette
plante qu’on appelie ' curcuma radice rotundâ dans
VHort. rtialab. a les feuilles , les fleurs ÔC les fruits
femblables à la précédente. (D . J .)
S a f r a n d e s I n d e s , ( Mat. méd, ) Voye{ C u r c
u m a .
S a f r a n d e M a r s , {Mat. mèd.') Voyc{ M a r s .
S a f r a n d e l ’e t r a v e , ( Marine. ) piece de bois
qu’on attache depuis le deffous de la gorgere jufque
fur le rinjot, 8c qui fert à faire venir le vaiffeaU au
vent, lorfique par défaut de conftruftion , il y vient
difficilement. Cela s’appelle donner la pince d'un vaif.
feau.
S a f r a n , {Charpenté) c ’ e ft la p lan c h e q u i e ft à l’ ex»
t rém ité d u g o u v e rn a il d’u n b a t te a u - fo n c e t , fu r laq
u e lle fo n t a t ta ch é e s le s b arres q u i fo u t ie n n e n t le s
p lan c h e s de remplag e.- {D . J . )
SAFRANIERE , f. f. ( Agriculture.) plantation de
fafran dans un lieu préparé 8c choifi exprès pour fa
culture ; on donne ordinairement trois labours par
an à la fafraniere : le premier quand on le plante, ou
s’il eft déjà planté au printems, quand les feuilles
tombent ; le fécond fur la fin de Juillet, 8c le troilie-
me au commencement de Septembre. On clioifit de
donner le dernier labour par un beau tems, 8c de ne
pas offenfer les oignons en labourant.
Une fafraniere ainfi ménagée, dure trois années
dans fa vigueur ; elle pourroit même continuer à rapporter
pendant neuf ans, pourvu qu’on eût foin de
la labourer, de la farcler 8c de l’amander ; mais il
vaut mieux après trois ans de production, lever hors
de terre les oignons 8c les cayeux qu’ils ont produits
pour les planter ailleurs, 8c vendre le furplus: Sitôt
que les oignons font hors de terre, on doit les mettre
à l’ombre dans un endroit qui ne foit point humide.
Il ne faut jamais les replanter dans l’endroit
d’oii on les a tirés, parce que la terre eft ufée ; il
s’agit au contraire de la réparer 8c de la bien fumer.
Plufieurs cultivateurs partagent en quatre ce qu’ils
ont de terre à mettre en fafran; ils garniffentles derniers
quartiers des oignons 8c cayeux qu’ils retirent
des premiers ; 8c comme ils ne fleuriffent pas tous en
même tems, ils ont plus de commodité à cueillir le
fafran qui refleurit d’un côté pendant que la dépouille
fe fait de l’autre. (Z>. /.)
S AFRE, SAFFRE, ZAFFRE ou SMALTE, f. m.
c’eft un verre coloré en bleu par le moyen du cobalt
dont on fe fert pour faire du bleu d’empoi, 8c pour
peindre en bleu fur la porcelaine, fur la fayance 8c
fur l’émail. Cette fubftance fe débite fous la forme
d’une poudre qui eft d’un bleu plus ou moins beau ;
elle eft défignée fous les différens noms de fafflor, de
fnalte, de {offre , mais elle eft plus généralement
connue en France fous celui de fafre oïl de bleu d’é-
On a dit à l’article C o b a l t , que c’étoit ce miné-'
ral qui donnoit la couleur bleue que l’on nomme faf-
fri ; on a dit auffi que M. Brandt, favant chimifte
Suédois, regardoit cette fubftance comme un demi-
métal particulier, dont le caraftere diftinftif eft de
colorer le verre en bleu ; mais depuis la pijblication
du volume qui contient l'article C o b a l t , plufieurs
Chimiftes ont fait de nouvelles expériences pour approfondir
la nature de ce minéral fingulier, 8c ils
en ont porté un jugement tout'différent de celui de
M. Brandt 8c des perfonnes qui ont adopté fon fen-
timent. Cela pofé, on a cru devoir rapporter ici les
expériences 8c les idées nouvelles qui ont paru fur
ce fujet ; malheureufement, loin d’éclaircir la matière,
elles ne font qu’augmenter nos incertitudes* M.
Rouelle, ainfi que quelques autres Chimiftes François,
ont cru trouver la confirmation du fentiment de
M. Brandt, parce qu’ils ont tiré du fafre , c’ eft-à-di-
re du verre coloré par le cobalt, une fubftance parfaitement
femblable à un régule femi - métallique -,
8c qui, mêlé de nouveau avec du verre, le coloroit
en bleu. Malgré cela, la plupart des Minéralogiftes
8c Métallurgiftes allemands, refufent de regarder le
cobalt comme un demi-métal particulier, 8c prétendent
que la fubftance réguline que l’on tire du cobalt
eft une combinaifon. M. Lehmann dans le 590 de
la nouvelle édition de fa Minéralogie, publiée en
allemand à Berlin en 1760, dit que « le cobalt dont
» on fait la couleur bleue , abftraftion faite de l’ar-
» fenic qu’il contient, ne peut point donner ni un
» métal, ni un demi-métal, de quelque façon qu’on
» s’y prenne , mais en fe vitrifiant avec un Tel alkali
» 8c une terre vitrifiable, il s’en précipite une fubf-
» tance appelléeJpeifs, qui réffemble à un demi-mé-
» tal, mais qui réellement n’eft qu’une combinaifon
» de cuivre, de fe r , d’arfenic, 8c d’une terre pro-
» pre à colorer en bleu ». Le même auteur ajoute
dans le §. 91. « i ° . Que la matière colorante qui fe
» trouve dans le cobalt qui donne du fptifs, eft quel-
» que chofe de purement accidentel, c’eft pour ce-
» la qu’elle fe fepare de la partie réguline , tant par
» la vitrification, que par d’autres opérations chi-
» miques ; 8c même fi l’on fait fondre à plufieurs re-
» priles le fpeifs, produit par le cobalt avec du fel
» alkali & du fable , il perd à la fin toute fa pro-
»> priété de colorer en bleu. 2.0. On peut s’aflurer
» de la maniéré fuivante de ce qui entre dans la
» compofition de la matière réguline du cobalt qui
» donne le bleu ; pour cet effet, l’on n’a qu’à pren-
» dre du prétendu régule de cobalt pur , le faire
» fondre à plufieurs reprifes avec de la fritte de ver-
» r e , jufqu’à ce qu’il n’en parte plus de fumée, ni
» d’odeur arfenicale ; alors on n’aura qu’à le remet-
» tre de nouveau en régule , en extraire la partie
» cuivreufe , par le moyen de l’alkali volatil, juf-
» qu’à ce que ce diffolvant ne devienne plus bleu ;
» enfin, fi l’on diffout le réfidu dans les acides, 8c
» qu’on précipite la difl'olution, on ne tardera point
» à appercevoir le fer ».
M. de Jufti, célébré chimifte allemand, très-verfé
dans la minéralogie, paroît être du même avis que
M. Lehmann ; il croit que la terre métallique du cobalt
qui colore le verre en bleu , eft produite par
une combinaifon du fer avec l’arfenic. Il appuie cette
conjefture fur un fait attefté par M. Cramer, qui
dit dans fa Docimafie, avoir oui dire que M. Henc-
kel avoit eu le fecret de'colorer le verre en bleu,
en faifant calciner de la limaille d’acier de Styrie.
Un des amis de M. de Jufti, qui avoit été le difei-
ple de M. Henckel, l’a affuré de la vérité de ce fait,
ajoutant même que pour faire cette expérience , il
prenoit trois parties de limaille d’acier qu’il mêloit
exaftement avec une partie d’arfenic, 8c qu’il faifoit
réverbérer ce mélange pendant trois jours, à un feu
qui étoit doux au commencement, mais qu’il aug-
mentoit par*degrés.
Le même M. de Jufti nous apprend, que la man-
ganèfe ou magnéfie qui eft un minéral ferrugineux,
fi on la joint avec de. l’arfenic, 8c fi on la calcine
enfuite, devient propre à donner une couleur bleue
Tome X IV .
au verre. Le même auteur parle d’un cobalt noir
femblable à la mine d’arfenic noire, qui fe trouve
dans les terres de la dépendance du duc de Saxe-Co-
bourg, ainfi qu’au petit Z e ll, dans la baffe-Autriche
; ce cobalt contenoit une grande quantité de fer
& devoit fa couleur noire à ce métal, mais il ne contenoit
que très-peu , ou même point du-tout d’arfenic
; en mêlant enfemble & faifant calciner ce cobalt
noir 8c ferrugineux avec d’autre cobalt ordinaire,
gris 8c chargé d’arfenic : M. de Jufti dit que de ce
mélange , il réfultoit^ine matière très-propre à colorer
le verre en bleu , c’eft-à-dire à faire du fafre.
Il ajoute qu’il n’y a point de cobalt qui ne contienne
dés parties ferrugineufes plus ou moins abondamment
, 8c il prétend que les cobalts ne font propres
à donner du bleu , que lorfqu’ils contiennent une
jufte proportion de fer 8c d’arfenic à la fois ; le. cobalt
noir du petit Zell donnoit à la vérité, tout feul
une affez bonne couleur, mais elle devenôit infiniment
plus belle, lorfqu’on faifoit calciner ce cobalt
avec un autre cobalt très-chargé d’arfenic. De plus,
M. de Jufti afl'ure qu’il ne s’eft point encore trouvé
jufqu’ici de cobalt qui ne contint une portion d’argent
, d’où il conjefture que l’argent pourroit contribuer
à la couleur bleue que produit le cobalt. Telles
font les idées répandues dans différens mémoires
fur le cobalt que M. de Jufti vient d’inférer dans fes
oeuvres Chimiques, publiées en allemand en 1760.
J’ajouterai encore à ces faits, que l’on a donné à M.
de Montamy , premier maîrre d’hôtel de M. le duc
d’Orléans , un morceau de cobalt ngir trouvé en Efi
pagne , près de la ville d’Aranda, dans la vieille C a f
tille. Cette mine de cobalt calcinée ne donnoit que
peu d’indice d’arfenic, cependant M. de Montamy
n’a pas laiffé d’en tirer un bleu de la plus grande
beauté qu’il a employé dans les couleurs pour l’émail
, dont il va bientôt enrichir le publie. Ce cobalt
a donné un bleu très-fupérieur à celui des cobalts
de Saxe 8c des autres pays d’Allemagne.
Dans la vie du célébré Becher, on rapporte que
ce favant chimifte ayant pris du mécontentement
des'Saxons, les menaça de faire tomber leurs manip-
faftures de fafre , en donnant aux Anglois le fecret
d’en faire avec du bronze ou de l’alliage métallique
dont on fait les cloches , 'appellé en anglois bell-me-
tal ; peut-être auffi que le belUmetal dont Becher vou*
loit parler, étoit un minéral qu’il favoit contenir du
cobalt.
On peut conclure de tous les faits qui viennent
d’être rapportés, que la vraie nature du cobalt n’eft
point encore parfaitement connue ; que l’on ne con-
noît point toutes fes mines, 8c qu’il pourroit y avoir
plufieurs maniérés de faire du fafre. Quoi qu’il en
fo it , nous allons décrire celle qui fe pratique à Sch-
neeberg , en Mifnie, qui eft l’endroit de toute PEu-
rope où l’on fait la plus grande quantité de fafre, ce
qui produit un revenu très-conndérable pour l’électeur
de Saxe 8c pour ceux qui font intereffés dans
ces manufaftures.
Comme les mines de cobalt qui fe trouvent en
Mifnie font accompagnées d’une très-grande quantité
de bifmuth , on eft obligé d’en féparer ce demi-
métal , qui donnoit une mauvaife couleur au fafre.
Pour cet effet, on forme une aire, on y place deux
longs morceaux de bois, le long defquels on arrange
des petits morceaux de bois minces fort proches les
uns des autres. On jette la mine par-deffus, on allume
le bois lorfqu’il fait du vent, 8c le bifmuth qui
eft aifé à fondre fe fépare de la mine.
Nous ne répéterons point ici ce qui a été dit de la
maniéré de calciner le cobalt, pour en dégager l’ar-
fenic dont il eft abondamment chargé dans la mine ;
cette calcination fe fait dans un fourneau deftiné à
cet ufage, on étend le cobalt pulvérifé groffiérement
Q q q