
fatyres de Defpréaux. Il eut grand tort après d’hêli-
reux fuccès, de le prêter à une puiffante cabale, 6c
d’ofer donner fur le théâtre fa tragédie de Phèdre 6c
d'Hippolite, en concurrence contre celle de Racine.
Le beau triompha, & plongea la piece de P radon
dans un éternel oubli- On alla plus loin ; on fit
ainfi l’épitaphe de l'auteur :
Cv gît le poète Pradon ,
Qui durant quarante ans d'une ardeur faits pareille ,
Fit à la barbe d'Apollon
Le même métier que Corneille.
Cependant on a recueilli en un volume les pièces
.dramatiques, qui font Pirame & Thisbé ; Tamer-
jan ; la Troade ; Phèdre 6c Hippolite ; Satira 6c Ré-
gulus, qui malgré fes défauts, peut etre comptée parmi
les bonnes tragédies. Cette piece que Pradon avoit
donnée en 1688, étoit entièrement oubliée, lorfque
Baron la remit au théâtre en 17 1 1 avec un fuccès
éclatant.
Au relie, Pradon n’eft point auteur de la tragédie
du orand Scipion, quoiqu'elle lui foit attribuée dans
cette épigramme que feu M. Roulfeau fit à l’occafion
d’une faty-re remplie d’inveétives, contre M. Def-
préaux..
Au nom de Dieu, Pradon, pourquoi ce grand cour*
Qui contre Defpréaux exhale tant d'injures ?
I l m'a berné. me direz-vous ;
Je veiix le diffamer çhé{ les races futures.
Hé, croyez-moi , refez en paix.
Envain tenteriez-vous de ternir fa mémoire ;
' Vous n'avancerez rien pour votre propre gloire ;
Et le grand Scipion fera toujours mauvais.
' Le -ranci Scipion eft d’un M. ùe P rade, auteur de
deux autres tragédies encore moins connues , qui
font Amnibal 6c Silànus., . # ,
Rarruenet (François) embraffa l’état eccléfiaftique,
& cultiva l’étude des beaux Arts 6c de l ’hiltoire. Il a
publié celle de l’ancien Teftament; 20. celle d’Olivier
Crômwel; 3 0. celle du vicomte de Turenne ;
40. Le parallèle des François & des Italiens , dans la
mufique 6c dans les opéra , parallèle dans lequel il
(îonne la préférence aux Italiens. 50. Les monumens
de Rome ou defeription des plus^ beaux ouvrages de
Peinture', de Sculpture, 6C d’Architefture dê Rome,
avee'des obfervations. Paris 1700 6c 1702 in-i 2.- Ce
petit ouvrage valut à l’auteur des lettres de citoyen
romain ; il eft cependant fort àu-deffous des descriptions
latines en ce genre. On attribue à l ’abbé Ra-
guenet, les voyages de Jacques Sadeur, livre très-
libre, qui a obligé l’auteur à ne pas l’avouer. Il eft
mort à Paris vers l’an 1720, j’ignore à quel âge.^ »
Sanadon (faoël-Etienne) jéliiite, plein de goût 6c
de connoiffances dans les belles-lettres. Il lia à Caën
une étroite amitié avec M. Huet, 6c devint bibliothécaire
du college des jéfukes à Paris , où il mourut
en 1733 à cinquante-huit ans. On a de lui, i°. un
excellent traité de la verfification latine ; 20. une trad
i t io n françbife d’Horace , avec des notes d’une
érudition.çhoifie; cette tradu&ion refpire l’élégance,
,& meme infpire du dégoût pour celle de M. Dacier,
quand on vient-à les comparer enfemble.
Tourneux ( Nicolas le ) mérita par fa vertu l’ efti-
,me des honnêtes gens., 6c fut toujours très-attaché
,à’MM. de Port-Royal. L’archevêque de Rouen lui
'.donna le prieuré de Villers-fur.-Fere ; il mourut fu-
Vitement a Paris en 16.86, à quarante-feptans. Il a
mis au jour plufieurs ouvrages de piete , entre lef-
.quels on eliime particulièrement, l'Année chrétienne,
'qui eff dans les mains de tout le monde, 6c qued’in-
'jdex de Rome a mis au nombre des livres prohibés. |
Aux favans qui viennent d’être nommés, je ne dois
pas oùbliér dé joindre une dame illuftre par fön tA
prit 6c fes ouvrages, mademoifelle Bernard ( Catherine
) de l’académie des Ricovrati, morte à Parisen
1712 ; elle a donné en profe des brochures fous lé
nom de nçuvelles, que le public a goûtées ; mais elle
s’eft encore diftinguée par fes vers, qui lui ont fait
remporter en 1691 6c 1693 , le prix de poefie de l’a-*
cadémie françoife, 6c qui lui ont valu une triple cou*
ronne dans l’académie des jeux floraux deTouloufe.
Elle compofa avec M. de Fontenelle deux tragédies
, Brutus 6c Léodamie, dont à la vérité la dernière
n’eut point de fuccès. Ses pièces fugitives ont
été répandues dans differens recueils ; ons’eft trompé
cependant en donnant fous fon nom , la jolie fable
allégorique de l’imagination 6c du bonheur; cette
fable eft de M. la Parifiere,, évêque de Nîmes,
fucceffeur du célébré Fléchier.
Mais le pere Bouhours a inféré dans fon récueil
de Vers choilîs , le placet au ro i, par lequel made-
moifelle Bernard prie Louis XIV. de lui faire p^yei'
les deux censÿécus de penfion dont il l’avoit gratifiées
Ce placet eft conçu en ces termes :
S I R E , deux cens écus font-ils f i néceffaires
Au bonheur de l'état, ait bien de vos affaires ,
Que fans ma perifion vous né puißie{ dompter l
Les foibles alliés & du Rhein & du Tage? J ■
A v os armés, grand R o i, s 'ils peuvent réfifer 3
Si p o u r Vaincre Ceffort de leur in ju f e rage
I l f a l l o i t ces d eux cens écus ,
Je ne les demander ois plus.
Ne pouvant aux combats , pour vous perdre la vie f
Je voudrois me creufer un illufire tombeau ;
Et fouffrant une mort d'un genre tout nouveau,
Mourir de faim pour la patrie.
S I R E , fans cefecours tout fuivra vôtre loi ,
Et vous pouvez en croire Apollon fur fa foi.
Le fort ii'a point pour vous démenti fes oracles
Ah ! puifqu'il vous promet miracles fur miracles y
Faites-moi vivre, & voir tout ce que je prévois.
Enfin , la capitale de Normandie a produit des ci-*
toyens qui fie font uniquement dévoués à la recherche
de fon hiftoire. Taillepié (Nicolas) en a publié
le premier les antiquités en 1588 ; mais en 1738 Farin
(François) prieur du V a l , a mis au jour l’hiftoi-
re complette de cette ville en 2. vol. in 40. on peut
la confulter.
Ainfi , tout nous autorife à chanter la gloire de
Rouen, 6c à nous perfuader, que ce. ne fera point par
cette ville, ni par la province dont elle eft la capitale,
que la barbarie commencera dans ce royaume^
( Le chevalier D E JA UC O U RT . j
ROUER , v. aéf. {Gram.') voyez les articles Roue.
Rouer , {Marine.) c’eft plier une manoeuvre en
jrpndi,' .
Rouer a co n tre, (Marine.) c’ eft plier une ma*-
noeuvre de droite à gauche.
Rouer a tour , ( Marine. ) c’eft plier une manoeuvre
de gauche à droite.
ROVERE ou ROVEREDO , (Géog. rnod.) en lay
tin du moyen âge Roboretum ou Rovoretum ; petite
ville du Tiro l, aux confins ;de l’état de V enife, près
'de 1’Adige, lur un torrent pour le pafl’age duquel on
a taillé un pont de pierre, défendu par deux tours
& un fort château , à 12 milles de.Trente , & à 47
de Brefce. Long. 28. lat. 4 6 . tp. {D. J.)
ROUERGUE, le (Géog. mod.) province de France
, dans le gouvernement de Guienne ; elle eft bornée
au nord par le Querci , au midi par l’Albigeois ;
au levant, par les Cévennes & le Gevaudan ; &c au
couchant, par l’Auvergne. Cette province peut avoir
environ 30Jieues.de Longueur, lut 20 de large. On
la .divife en comté ,, & en haute & baffe Marche : le
comté renferme Rodes ,, capitale de toute la provins
eê. Mîthau eft là capitale de la haute -Marché, Sc
Villefranchc de la baffe.
Le Rouergue &c fa capitale Rodés , ont pris leur
nom des peuples Ruterii, dont Célar fait piufiéürs
fois mention dans fes commentaires. Augufte mit les
Ruténiens dans l’Aquitaine, & Pline remarque qu’ils
confinoient avec la Gaule narbonnoifë'. Voye^ Ru-
TÉNIENS (Géog. and)
Lorfoue fous Valentinien I. l’Aquitaine fut divi-
fée en deux, lés Rntëhiens furent attribués à la première
Aquitaine ; ils furent fournis aux Vifigoths ,
dans le cinquième fiecle , à Clovis daris le fixieme ,
& après fa mort, les Goths s’emparèrent de Rouèr-
gue. Dans le feptieme fiecle •, les Rois de Neuftrie ,
ou plutôt les Maires dit palais qui dominoient fous :
leur nom , furent leuls reconnus en Aquitaine. Ce
pays pafîa daris le huitième fiecle au pouvoir du duc !
Eudes , & le roi Pépin en dépouilla Gaifré, petit-
fils d’Eudes. Les rois Carlovingiens , fuccefl’eurs de
Pépin, jouirent du Rouergue jufqu’à la diffipation de '
leurs états, où chacun fe rendit le maître où il put.
Sous le régné de Lothaire , & fous celui de Hugues
Capet, quoique le Rouergue eût fes feigneurs, comme
les autres pays voifins ; On ne fait pas néanmoins
le nom du premier comte de Rodés, qui fe rendit
héréditaire.
Dans la fuite des tems , Hugues forti de la maifon
de Carlat, tranfigea de fes terres & du comté de Rodés
, avec Alphonfe , roi d’Arragon ; l’an 1167. Par
ce traité , le roi d’Arragori fe referva en-propre la
feigneurie utile des diocefes de Rodez &L dé Mendë ;
mais fon fuccefl’eur par un autre traité fait aveéfairit
Louis l’an 1258 , renonça à tout ce qui lui apparte1-
noit dans le Rouergue & le comté de Rodez ; c’eft
ainfi que cette province a été annexée à la couronne.
C ’eft un pays montagneux , mais fertile en pâturages
,.où on nourrit beaucoup de beftiaux, &C lur-
tout des mulets. La fénéchauflee de Roueigue a deux
fiéges préiîdiaux, Villefranche qui eft le plus étendu
, & Rodez dont le reffort ne Va pas au-delà dé
l’éleâion de cette ville;
Montjofuu (Louis de) en latin Montejôfius , gèn=-
•tilhomme de Rouergue au leizieme fiecle , a mis aü
.jour cinq livres d’antiquités , où l’on trouve quelques
morceaux affez curieux fur la peinture & la
•fculpture des anciens. (D. J.)
ROUET , f. m. (Arckitccl.) eft une efpecë de rofe
•dé charpenterie fur laquelle on pofe la première af-
•fife dé pierre pour fonder un puits ; furtout dans le
-cas où l’on rencontre un grand banc de glaife , qu’il
•eft impoffible de percer, fans oceafionner l’éboule-
anent des terres;
Rouet , (Hydr.) eft un affemblage de charpente
-difperfé circulairement, pratiqué au bout de l’arbre
:d’une machine, & dont la partie circulaire eft garnie
■ de dents qui s’engrenent dans les fuleaux d’une taille
r ne.
-. On appelle encore rouet, l’affemblage circulaire de
•charpente fur lequel on cloue à cheville une plate-
-forme de planches pour aflèoir la maçonnerie d’un
jpuits, d’une citerne , ou d’un baflin', que l’on nom-
>me encore racinaux. Voyez Ra cin aü x. (K) .
• Rouet , armes à , (.anciennes armes.) les arquebuses
& les piftolets à rouet font aujourd’hui des armes
fort inconnues ; l’on n’en trouve guere que dans les
arienaiux & les-cabinèts des armés, où l’on en a con-
fervé quelques-uns par curio*fité. Ce rouet étoitune
:efpece de.petite ro,ite..fiolided’acier, qu’on appliquoit
rcontre la platine de l’arquébufe ou du piflokt; Elle
■ avoit un .aiflieu qui la perçoit dans fon centre. Au
Bout intérieur cle l’aifîieu qui entroit dans la platine,
«toit attachée une chaînette, qui s’entortilloit autour
rie cet aifiieu, quand on le faifoif tourner, 6c bandoit
le reffort quand elle tenoit. Pour bander le reff
fort, on fe fervoit d’une clé, où l’on inféroit le bout
extérieur de l’aiffieu. En tournant cette clé de gauche
a droite, on faifoit tourner le ràuet, & par ce
mouvement une petite'couliffe de cuivre , qui cou-
vrôit le baffinet de l’amorce , fe retirôitde deffus le
baffmet. Par le même mouvement le chien armé d’une
pierre à fùfil, étoit en état d’être lâché, dès que
l’on tiroit avec le doigt la déterite, comme dans les
piftolets ordinaires ; alors le chien tombant fur le
rouet d’acier faifoit feu ^ & le donnôit à l’amorceà
{O. J ) . .
Rouet de poulie dt chaloupe\ (Marine.) c’ eft
une poulie de fonte oïl de fe r , qü’ori met à l'avant ou
à l’arriçre de la grande chaloupe, pour lever l’ancre
d’affourehéjOu une autre ancre qu’on ne veut pas lever
avec le vaifleau, - ‘
RouEt , en terme de Boütohni'er, eft uné machine
à roue4 montée à-peu-près comine les rouets à filer^
à l’èxceptfon qu’elle eft plus grolfe. La tête de ce
rouet eft garnie de deux poupées poftiches , où font
arrêtés en-dedans deux crochets ou têtes de fer, l’une
percée au milieu d’un trôu rond 6c profond, 6c
l’autre d’un trchi profond , mais vuide pour pouvoir
y faire entrer lés ouvrages montés fur des broches.
Souvent le rouet n’a qu’une poupée , comme quand
il faut percer une piece. Voyez Pi RCER. Le rouet
fait précilement entre les mains du Boutonnier ce quë
le tour fait entre les mains du tourneur. Les uns 6c
les autres font des culs, des crans * des paufes', des
gorges 6c des têtes, mais le tourneur eft vis-à-vis de
Ion morceau; 6C le boutonnier eft toujours à côté;
Quant à leurs Ouvrages, ils ne peuvent empiéter les
uns fur les autres, lis ont grand nombre d’outils qui
leur font Communs , mais le boutonnier rie peut travailler
furie tour fans contrevenir aux ordonnances^
6c aux privilèges des tourneurs ; 6c au contraire rien
n’empêche ceux-ci de faire les ouvrages des bouton-
niers, ft cé n’eft qu’il finit entendre & le langage, 6c
lis travaux des boutonniers; pour bien faire les ou*-
vrages en bois qu’il leur faut; fcience que les tourneurs
n’ont point, 6c qu’ils ne peuvent acquérir
que par Un apprentiflage chez les boutonniers.
Rouet , en terme de boutonnier, eft une machiné
compoiée de trois roues montées au-déffus les unes
des autres , dans un chafiis de deux montans fôute?-
nus fur leurs piés. L’une de ces roues qui fe tourne à
la main fans'manivelle eft moyenne , & a une corde
qui répond àia noix d’une plus grande ; dont la.cor-
de à Ion tour paffé , après s’être croiféé; fur douze
petites molettes montées à diftances légales , fur une
petite roué pleine, creulée tout-autour ; comme une
poulie ; cette roue eft lur chacun de rnes'‘bords percée
de douze fentes , toutes vis-ùms l’une.del’autre,
pour recevoir les petites broches de fer des molettes'.
Chacune de ces fentes eft le plus fou vent doubléè d’une
plaque de cuivre jaune pour cohferver la-roue r,
qui nè tardëroit guère à s’ ufer (ans cela.. Les broches
des molettes font toutes courbées en crochet du
même côté ; c’eft dans ées crochets que l’on.arrête
le fil de foie ou.de poil-, alors on le retord delà ma,-
niere qu'on veut ; en tournant la première, rOue,
-comme nous avons dit. C ’eft avec cè rnuet qu’on fait
la mil.inmfe f le cordonnet, le guipé ; &c. V >ytz tes
articlèsl. ■
Rouet , infiniment dont lesBoyaudiers fe ferVeht
pour filer les cordes à bôyap'isn^
. Le rouet des Bo'y audiers eft. conipofé d’une, fellette
à quatre piés, qui a environ quatre piés en quarré
6c eft haute d’un pié. Dù mil eii de la fellette s’élèvent
deux montans de bois ; au. milieu defquels èft:
l’axe de la rOue qùi traverle leà deux montans. à la
1 hauteur d’environ trois piés. Les deux montans font
un peu éloignés l’un de l’autre, 6c 1 elpace interme*