
nas canunt. Tel étoit l’ordre prefcrit par l’oracle.
Cantanttfque latini pceanas cianpucris puellifque in cede
rcrjtntur irnmortalium, feorsilm autem puella ipfa cho-
rutn habeant, & feorshm puerorum mafculus or do. Tout
cela le trouve dans le poème féculaire d’Horace, ran-
tôt les deux choeurs chantent enfemble, tantôt ils le
partagent, & tantôt ils le réunifient. La première Sc
la derniere ftrophe font des hymnes , la fécondé 6c
la troifieme font des péans. Enfin l’érudition, l’abondance,
la délicateffe, la variété, en un mot, tout ce
qui peut faire le prix d’une piece de poefie , fe rencontre
dans celle-ci. Il nomme les jeunes filles virgi-
nes lecîas, 6c les jeunes garçons pucros cafios; ce n’cll
pas que les deux épithetes ne fulfent communes aux
deux choeurs, mais le poète s’eft contenté de joindre
cajlus avec puer, parce que la fignification eneft renfermée
dans virgo.
Au refie les enfans qui chantoient le pocmefcculai-
re, dévoient être non-feulement choifis, c’eft-à-dire,
d’une qualité diftinguée, mais il falloit encore qu ils
fil fie nt patrimi 6c matrimi, c’eft-à-dire, qu’ils euffent
tous leurs pere 6c mere. en v ie , & de plus qu’ils fiif-
•fent nés d’un mariage contraûé avec cette ceremonie
que les latins appelloient confarreatio, lequel mariage
étoit indifloluble. Sanadon. (D .J .)
Séculaires jeux, ( Ant. rom.)fê te folemnelle
que les Romains célébroient avec une grande pompe
vers les approches de la moiffon, pendant trois jours
6c trois nuits confécutives ; en voici l’origine. ^
Dans les premiers tems de Rome, c’eft-à-dire,
fous les rois, un certain Valefus Valefius, qui vivoit
à la campagne dans une terre du pays des Sabins ,
proche du village d’Erête, eut deux fils 6c une fille
qui furent frappés de lapefte. Il reçut, dit-on , ordre
de fes dieux domeftiques de defcendre le fibre
avec fes enfans, jufqu’à un lieu nomme i eren-
tium , qui étoit au bout du champ de Mars , 6c de
leur y faire boire de l’eau qu’il feroit chauffer fur
l ’autel de Pluton 6c de Proferpine. Les enfans en
ayant bu, fe trouvèrent parfaitement guéris. Le pere
en a&ions de grâces offrit au même endroit des facri-
fices , célébra des jeux, 6c dreffa aux dieux des lits
de parade, le&ijlernia, pendant trois nuits ; & pour
porter dans fon nom même le fouvenir d’un événement
fi fingulier, il s’appella dans la fuite Manius
Valerius Terentinus ; Munius , à caufe des divinités
infernales à qui il avoit facrifié ; Valerius, du verbe
valere, parce que fes enfans avoient été rétablis en
fanté ; 6c Terentinus, du lieu oîi cela s’ etoit paffe.
En 245 > c’eft-à-dire, l’année d’après que les rois
furent chaffés de Rome , une pefte violente accompagnée
de plufieurs prodiges ayant jette la confter-
nation dans la ville , Publius Valerius Poplicolafit
fur le même autel des facrifices à Pluton 6c à Proferpine,
& la contagion ceffa. Soixante ans après, c’eft-
à-dire, en 305, on réitéra les mêmes facrifices par
ordre des prêtres desfibylles, en y ajoutant les cérémonies
prefcrites par les livres fibyllins ; & alors
il fut réglé que ces fêtes fe feroient toujours dans la
fuite à la fin de chaque fiecle : ce qui leur fit donner
le nom de jeux féculaires. Ce ne fut que long-tems
après, c’eft-à -dire pendant la fécondé guerre de
Carthage, qu’on inftitua les jeux apollinaires à l’honneur
d’Apollon 6c de Latone. On les célébroit tous
les ans ; mais ils n’étoient point diftingués des jeux
féculaires, l’année qu’on repréfentoit ceux-ci.
L ’appareil de ces jeux étoit fort confidérable ; on
envoyoit par les provinces des hérauts,pour inviter
tout le monde à la célébration d’une fête qu’ils n’a-
voient jamais vue, 6c qu’ils ne reverroient jamais.
On diftribüoiî au peuple certaines graines & certaines
chofes luftrales ou expiatoires. On facrifioit
la nuit à Pluton, à Proferpine, aux parques, aux
pithies , à la Terre ; & le jour à Jupiter, à Junon,
à Apollon, à Latone, à Diane 6c aux génies.. On fai-
foi t des veilles 6c des fupplications ; on plaçoitles
ftatues des dieux fur des couffins, oh l ’on leur fer-
voit les mets les plus exquis. Enfin pendant les trois
jours que duroit la fête , on chantoit trois cantiques
différens, comme l’aflure Zofime, 6c l’on donnoit
au peuple divers fpe&acles. La fcene de la fête chan-
geoit chaque jour ; le premier jour on s’affembloit
dans le champ de Mars ; le fécond au capitole, 6c le
troifieme fur le mont Palatin.
Si vous voulez que l’on entre dans de plus grands détails
de la célébration des jeux féculaires , vous fçau-
rez que peu de jours avant qu’on les commençât,
les quinze prêtres fibyllins affis fur leurs fieges devant
le temple d’Apollon palatin 6c de Jupiter capitolin
, diftribuoient à tout le peuple des flambeaux,
du bitume, du foufre 6c autres chofes luftrales ; c’eft
ce qui eft exprimé dans les anciennes médailles, par
ces mots : frug. ac frugts accepta ; 6c ils paffoient là,
6c dans le temple de Diane fur le Mont-Aventin,
des nuits entières à l’honneur des parques avec beaucoup
de dévotion.
Quand le tems de la fête étoit arrivé , le peuple
s’affembloit dans le champ de Mars ; on immoloit
des vi&imes à Jupiter, à Junon, à Apollon , à Latone
, à Diane , aux Parques, à Cérès, à Pluton 6c
à Proferpine.
La première nuit de la fête l’empereur à la tête
des quinze pontifes, faifoit drefler fur le bord du
Tibre trois autels qu’on arrofoit du fang de trois
agneaux, 6c fur ces autels on bruloit les offrandes
& les vidimes.Il paroit.que c’eft à cette circonftan-
ce qu’il faut rapporter la médaille ou l’on voit la tête
d’Augufte avec ces mots : Augufius tr. pot V il. 6c de
l’autre cô té, une colomne avec cette infcription :
imp. ccef. Aug. lud. fac. A droite 6c à gauche de la co-
lomne X V . S. F. c’eft-à-dire , quindecim vin facris
facitndïs, 6c autour , L. Mefcinius Rufus III. vir ,
qui eft le nom du trévir qui avoit fait frapper la médaille
pour confacrer la mémoire d’un événement
auffi remarquable que celui de la célébration des
jeux.
• Après cela on marquoit un certain efpace dont on
faifoit une efpece de fcene illuminée. On chantoit
plufieurs hymnes faits exprès pour cette occafion ;
on célébroit plufieurs fortes de jeux; on jouoit plufieurs
pièces de théâtre. La fraîcheur de la nuit donnoit
un nouvel agrément à ces fpectacles, fans parler
des illuminations qui non-feulement éclairoient la
fcene, mais qui fe faifoient auffi dans les temples,
dans les places publiques , 6c dans les jardins : lumi-
na cumrogis a can dun tur, dit Zofime. On peut même
croire que la defcription des feux d’artifices dont
parle Claudien dans le panégyrique du fixieme con-
fulat d’Honorius, ne convenoit pas moins aux fêtes
féculaires qu’aux jeux du cirque; mais continuons.
Le lendemain, après qu’on étoit monté au Capitole
pour y offrir des victimes, on s’en retournoit
dans le champ de Mars , 6c l’on célébroit des jeux
particuliers à l’honneur d’Apollon 6c de Diane. Ces
cérémonies duroient jufqu’au matin que toutes les
dames alloient au capitole à l’heure marquée par
l’oracle, pour chanter des hymnes à Jupiter.
Le troifieme jour qui finiffoit la fete , vingt-fept
jeunes garçons, 6c autant de jeunes filles de qualité
chantoient dans le temple d’Apollon Palatin, des
cantiques en grec 6c en latin, pour attirer fur Rome
la protection de tous ces dieux que l’on venoitd’ho-
norer par des facrifices. Enfin les prêtres fibyllins
qui avoient ouvert la fête par des prières aux dieux,
la terminoient de la même maniéré.
Augufte voulant donner un exemple de fon attention
tîon aux reglement des moeurs, Ordonna crue les trois
veillées fe fiffent avec retenue, que le mélange de la-
joie ne fouillât point la dévotion, 6c défendit que les
jeunes gens de l’un 6c dé l’autre fexe paruffent aux
ceremonies noéturnes , fans être accompagnés de
quelqu’un de leur parens qui fut d’un âge à veiller fur
eux 6c à répondre de leur conduite.
Lés premiers jeux féculaires furent repréfentés l’an
de Rome 245, les féconds en 305 , les troifiemes en
505, les quatrièmes en 605. Augufte fit célébrer les
cinquièmes en 737.
Ce prince , perfuadé qu’il étoit de conféquence
pour l’état de ne pas obmettre la célébration de cette
fê te , à laquelle on ne penfoit plus, donna ordre aux
prêtres fibyllins de confulter en quel tems du fiecle
courant on devoit les repréfenter. Ceux-ci s’étant
apperçus qu’on les avoit manqués en 705 fous Jules-
Cé far, fongerent aux moyens de couvrir leur faute,
de peur qu’on ne lès rendit refponfables de toutes les
calamnités qui avoient affligé l’empire pendant les
gueres civiles.
Trois chofes leur applaniffoient la route de l’im-
pofture. Ils étoientfeuls dépofitaires des livres fibyllins
; l’on ne convenoit pas généralement de l’année
qui devoit fervir de point fixe pour régler celle des
jeux féculaires ; 6c l’on étoit partagé fur la date de
ceux que l’on avoit repréfentes depuis la fondation
de Rome. Il leur fut donc aifé de flatter la vanité
d’Augufte, en déclarant que V'dnnéeféculaire tomboit
à l’année 737.
Pour en perfuader le public, ils mirent au joiir des
commentaires fur les livres fibyllins, afin de prou?
ver par les paroles même de la fibylle, que le fiecle
devoit être de cent dix ans, 6c non de cent ans. Dans
ce projet ils altérèrent le texte du vers fibyllin qui
portoit cent, hecatomada cuclon , 6c fubftiîuerent à
hecatontada, le mot hecatondecas , qui lignifie cent
dix ans.
L ’autorité de ces prêtres infiniment refpedée ,
mit tout-à-coup le menfonge à la place de la vérité ,
fans que perfonne pût des démentir, puifqu’il étoit
défendu fous peine de la vie de communiquer les livres
des fibylles à quiconque ne feroit pas du college
des quinze pontifes. Si maintenant quelqu’un de nos
leâeurs n’étoit pas au fait de l’hiftoire de ces pontifes
, de celle de la fibylle , 6c dés vers fibyllins, il
en trouvera de grands détails aux articles, Sibylle
6 c Sibyllins L iv r e s , ( H ifi. rom. )
Augufte charmé de voir que fuivant fes défirs,
cette fourbe pieufe lui réfervoit la gloire de célébrer
une fi grande fête , appuya la découverte des pontifes
du poids de fes édits, 6c chargea Horace de composer
l’hÿmné féculaire, qui devoit fe chanter en pré-
fence de l’empereur, du peuple, du fénat 6c des prêtres
, au nom de tout l’empire.
Le poète en homme de cour, n’oublia pas le fiecle
de cent dix ans. « Qu’après dix fois onze années,
» dit-il, le fiecle ramene ces chants 6c ces jeux fo-
» lemnels pendant trois jours 6c trois nuits, comme
» nous faifons aujourd’hui ».
Certus undenos decies per annos
Orbis ut cantus, referatqm ludos
Ter die claro, totiejqu&gratâ
Nocleque frequentes.
Cependant les füccefièurs d’Augufte n’obferverent
point l’efpace de tems qu’il avoit fixé pour la célébration
de ces jeux, Claude les folemnifa 64 ans
apres l’an, de Rome 800. Domitien 40 ans après Claude
, en fit repréfenter de nouveaux, auxquels Tacite
eut part en qualité de quindecimvir ou de prêtre
fibyllin, ainfi.qu’il le témoigne lui-même dans fes
Tome X IV ,
a nn a l e s , - f r , c. N L’empereur Severe accordé
le fpecfacle de ces jeux pour la huitième fois, u o
ans apres Domitien, & par conféquent l’an otode
Korne. Lan lopo de la fondation de cette ville t
Philippe le pere donna au peuple les plus magnifiques
jeux féculaires qu’on eut encore vus. Conftantin ne
les fit point célébrer l’année qu’il fut conful avec
Licinius pour la troifieme fois , l’an de J. C. ai t .
Mais l’empereur Honorius ayant reçu la nouvelle de
la viüoire de^ Stilicon fur A laric, permit à tous les
payens de c'élébrer encore les jeux féculaires qui
furent les derniers dont parle l’hiftoire. Zofime qui
nous a donne la plus ample defcription qu’on ait des
J eux féculaires , n’attribue la décadence de l’empire
qu’à la négligence qu’eurent les Romains de célébrer
exactement.
Je connois deux traités des modernes fur les jeux -
dofit nous parlons gtfun par le P. Tafin , & l’autre
infiniment meilleur par Onuphrius Pamvinius. On
petit y recoprir. ( L , Chevalier dm Ja d c o u r t .")
SÉCULARISATION, f. f. ( Gram. & Jurifpr.) eft
1 adioil de rendre féculièr un religieux , un bénéfice
ou lieu qui étoit régulier; ’
Pour parvenir à la fècularifuiàn, d’un religieux
iLfaut obtenir un bref du pape, qu’on appelle brefdt
fecularifation.
On ne doit point fecularifer les monafteres ni les
religieux, fans des raifons importantes, & fans avoir
obtenu à cet effet un brevet du ro i, qui permet de
demander au pape la fècularifation.
Les huiles de fecularifation doivent être communiquées
a l ’évêque du lieu , avant d’être fulminées ; il
rautenfuite qu’ elles foient revêtues de lettres-patentes,
& regiftrées au parlement. Foyer les mémoires du.
cierge, tome IV. ( A )
• Sécularisation , {Hiß. mod. polit.) dans le tems
que les dogmes de Luther 6c des réformateurs eurent
ete adoptes par un grand nombre de princes d’Allemagne
, un de leurs premiers foins fut de s’emparer
des biens des evêques, des abbés 6c des moines, qui
etoient litues dans leurs états. L’empereur Charles-
Quint n ayant pu venir à bout de réduire les Protef-
tans-, ni de faire reftituer à l’Eglife les biens qui ea
avoient ete démembrés ; laffé d’avoir fait uiievuerre
longue & iaas iuccès , i l convint que chacun des
princes proteftans demeureroit en poffeffion des ter^
res ecelefiaftiques dont il s’étoit emparé, & que ces
bieas teroientfécularifis , c’eft-à-dire ôtés aux „ens
deghfe. L Allemagne ayant été déchirée par une
guerre de 30 ans fous les régnés de Ferdinand II &
de fesfucceffeurs, on fut encore obligé de recourir
à des fccularifauom , pour fatisfeire les parties béffiu
gérantes.; en conféquence par le traité de Weftpha-
lie qui rendit la paix à l’Allemagne, On fécularifa un
grand nombre d’évêchés & d’abbayes en faveur de
plufieurs princes proteftans, qui ont continué à jouir
de ces biens jùfqu’à ce jour, malgré les proteftations
des papes qui ne vouloien't point donner les mains à
de pareils arrangement.
Les immenfes revenus que poffèdent un grand
nombre d’évêchés 6c d’abbayes d’Allemagne, four-
nifloient une maniéré facile de terminer les difputes
fanglantes qui déchirent fouvent les princes 6c les
états féculiers dont le corps germanique eft compofé.
Il feroit à defirer que l’ont eût recours à la fécularifa-
tion pour tirer des mains des eccléfiaftiques , des
biens que l’ignorance 6c la fuperftition ont fait autrefois
prodiguer à des hommes, que la puiftànce 6c la
grandeur temporelles détournent des fondions du
miniftere facre, auxquels ils fe doivent tout entiers.
SÉCULARISÉ , f. f. ( Gram. & Jurifprud. ) fe dit
de ce qui eft fendu au fiecle : un moine jicularifé, eft:
celui qui eft reltitué contre fes voeux, 6c remis dans
T T t t t
!