de vers & quelques gouttes d’efprit volatil de corne
de cerf 6c de laudanum liquide de Sydenham. En général
, il faut fuivre le confeil que donne la goutte
dans le difcours fenfé que Lucien lui fait tenir dans
fon Tpetyc7toS'ctypa., après avoir détaillé une partie des
remedes dont on s’eft fervi en différens tems pour la
combattre , après avoir paffé en revue les trois différens
régnés, 6c avoir remarqué qu’il n’y a point de
méthode confiante, que chacun en emploie de différente
, que fouvent
Alias incantamenùs impoßorum deluditur.
elle finit par cette obfervation importante qui de-
vroit être grayée profondément dans la tête des malades
, que la fciatique ou toute autre efpece de goutte
tourmente :
A facientibus hxc atque irritantibus me
Soleo occurrere multo iracundiôr ;
Iis vcro qui cogitant adverfum me nihil,
Bcnignam adhibeo ment an facilifque ero.
Les perfonnes d’un âge fort avancé doivent plus
que tout autre fuivre un confeil fi judicieux, i°. parce
leurs douleurs font beaucoup plus fupportables , 6c
ep fécond lieu, parce qu’ils ont beaucoup moins d’ef-
pérance de guérifon ; il ne faudrait pas moins pour-
eux que les vertus miraculeufes de la pierre philo-
fophale ou le bain enchanté de Médée, dans lequel
l’heureux Æfon laiffa fa vieilleffe 6c toutes les incommodités
qui en font le funefle apanage.
Ayant eu malheureufement l’occafion d’obferver
des vives attaques de fciatique fur la perfonne dont
la fanté m’efl la plus précieufe, fur le meilleur 6c le
plus tendrement chéri des peres , j’euffe ardemment
fouhaité trouver un remede alluré , 6c exempt de
danger 6c d’inconvéniens ; 6c j’ai été convaincu par
la fuite qu’il n’y en avoit point de fupérieur à la patience
& a la fobriété : par leur moyen, les paroxyf-
mes ont été moins fréquens 6c les douleurs plus fupportables
; puiffent-elles s’affoiblir ainfi de plus en
plus pendant le cours d’un grand nombre d’années !
<m)
SCIATTA , ( Géog. mod. ) île de l’Archipel, près
de la côte de la Janna ; c’eft l’île que les anciens
Grecs 6c Latins, ont nommée Schiatos ou Sciathus,
6c qui eft encore appellée Sciotho ou Sehiati par les
Italiens, & Sciatta dans les cartes marines.
Elle eft à deux lieues à l’occident de l’île de Sco-
pëlo, dont elle eft féparée par un trajet d’une pareille
largeur à une même diftance à l’orient de la Magné-
fie (contrée de laTheffalie) 6c du golfe de Volo,
6c environ à quatre lieues au feptentrion de l’île Né-
grepont. C’eft à caufe de la proximité où elle fe
trouve avec cette derniere , qu’Etienne le géographe
la nomme tine île de L'Eubée.
On lui donne 22 milles de circuit ; & anciennement
elle avoit deux villes , dont une portoit auffi
le nom de Schiatos; mais elle fut ruinée par Philippe,
pere d’Alexandre. Brutius Sura , envoyé de Lentius
gouverneur de la Macédoine de la part des Romains,
le rendit maître de cette île qui fervoit alors de retraite
aux-Cor-faires. (£>./.)
SCIE , f. f. ( Hiß. nat. Ichthiolog. ) prifiis , ferra ?
P L X U l.f ig . i . très-grand poiffon de mer auquel on
a donné le nom de f e u , parce qu’il a la partie antérieure
de la tête terminée par un os long, dur, mince
& large , qui a de longues dents de chaque côté , ce
qui lui donne beaucoup de reffemblance avec une
foie dentée des deux côtés. La face fupérieure de cet
os eft rude, & il a une couleur cendrée. Ce poiffon
eft mis au rang des cétacés, on le trouve dans la mer
des Indes. Rondelet, hiß. nat. des poiffons, part. I.
liv . X E l . Voyei P o iS S p N .
S c i e , l a , ( Géog. mod. ) en latin moderne Se ja ,
petite riviere de France en Normandie, au pays de
' Caux ; où elle a fa fource. Elle arrofe plufieurs vil-'
lages , 6c fe rend dans la mer près de Dieppe, à fept
lieues de fon origine. {JD. 7 .)
Sc i e , f. f. ( Outil de méchanique. ) infiniment pour
fendre 6c divifer en plufieurs pièces diverfes matières
folides , comme le marbre , la pierre , le bois &
l’ivoire, &c. La feie eft un des outils des plus utiles
qui ayent été inventés pour la méchanique. La fable
en attribue l’invention à Icare, qui, non moins ingénieux
que fon pere Dédale , enrichit comme lui les
arts encore naiffans de plufieurs découvertes qui ont
fervi à les perfectionner. On dit qu’il l’inventa. fur
le modèle de l’arête d’un poiffon plat, tel, par exemple,
qu’eft la foie. La fe ie eft de fer avec des dents,
mais différemment limées & tournées, fuivant l’u-
fage auquel elle eft deftinée. Il y a auffi des feies
fans dents, qui fervent au feiage des marbres 8c des
pierres.
Les ouvriers qui fe fervent le plus communément
delà feie font pour les bois les Bûcherons, les Sciants
de long, les Charpentiers , les Menuifiers, les Ebe-
niftes, les Tourneurs 6c les Tablettiers ; 6c pour les
pierres les Marbriers , les Sculpteurs, les Scieurs de
‘ pierre , &c. Les Lapidaires ont pareillement leur^c^,
auffi-bien que les ouvriers qui travaillent en pièces
de rapport, mais elle ne reffemble prefque en rien
aux autres. Les dents de tou tes ces fortes de foies s’affûtent
6c fe liment avec une lime triangulaire , ea
engageant la feuille de la feie dans une entaille d’une
planche , 6c l’y affermiffant avec une efpece de cola
de bois.
Toutes les feuilles de feie fe vendent par les Quin-
caillers, qui les tirent de Forez & de Picardie : on
en trouve auffi chez eux de toutes montées, particulièrement
de celles pour la marquetterie, Se pour les
Tablettiers 6c Peigniers, dont la monture eft toute
de fer. (/>./.)
S c i e , (Critique facree.') le fupplice de la feie était
en ufage chez les Hébreux, fi l’on en croit la plupart
des commentateurs ; c’eft, félon eux, par ce fupplice
que David fit punir les Ammonites de Rebbath qui
avoient maltraité fes ambaffadeurs ,feravit eos, dit la
vulgate I I . R o is , x i j .g i . mais cette exceffive cruauté
entre avec peine dans mon efprit. Le mot hébreu
fignifie-t-il uniquement i l les fit feier? Je fai qu’on
traduit auffi, ils ont étéfeiés , le mot sV/wAmW , dont
fe fert S. Paul aux Hébreux, chap. x j . verf. 3 y . Cependant
il eft clair par l’hiftoire de Sufanne , que le
terme ivrp)Str*.v défigne un fupplice qui s’exécutoit
par le fabre, & non par une feie. I l te coopéra parle
milieu fverfi SS. ce qui eft exprimé plus bas par ces
mots , l'ange 1’e Dieu ayant un fabre , te coupera par
le milieu, pop.tpa.ictv tx uv tapirai tnparov, verf. €0. Or ce
paffage prouve que chez les Hébreux l’on coupoit
un homme avec un fabre, 6c non avec une feie.
Nonobftant cette remarque, je ne prétens pas dire
que le fupplice de la feie foit fans exemple^ dans le
monde. Hyde , de relig. veter. Perf. cap. xiv. p. 1 z 8„
rapporte que le roi de Perfe Giemfched étant devenu
un tyran cruel, Dubak, prince arabe , le pour-
fuivit, le vainquit, le fit mettre entre deux planches
&le fit feier. Abulfeda confirmé le même fait. (D . /.)
S c i e , infirument de Chirurgie , p o u r fe ie r les o s
dans l ’am p u ta t io n d e s m em b r e s . Voye{ A m p u t a t
i o n .
Pour examiner cet infiniment dans toutes fes parties
, il faut la divifer en trois pièces. V o y e J P l.X X I .
fig. 1. La première eft l’arbre de lafe ie , la fécondé eft
le manche, 6c le troifieme eft le feuillet. L’arbre delà
feie eft ordinairement de fer, il eft fortartiftement limé'
& orné de plufieurs façons qui donnent de l’agrément
à l’inftrument ; mais l’effentiel eft de la confi-
dérer fous trois différentes pièces. La principale fuit
la longueur du feuillet, 6c doit avoir ( pour une feie
d’une bonne grandeur) onze pouces quelques lignes
de long. \ ' '
Les extrémités de cette piece font coudees, pouf
donner naiffance à deux branches de différente ftruc-
ture ; la branche antérieure a environ 4 pouces 8 lignes
de long ; elle s’avance plus en avant, &fon ex^-
irémités’éloigne d’unpouce 8 lignes delaperpendicu-
laire qu’on tirerait du coude furie feuillet. Elle repréfente
deux fegmens de cercle, lèfquels s’uniffent en-
femble , forment en-dehors un angle aigu , 6c leur
convexité regarde le dedans de la feie.
Le commencement du premier cercle forme avec
la piece principale un angle qui eft plus droit qu’obtus
• la fin du fécond cercle eft fendue de la longueur
d’un pouce 5 lignes pour loger le feuillet qui y eft
placé de biais, 6c qui forme avec ce cercle un angle
aigu . H H . ,, i -,
L ’ e x t r ém ité d e c e fé c o n d fe gm e n t d e c e r c le e ft
e n c o r e p e r c é e p a r u n é c r o u , c om m e n o u s a llo n s le
d ire . ' WÊL , , * La branche poftérieure a un pouce de moins que
l’antérieure ; les deux fegmens de cercle qu’elle forme
font moins alongés 6c plus circulaires. Le premier fait
un angle droit avec la piece principale, & le fécond en
fait de même avec le feuillet : ce fécond cercle fe termine
à une figure plate des deux côtés r arrondie à
fa circonférence , & percée par un trou quarré. L’union
de ces deux fegmens de cercles ne forme pas
en-dehors un angle aigu, comme à la branche antérieure
, mais ils femblent fe perdre dans une pomme
affez groffe , terminée par une mitre taillée a pans,
lefquelles pièces paroiffent être la bafe de toute la
machine.
Il fort du milieu de la mitre une foie de près dé
quatre pouces de long , qui paffe dans toute la longueur
du manche.
La fécondé partie de la feie eft le manche, il eft
fait de même que celui que nous avons fait remarquer
au couteau d’amputation ; mais fa fituation n’eft
pas la même , car au-lieu de fuivre la ligne qui cou-
peroit la fe it en deux parties égales fuivant fa longueur
, il s’en éloigne d’un demi-pouce, 6c s’incline
vers la ligne qui leroit prolongée de l’axe du feuillet
; méchanifme qui rend la feie fort adroite, &fait
tout autant que fi le manche étoit contigu au feuillet,
fans pour cela la rendre plus pefante.
L’avance recourbée, ou le bec du manche de la
feie eft encore tourné du côté des dents du feuillet,
afin de fervir de borne à la main du chirurgien. Ce
manche eft pefcé dans le milieu de fon corps fuivant
la longueur, ce qui fert à paffer la foie de l’arbre
qui doit être rivée à fon extrémité poftérieure.
Le feuillet 6c les pieôes qui en dépendent font la
troifieme partie de la feie.
Ce feuillet eft un morceau d’acier battu à froid,
quand il eft prefque entièrement confinait , afin
qu’en refferrant par cette méchanique les pores de
l’acier il devienne plus élaftique ; fa longueur eft
d’un bon pié fur treize ou quatorze lignes de large ;
fon épaiffeur eft au-moins d’une bonne ligne du côté
des dents, mais le dos ne doit pas avoir plus d’un
quart de ligne.
On pratique fur la côte la plus épaîffe de ce feuillet
de petites dents faites à la lime, 6c tournées de
manière qu’ellës paroiffent fe jetter alternativement
en-dehors , 6c former deux lignes parallèles ; ce,qui
donne beaucoup de voie à i’inftrument, 6c fait qu’il
paffe avec beaucoup de facilité 6c fans s’arrêter.
La trempe des feuillets de feie doit être pâr paquets
6c meme recuite, afin qu’elle foit plus douce,
que la lime puiffe mordre deffus , 6c qu’elle ne s’en-
grene point, comme nous l’avons démontré en parlant
des couronnes du trépan*
Les extrémités du feuillet font percées, afin de
i’affujettir fur l’arbre par des méchaniquëS différentes
; car fort extrémité antérieure eft placée dans là.
fente que nous avons fait obferver à la fin du fécond
fegment de cercle de la branche antérieure, 6c elle
y eft affujettie par une vis qui la traverfe en entrant
dans le petit écrou que nous avons fait pratiquer à
l’extrémité de cette branche.
L’autre extrémité du feuillet eft plus artiftement
arrêtée fur la branche poftérieure , elle y eft tenue .
pour ainfi dire, Comme par une main, qui n’eft autre
chofe qu’une avance plate, légèrement convexe en-
dehors , 6c fendue pour loger le feuillet qui y eft fixé
par une petite vis qui traverfe les deuxlames de cette
main 6c le feuillet. Cétte main qui couvre environ
huit lignes du feuillet, paroît s’élever de la ligne diamétrale
d’un bafe ronde, qui eft comme la mitre du
feuillet : cette mitre eft adoucie, très-polie 6c légèrement
convexe du côté de la main, mais plane 6c moins
artiftement limée à fa furface poftérieure, afin de s’appuyer
jufte fiir le trou quarré de labranche poftérieure.
On voit fortir du milieu de cette furface poftérieure
de la mitre une efpece de cheville différemment
compofée , car fa bafe eft une tige quarrée dé
quatre lignes de hauteur , 6c proportionnée au trou
qùarré de la branche poftérieure : le refte de cetté
cheville a un pouce dé longueur, il eft rond 6c tourné
en vis ; on peut le regarder comme la foie du
feuillet.
Enfin la troifieme piece dépendante du feuillet eft
un écrou : fon corps eft un bouton, qui après de cinq
lignes de hauteur, &fix ou fept d’épaiffeur : fa figure
intérieure eft une rainure en fpirale qui formé
l’écorce , 6c l’extérieur reffemble à deux poulies
jointes l’une auprès de l’autre.
Il part de la furface poftérieure de cet 'éçrou
deux aîles, qui ont environ neuf lignes de longueur^
6c qui laiffent entr’elles un efpaee affez confidé-
rable pour laiffer paffer la foie du feuillet ou de fa
mitre.
L’ufage de cet écrou eft de contenir la vis, afin
qu’en tournant autour il puiffe bander 6c détendre lé
feuillet de lia feie.
La maniéré de fe fervir de la feie dont nous venons
de faire la defcriptiOn , eft de la prendre par fon
1 manche, de façon que les quatre doigts de la main
droite l’empoignent, pour ainfi dire, 6c que le pouce
foit alongé fur fon pan intérieur.
On porte enfuite l’extrémité inférieure du poucé
de la main gauche ou le bout de l’ongle fur l’os qu’on
veut feier 6c dans l’endroit Où on veut le couper 5
puis on approche la feie de cet endroit de l’os , 6c
par conféquent auprès de l’ongle qui fert comme de
guide à la fe ie , 6c l’empêche de gliffer â droite ou â
gauche , ce qui arriveroit immanquablement fans
cette précaution, 6c pourroit caufer des dilacérations
aux chairs qui auroient des fuites, dont le dé*
tail nous meneroit trop loin.
On pouffe enfuite là feie légèrement 6c doucement
én avant, puis on la tire à foi avec la même légèreté
6c la même douceur ; ce qu’oii continue doucement
6c à petits coups , jufqu’à ce que fa Voie 6c fa trace
foit bien marquée*
Quand une fois la feie a bien marqué fa voie ou fa
trace fur l’os, pour-lors on ôte le pouce de la main
gauche de l’endroit où nous l’avions pofé, 6c l’on
empoigne , pour ainfi dire , le membre qu’on veut
couper âvec la main gâiiche ; ce qui fert comme de
point d’appui au chirurgien. Il ne faut plus alors
feier à petits coups, mais à grands coups de fe ie , ob-
ferVant toujours de fciér légèrement 6c de ne pas
trop appuyer la feie ; car en appuyant, fes petites
dents entrent dans l’os 6c l’arrêtent ; ce qui fait que
les chirurgiens ne frient qu’avec peine & par fe-
' confies* Garengeot, traité d’inftr. de Chirurgie,