n’aient pu auffi-bien que le fénat, leur accorder la
permiffion de frapper de la monnoie de bronze. G’eft
par cette raifon qu’on trouve fur quelques médailles
de colonies, permiffu A u g uß i, indulgentiâ Augußi;
fur les médailles latines d’Antioche fur l’Oronte, S.
C. jufqu’à Marc Aurele ; & fur celles d’Antioche de
Pifidie S . R. c’eft-à-dire Senatus Romanus. Les pro-
confuls même qui gouvernoient àu nom du fénat,
les provinces dont l’empereur avoit laiffé l’admini-
ftration au fénat & au peuple romain, donnoient
quelquefois de ces fortes de permiffions. Nous en
avons des exemples fur des médailles frappées dans
des villes del’Achaïe & de l’Afrique.
A l’égard des villes grecques, comme les Romains
conferverent à plufieurs de ces villes leurs lois &
leurs privilèges, on ne les priva point du droit de battre
monnoie, lorfqu’elles furent réunies à l’empire
romain. Elles continuèrent donc de faire frapper des
pièces qui avoient cours dans le commerce qu’elles
faifoient entr’elles, & même avec le refte de l’Empire
, quand ces pièces portoient l’image du prince. Ces
villes n’avoient pas eu befoin d’un fenatus-confulte
particulier pour obtenir la permiffion de battre monnoie
, puifque cette permiffion étoit comprife dans
le traité qu’elles avoient fait avec les Romains en fe
donnant à eux.
Dans le bas Empire, l’autorité du fénat fe trouvant
prefque anéantie , les empereurs refterent feuls
maîtres de la fabrication des monnoies. 'Alors la né-
ceffité où ils fe trouvèrent fouvent de faire frapper,
pour le paiement de leurs troupes, de la monnoie à
leur coin dans les différentes provinces où ils étoient
élus, donna lieu à l’établiffement de divers hôtels de
monnoie, dans les Gaules, dans la grande Bretagne,
en IUyrie, en Afrique, & enfuite dans l’Italie, après
que Conftantin l’eut mile fur le même pié que les
provinces, en la divifant en différens gouvernemens.
On ne doit donc pas être étonné, fi après Trajan
Dece, on ne trouve plus le S. C. fur le petit bronze,
puifqu’il étoit prefque toujours frappé hors de Rome
, & fans l’intervention du fénat.
Quant à ce qui concerné les médaillons, on peut
juger que quelques-unes de ces pièces ayant été de-
ftinées à avoir cours dans le commerce, après qu’elles
auroient été diftribuées dans des occafions où les
empereurs faifoient des largeffes au peuple; il n’eft
pas étonnant qu’on en trouve avec la marque ufitée
fur les monnoies de bronz'e, S. C. (D . /.)
S . C. A . ( Hiß. rom. ) ces trois lettres fignifioient
fenatûs-cohfulti automate, titre ordinaire de tous les
arrêts du fénat.
A la fuite de ces trois lettres fuivoit l’arrêt du fé-
nat, qui étoit conçu en ces termes, que le conful
prononçoit à haute voix:
Pridie kalend. O cio bris, in cède Apollinis , feribendo
adfuerunt L . Domitius, Cn. F iliu s , Ænobardus , Q.
Cacilius, Q. F. Metel lus, Pius Scipio, &c. Quod Marcellus
conful V. F. ( ideft verba fec it), de provinciis
confularibus, D . E . R . I . C. ( c’eft-à-dire de eâ re ita
■ cenfuerunt ), uti L . Paulus, C. Marcellus cofs. cum ma-
gijlratum inijfcnt9 &c. de confularibus provinciis ad fe-
natum referrent, &c.
Après avoir expofé l’affaire dont il étoit queftion,
& la réfolution du fénat, il ajoutoit : S i quis huic f e -
natus-confulto intercejferit, fenatui placere aucloritatem
perferibi , & de eâ re ad fenatum populumque referri.
Après cela fi quelqu’un s’oppofoit, on écrivoit fon
nom au bas : Huic fenatus-confulto intercefßt talis.
Aucloritatem ou auctoriiatesperfcribere, c’étoit mettre
au greffe le nom de ceux qui ont conclu à l’arrêt, &
qui l’ont fait enregiftrer.
Les confuls emportoient chez eux au commencement
les minutes des arrêts ; mais à caufe des changement
qu’on y faifoit quelquefois, il fut ordonné,
fous le confulat de L. Vaterius & de M. Horatius, que
les arrêts du fénat feroient mis dans le temple<de Cé-
rès, à la garde des édiles ;& enfin les cenfeurs les
portoient dans le temple de la Liberté, dans des armoires
appellées tabularia. Mais Céfar dérangea tout
après avoir opprimé fa patrie ; il pouffa l’infolence
jufqu’à faire lui-même les arrêts, & les fouferire du
nom des premiers fénateursqui lui venoientdansl’el-
prit. « J’apprens quelquefois, dit Cicéron, Lettres
» familières, lib. IX . qu’un fenatus-confulte, paffé à
»» mon avis, a été porté en Syrie & en Arménie,
» avant que j’aie fçu qu’il ait été fait; & plufieurs
» princes m’ont écrit des lettres de remercimens fur
» ce que j’avois été d’avis qu’on leur donnât le titre
» de rois ; que non-feulement .je ne fa vois pas être
» rois, mais même qu’ils fuffent au monde ».
(D . J )
SCABARAN, ( Géog'. mod.') petite ville d’Afie,
dans la Perfe; elle eft affez voifine de la montagne de
Barmach qui n’eft pas éloignée de la mer. Cette montagne
produit du naphthe qui coule au-travers des
rochers, & qui tombe dans des foflês. (D . J .)
S C A B E L L A ou S C A B IL L A ou S C A B IL LU M ,
( Lit tirât, mujic.) c’étoit une efpece de foufflet en maniéré
de pédale, qui tient fa place dans les inftru-
mens de la mufique ancienne , & qui fervoit à appuyer
ainfi qu’à frapper la mefure, par un fon fixe
& dominant. On en faifoit ufage chez les Romains
pour animer les danfeurs, & particulièrement les
pantomimes. On en trouve la figure fur quelques anciens
bas-reliefs ; & les curieux peuvent en voir un
modèle dans un bas-relief de marbre de la falle des
antiques, qui fait partie des bâtimens du vieux-Louvre.
(D. /.)
SCABELLÔN, f. m. (Architeci. Sculpté) piédefta!
quarré ou à pans, haut & menu, le plus fouvent en
gaine de terme,.ou profilé en maniéré de baluftre,
pour porter un bufte , une pendule.
Gaine de fcabelton ; c’eft la partie ralongée qui
eft entre la bafe & le chapiteau du fcabellon, qui va
en diminuant du haut en bas, & qui a la forme d’une
gaine. Les ftatues n’ont fouvent qu’une gaine pour
tout piédeftal. Daviler. (D. J .)
SCABIEUSE, f. f. feabiofa , (Hift. nat. Bot.') genre
de plante à fleur, compofée de plufieurs fleurons inégaux
, contenus dans un calice commun. Les fleurons
qui occupent le milieu de la fleur font partagés en
quatre ou cinq parties, & ceux de la circonférence
ont deux levres. Chaque fleuron eft placé fur la partie
fupérieure de la couronne d’ua embryon qui fe
foutient, & il a fon calice particulier, qui devient
dans la fuite une capfule ou fimple ou en forme d’entonnoir;
cette capfule renferme une femence qui eft
furmontée d’une aigrette, & qui a été auparavant
l’embryon. Tournèrent, injl. rei herb. Voyez P l a n t e .
Selon Linnæus, ce genre de plante a un double calice
; le calice commun eft à plufieurs feuilles, &
contient plufieurs fleurs ; le calice propre eft fixé fur
le germe du piftil; les fleurs font monopétales, &
forment un tuyau qui s’élargit à l’extrémité, & qui
fe partage en quatre ou cinq quartiers ; les étamines
font quatre petits filets très-foibles ; leurs boffettes
font oblongues , le germe du piftil eft placé deffous
le réceptacle propre de la fleur , & eft enfermé comme
dans un étui ; le ftile eft délié, & de la longueur
de la fleur ; le ftigma eft obtus ; les grains font uniques
dans chaque fleur, & contenues dans leur enveloppe
commune.
Quoique ce genre de plante renferme dans le fyf-
tème de Tournefort, cinquante - quatre efpeces , il
faut nous borner à décrire celle du plus grand ufage
en médecine, & qui eft nomméfeabiofa major, h ir-
fu ta } pratenjis, par C. B. 6 .3 65). I . R . H. 4S4 . Raü,
hiß. 1 7 4 - en anglois, the common hairy fieldes'-cä-
bious.
Sa racine eft droite, longue, vivace ; elle poufle
des tiges à la hauteur de deux ou trois piés, rondes ,
velues, creufes, revêtues par intervalles de deux feuilles
opppfées, femblables à celles d’en bas, mais plus
petites. Les feuilles qui partent de la racine font oblongues
, lanugineufes, approchantes de celles de la
grande valérianne, découpées profondément, d’un
goût un peu âcre. Les fommites des tiges contiennent
des fleurs divifées en bouquets, ronds , compo-
fés des fleurons inégaux, de couleur bleue , où purpurine
, ou d’un bleu mourant. Quand ces fleurs font
paffées , il leur fuccede des maniérés de têtes verdâtres
, écailleufes, garnies à la bafe de feuilles en forme
de rayons, & compofées de capfules qui contiennent
chacune une femence oblongue, furmontée d’u-
necouronne.
Cette plante croît prefque partout dans les blés,
dans les champs & les prairies; elle fleurit en Juin &
Juillet.
La plante nommée pforice par Diofcoride & Théo-
phrafte, & pfora par Aéfius, paroît être notre feabieu-
f e ; mais dans les derniers tems, les noms ayant été
oubliés, les Grecs modernes ont appelle cette plante
fcampiufa, d’oii s’eft formé le nom latin feabiofa.
SCABIEUSE, (Mat. médicale.) feabieufe ordinaire ,
feabieufe des prés, ou feabieufe de bois ou mors du
diable.
On emploie indifféremment l’une ou l’autre de ces
plantes.
Les feuilles & les fleurs de cette plante font feules
en ufage. Leur fuc, leur infiifion ou leur décoction
& leur eau diftillée paffent pour des remedes fu-
dorifiques, alexiteres , incififs & vulnéraires. C’eft
furtout l’eau diftillée qu’on emploie dans les juiepsôc
les potions cordiales , diaphoniques & contre-venin
, que plufieurs médecins ordonnent encore dans
la petite vérole , la rougeole, les fievres malignes,
&c. Cette eau diftillée eft une des quatre eaux cordiales
, & de cinq cens eaux inutiles. Voyeç Eaux
CORDIALES ( les quatre ) & la fin de l’article Eaux
DISTILLÉES.
Les feuilles de feabieufe entrent dans l’eau de lait
alexitere. (b)
SCABREUX, adj. (Gram.) inégal, dur,raboteux,
où on eft expofé à une chute. Il ne fe dit qu’au figuré.
Vous vous êtes chargé là d’une commiffion bienjea--
breufe.
SC A CCH IÆ L l/D U S , (Hiß. anc.) il y en a qui
prétendent que c’eft notre jeu a échecs ; d’autres que
c’eft le jeu que les anciens appelloient latrunculo-
rum ; mais ils ne nous difent point en quoi ils confif-
toient l’un & l’autre.
SCAFFORD , (G log. mod.) golfe d’Ecoffe, fur la
côte occidentale de l’île de Mul, l’une des Vefternes.
Ce golphe qui coupe Mul par le milieu ,,eft parfemé
de quelques autres petites îles, dont la plus grande ,
nommée U lw a , eft longue de cinq milles, & abonde
en pâturage. ( D . J . )
SCALA , ( Géog. mod.) autrefois petite ville épif-
copale d’Italie, au royaume de Naples, dans la principauté
citérieure, à deux milles au nord d’Amalfi.
fon évêché fut réuni, en 1603 > à Ravello ; préfen-
tement Scala n’eft qu’un miférable village qui n’a
pas cinquante maifons. Longitude 3 2. 8. latitude 40.
3 f . ( D . J . )
SCALABIS, (Géog. anc.) ville de la Lufitanie, félon
Pline, qui, /. 1F . c. x x ij. lui donne le titre de
colonie. Cette ville eft appellée Scalabifcus par Ptolo-
mee, l. I I . c. v. fon nom moderne eft vraiffemblable-
nient Santaren, dont on peut voir l’article.
S C A LÆ G E M O N IÆ , (Antiq. rom.) ou fimplefilent
gemonice , & par Pline gemonii gradus ; les lit-1
térateurs n’ont pas les mêmes idées de ce mot. Les
uns en parlent comme d’ëfpeces de fourches patibu*
laires , &c d’autres les repréfentent comme un puits»
où l’on jettoit le corps des criminels exécutés à mort.
Voye{ G é m o n i e s . (D . J .)
SCALANOVA , (Géog. mod.) ville de l’empire
Turc en Afie, dans l’Anatolie , à trois lieues de la
ville d’Ephefe. Il ne loge dans cette ville que des
turcs & des juifs ; les grecs & les arméniens en oc*
cupoient les fauxbourgs ; elle a un port & un château
où les Turcs tiennent une garnifon d’une vingtaine
de foldats. Scalanova eft la Néapolis des Mile*
fiens. Elle eft fituée à une journée de Guzetliffar, pii
Beau-Château , qui eft la fameufe Magnéfie fur le
Méandre. Long. 4 J. 8. lat. 37. S z . (D . J .)
SCALDES , f. m. pl. (Hijl. anc.) c’eft ainfi que les
anciens peuples du nord nômmoient leurs poètes.
Les vers étoient le feul genre de littérature qui fut
cultivé chez eux ; c’étoit la feule façon de tranfmet-
tre à la poftérité les hauts faits des rois, les victoires
des peuples, & la mythologie des dieux. On rertdoif
les plus grands honneurs aux fcaldss ou poètes, ils
étoient fouvent de la naiffance la plus illuftre, & plufieurs
fouverains fe glorifioient de ce titre. Les rois
avoient toujours quelquesyWd'e* à leur cour ; & ceS
derniers en étoient chéris & honorés ; ils leur donnoient
place dans les feftins parmi les premiers officiers
de la couronne , & les chargeoient fouvent des
commiffious les plus importantes. Lorfque ces rois
marchoient à quelque expédition, ils fe faifoient accompagner
des fcaldes, qui étoient témoins oculaires
de leurs exploits,les chantoient fur le champ de bataille
, & excitoient les guerriers aux combats. Ces poètes
ignoroient la flatterie, & ils ne louoient les rois
que fur des faits bien confiâtes. Un roi de Norwege
nommé Olaüs Trigguefon , dans un jour de bataille.,
plaça plufieurs fcaldes autour de fa perfonne, en leur'
difant avec fierté, vous ne raconterez pas ce que vous
aurez entendu, mais ce que vous aurez vu' Les poéfies
des fcaldes étoient les feuls monumens hiftoriques des
nations du nord ; & c’eft chez elles que l’on a puifé
tout ce qui nous refte de l’hiftoire ancienne de ces'
peuples. Voyez l'introduction a l'hijioire de Danemark
par M. Mallet.
SCALDIS, (Géog. anc.) fleuve de la Gaule belgi-
que, félon Céfar, Pline , l’itinéraire d’Antonin, &c
Fortunat ; Ptolomée eft le feul qui nomme ce fleuve
Tabuda.
Il prenoit fa fource dans le pays de Véromandut ,
& couloit chez les Nerviens, & chez divers autres
peuples. Lorfqu’il s’approchoit de l’Océan, il fe par-
tageoit en divers bras, & celui qui paffoit à Bergues,
alloit fe jetter dans la Meufe ; ce qui a fait dire à Céfar
: adflumen Scaldin quod in fu i t in Mofam, ireconf-
tituit. Les autres bras fe rendoient à la mer ; mais il
ne feroit pas poffible de décrire leur cours, parce que
les inondations de l’Océan, & les débordemens de ce
fleuve, ont plus d’une fois changé l’état des lieux dans
ces quartiers, comme dans les embouchures de la
Meule & du Rhein. Ce fleuve s’appelle aujourd’hui
CEfcaut.
Pline , l . I V . c . xv ij. dit que la gaule Belgique s’é-
tendoit entre l’Efcaut & la Seine, à Scalde ad Sequa-
nam Belgica ; les Toxandri, félon le même auteur ,
habitoient au-delà de ce fleuve : à Scaldi incolune
extern Toxandri ; & dans un autre endroit, il ajoute
que -les peuples qui s’étoient établis le long de l’Océan
feptentrional, au-dela de l’Efcaut, étoient originaires
de la Germanie : Toto hoc mari ad Scaldirti
ufque fiuvium Germanicce accolunt gentes. Ce dernier
paffage fait voir pourquoi il a donné l’Efcaut pour
borne à la gaule Belgique ; car les autres auteurs , &C
Pline lui-même en plus d’un endroit, mais dans un