ik- , étoit capitale des Confuarani, & donna fon nom
à toute la contrée du Roufîillon. Ce fut à Rufcino que
les peuples du pays s’affemblerent pour délibérer fur
le paflage que leur demandoit Annibal. Cette ville
devint colonie romaine félon Mêla, & félon Pline
elle jouiffbit du droit latin.
La décadence de l’Empire en entraîna peu-à-peu
la ruine ; elle confervoit encore quelque confidéra-
tion fous Louis le Débonnaire. Ce prinçe ayant donné
en 8 i6 ,u n diplôme en faveur des peuples d’Ef-
pa<nie, qui s’étoient retirés en France pour fe dérober
à la tyrannie des Sarrafins-, ordonna qu’il en feroit
dépofé une expédition dans les archives de cette ville
; elle avoit dès-lors pris le nom dé Rofrilio.
U Selon M. de Marca elle fut ruinée peu après, vers
l’an 82.8, dans la guerre des Sarrafins ; il ne relie plus
qu’une tour fur le terrein qu’elle occupoit, on l’appelle
la tour de Rouffdbon. Elle étoit bâtie fut le penchant
d’une colline, 8c venoit fe terminer au bord de
la Tet. On y trouve fouvent des médailles romaines,
£c d’autres monumens qui font encore reconnoître
fon ancienne enceinte.
Le fleuve Rufcino a fa fource dans les Pyrénées ,
félon Strabon Ub.lV. pag. 182. qui ajoute que ce
fleuve , ainfi eue l’Iîlibéris, arrofoient chacun une
ville de leur nom. Ptolomée, lib. I. l’appelle Rufcio ;
c’ell le même qui eft nommé Thdis, par Pomponius
Mêla, 8c qu’on appelle préfentement le Tet. {D. /.)
RUSCUS , f. m. ( Botan.) ce genre de plante mérite
d’être bien caraftérifé. 11 faut donc favoir que le
calice eft d’une feule piece, & découpé en plufieurs
fegmens. Il s’élève de fon centre des fleurs monopé-
ta 1 e s , faites en forme de cloches & arrondies. L’ovaire
devient un fruit fphérique, rempli d’une ou î
deux femences, ordinairement dures. Si les auteurs
euflentété exafts à rapporter les plantes de ce genre ,
fous le nom propre auquel elles appartiennent, ils
«uflent évité bien des erreurs, car quelques-uns ont
pris le calice pour la $eur.
Tournefort compte quatre efpecesde rufeus, en-
tr’autres, i°. le rufeus à larges feuilles, du dos de
chacune defquelles il fort une petite fleur, rufeus la-
difolius , fructu folio incidente 1. R. JJ. 79 , c’eft la
plante que nous appelions laurier alexandrin. z°. Le
rufeus à feuilles de myrthe, pointues 8c piquantes,
jrufeus myrihi folius, aculeatus ; c’eft la plante que nous •
nommons houx- frelon oupetit houx, en anglois the but-
cher s-broom. FayciH o u x - f r e lo n & L a u r ie r a l e x
a n d r in . { D . J . )
RUSE, f. f. {Gram.') adreffe-, art, fineffe, moyen
fubtil, donton ufe pour en impofer aux autres. Seul,
i l fe prend toujours en mauvaife part ; il ne faut point
avoir de rufes ; la rufe eft d’un caraélere faux 8c d’un
petit efprit. On dit qu’il y a des rufes innocentes, j’y
confens; mais.je n’en veux avoir ni de celles-là, ni
d’autres : on dit rufè 8c rufer.
R uses m il it a ir e s , {Art milit.) ce font, à la
■ guerre, des différens moyens qu’on emploie pour
■ tromper &.furprendre l’ennemi. Les rufes militaires
fe nomment ordinairement Jlratagêmes. Voyeç ce
7710 t.
Suivant Thucydide, la plus belle de toutes les
-louanges qu’on peut donner à un général d’armée,
çft celle qui s’acquiert par la rufe 8c le ftratagême.
Les Grecs étoient grands maîtres dans cet art :
c’ eft plutôt une fcience, car l’art de tromper fine-
.znent à la.guerre, peut être très-aifément réduit en
principes 8c en méthode.' On y excelle infiniment
plus par l’acquis que par le naturel, puifqu’en effet
la guerre eft la fcience des tromperies... . Plutarque
•dit qu’à Lacédémone on mettoitune grande différence
entre ceux qui lurmontoient leurs ennemis parla rufe
, 8c ceux qui les vainquoient par la force ouverte,
& que les premiers immoloient une plus grande vi-
•£lime. '
RUS
Homere, qui eft le confeiller des gens de guerre,
dit qu’il finit faire du pis que l’on peut à fon ennemi,
8c que la tromperie de quelque efpece qu’elle puiffe
être, eft toujours permilè. Il paroit affez que Grotius
eft de cet avis, dans fon excellent ouvrage, de jure paris
& belliy que bien peu de gens de guerre lifent. Il rapporte
un grand nombre d’autorités refpeélables 8c
très-favorables aux rufes 8c fourbes militaires. Tout
leur eft permis, jufqu’au menfonge. Il cite bon nombre
de théologiens 8c quelques faints, entre autres
faint Chryfoftome, qui dit que les empereurs qui
avoient ufé de furprife, de rufe 8c d’artifice pourreuf-
fitdans leurs deffeins, étoient très-louables. Il a raifon,
puifque l’Ecriture eft toute remplie de ftratagêmes 8c
de rufes militaires.
La viftoire qui s’acquiert par la force 8c par la fu-
périorité du nombre, eft ordinairement l’ouvrage du
foldat, plutôt que celui du général; mais celle qu’on
remporte par la rufe 8c par l’adreffe eft uniquement
dûe à celui-ci. L’une 8c l’autre font la reffource des
petites armées contre les grandes ; & toutes les deux
la pierre de touche de la valeur 8c de l’intelligence.
Cette reffource ne peut être que dans l’efprit 8c dans
le coeur. L’un fe trouve toujours tranquille , 8c toujours
préfent dans les plus grands périls ; il faut avoir
l’autre bien haut 8c bien ferme pour foutenir 8c affronter
un ennemi puiffant & redoutable.
Un général qui fe met à la tête d’une armée étonnée
par les défaites précédentes, qui n’offre prefque
que de nouveaux foldats à la place des vieux qui ont
péri dans les batailles, qui les expofe contre de vieilles
troupes accoutumées à vaincre, 8c qui rend tous
les deffeins de l’ennemi inutiles, par la force de fon
efprit & par l’artifice de fes mouvemens ; un général,
dis-je, tel que-celui-ci, eft un homme du premier ordre
, de la plus haute volée, 8c il a uncourage au-
defliis de tous les autres , 8c digne d’être admire....»
Celui qui compte fur le grand nombre de fes troupes
8c fur leur courage, n’a pas befoin dè rufes contre
un ennemi qui n’a qu’une petite armée à lui op-
pofer. Il laiffe faire au nombre ; il lui Ixiffit de lâcher
la détente 8c le coup part, il eft afliiré de l’effet par
fes troupes. Les victoires de la plupart des con-
quérans, d’un Attila, d’un Gengifcan, d’un Timur-
bec , ont été le prix de leur nombre ; mais celles
d’Annibal furent celui de la rufe 8c de la fàgeffe auda-
cieufe de ce grand homme. Je conclus de tout ce c i,
ditM. deFolard, que nous n’avons fait que copier
depuis le commencement de cet article, que tout général
qui n’eft pas rufé, eft un pauvre général.
Comme l’art de rufer ne peut s’apprendre par la
pratique, par la routine, qu’il faut lire 8c étudier,
non-feulement ce que Polyen 8c Frontin, ont écrit
fur ce fujet, mais encore tout ce que les hiftoriens
nous orft tranfmisdes rufes des grands capitaines, il
n’eft pas étonnant de trouver peu de généraux affez
habiles dans cette matière pour en faire un üfage fréquent.
Il faut de plus un efprit v if 8c intelligent, qui
faififfe le moment d’employer les rufes, qui'fâche les
varier Fuyant les circonftances ; 8c c’eft ce qui ne fe
rencontre pas fréquemment. M. de Folard, qui nous
fournit prefque .toute la matière de cet article, ob-
ferve que les anciens s’appliquoient beaucoup à la
leélure des ouvragés qui traitent des rufes ou des ftratagêmes
militaires; ledlure qui lui paroit plus nécef-
ceffaire à un généra’! qu’à tout autre : car outre, dit-
il, qu’elle eft très-amufante,& encore plus inftrudh-
v e , l’ignorance oii l’on eft là-deffus, fait que l’on eft
toujours nouveau contre la rufe 8c le ftratagême ; 8c
florfqu’on ne les ignore point, on apprend à les rendre
inutiles, ou à les mettre en ufage dans Poccafion;
Ce qu’il y a de bien furprenant, c’eft qu’ils ont toujours
leur effet, 8c que l’on donne toujours tout au-
travers , quoiqu’il y en ait un très-grand nombre qui
RUS
‘aient été pratiqués mille fois. Enfin la guerre, dit lè
célébré commentatèur de Polybêy eft l’art de rufer
8c de tromper finement par principes 8c par fnéthof-
de. Celui qui excelle le plus dans cet art, eft fans
douté le plus habile ; mais chacun rufe félon la portée
de fon efprit 8c de fes connoiffances. Deux généraux
médiocres fe tromperont réciproquement
tous les deux comme deux enfans ; deux habiles
comme des hommes faits ; ils mettront en oeuvre
tout ce qü:e l'a guerre a de plus fubtil, de plus grand ;,
& de plus, merveilleux. Voyt{ S u r p r i s e s . ( Q)
R U§.É, lè' bout de ta rufe ,- ( Vinerte j) il fe dit lôrf-
qu’on trouve àU bout du retour qù’a fait une bête ,
que fes Vôy es font fimpleS, qu’elle s’en v a , 8c qu’elle
perce. .
■ fRUSELLÆ, '( Giog. anc. ) ville d’Italie. C’étoit
félon D,ehis d’Halicarnâfle , /. I I I . p . >39- ine des
'd6UzëcvilleS‘des anciens Tofcans ; elle devint dans
la fùité colonie romaine, comme nous l ’apprennent
Pline; L U I . c. vi & une ancienne inferiptionrapportée
par Hojftonius,, p. 3^. Les habitans de
cette ville font appelles Rufcetlani, par Tite-L'iVe ,
£ X X V I t l. c. xlv. C ’éft le Rofetliim de l’itincraire
d’Antonin. Cette ville conferve encore fon ancien
nom , car Léander dit qu’on l’appelle préfentement
■ Roftiid. {.d , /») ■u
RUSER, ( Vintr. ) lorfqu’une bête qui eft chaf-
fée v a f& vient fur les mêmes voyes , dans un che-:
min ou autres lieu x , à deffein de fe défaire des
chiens , on dit quelle rufe-.
RUSHDEN , {Gé.og. mod.') bourg d’Angleterre;
dans la. province de Northampton, 011 naquit, en
1638 , Daniel Whitby, théologien anglois, fameux
par quantité d’ouvrages. 11 ceffa de vivre en 1716 ,
âgé de 88 ans ; il alla à ,1’églife en bonne fanté la
yeille de fa mort; à fon retour chez lui, il dit qu’il
fe trouvoit foible , fe mit au l i t , & mourut pendant
la nuit-.
Ç ’étoit Un homme très-verfé dans la leélure des
Pères, dans la théologie polémique , 8c fur-tout
dans, les controverfes contre l’églife -romaine qui en
font la principale partie ; il fe dévoua aux etudes
les plus graves, ne connut ni les plaifirs ni les intérêts
du liecle, 8c étoit novice dans les affaires du
mondé, A un point ineonceyahlei
Outre un grand nombre de traités 8c de fermons
contre les dogmes 8c la foi de l’églife romaine , il a
rais au jour d’autres ouvrages très-eftimés ; entre autres
, i° . dés difeours fur la vérité 8c la certitude de
la religion chrétienne. z°. Sur la néceflité & l’utilité
de la révélation. 30. Sur les lois eccléfiaftiques 8c
civiles, faitesinjuftement contre les hérétiques. 4%?,
Examen vàriantium lecliojiùm Joàniiis Millii , in nô-
vum Tejlamentum , avec de nouvelles noteS fur lë
nouveau Téftament, & fept difeours à ce fujet. Londres
i j i o . in-fol. 50. Pàrâphrafe & commentaires
fur le nouveau Téftament. Londres 1 7 0 3 ,2 volumes
in-fol. 8c c’eft-là fort principal ouvrage.
Il y faut ajouter fes dernierès penfées , contenant
les corrections de divers endroits de fes commentaires
fur le nouveau Teftament, avec cinq difeours publiés
par fon ordre. Londres 1727. in-8?. «Quand,
» dit-il, je fis mes commentaires fur le Teftament,
»je fiüvis avec trop de précipitation la route battue
» par d’autres théologiens réputés orthodoxes, con-
» cevant que lePere, le Fils, & le S. Efprit, étoient
» un feul 8c même Dieu, en vertu de la même effen-
» ce indivijîble communiquée par le Pere. Je fuis à
» préfent Convaincu que cette notion confufe eft une
» chofè inipoflible, 8c remplie d’abfürdités $c de
» contradictions palpables ; ainfi tous les fens qu’on
» a voulu donner au terme de Perfonne, différens du
»fens fimple 8c naturel, en vertu duquel on entend
p par-là un agent intelligent, r é e l, font des expli-
^ Tome XlV-k
R U S 44*
» cations contraires à l’évidence lummeufe de là Vé-
» rité , comme le dodéür Clarke, Jadefön ; 8c àu-
» tres, l’ont démontré ».
Le changement d’opifiion du dôcleur Whitby ;
après avoir fait fi long-tems tous fes efforts pour établir
la doClrine oppofée , nous prouve 'que l’arianif-
me à quelque chofe de bien féduifant pour les meilleurs
efpritS. {Le chevalier DE JjiOCOURT.)
RÜSHIN , ( Gio'g. mok. ) chef-lieu, oU capitale
del’îlè de Man, dans fa partie méridionale, avec un
châfeâu. Elle avôït autrefois un monaftère de l’ordre
de Citeâux, fondé en 1134, mais il ne fuhfifte plus
depuis là réformâ'tioh: {D. J.)
RÙSiBTS PORTUSy {Giog. anc.') port d’Àfriquè
dans là Mauritanie Tingîtane, félon Ptolomée, /. U.
c.iij. L’itinéraire d’Antonin le marque dans là Mauritanie
céfâriehfe , für la route dé Lemncc à Càrthage;
entre Chùli municipïum, 8c Paraliariot , à 60 milles;
du premier de ces lieux , 8c à 50 millés du fécond.
Ptolomée, l. jV . c. iij. qui écrit Ruficadà, là place
fur le golfe de Fl u mi die, entre Collops-magnus ou
Cullii, '& le promontoire TrefUm. Dans là conférence
dé Carthage ,' ri°'. i f8 . l’évêquè de Ruficade
eft nommé junior epijcopuis Ruficcadienfis. Çétte ville
a été appèllée autrefois Le port de Conflahtine ; fôn nom
moderne eft Süccaicàde , félon M. Dupin' , dansfà
remarque fur ce mot de la notice des évêchés d’Afri-,
que ; cependant cette ville eft nommée Storà par;
Caftald, Xflorà par ‘Olivier, & Èflora par Marino L
RUSICADE , Rusïcadà , ( Giog. anc. ) ville dè
l’Afrique propre, félon Pomponius ,'/. I. c. vij. 8c
Pline , ï. V. c. iij. C’ eft lé même que Riifibis port us.
RUSMA , f. m. ( Hiß. nàt. Minirälög. ) nom donné
par les peuplés orientaux à cette fubftance que les
Grées ont nommé fory. Voye£ Sory.
Le rufrnà eft une forte dé vitriol qu’on trouve dans
les mines de ce métal, 8c dorit on lé fért pour dépilatoire
, en le mêlant avec de la chaux. M. Bôylé
rapporte qu’après avoir pulvérifé du rufma 8c de là
pierre de chaüx v ive, en parties égales , il les laifla
fondre pendant peu de tèms dans l’eaU , oit ils formèrent
une pâte fort doUce, qii’il appliqua fur une
partie du corps couverte de poil ; àU bout d’énviron
trbiS minutes, il frotta cette partie d’Un linge mouillé
, 8c trouVà le poil enlevé jufque dans les racines,
fans qiié cetté partié en ait fouffert le moindre inconvénient.
Le dépilatoire des éuropéens fe fait communément
avec de la chaux &■ dé l’orpiment.
L’ufage deS dépilatoires eft fort ancien. Il eft certain
que les courtifanhes,grecques 8c romaines s’efi.
fervoient ; 8t c’eft une des principales raifons pouf
lefquelles bn ti’àpperçoit point atix ftatues antiquës
ce voile que là pudeur de la nature a placé aux parties
déshonnêtes. Ces femmes fervôiënt de modèles
à l’artifte qui les repréfentoit telles qu’élles fe monta
ien t à lui. Ajoutez à cë motif celui de la beauté
d’un contour ondulant & finueux qii’une touffe où
tache ifolée n’interrompoit point dans fon cours
d’une des airtes à l’autre ; la propreté fi éffentiellé
aüx femmes, & fi incompatible avec l’infirmité périodique
; la chaleur du climat, 8c peut-être là commodité
du plaifir & la volupté des regards.
RUSNAMEDGI EFFENDI, f. m; ( Hiß. ottom. )
c’eft en Turquie le titre d’un officier des finances ; il
eft le receveur général dii tréfor , 8c préfide à la recette
générale des finances , qui fe fait les dimanches
, lundis, mardis , 8c fâmedis , jour du grand divan
, depuis la fin de l’audience à neuf lieureS, juf-
qu’à trois heures après midi. Cet officier à fous lui
plufieurs commis qui reçoivent, examinent, pefent
lès monnoiés , feparent les efpecés , & conipofent
les bourfes fur lefquelles le rufnamedgi tffendi appofé
un cachet ; d’autres commis, fous fon infoeftion,