RETENIR, v. aû. ( Logique) parlant de l’efprit
humain, eft la faculté par laquelle , pour avancer de
connoiffance en connoiflance, il conferve les idéës
qu’il a reçues précédemment ou par les fens ou par
laréflexion. Voye^ Faculté , Idée , &c.
Or il retient de deux maniérés : la première en fe
perpétuant quelque ternis la perception d’une idée-,
qui eft ce qu’on appelle contemplation. Voyez C ontemplation.
La fécondé, eft en failant renaître en
quelque façon les idées qu’il a voit perdues de vue ,
Recette fécondé opération elt un effet de la mémoire
» laquelle e ft , pour ainfi dire, le réfervoir de nos
idées. Voyt^ Mémoire , R éminiscence.
Nos idées n’étoient que des perceptions aâuelles ,
qui cellent d’avoir un etre réel dès que ces perceptions
ceffent ; cette colle&ion de nos idées dans le
réfervoir de la mémoire, ne lignifie autre chofe que
le pouvoir qu’a notre efprit de taire renaître ces perceptions
en plufieurs cas, avec une. perception de
plus , qui eft celle de leur préexiftence. Voye^ Perception.
C ’eft au moyen de cette faculté que nous pouvons
nous rendre toutes ces idées préfentes, 6c en faire
les objets de nos penfées fans le fecours des qualités
fenfibies qui les ont fait naître la première fois. Voyez
Entendement.
L’attention & la répétition fervent beaucoup à
fixer les idées de notre imagination ; mais celles qui ;
s’y gravent le plus profondément & qui y font les
impreffions les plus durables , font celles qui ont été
accompagnées de plaifir 6c de douleur ; les idées
qui ne fe font préfentées qu’une fois à l’efprit, SC
qui n’ont jamais été répétées depuis , s’effacent bientô
t , comme celles des couleurs dans les perfonnes
qui ont perdu la vue dès l’enfance.
Il y a des perfonnes qui retiennent les chofes d u-
ne maniéré qui tient du prodige ; cependant, les idées
s’effacent .peu à peu quelque profondément gravées'
qu’elles foient, même dans les perfonnes qui retiennent
le mieux ; de forte que fi elles ne font pas quelquefois
renouyellces, l’empreinte s’en efface à la fin
fans qu’on puiffe davantage fe les rappeller. Voyez
T race. x
Les idées qui font fouvent renouvellées par le retour
des mêmes objets & des mêmes actions qui les
ont excitées , font celles qui fe fixent le mieux dans
1 imagination 6c qui y reftent le plus long-teiVis, telles
font les qualités fenfiblesdes corps , telles que la
folidité , l’extenfion, la figure, le mouvement, &c.
6c celles qui nous affe&ent le plus ordinairement ,
comme la chaleur & le froid, 6c celles qui font des
affections communes à tous les êtres, comme l’exif-
tence, la durée , le nombre, qui ne fe perdent gue-
res tant que Pefprit eft capable de retenir quelques
idées. Voyei Qu al ité , Ha bitude , &c.
Ret en ir , ( Jurïfprud..) en terme de palais, fedit
lorfqu’un juge retient à lui la connoiffance d’une caufe
inftance ou procès qu’il eftime être de fa compétence
; au lieu que quand il ne fe croit pas en droit de
retenir la caufe inftance ou procès, il renvoie les parties
devant les juges qui en doivent connoître,ou bien
ordonne qu’elles fe pourvoiront , fi c’eft un juge
qui lui foit fupérieur. (A )
Retenir , ( terme\de Courroyeur. ) c’ eft la fécondé
fonte ou fécond foulage que l’on donne aux cuirs
après qu ils ont ete drilles, boutés & ébourés, fuivant
la qualité des peaux. Cette foule fe fait avec les piés.
Savary. (J). / .) 1
R etenir, (Jardinage.) il fe dit lorfqu’un arbre
s échappé trop , alors on a la précaution de couper
très-court fes grands jets. r
Re t e n ir , en terme de haras, fedit d’une jument
qui devient pleine , elle a retenu ; les jumens retiennent
mieux lorfqu’elies font en chaleur 6c dans leur
liberté naturelle, que lorfqufon les fait couvrir e*
main.
R E TEN TE R I v. aô. ( Gram. ) tenter de-rechef.
Voyeç T enter.
RETENTIT , ( Gram. ) qui retient } on dit des
mutcles ruent,fs-, il y en a i l’anus ; à [a veffie ü ü
Sphincters. On dit unepuiffance ■ ■ H
la philofophie nouvelle a chafle toutes ces facultés;
il elt vrai que tandis qu’elles fortoient par une porte’
une .autre de la même efpece entrait par l’autreg c'eft
la qualité attraélive.
R É IEN TIO N , f. f. ( Jurïfprud. ) eft l’aRiop d’un
juge qui retient a lui la connoiflance d’une caufe inftance
ou procès. Voye[ ci-devant Retenir. ( J )
- R étention f t lM é J . ) ce terme éft employé
dans la. théorie de la médecine, enoppofition à celui
d excrétion ( particulièrement en traitant des chofes
non-naturelles ) , pour défignerl’efpece d’aftion dans
M B animale , par laquelle les matières alibi',
les & toutes les humeurs qui font utiles doivent être
retenues dans les vaiffeaux qui leur font propres, de
la maniéré la plus convenable pour fervir à leur
deftination ; tout comme les matières excrémenti-
tielles , les humeurs inutiles ou nuifibles par leur
quantité 6c par leurs qualités, doivent être expulfées
par les moyens établis- à cet effet , 6c ne peuvent
etre retenues que contre nature.
Audi dans le :p rem iefo l|p Whitenium eft nécef-
faire poifofournir fon aliment à la vie ; dans le fécond
cas lu rétention eft Wçieiife, & le contraire dtdf
avoir lien , pour que 1 équilibré entre les folides &
les fluides & 1 ordre d a n s f e e r c ic e des fonftions
h E H P3« ro u b le s s enfdrte que fi la réientiôk
p e d ie pa r excès ou par définit dans les fo n d o n s qui
exigent .ou qui 1 e x c lu en t, quelle qu’en puiffe être
la cau fe , cet effet d e v ie n t™ principe de léfion p lu s
ou moins important, dè l'état de famé ; lesanefenê
regardotent comme un v ic e de la force rétentrice o d
de la fo ic e expultnce W rétention des matiërès qui
doivent etre é va cu é e s , foi, l’ excrëtfon de celles £ 2
doivent ê tre retenues. Foye^ E q u il ib r e S
La rMnriqn étant bien réglée, contribue donc beaucoup
à entretenir la vie faine ; & les déransemens à
cet egard , qui HH en ce que les mJera s ou
humeurs qui doivent être retenues , font évacué«
comme dans les lientenes, lesaffeûions coeliaques’
les diarrhées, les hémorrhagies , &c. & les matières
ou humeurs qui doivent être expulfées , font rete-
nues comme dansjès cas de défaut de déjéàion de
fecretion de coûion g de crife, HgH H
plus* ordinaires de l'altération de la fauté , d * dé!
fordres dans l oeeonomie animale qui la détruifent
& abrègent la duree naturelle-de la vie Fovct S e
cr e t io n , Ex c r é t io n , D éjection , g g H WMÈNMEî - SANTi ’ s * « hnce, La it
Sang & Maladie , C o c t îo n , Cr ise , Pléthcn
re I Hemorühagie, Sa ig n é e , Evacu ation
Ev a c u a n t , Pu r g a t io n , &c. ’
Rét ent ion d’urine , ( Chirurgie l ,
laquelle la yeffie ne fe débarraffe point de l’urine
qu elle contient.
Cetté maladie canfe en peu de tems beaucouo
daccidens très-fScheux.il paroit au-deffus des os
pubis une tumeur doulolireufe} on fent aufli en poT-
tant le doigt dans le fondement une tumeur ronde
La preflion que la veflie fait par la diftenfion fur les
parties qui 1 environnent, y produit en pen de tems
1 inflammation} le malade «fent une douleur infup-
portabfe dans toute larégionhypogaftrique; il a des
envies, continuelles d’uriner, il s’agite, il fe tour
mente, & tous fes efforts deviennent immies: b ieL
S H I e Peut r! fPlrer difficulté, il a des nau- '
fées, la fieire fiirvientjf es yeux & fon vifage s’enflamment,
& s’il „ ’eft fecouru promptement, 2 fe
forme
forme quelquefois en peu de tems au périné des dépôts
urineux, purulens 6c gangréneux.
La rétention d'urine qui produit tout ce défordre
vient de plufieurs caufes plus ou moins difficiles à
détruire : on peut les ranger fous quatre claffes fa-
voir certaines maladies de la veflie, des corps étrangers
retenus dans fa cavité, plufieurs chofes qui lui
Jont extérieures, 6c quelques vices de fur etre.
Les maladies de la veflie qui peuvent occafionner
la rétention d'urine, font l’inflammation de fon cou
6c la paralyfie de fon corps.
L ’inflammation du cou de la veffie rétrécit fon
ouverture aii point que les efforts du malade ne font
pas fuffifans pour vaincre la réfiftance que le fphin-
û e r oppofe à l’iffue de l ’urine. Si l’inflammation n’eft
pas confidiirable ; on peut introduire la fonde dans
la veffie. Voye{ C athétérisme & A lg a lie. Si l’inflammation
ne permet pas l’introduftion de la fonde,
on a promptement recours à la faignée ; je n’ai fou-
vent reuffi a fonder des malades qu’après leur avoir
fait deux faignees du bras à une heure de diftance
l’une de l’autre ; on emploie auffi avec fuccès les
boiffons adouciffantes, les bains, les lavemens émoi-
liens , enfin tout ce qui eft capable de calmer l’inflammation.
Voye{ In f lamm at ion. Si tous ces
moyèns ne permettent pas l’introdudion de la fonde,
il faut en venir à une opération qui vuide la veflie ;
car l’urine retenue entretient fouvent l’inflammation
6c dès que l’urine eft évacuée,les parties qui avoifi-
nent la veffie n’étant plus comprimées, l’inflammation
ce ffe , de on peut ordinairement fonder le malade
quelque tems après.
La ponftion fe peut faire au périné ou au-deffus
de l.os pubis. Pour la faire au périné on place le ma-
la^le comme pour lui faire l’opération de la taille.
Voye^ Liens. Un aide trouffe les bourfes, 6c le chirurgien
tenant à la main un trocar un peu plus lon<*
qu’à l’ordinaire, le plonge dans la veffie, entre l’os
pubis 6c 1 anus, dans le heu où l’on fait l’opération
au grand appareil. Il feroit plus avantageux pour les
malades qu’on fît cette ponction plus latéralement
pour ne bleffer ni l’uretre ni le cou de la veffie. M. de
la Peyronie l ’a pratiquée dans ce lieu avec fuccès. La
méthode de donner ce coup de trocar dans la veffie
fe trouve déterminée à l’article de la lithotomie, à la
méthode de M. Foubert. Voyeç T a ille.
La ponction au-defîus de l’o_s pubis a été propofée
pat T o le t , chirurgien de Paris, 6c lithotomifte du
roi feu M. Mery, auffi chirurgien de Paris, en chef
de 1 hotel-dieu, 6c anatomifte de l’académie royale
des Sciences, l’a pratiquée le premier. Dans la rétention
d urine la veffie forme une tumeur au - deffus de
i os pubis ; on plonge le trocar de haut en bas dans
la veffie en piquant un peu au-deffous de la partie la
plus éminente de cette tumeur. J’ai fait deux fois
cette operation avec fuccès à deux vieillards, l’un
.de 65 6c l’autre de 73 ans.
M. Flurant, maître en chirurgie à L y on , vient de
propofer une autre méthode de faire la ponction à la
veflie, c’eft delà percer par l’inteftin reéhim,avec un
trocar courbe ; il a fait cette opération avec fuccès.
• , paralyfie qui furvieht à la veflie peut avoir dif-
rerentes cauies, favoir la commotion de la moçlle
de 1 epine, après quelque coup ou chute ; la luxation
d une ou plufieurs vertebres des lombes, ou de quel-
que afrethon du cerveau ; elle vient auffi de la débilite
de fibres charnues, à la fuite des extenfions vio-
« nî eSi CaU^£eS Par une réunùon volontaire d’urine,
6c de la perte du reffort de ces fibres par la vieilleffe.
La retention d urine eil un fymptome de la paraly-
fie du corps de la.veffic, parce que les fibres motrices
qui forment le corps de la veffie ne peuvent agir
lur 1 urine qui. diltend paflivement cet organe. Dans
ce çasil faut fonder le malade ; i ’introduflion de .la
tome -JeIV.
fonde n’eft pas difficile, s’il n’y a point de complication
par quelque maladie de l’uretre, & on laiffe
dans la veffie une algalie tournée en S pour donner
îflue à I urine à mefure qu’elle diftille des uretefes,
afin que les fibres de la veffie puiffent reprendre leur
ton naturel, ce que l’on peut favorifer par des injections
corroborantes.
Il y a line remarque fort importante à faire fur la
rétention d urine par la paralyfie de la veffie c’eft .
RegOülement involontaire, de l ’urine qui fort par regorgement
lorfqite la veffie eft pouffee au dernier
degre d exteiifion poffiWe. 11 ne fiiut pas que cet
écoulement de 1 urine en impofe, la rétention n’en
exifte pas moins, & fi l’on n’a recours à la fonde, on
voit lurvenir des abfcès urino-gangréneux, comme
11011$. avons dit dans la defeription des fymptômes
oc de leurs progrès. r .
Les oorps étrangers qui font dans la veffie, & &
forment la lecor.de daffe cles'caufos de la rétention
d'urine, font la pierre, le pus, le fang , êc les fungus
ou excroi'ffances charnues. 6
La pierre empêche la fortie de l’urine en s'appliquantà
l’orifice interne de la veffie; l’introdudion
de la fonde fuffit pour la ranger. Quelquefois la pierre
eft petite 6c l’urine la pouffe enfin dans l’uretre
où elle n’eft pas moins un obftacle à l’iffue de ce
fluide , alors il faut tâcher de procurer la fortie de
ce corps étranger en injeftant de l’huile dans I’ure-
tre , en effayant de le faire couler le long du canal,
6c par autres moyens dont il a été parlé au mot Lithotomie
à L'article des Pierres dans l’uretre
Voyei Lith o tom ie . Le pus, le fang, & les matières
glaireuses qui caufent la rétention d'urine ne s’op-
pofent point à l’intromiffion de la fonde, par laquelle
on fait des înjeftions capables de délayer 6c de dif-
foudre ces matières ; l’adminiftration des remedes
intérieurs qui rempliffent les mêmes vues doit concourir
avec ces moyens extérieurs.
Lorfqu il y a dans la veffie des excroiffances charnues
qui bouchent l’orifice interné de cet organe
ou qui empêchent fon corps de fe contrarier pour
chafïèr 1 urine, il faut faire une incifion au périné
6c placer une canule dans la veffie. Voye^ Bo u ton nière.
Les injeftions avec l ’eau d’orge, ou autre
décoftion convenable , détachent quelquefois ces
fungus, &en débarraffent la veffie lorfqu’ils fuppu-
rent. Il y a certains fungus à bafe étroite, qu’on pourrait
lier par la méthode dont il eft parlé à l’article
du polype , a l’occafion du polype de la matrice.
V o y e ^ Po lype utérin.
La troifieme claffe des caufes de la rétention d'urine
comprend les chofes extérieures à la veffie, telles font
la groffeffe, les corps étrangers ou les'excrémens endurcis
6c arrêtés^ dans le reélurn, l’inflammation de la
matrice ou fa chute, le gonflement des hémorrhoïdes ‘
un dépôt autour de l’anus, & quelques tumeurs auprès
du cou de la veffie.
Dans la rétention d'urine, dans le cas de groffeffe
ou de la chûte de matrice, on fonde le malade avec
la précaution que nous avons fait obferver à l'article
CATHETERISME. Les lavemens émolliens & les laxatifs
doux procureront la fortie des matières retenues
dans le re&um. L’inflammation de la matrice
du reâium, 6c le gonflement des hémorrhoïdes fe
traitent par les remedes qui conviennent à ces cas.
S’ii s’eft formé un dépôt autour de l’anus, on l’ouvre
le plutôt qu’il eft poflïble ; fi une tumeur placée près
le cou de la veffie preffe 6c comprime cette partie ,
6c qu’il ne foit pas poflïble de fonder le malade, on
fait la ponéfion au-deffus de l’os pubis, comme nous
l’avons dit au commencement de cet article. On
donne en même tems tous fes foins à la guérifon de
la tumeur du périné. Ce fraitement n’opere fouvent
qu’après plufieurs jours, le rétabliffement du cours
r „