pourvu qu'une pierre fût oriente 8c de couleürrcm-
e e , elle occupoit une place parmi les efcarboucles :
aujourd’hui les rubis le réduifent à quatre elpeces.
Celui qu'l marche le premier eftle rii&ÆoneM qu’on
vient de décrire, dont l’extrême beauté , lupcncure
encore il fa rareté, laiffe bien loin derrière Ifaitoutes.
les autres pierres prccieufes du même genre ; le rubis
de Brclil vient enfuite ; jufqu’à prelent il ne s eft
pas fait beaucoup rechercher , parce qu on n èn a
point encore vû d’un beau rouge ; fa couleur eft un
rouge clair laqueux qui n’attire point, U rubis--balais
eft plus agréable ; mais pour être parfait, il doit
être d’une belle'couleur de rofe, non point de couleur
de rofe pâle , ni d’un rouge tirant un peu fur la
pelure d’oignon, ainfi qu’dtrle trouve affezfréqtiem-
ment. La quatrième efpece eft 1e rubis fpmel/dbnt,
la couleur plus obfcure que celle du rubis d orient,
Cil une couleur de feu un peu orangée. Les plus
beaux rubis de ces deux derniereà efpecdi êroiffeiif
dans les Indes orientale« il s’en trouve bien,suffi en
Europe ; mais comme ils font infiniment moins durs
que le véritable rubis d’orient, ils ne prennent pas,
non plus qUe le rubis du llrcül, un polimentfort v if ;
St ils perdent alternent celui qu’ils ont :*£:Çu‘, ce qui
eft un grand défaut. . . .
Si Pline en eft cru , liv. X X X V I I . ch. vij. les an-
ciens ont peu gravé fur k,rubis, & p a K jM l s le
croyaient trop difficile à entamer, & parce que, feu
Ion eux , il emportoit avec lui und paitie de la ciré
lorfqu’ori votiloit s’en fervir a cacheter. Ils avoient
de plus cette fauffe préventîott y qu’étant nefée fur la
cire cette pierre par la feule approche étoit capable
de la faire fondre-. La fig-nification dù nom de ru-
bis y tant en grec qu’en latin , a pu faire admettre en
lui une qualité qui n’y fut jamais ",8c combien voyons-
nous tous les jours de chofes, auxquelles on a lafoi-
bleffe d’attribuer des propriétés--* par une raifOn de
conformité de nom , ou à caufe d une certaine rel-
femblance de figure avec les chofes mêmes auxquelles
on veut les appliquer? Ce feroit perdre le tems,
que de s’amufer à relever de pareilles puérilités. Il
faut plutôt croire que le rubis n’étoit négligé^ par les
anciens graveurs , comme il l’eft encore , qu’à caufe
de fa trop grande dureté, & que la gravure quelque
belle qu’elle eût pû être , n’atiroit fervi qu’à lui faire
perdre de fon p rix, 8c même à le défigurer.
Quant à la taille qu’on donne préfentement au ra-
bis, elle eft la même que pour toutes les autres pierres
précieufes de couleur. Le deflus eft en table environnée
de bifeaux ; & le deffous n’eft qu’une fuite
d’autres bifeaux qui commencent à la tranche , 8c allant
par degrés en diminuant de hauteur chacun par
égale proportion, vont lé terminer au fond de la cu-
laffe.C’ eft du moins ainfi qu’on eft dans l’ufage de les
tailler , au grand regret de quelques curieux , qui
voudroient qu’à l’imitation des anciens , 8c de tous
les orientaux, on ne formât toutes les pierres de couleur
qu’en cabochon. Ils prétendent, & peut - être
eft-ce avec raifon, qu’autrement la pierre ne fe mont
re point dans fa véritable couleur , 8c que ce faux
jeu qu’on lui procure lui devient très-nuifible. Au
refte, cette taille telle qu’on vient de la décrire, n’eft
que pour les pierres précieufes qu’on a deffein de
faire jouer & de faire briller ; car pour toutes celles
qui font Amplement deftinées à être gravées, il fuffit
que les deux faces en foient dreffées uniment. On
n’en monte aucune , quelle qu’elle foit, qu’on ne
mette deffous une feuille d’argent, peinte d’une couleur
affortiffante à celle de la pierre , afin d’en relever
davantage l’éclat ; au défaut de pareilles feuilles,
on pourroit y appliquer des fonds de velours, ou
d’autres étoffes de foie ; & l’on a vu des pierres de
couleur qui étoient montées de cette maniéré ; mais
depuis bien des années * cette ancienne pratique eft
tout-à-fait abandonnée. Mariette, traité des Pierres
précieufes. (D .J .)
RUBO o aRUBON, (Géog. anc.) fleuve de la Sar-
matie européenne, & dont Ptolomée place l’embouchure
entre celles du Chronus 8c du Turuntus. On
croit que c’eft aujourd’hui la Dwine. (D . 7.)
RUBORD ou REBORD , f. in. ( Marine. ) c’eft
le premier rang de bordage d’un bateau, qui fe joint
à la femelle ; le fécond rang s’appelle le deuxieme
bord ; le troifieme rang, troifieme bord ; & on nomme
J'ous-barque le dernier rang , qui joint le deffous
du plat-bord.
R U B R E N S I S , LACUS, (Géog. anc.) lac de la
Gaule, aux environs de Narbonne, félon P line, Liv.
I I . ch. iv. c’eft le même que Pomponius Mêla, liv.
III. ch. v. appelle Rubrefus lacus. C’eft aujourd’hui
l’étano de la Rubine, félon le pere Hardouin. Quoique
Pline dife que YAtax , préfentement l’Ande ,
traverfoit ce la c , cela ne doit faire aucune difficulté
, parce qu’on a détourné le cours de cette riviere
par le moyen d’un canal qui paffe à Narbonne, & va
fe jetter dans la mer Méditerranée , à 7 milles delà.
( d . J.)
RUBRICA , f. f. (Hiß. nat. minéralog.) le crayon
rouge , c’eft une ochre ou une terre ferrugineufe ,
d’un rouge plus ou moins clair ou foncé, qui a pris
la confiftance d’une pierre' ; elle eft plus ou moins
tendre, fuivant la nature de la terre avec laquelle
elle eft combinée. Voye1 O chre.
Quelques auteurs regardent cette fubftance comme
une craie ou une marne , 8c l’appellent creta rubra
ou marga ochracea rubra ; d’autres difent qu’elle
fe durcit au feu , ce qui femble indiquer une terre
argilleufe. Au refte, il eft aifé de fentir que la partie
ferrugineufe qui conftitiie la rubrica ou Yochre rouge,
peut etre jointe accidentellement à dés terres de différente
nature ; c’eft de-là que paroît venir auffi le
plus ou le moins de friabilité de cette fubftance.
RU BR IC A TU S , ( Géog. anc. ) fleuve de l’Efpa-
gne tarragonoife. Ptolomée , liv. I I . c. vj. marque •
fon embouchure dans le pays des Laftani, entre Bar-
cinon 8c Bcetulon. Pomponius Mêla fait auffi mention
de ce fleuve, 8c l’on convient que c’eft préfentement
le Lobregal. Voye[ L ob reg a l.
Rubricatus eft auffi le nom d’un fleuve de l’Afrique
propre ; fon embouchure eft placée par Ptolomée
, Uv. IV. c. iij. fur la côte du golfe de Numidie;
entre Hippon regia & Tabraca colonia. Le nom moderne
eft Jadoc, félon J. Léon ; &c Ladoc, félon Caf*.
taie. (D . J.)
RUBRIQUE , f. f. ( Hiß. eccllf. ) en terme de
droit canon, lignifie un titre ou article particulier
dans quelques anciens livres de lois: ces titres ou
articles font ainfi appellés, parce qu’ils font écrits en
lettres rouges , comme les titres des chapitres dans
les anciennes bibles. Voye^ T itre. On trouve telle
loi fous telle rubrique.
Rubrique fignifie auffi les réglés données au commencement
&c dans le cours de la liturgie, réglés par
lefquelles On détermine l’ordre 8c la maniéré dont
toutes les parties de l’office doivent fe faire. Voye^
Litu r g ie .
Il y a des rubriques générales , des rubriques particulières
, des rubriques pour la communion, &c. Dans
le bréviaire 8c le miffel romain il y a des rubriques
pour les matines, les laudes, les tranflations, les
béatifications, les commémorations, &c.
On appelle ces réglés rubriques, du mot latin ruber,
rouge, parce qu’on les imprimoit autrefois en caractères
rouges, pour les diftinguer du refte de l’office
qui étoit imprimé en noir ; on a confervé cet ufage
dans le miffel romain.
La grande rubrique pour la célébration de la pâ-
qu e , preferitepar le coneilede N icée, confiftedans
la regie fuivante. Le jour de pâque doit fê célébré r
le dimanche immédiatement après la.pleine lune qui ‘
fuit l’équinoxe du printems./'oyeç Pâques. M. Wallis
a fait une differtation particuliere fur les, anciennes
rubriques concernant le jour qu’on devoit célébrer
la fete de paques. Voye£ les Tranjactions philo-
fophiques.
Rubriq ue, f. f. (Imprimerie.) on nomme ainfi
en termes
livre.
RUCHE, f. f. ( OEconom. rujliq. ) panier à ferrer
& nourrir des mouches à miel; iln ’ya r ien de décidé
, ni pour la matière, ni pour la forme des ruches ;
on en fait de planches , de pierre , de terre cuite ,
de troncs ou d’écorces d’arbres, de paille, d’écJiffe,
d ofier , 8c de verre, pour voir travailler les abeilles.
Il y en a de rondes, de quarrées, de triangulaires ,
de cylindriques , de pyramidales , &c. Celles de
paille font les meilleures, & coûtent le moins. Elles
font chaudes, maniables , propres aux abeilles, ré-
fiftent aux injures du tems, 8c ne font point fujettes
à la vermine ; les mouches s’y plaifent, & y travaillent
mieux que dans toute autre forte de ruches.
Pour faire des ruches de planche, on prend du chêne
, du hêtre, du châtaigner, du noyer, du fapin ,
ou du liege ; il s ’agit principalement de bien joindre
les planches ,. ,pôur qu’il n’y entré ni jour, ni v en t,
ni pluie. Bien des gens condamnent l’ufage des ruches
de poterie , parce qu’elles confervent trop longtems
le froid de la nuit, & s’échauffent trop au foleil. On
prévient pourtant ces inconvéniens en les plaçant
en-dehors.
Du refte on met dans chaque ruche, quelle qu’en
foit la matière, deux bâtons pofés en croix, pour que
l’oüvrage des mouches foit plus ferme.
Il y a des ruches de grandeurs différentes ; le principal
eft de les faire toujours un tiers plus hautes
que larges, & d’en façonner le deffus en voûte pour
les rendre plus commodes, & l’afliete large , pour
que rien ne les ébranle. Les grandes ruches font de
quinze pouces de large fur vingt-trois de haut. C ’eft
dans celles-ci qu’on doit mettre les eflàims qui viennent
jufqu au milieu de Juin. Les ruches moyenne^
doivent avoir treize pouces de largeur fur vingt de
hauteur; on y met les effaims produits depuis la mi-
Juin jufqu’au premier Juillet. Les petites ruches ne
doivent avoir que treize pouces de large fur dix-fept
de^haut; c’eft dans cette troifieme forte de ruche
qu’on met les derniers effaims: Tout curieux de la
culture des abeilles fe pourvoit de ces trois fortes de
ruches pour les différens tems.
Si les ruches font faites d’ofier, de troefne, ou autre
branchage, il faut les enduire en-dehors de cendres
de leflive ou de terre rouge, dont on fait ûh
mortier avec de la bouze de vache, pour les garantir
des vers tout-autour. Quand les ruches font bien
enduites & feches , avant que de s’en fervir, on les
paffe legerement fur de la flamme de paille, & puis
on les frotte en-dedans avec des feuilles de coudrier
oc de méliffe.
nancs eleves de terre d’un bon p ié , pour que les crapauds,
les fouris & les fourmis n’y puiffent pas monter.
Le fiege, foit qu’il foit de pierre, de bois de
tf ir.e>0115*e ^üots, doit être bien uni, fùrtout à l’en-
droit fur lequel on pofe la ruche. Il eft bon auffi que
la lurface du pie fur laquelle la ruche eft aflife, foit
convexe , pour qu’il s’y amaffe moins d’humidité;
par la meme raifon, fi on met les ruches fur desplan-
es’,î, *aut Y faire deux egoûts en forme de croix *
pourtiéçoxilement des eaux. Il y a bien de gens, fur-
H H H H Pays qui ne font pasûfqrt. chauds, qui
mettent les rmhcs fous des appentis ou auvents faits
expns pourles défendre de la pluie & des orages.
Ces auvents garantiffent auffi les abeilles des gran"
• des chaleurs Ôc des grands vents , ôc facilitent leu1"
- entrée dans les ruches.
Chaque ruche ne doit avoir régulièrement qu’une
ouverture qui ferve d’entrée aux abeilles; on met
ordinairement cette ouverture au bas de là ruche, &
on la fait petite, pour que l’humidité , l’air , & les
vents ayent moins de prife fur la ruche. S’il feforifioit
quelqu’autre trou à la ruche ou au fiege, il faut avoir
foin de le bien boucher avec du maftic. Qugnd on a
une grande quantité d’abeilles, on range les ruches
dans un bel emplacement en forme d’amphitéâtre
enforte qu’entre chaque banc il y ait un paffage par
oii l’on puiffe vifiter les ruches, 8c que ces ruches
foient rangées en échiquier , pu en quinconce, fans
que les rangs fe touchent, afin qu’elles reçoivent le
foleil également 8c à plein. Enhn il faut avoir foin
de vifiterles ruches deux ou trois fois le mois, depuis
le commencement du printems jufqu’à l’automne.
Dictionn. économique. ( D . J. )
Ru ch e , f. f. ( Mefure feche. ) mefure dont on fe
fert dans les fauneries & falines de Normandie. C ’eft
une efpece de boiffeau qui contient vingt-deux pots
d’Argnes , pefant cinquante livres ou environ , me-
fure rafe. Savary. ( D . J. )'
R u ch e, voye^ Rouche.
RU CTA TION , f. f. (Médecine.)ventoûté qui eft
caufée par la mauvaife digeftion, & qui fe décharge
par la bouche avec un bruit défagréable. Voye^ V ent
e u x . La ruclationvient de la réplétion,quelquefois
de l’inaêiion. Voye^ R éplétion.
Le dotteur Quincy dit que les hypochondriaques
8c les hyftériques y font fort fujets ; on la guérit
plutôt avec les ftomachiques qu’avec les carminatifs
& les liqueurs chaudes. Burnet recommande les pilules
iliaques de Rhafis/
RUDDIREN, RUTREN o« ISSUREN, ( Hiß.
mod. & Mythologie. ) c’ eft un des trois dieux du premier
ordre qui font l’objet du culte des Banians ou
idolâtres, de î’Indoftan ; fes deux affociés font Ram
ou Brama & Viftnou. Voye[ ces deux articles. Ce dieu
a 1008 noms différens ; mais Ruddiren eft celui que
lui donnent le Vedam & le Shafier \ qui font les deux
. livres fondamentaux de la religion des Indes. Les Ma-
labareS^’appellent lchuren, Ifuren, Ipfuren, Ipfara;
fur la côte de Coromandel 8c à Karnate, on le nomme
Efvara. Ceux des Bafnians 8c des Malabares qui
le préfèrent aux deux autres dieux fes confrères,,
l’appellent Mahaden ou le grand dieu. D ’autres lui
donnent le nom de Chiven, le vrai dieu, l ’êtrefu-
prème, quoique le Vedam dife formellement qu’il
n’eft que le dernier dans l’ordre de la création , &
que la fonction qui lui a été affignée par l’être fuprè-
me, eft de détruire, tandis que celle de Ram ou
Brama eft de créer, 8c celle de Viftnou de confet;-
ver les êtres. Suivant les fixions des Indiens Ruddiren
eft d une taille fi prodigieufe, qu’il remplit les 7 mondes
d’en-bas, 8c les 7 cieux ; on! le repréfente ave,c
trois yeux, dont un eft au milieu du front; ce dernier
eft fi étincelant, qu’ilconfume, dit-on, tous les
objets fur lefquels il fe porte. Ce dieu a 16 bras. Il
eft couvert de la peau d’un tigre, 8c fon manteau eft
la peau d’un éléphant entourée de ferpens. Il porte
trois chaînes autour du c o l, à l’une defquelles eft
fufpendue une cloche. Dans cet équipage on le transporte
monté fur unboeufappellé Irishipatan, qui eft
lui-même un objet de vénération pour les Indiens.
Ce dieu eft regardé comme le Priape de l ’Indoftan.;
c’eft pour cela que dans quelques pagodes ou temples
il eft repréfente fous la figure du membre-viril, ou
comme les parties de la génération des deux fexes en
conjonétion : c’eft ce que les Indens appellent linga
qu Ungarn, pour lequel ils. ont la plus haute vénéra^
tion, au point que plufieurs femmes portent cette fî-
H h h ij