Que les figures du fécond plan, ni aucune de leurs
parties ne foient aufli faillantes, ni d’une touche aufli
ferme que celles du premier ; ainfi des autres plans,
fuivant leur éloignement. S’il y avoit des exemples
de cette égalité de touche, fuffent-ils dans des bas-
reliefs antiques , il faudroit les regarder comme des
fautes d’intelligence contraires à la dégradation, que
la diftance, l’air 6c notre oeil mettent naturellement
entre nous 6c les objets. ; .
Dans la nature , à rnefure que les objets s’éloignent
, leurs formes deviennent à notre égard plus
indécifes: obfervation d’autant plus effentielle, que
dans un bas-relief \çs diftances des figures ne font rien
moins que réelles. Celles qu’on luppofe d une toiié
ou deux plus reculées que les autres , ne le-font quelquefois
pas d’un pouce. Ce n’eftdonc que par le vague
6c l'indécis de la touche , joints à la proportion
diminuée félon les réglés de la perfpeÛive , que le
fculpteur approchera davantage de la vérité, 6c de
l’effet que préfente la nature. C’eft aufli le feul moyen
de produire cet accord que lafculpture ne peut trouver
, 6c ne doit chercher que dans la couleur unique
de fa matière.
Il faut furtout éviter qu’au tour de chaque figure ,
il rogne un petit bord d’ombre également decouj)ee,
qui en ôtant rillufion de leurs faillies 6c de leur éloignement
refpe&if, leur donneroit encore l’air de figures
applaties les unes fur les autres, 6c enfin collées
fur une planche. On évite ce défaut en donnant
une forte de tournant aux bords des figures, 6c luflî-
famment de faillie dans leurs milieux. Que l’ombre
d’une figure fur une autre y paroiffe portée naturellement,
c’eft-à-dire, quecesfigures foient fur des plans
allez proches pour être ombrées l’une par l’autre, fi
elles etoient naturelles.
Cependant il faut obferver que les plans des figures
principales , furtout de celles qui doivent agir, ne
foient point confus, mais que ces plans foient affez
diftinéts 6c fuffifamment efpacés , pour que les fi- 1
gures puiffent aifément fe mouvoir. >
Lorfque, par fon plan avancé, une figure doit pa-
roître ifolée 6c détachée des autres, fans l’ être réellement
, on oppofe une ombre derrière le côté de fa
lumière, & s’il fe peut, un clair derrière fon ombre :
moyen heureux que préfente la nature au fculpteur
comme au peintre.
Si le bas-relief eft de marbre, les rapports avec un
tableau y feront d’autant plus fenfibles, que le fculpteur
aura fu mettre de variété de travail dans les diffe-
rens objets. Le mat, le grèné, le poli, employés
avec intelligence , ont une forte de prétention à la
couleur. Les reflets que renvoie le poli d’une draperie
fur l’autre, donnent de la légéreté aux étoffes,
6c répandent l’harmonie fur la compofition.
Si l’on doutoit que les lois du bas-relief fuffent les
mêmes que celles de la Peinture, qu’on choififfe un
tableau du Pouffin ou de le Sueur ; qu’un habile
fculpteur enfaffe un modelé: on verra fi l’on n’aura
pas un bas-relief Ces maîtres ont d’autant plus rapproché
la Sculpture de la Peinture , qu’ils ont fait
leurs fîtes toujours vrais, toujours raifonnés. Leurs
figures font, en général, à peu de diftance les unes
des autres, & fur des plans très-juftes : loi rigou-
reufe qui doit s’obferver avec la plus fcrupuleuiè attention
dansun bas-relief
Enfin, conclud M. Falconet, cette partie de la
fculpture eft la preuve la moins équivoque de l’analogie
qui eft entre elle 6c la peinture. Si l’on vouloit
rompre ce lien, ce feroit dégrader la fculpture, 6c la
reftraindre uniquement aux ftatues, tandis que la nature
lui offre, comme à la peinture , des tableau^.
A la couleur près, un bas-relief faillant eft un tableau
difficile. ( Le chevalier DE J AU c o u r t . )
u RELIEN, i. m. ( Artificier. } les Artificiers appellent
ainfi de la poudre groffierement écrafée, fans,
être tamifée, telle qu’on l’emploie dans les chaffes
des pots-à-feu , pour qu’elle n’ait pas autant de vivacité
que la grenée.
RELIER, v. aft. ( Gram. ) c’eft lier de-rechef ce
qui s'eft délié. On relie un fagot, une gerbe, un noeud,
un ruban.
Ilfeprendaufimple 6c au figuré. Nous avons rompu
pour une bagatellè : nous avons perdu l’un 6c
l’autre notre petit reffentiment, 6c nous nous fom-
mes reliés.
R e l ie r , v. aft. ( Imprimerie.) ce mot fe dit chez
les Imprimeurs, pour fignifier mettre en réferve
une partie des carafteres, ou même quelques corps
en entier de lettres dont on n’a pas befoin. ( D .J . )
R e l i e r , v. ad. ( terme de Relieur. ) c’eft coudre
enfemble les cahiers d’un livre, & leur mettre une
couverture. On dit brocher, quand on les coud feulement
avec quelques points d’aiguille par-defi'us , fans
y employer des cordes pour y faire des nervures ;
relier à la corde, c’eft quand on fe fert de ficelle , que
l’on met au dos de diftance en diftance pour tenir les
cahiers unis, fans pourtant y ajouter de couverture.
L’on dit fimplement relier, pour fignifier une relieure
parfaite avec des nervures, des tranche-fils, cartons,
6c une couverture convenable. Enfin l’on dit relier
en parchemin, en, vélin, en veau, en maroquin , en
bafane, en cuir de truie ; pour dire , couvrir un livre
deiquelqu’une de ces peaux. Savary. ( D .J . )
R e l ie r , ( terme de Tonnelier. ) c ’eft mettre des
cerceaux à une cuve, une futaille, ou autres ouvrages
femblables des Tonneliers, pour les monter 6c en
joindre les douves , après qu’elles ont été dreffées.
On dit aufli relier une piece de vin, quand on y remet
des cerceaux nouveaux oii il en manque, 6c même
quand on y en met des neufs partout.
RELIEUR, f. m. ( Librairie. ) celui qui relie des
livres. Les principaux outils 6c inftrumens dont fe
fervent les maîtres relieurs 6c doreurs de livres, font
le plioir , le marteau à battre 6c fa pierre , le cou-
, foir pour relier, avec les clavettes, l’aiguille à relier,
le poinçon , diverfes fortes de cifeaux, un compas
ordinaire 6c un compas à dorer, la preffe pour rogner,
garnie de fon fuft, de fon couteau, de fa d e ,
6c foutenue par cette efpece de coffre de bois qu’ils
nomment Vafne ; la grande prefle , la pointe à couper
le carton,le couteau à parer les cuirs,les ais à rogner,
à fouetter 6c à preffer ; la pince pour dreffer les nervures
, le gantelet pour fouetter, legratoir poureri-
doffer, divers pinceaux pour marbrer 6c pour coller,
le racloir à dorer fur tranche , le fer à polir ; enfin divers
autres fers différemment faits 6c gravés pour appliquer
l’or fur les couvertures, ou pour y faire des
ornemens fans o r , avec tout le petit équipage pour
dorer fur tranche. ( D. J. )
R ELIEURE, f. f. ou art de relier les livres, ( Art médian.
) lorfque les feuilles font forties de deffous la
prefle, & qu’elles font feches , elles paffent de l'imprimerie
chez le relieur. La première façon que celui-
ci donne aux livres qu’il veut relier, c’eft d’en plier
les feuilles fuivant leurs formats , en deux pour Vin-
folio , en quatre pour Vin-quarto, en huit pour l'in-
octavo , 6c ainfi à proportion jufqu’aux plus petits qui,
plus par curiofité que par utilité , peuvent aller juf-
qu’à l’in-fix vingt. On prend donc les feuilles une-à-
une pour les plier, 6c on obferve que les extrémités
foient bien égales, de forte que les chiffres qui font
en tête foient les uns fur les autres 6c fe répondent
exactement. L’inftrument dont on fe fert pour plier ,
s ’appelle plioir ; fon effet eft de déterminer à demeure
le pli que doit avoir la feuille en le paffant
fur toutes les parties, mais plus particulièrement fur
celles qui doivent fervir de féparation. Ce plioir eft;
une efpece de réglé de buis ou d’ivoire très-mince ,
large d’e nvîron deux doigts, longue de huit à dix
pouces , arrondie par les deux bouts, 6c moins épaif-
îe fur les bords que dans le milieu. Outre que chaque
page eft numérotée en tê te , 6c que le chiflre court
en augmentant jufqu’à la fin du volume , il y a aufli
au bas de chaque page des réclames, c’eft-à-dire qu’on
lit au bas de chaque page , immédiatement au-
deflous du bout de la derniere ligne , le mot par où
commence la page fuivante , & ainfi fucceflivement
jufqu’à la fin du livre ; il s’en trouve cependant affez
communément où il n’y a point de réclames. C ’eft
aufli au bas des pages où fe mettent les fignatures ;
ces fignatures font les lettres de l’alphabet mifes par
ordre ; on change de lettre à chaque cahier 6c on
répété la même lettre , non à la fin de chaque page ,
mais feulement de chaque feuillet aù folio recto , 6c on
y joint en chiffre , ordinairement romain , le nombre
de feuillets, ce qui fe continue ainfi jufqu’à la fin
du cahier, ou feulement jufqu’à la moitié ; de forte
que dans ce dernier cas , l’endroit où finiffent les fignatures,
forme jufte la moitié du cahier, 6c indique
le format des feuilles’; après quoi le cahier fuivant fe
trouve figné de la lettre fuivante. Quoique les chiffres
qui font en tête, les réclames 6c les fignatures qui
font au bas foient plutôt du reffort de l’impreflion que
de la relieure , nous n’avons cependant pu nous dif-
penfer d’en parler dans cet article, v îi qu’ils fervent
a diriger le pliage , & empêchent qu’on ne mette les
cahiers hors de leur véritable rang. Lorfque toutes
les feuilles font pliées de la maniéré que nous venons
de le dire, celui ou celle qui les a pliees les raflemble
en corps, 6c les collationne , en confultant les lettres
qui font au bas de chaque feuillet, afin d’éviter les
tranfpofirions. Les feuilles étant mifes les unes fur
les autres par ordre de fignatiir'es, fe battent au marteau
fur la pierre pour les preffer 6c applatir, en
forte qu’elles tiennent moins de place à la relieure; ce
qui fe fait en les divifant par battées, qui font ordinairement
de- neuf à dix feuilles chaque pour Vin-
octavo, 6c des autres formats plus ou moins à proportion.
On a foin de tenir les feuilles bien égales , en
forte que l’une n’excede l’autre ; on .les pofe enfuite
fur la pierre à battre, qui eft une pierre de liais bien
polie & de niveau, en obfervant de mettre deffous
les feuilles un papier qui garantiffe de fouillure la
feuille qui toucheront à là pierre ».alors l’ouvrier tient
ces feuilles d’une main , Sc'de l’autre un marteau de
fer pefant neuf, dix , même jufqu’à onze livres , félon
la force du bras qui doit s’en fervir, 6c frappe def-
fus ces feuilles en les tournant de tous côtés & en tous
fens , afin que toutes les parties fe reffentent de l’im-
preflion du marteau ; c’eft à l’aide de ce marteau que
l’ouvrier attentif unit le papier aupoint qu’on ne fente
fous les doigts aucune partie plus épaiffe l’une que
l’autre , & qu’il ne s’y trouve aucunes inégalités ni
cavités. Cette opération faite, on met ces battées
féparées comme elles font entre des ais à preffer, 6c
on affujettit le tout ou dans la grande preffe , fi les
feuilles font in-fol, ou in-q°. ou fimplement dans la
preffe à endoflèr, fi ce font des petits formats. Ces
ais font pour l’ordinaire dé bois de noyer, fort polis,
épais environ dans toute leur étendue de trois à quatre
lignes ; on doit faire attention de les choiiir affez
grands pour qu’ils puiffent déborder tant-foit-peu les
feuilles de tous côtés. Ces feuilles ainfi affujetties 6c
ferrées dans la preffe , ne fe gonflent point, 6c çon-
fervent 1 affaiffement que le marteau leur avoit imprimé.
Comme nous ferons obligés, dans la fuite de
cet article , de parler fouvent des différentes preffes
dontfe fervent les relieurs,.avant d’entrer plus avant
en matière, 6c tandis que nos feuilles font en preffe ,
nous allons en donner la defeription. Quant aux autres
outils ou inftrumens dont on fe fert, nous en décrirons
la forme 6c en indiquerons l’ufage, en fuivant
par ordre les différentes Opérations de l’ouvrier. On
j diftingue quatre fortes de preffe, favoir : la gràhde
preffe , la preffe à endoffer, la preffe à rogner , la
preffe à tranche-filer. La grande preffe eft compofée
de: dix pièces principales , qui font les deux jumelles
, le fommier , la platine , le mouton , la vis , les
deux;clés, l’écrou 6c le barreau. Les deux jumelles
font deux pièces de bois d’orme ou d’autre efpece ,
pourvu qu’il foit dur, hautes de fix à fept pies, larges
de fix à fept pouces*, épaiffes de quatre à cinq ;
le bas en eft plus épais 6c plus large afin de leur donner
de l’afïiette ; elles font placées debout 6c fcellées
contre le mur, 6c font à environ deux piés 6c demi
de diftance l’une de l’autre cïeft cet intervalle qui
forme le dedans de la prefle , 6c où foht les autres
pièces dont nous allons parler ; de forte que les deux
jumelles font les deux côtés de la preffe. Le fommier
eft une piece de bois large d’environ un pié 6c demi,
épaiffe de quatre à cinq pouces} aufli longue que la
preffe eft large , y compris l’épaiffeur des jumelles :
ce fommier eft échancré en quarré par les deux bouts,
6c chaque bout embraffe chaque jumelle , aux côtés
defquelles on a pratiqué des rebords qui lui fervent
de foiitien : il eft élevé d’environ un pié 6c demi de
terre , 6c fert de table, puifque c’eft fur ce fommier
que fe mettent ou les feuilles, ou les volumes que
l’on veut mettre en preffe.La platine eft une Diece de
bois à-peu-près de la même largeur & épaifléur que
le fommier ; elle a aufli une échancrure en quarré à
chaque bout, ce qui fait qu’elle embraffe les jumelles
, mais elle ne porte fur aucuns rebords comme le
fommier , 6c hauffe ou baiffe félon la détermination
que lui donne la vis à qui elle eft attachée par le
moyen du mouton 6c des deux clés. L’a&iori de cette
platine eft de s’approcher du fommier lorfque l’ouvrier
veut ferrer, 6c de s’en élpigner lorfqü’il veut
defferrer. Le mouton eft une autre piece de bois
beaucoup moins large 6c moins épaiffe que la platine
, fur laquelle elle porte à plat, 6c avec laquelle
elle fait corps, par le moyen de clous ou de chevilles,
La vis doit être d’un bois très dur, fon filet porte
environ trois piés de hauteur , & vingt pouces de circonférence
; le fort de fa tête eft haut de douze à quatorze
pouces, 6c a environ deux piés 6c demi de
tour : c’eft dans cette partie qu’il y a qilâtrè trous
qui fervent à loger le barreau pour ferrer ou defferrer.
Le foible eft une portion de cétte même tête ,
diminuée au moins de moitié, 6c qui n’a guere qu’un
pié de circonférence, 6c quatre à cinq pouces de
.longueur, 6c reffemble affez à un court roulèau dont
le bout auroit une forme fphérique , 6c d’égale grof-
feur dans toute fon étendue, fi vous en exceptez
néanmoins une rainure large d’environ un policé ,
6c profonde au-moinsd’un doigt,qui l’environne, 6c
qui eft fi exactement arrondie, qu’elle n’a pu être faite
que furie tour: cette rainure eft pratiquée à environ
deux pouces de diftance du fort de là tê te , c’eft-
à dire-dans le milieu du foible ; c’eft cette partie qui
s’emboîté dans le mouton , & pénétré enfuite jùfqu’à
demi-épaiffeur de la platine , par un trôu également
fphérique, pratique dans le milieu du mouton, &
continué dans la platine , à laquelle elle ; éiî'attachée
parle moyen des deux clés qui font deux petits
morceaux de bois/^ larges d’un pouce &;denfi, 6C
épais d’un doigt pCes^deux clés traverfent le mouton
dans toute fa longueur*, 6c fe logent en paffant dans la
rainure de chaque;côté deda vis', qui attire à elle
par ce moyen le mouton 6c la platine1-lorfque fon
action va en montant, ce qui s’appelle defi'errer, 6C
qui lespouffe au contraire en bas lorfqu’elle dèfCend ,
ce qui s’appelle/^/-«r. On fertt affez ; par cette pofi-
tion, que la vis eft droite dans le milieu de la preffe ,
la tê;te en bas 6c le filet en haut, qui paffe dans l’écrou,
fans lequel la vis n’auroit aucune aftion, ni n’en pourrait
imprimer. L’écrou eft une piece de bois de douze
à quinze pouces en quarré, échancré aux deux bouts