forte chaleur pendant quelques minutes; auquel cas
il faudroit encore bien prendre garde de le fecher
trop fortement, fans quoi l’on rilqueroit egalement
de le déformer.
On peut cuire dans un four à potier, ou à quelque
autre feu médiocre de reverbere, les fcorifica-
toires faits ainfi que nous l’avons dit, apres les
avoir préalablement fechés pendant quelques jours
dans un lieu médiocrement chaud ; on peut meme
s’en fervir fans toutes ces précautions, pourvu qu’on
ait celle de ne leur donner le feu que lentement, 6c
qu’on ne foit pas obligé d’y mettre des flux péne-
trans, & principalement falins ; mais quand on veut
les expofer fubitement au feu ,ony place des fon-
dans actifs, & particulièrement les falins : il eft abfo-
lument néceffaire de les faire cuire auparavant ; car
il arrive que quand on n’a pas pris ce foin, ils fe fendent,
font rongés par ces fortes de flux, 6c fondent
quelquefois tout-à-fait eux - mêmes. Cramer, Docir
maßique. { D . J. ) _ .
S C O R O D O N I A , f. f. {Hiß. nat. Botan.) nom
donné par Cordus, Gérard, 6c autres anciens bota-
niftes, à l’efpece de germandrée fauvage, que Tour-
nefort appelle chanuzdris fruticofa, fylveßris mdijpz
folio . * 1
Les feuilles de cette efpece de germandree approchent
de celles de la meliffe, font velues & d’un
goût amer ; fes fleurs font en gueule, de couleur
herbeufe, ou d’un blanc pâle ; fes femences font rondes,
noirâtres, enfermées au nombre de quatre dans
une capfule qui a fervi de calice à la fleur ; cette
plante a une odeur tirant fur celle de l’ail : elle croit
-aux lieux incultes. { D . J . )
S C O R O D O P R A S U M , f. m. {B o ta n .) Ce mot
eft compofé de rzcpôtPoy, ail, fi* nfnsw porreau, comme
qui diroit càl-porreau. C’eft l’efpece d’ail nomme par
C. B.allium fphoerico capite, fo lio laùore\cette plante
tient de l’ail & du porreau ; fa tige croît à la hauteur
de deux; ou trois pies. Le fommet porte une
tête fphérique, couverte d’une envelope membra-
neufe comme l’oignon, enfermant un amas de fleurs
preflees les unes contre les autres en peloton : fes
fleurs en s’épanouiffant laiffent paroître chacune fix
petits pétalqs blancs qui les composent. Il leur fuc-
cede de petits fruits relevés de trois coins, remplis
de femences noirâtres femblables à celles de l’oignon ;
fa racine eft une bulbe groffe comme un oignon, en-
velopée dans plufieurs tuniques blanches, fe féparant
par côtes comme l’ail, d’une odeur forte, & d un
goût piquant. Cette plante croît aux pays chauds où
le peuple l’emploie dans les alimens. { D . J . )
SCORODO-THLASPI, f. m .{H iß . nat. Botan.)
efpece de thlafpi, nommée par Tournefort thlafpi
allium redolens ; c’eft une petite plante qui pouffe de
fa racine beaucoup de feuilles reffemblantes en quelque
maniéré à celles du bellis : quelques-unes d elles
font légèrement laciniées, d’autres font dentées dans
les bords, d’autres font fans découpures: il s’élève
d’entre elles de petites tiges revêtues de feuilles, qui
portent en leurs fommités des fleurs compofées de
quatre petits pétales blancs, & dun piftil qui devient
enfuite un fruit applati en bourfe ovale, renfermant
des graines prefque rondes 6c applaties.^ye^
T l a s p i . { D . J . ) n SCORPENO, SCORPENA. Voye^ R a s c a s s e .
SCORPIOIDE, f. m. ( Hiß. nat. Bot. ) genre de
plante dont voici les cara&eres. Une de fes parties
eft pleine de noeuds,.& roulée comme une chenille,
ce qui fait qu’on lui a attribué ce nom;il fort de chaque
noeud une femence de figure ovale. Boerhaave
en compte qxiatre efpeces. { D . J . ) ’ :
SCORPION, f. m. ( Hiß . nat. des Infect. ) infefte
terreftre des pays chauds, cruel, venimeux, 6c qui
pique par un aiguillon dont il eft armé au bout de la
queuev
Qu’on ne nous propofe plus l’exemple des bête»
pour modèle de notre conduite, ainfi que l’ont fait
imprudemment, je ne dis pas les poëtes, mais quelques
uns de nos moraliftes. L’école des animaux ne
feroit propre qu’à nous pervertir encore davantage.
Les feorpions feuls inftruiroient l’homme à diftiller
le venin dans les bleffures ; ils lui enfeigneroient l’an-
tropophagie la plus dénaturée, car ces cruels infectes
mis enfemble en quelque nombre que ce foit fe
maffacrent, & s’entre-mangent jufqu’au dernier vivant
, fans égard ni pour l’âge ni pour le fexe. Enfin
ils nous montrent l’exemple d’une férocité même
plus atroce, qui les porte à dévorer leurs petits, à
mefure qu’ils viennent au monde.
A ces traits qui caraftérifent les moeurs 6c le génie
du feorpton, on ajoute d’autres faits qui ne font pas
aulfi certains, mais qu’il eft important de vérifier ;
je veux dire ceux qu’on raconte de la force du venin
de cet animal, de fon effet fur l’homme, du reme-
de en ufage tiré de l’application du feorpion écrafé
fur lapiquure, ou de l’huile qui porte fon nom. Nous
difeuterons toutes ces chofes d’après les obfervations
de M. de Maupertuis, imprimées dans les mémoires
de l’académie des .Sciences année Commençons
par la defeription de l’infe&e.
Defcripdon du feorpion. Le feorpion ordinaire de
la campagne en Languedoc, eft au moins de la grof-
feur d’une groffe chenille, 6c reffemble à une petite
écreviffe : il y en a de diverfes couleurs, de blancs,
de noirs, de roux, de jaunâtres 6c de noirâtres. Son
corps tout cuiraffé eft de figure ovale. Sa cuiraffe du
dos eft pointiliée de petits tubercules ; la longueur
de cet infeûe eft environ de deux pouces, plus ou
moins. On peut le divifer avec S vammerdam en trois
parties, la tête, la poitrine & la queue.
La tête paroît jointe 6c continue avec la poitrine,'
fur le deffus de laquelle il a deux petits yeux au milieu
, 6c deux vers l’extrémité de la tête. De chaque
côté fortent comme deux bras femblables aux pinces,
d’une écreviffe, qui fe divifent chacune en deux articulations
, dont la derniere eft armée d’un ongle au
bout.
Il a huit jambes qui naiffent de fa poitrine ; chaque
jambe fe divife en diverfes articulations couvertes
de poils, 6c les extrémités font armées de petit»
ongles.
Le ventre fe partage en fix ou fept anneaux, du
dernier defquels fort la queue ; elle eft longue;
nouée, faite en maniéré de patenôtres, c’eft-à-dire
qu’elle eft compofée de fix ou fept petits boutons ,
oblongs, attachés bout-à-bout, & armée en fon extrémité
d’un aiguillon.
Les feorpions paroiffent n’avoir pas d’autres dent»
que les petites ferres avec lefquelles ils mâchent leur»
alimens ; leur bouche eft garnie de petits poils, &
. quoique leur peau foit d’une véritable écaille , ils ne
laiffent pas d’être velu» en plufieurs endroits , aux
ferres, aux jambes, 6c au dernier noeud de la queue.
Defeription particulière de fo n aiguillon. Ce dernier
noeud, comme nous venons de le dire, eft armé d’uft
aiguillon qui eft creux, long, crochu, fort pointu,
avec lequel l’animal pique ; & comme il produit quelquefois
par fa piquure des effets mortels, il faut né-
ceffairement que cet infefte verfe quelque liqueur
dans la plaie que fait fon aiguillon ; c’eft pourquoi
l’on a conjeûuréque cet aiguillon devroit être perce
d’un petit trou à fon extrémité, pour donner iffue à
la liqueur empoifonnée , dont le refervoir eft dans
le dernier bouton de la queue. Cependant Rédi y
après avoir cherché ce trou avec les meilleurs mi-
crofcopes, avoue qu’il ne l’a jamais pû découvrir,
•il vit feulement un jour à l’extrémité de l’aiguillo»
de la queue d’un feorpion irrité, une petite goutte de
-liqueur , qui lui donna lieu.d’affurer qu’il.y avoit
quelque ouverture.
Mais Leuwenhoek, plus heureux que Rédi, au
lieu d’un trou unique que les autres auteurs fuppo-
ïoient, en a vu deux , dont M. de Maupertuis a confirmé
l’exiftence , & en a donné la figure 6c la defeription
qui ne different qu’en peu de chofes de celle
de Leuwenhoek ; cette différence même peut
venir de la différente efpece de feorpions que les deux
obfervateurs ont examiné, favoir l’un en Hollande,
6c l’autre à Montpellier. Voici la defeription de l’académicien
de Paris, qui avant fa mort étoit directeur
de l’académie de Berlin.
Le dernier noeud de la queue du feorpion eft une
petite fiole d’une efpece de corne, qui fe termine par
un col noir fort dur, fort pointu , 6c ce col eft l’aiguillon
; il préfente au microfcope deux petits trous
beaucoup plus longs que larges , qui au-lieu d’être
placés à l’extrémité de l’aiguillon , le font des deux-
côtés à quelque diftancedela pointe. Dans plufieurs
aiguillons, quelquefois la fituation de ces trous -varie
un peu, quoiqu’ordinairement ils commencent à
la même diftance de la pointe.
Il n’eft pas néceffaire que le microfcope grofliffe
beaucoup les objets, pour appercevoir ces trous; on
les découvre fort bien avec une loupe de deux ou
trois lignes de foyer: 6c lorfque Rédi n’a pu les voir j
c’eft apparemment qu’il s’eft attaché à chercher à l’extrémité
de l’aiguillon, un trou qui n’y eft point, &
que préfentant toujours à fon microfcope l'aiguillon
parla pointe, il ne pouvoit pas appercevoir ees trous
placés comme ils font ; on peut mêm e s’affur e r de leur
fituation fans microfcope ; fi l’on preffe fortement
la fiole qu’on vient de décrire , on voit la liqueur
qu’elle contient, s’échapper à droite & à gauche par
ces deux trous'; "
Le feorpion eft. fort commun dans les pays chauds ,
comme en Afrique, en Afie, en Italie, en Efpagne j
en Languedoc, en Provence ; il habite les trous de
■ murailles 6c de la terre ; il fe nourrit de vers, de
cloportes, d’araignées', d’herbés, &c. U chemine
de biais, &c il s’attache fi bien avec -fes piés & fes
ferres à ce qii’îl veut empoigner, qu’on ne l’en arrache
que difficilement.
Ses efpeces. Il y en a de plufieurs efpeces, dont nos
nat-uràliftes n’ont point encore faitd’exa&e divifion -;
mais on n’a guere que deux fortes à.e feorpions en Languedoc
, dont l’une fe trouve aiïez communément
dans les maifons , 6c l’autre habite la campagne. Les
premiers font beaucoup plus petits que les derniers ;
ils reflemblent pour la ..couleur au café brûlé, 6c -paf-
fent pour être moins dangereux que les ruftiques ,
lefquels font en fi grande quantité vers un village ap-
pellé Souvignàrgues, à cinq lieues de Montpellier ,
qiiè les paÿfans en font une forte de petit commerce
; ils les cherchent fous les pierres, & les vendent
aux apothicaires des villes voifines, qui les emploient
dans leur remede en ufage. contre la piquure du feorpion.
Matthiole raconte qu’en Italie il n’y a ni mai-
■ Ions, ni caves, ni:Celliers, qui h’en foient infe'&és;
l’exagération eft un peu forte ; ils paffent pour être
fort venimeux en Tôfcane & dans la Scythie;
Nos voyageurs difent qu’on-troUve en Amérique
des feorpions dix fois plus grands que les nôtres6c
qui cependant , ne font pas venimeux ; ils affurent
qu’on' en voit d’aîlés , & que’ ceS derniers tuent les
lézards &les ferpens; mais de femblables récits n’ont
point trouvé créance.
Effets attribués à fa piquure. Il n’en eft pas de mêmè
des deferiptions effrayantes que quelques médecins
anciens & modernes nous ont faites , des fympto-
mes produits parla piqûre àes- feorpions.
Elle caufe, difent ils’, une douleur violente dans
la partie , avec tenfion, engourdiffement, &fueur
froide par tout le corps; cèux qui en font piqués
font quelquefois affettés d’enflure aux aînés, ou d’une
tumeur fous les aiffelles ; fi la piquure eft confidé-
rable , la partie eft d’abord affeftée-d’une chaleur pareille
à celle que caulènt les brûlures , fuivie d’une
fievre aiguë, de vomiffemens, 6c de piffement de
fang. Il paroît quelquefois des meurtriffures accompagnées
de démangeaifons autour des levres de la
plaie , de même que fur tout le corps , de maniéré
qu’ilfemble que le malade ait été frappé de la grêle;
il s’amaffe des matières gluantes autour des yeux ,
les larmes font vifqueufes , 6c les jointures perdent
leur mouvement ; enfin le maladé écume , vomit,
eft attaqué de hoquets, tombe dans des convulfions
qui tiennent de l’opifthotonos, 6c meurt dans cet
état. Tous ces fymptomes, ajoute-t-on,varientfui-
vant le tempérament du malade, la faifon, le pays ,
l’efpece, 6c l’irritation du feorpion.
Il feroit à fouhaiter que nous tinflions ces détails
de la main d’obfervateurs fideles, qui les euffent vûs
de leurs propres yeux fur différens malades , 6c les
euffent foigneufement tranferits ; mais c’eft ce qui
n’eft point encore arrivé. Au défaut de pareilles obfervations
qui nous manquent, on a tâché de juger
par analogie,des effets de la piquure du feorpion fur les
hommes , 6c en faifant des expériences fur les animaux.
Nous pouvons fur-tout compter fur celles de
M. de Maupertuis qui dans un voyage à Montpellier,
crut ne devoir pas négliger ce genre de recherches ,
qui intéreffe la vie des hommes , ou qui du moins
peut fervir à tranquillifer leur imagination.
Expériences de M. de Maupertuis à ce fujet. Le premier
Chien qu’il fit piquer à la partie du ventre qui eft
fans poil, 6c qui reçut trois ou quatre coups de l’aiguillon
d’un feorpion irrité , devint au bout d’une
heure très-enflé 6c chancelant; il rendit tout ce qu’il
avoit dànsf eftomac& dans les inteftins, 6c continua
pendant trois heures de vomir de tems-en-tems une
efpece de bave vifqueufe ; fon ventre, qui étoit fort
tendu, diminuoit après chaque .vomiffement ; cependant
il recommençoit bientôt de s’enfler, 6c quand
il l’étoit à un certain point, il revomiffoit encore ;
ces alternatives d’enflures & de vomiffemens, durèrent
environ trois heures, enfuite les convulfions le
prirent, il mordit la terre, fe traîna fur les pattes
de devant, enfin mourut cinq heures après avoir
été piqué. Il n’avoit aucune enflure à la partie piquée
, comme ont les animaux piqués par les abeilles
ou les guêpes ; l’enflure .étoit générale, 6c l’on
voyoit feulement à l’endroit de chaque piquure ,un
petit point rouge , qui n’étôit que le troù qù’avoit
fait l’aiguillon , rempli de fang. extravafé.
Au bout ;de quelques jours M. de Maupertuis fît
piquer un autre chien cinq à fix fois au même endroit
que le premier ; celui ci n’en fut point malade ;
les piqûres furent réitérées dix ou douze fois quel-
| ques heures après , par plufieurs feorpions irrités ; le
chien jetta feulement quelques cris , mais il ne fe
reffentit en aucune maniéré du venin.
. . Cette expérience fiat renpuyellée fur fept autres
çhjens, par de nouveaux feorpions , & malgré toute
la fureur 6c tous les coups des feorpions, aucun chien
ne foùffrit le moindre accident.
La même expérience fut répétée fur trois poulets,
qui furent piqués fous l’aîle 6c fur la poitrine , mais
aucun ne donna le moindre ligne de maladie,
De toutes ces expériences il eft aifé de conclure
que quoique la piquure dufeorpion foit quelquefois
mortelle , elle ne l’eft cependant que rarement ;-'elle
aura befoin pour cela du concours de certaines çir>-
conftaneës ; qu’il feroit difficile de déterminer; la
qualité des vaiffeaUx cjue rencontre l’aiguillon, les
alimens qu’aura mange le feorpion, une trop grande
diete qu’il aura fouffert , peuvent contribuer, ou
s’oppofer aux effets de la piquure. Peut-être que la lir