2.86 R I D
dieux avoient caché l’endroit mortel du fils deThe-
t is& de Pelée? Mademoifelle Lenclos ,plus éclairée
que la plupart des personnes de fon fexeI n’avoit
garde de prendre à la lettre les cajoleries de l ’abbé de
Chaulieu , qui prétendoit que l ’amour s’étoit retiré
dans les rides du front de cette belle perfonne. Elle
nommoit elle-même les rides le départ de l’amour, 6c
les marques de la fageffe. Elles devraient l’être fans
doute pour nous fortifier dans la philofophie, 6c
pour nous aguerrir par de bonnes reflexions contre
les frayeurs de la mort. (D. /.)
RID E S , ( Conchyl. ) en latin rugoe ; les rides forment
des ondes un peu élevées fiir la fuperficie de la
robe d’une coquille ; elles font différentes des y?"«
par leur irrégularité. Elles empêchent les coquillages
defortir de leurs coquilles au premier effort qu’ils
font, ou au moindre obftacle qu’ils rencontrent en
leur chemin. ( D . J. )
Ride , (Marine. ) corde qui*fertàroidir une plus
groffe.
Rides d’é t a i , ( Marine. ) rides qui fervent à joindre
l’étai avec fon collier.
R ides de haubans , ( Marine. ) ce font des cordes
qui fervent à bander les haubans, par le moyen
des cadenes 6c des caps de mouton, qui fe répondent
par ces cordes. Celles qui font entre les haubans
de flribord & de bas-bord, s’appellent pantocheres.
Elles bandent ces haubans & les foulagent, lorfque
le vaiffeau tombe de côté, en allant à la bouline ; car
à mefure que les haubans de flribord fe lâchent, ceux
de bas-bord fe roidiffent 6c les tiennent en état.
On appelle a.ufli rides, les cordes qui amarrent le
mât de beaupré à l’éperon.
RIDEAU , f. m. voile ou piece d’étoffe, de toile,
de taffetas , &c. qu’on étend pour couvrir ou fermer
quelque chofe.
RlDEAU de fenêtre , terme de Tapiffier ; op fait des
rideaux de fenêtre avec du taffetas, du clamas, de la
ferge, de la toile de coton, de f il, &c. dont on coud
eniemble une certaine quantité de lez qu’on borde
d’un ruban , au-haut defquels on coud des anneaux
qu’on enfile dans une verge de fer, & : qu’on tire
avec des cordons pour empêcher la grande ardeur
du foleil, ou pour d’autres befoins. (D . J.)
Rideau , ( Art milit. des anciens. ) les anciens couvraient
leurs tours 6c les ouvrages qu’ils élpvoient,
avec des rideaux ou couvertures, pour les-, garantir
des feux des afîiégés, &.des coups lancés parleurs
machines. Ces rideaux étoient compofés. d’un tiffu
de crin& de peaux crues. On n’avoit garde de les appliquer
contre les tours ; mais on fufpendoit des couvertures
en maniéré de rideaux à certaine diftance ;
car quoiqu’il paroifle dans la plupart des hiftoriens,
que ces couvertures étoient attachées 6c comme join-
tesà la charpente, on doit bien fe garder de le croire.
Ces rideaux ainfi difpofés, n’auroient jamais pu réfi-
fter aux traits 6c aux pièces lancées par les machines
; au lieu qu’étant fufpendues à deux piés de la
charpente, ils rompoient 6c amortifloient la force 6c
la violence des coups. Folard. ( D . J. )
Rideau , en terme de Fortification, lignifie une petite
élévation de terre, qui s’étend en longueur fur
une furface de terre unie, laquelle fert à couvrir un
camp, ou à donner de l’avantage à unpofte. Ce mot
fignifie proprement une courtine ou couverture, formé
du latin rïdellum, que Borel dérive de ridere. Le
rideau fert auffi aux affiégeans qui s’en couvrent pour
ouvrir la tranchée plus près de la place, ou pour
couvrir le parc d’artillerie, &c. Chambers. Ainfi dire
qu’on a ouvert une tranchée à 400 toifes de la place
à la faveur d’un rideau, c’eft dire qu’il s’eft trouvé à
cette diftance une. petite élévation de terre qui ne
permettoit pas aux afîiégés de découvrir plus loin
dans la campagne.
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On appelle encore quelquefois rideau, un fofle ,
ou plutôt une efpece de tranchée deftinée à mettre
le lbldat à couvert des coups de l’ennemi. Voye^
T ran ch ée. ( Q ) ; *
Rideau , ( Topographie. ) on nomme ainfi la berge
élevée au-deflùs du fol d’un chemin efcarpé, fur
le penchant d’une m o n ta g n e& qui fait en contre-
haut ce que l’épaulement fait en contre-baS. (Di J.)
Rideaux , ( Jardinage. ) ce font des paliflades de
charmille, qu’on pratique dans les jardins pour arrêter
la v u e , afin qu’elle n’en faififfe pas tout-d’un—
coup l’étendue : ce qui eft une beauté. ( D. J. )
RIDÉE , f. f. terme de Vénerie , les ridées , dit Sal-
more, font les fientes & fumées des bêtes fauves ,
fur-tout des vieux cerfs 6c vieilles biches. ( D. J. )
RIDELLES , ou BRANCART, ternie de Charron ;
ce font deux morceaux de bois ronds par un bout 6c
quarré à l’endroit où ils font attachés aux côtés de de-
devant du tombereau, de façon que cela forme le
brancart pour y atteler le limonnier : les deux bouts
ronds font percés de chacun un trou dans lefquels fe
pofent des cheyilles , pour arrêter les traits du cheval
de cheville.
RIDER , v. a61. ( Gram.') faire des rides. Voye^Can
ticle Ride.
Rider la vo ile , ( Marine. ) voyc^ Ris.
Rider , ( Marine.') c’eft raidir. .
R id e r , ( Vénerie.) fe dit d’un chien qui fuit la
voie d’une bête fans crier.
RIDICULE le ,f. m. ( Morale. ) je demande moi-
même ce que c’eft que le ridicule, on ne l’a point
encore défini ; c’eft un terme abftrait dont le feus
n’eft point fixe ; il varie perpétuellement, & releve
comme les modes du caprice 6c de l’arbitraire ; cha-r
eu n applique l’idée du ridicule, la change, l’étend ,
6c la reftraint à fa fàntaifie. Un homme eft taxé de
ridicule dans une fociété pour avoir quitté de faux
airs ; & ces mêmes faux airs dans une autre fociété,
le comblent de ridicules.
On confond communément le ridicule avec ce qui
eft contre la raifon ; cependant ce qui eft contre la
raifon eft folie : fi c’eft contre l’équité, c’ eft un
crime.
Le ridicule devrait fe borner aux chofes indifférentes
en elles-mêmes, 6c confacrées par les uîàges
reçus ; la. mode, les habits , le. langage, les maniérés*,
le maintien; voilà fon refl'ort. ; Voici fon ufurpa-
. tion.
Il étend fon empire fur le mérite , l’honneur, les
talens, la considération, 6c les vertus ; fa cauftique
empreinte eft ineffaçable ; c’ eft par elle qu’on attaque
flans le fond des coeurs le refpeÛ qu’on doit à la
vertu ; il éteint enfin l’amour qu’on lui porte : tel
rougit d’être modefte, qui devient effronté pa ria
crainte du ridicule; 6c cette mauvaife crainte corrompt
plus de coeurs honnêtes,' que les mauvaifes
inclinations.
Le ridicule eft fupérieur à la calomnie; qui peut fe
détruire en retombant fur fon auteur; & c’eft auffi
le moyen que l’envie employé le plus sûrement pour
ternir l’éclat des hommes fupérieurs aux autres.
Le deshonorant offenfe moins que le ridicule ; la
raifon en eft qu’il n’eft au pouvoir de perfonne d’en
deshonorer un autre. C ’eft notre propre conduite ,
6c non les difeours d’autrui qui nous déshonorent ;
les caufes du deshonneur font connues 6c certaines;
mais le ridicule dépend de la maniéré de penfer. & de
fentir qu’ont les gens vicieux, pour tâcher de nous
dégrader, en mettant la honte & la gloire par-tout
où ils jugent à propos, 6c fur tous les objets qu’ils
envifagent par les lunettes du ridicule.
Le pouvoir de fon empire eft fi fort, que quand
l’imagination en eft une fois frappée, elle ne'connoît
plus que fa voix. On facrifie (ouvent fon honneur à
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fa fortune, 6c quelquefois fa fortune à la Crainte du
ridicule.
II n’étoit pas befoin, ce me femble, de propofer
pour fujetdu prix de l ’académie françoife, en 1753,
fi la crainte du ridicule étouffe plus de talens 6c de
vertus, qu’elle ne corrige de vices 6c de défauts ; car
il eft certain que cette crainte corrige peu de vices
6c de défauts en comparaifon des talens 6c des vertus
qu’elle étouffe. La honte n’eft plus pour les vices ;
elle fe garde toute èntiere pour cet être fantaftique
qu’on appelle le ridicule.
Il a pris le favoir 6c la philofophie en averfion ; à
peine pardonne-t-il l’un Sc l’autre à un petit nombre
d’hommes de lettres fupérieurs ; mais pour les per-
fonnes de diftinélion, il faut bien qu’elles fe gardent
d’afpirer à l’amour des fciences, le ridicule ne les
épargnerait pas.
Il s’attache encore fort fottvent à la confédération,
parce qu’il en veut aux qualités perfonnelles .* il pardonne
aux vices, parce qu’ils font en commun; les
hommes s’accordent à les lai fier palier fans opprobre
; ils ont befoin de leur faire grâce. Dans chaque
fiecle il y a dans une nation un vice dominant, 6c il
fe trouve toujours quelque homme de qualité qu’on
appelle aimable, ou quelque femme titrée qui donne
le ton à fon pays, qui fixe le ridicule , 6c qui met en
crédit les vices de la fociété.
C’eft en marchant fur leurs traces, dit très-bien
M. Duclos, qu’on voit des effains de petits donneurs
de ridicules, qui décident de ceux qui font en vogue,
comme les marchands de modes fixent celles qui
doivent avoir cours. S’ils ne s’étoient pas emparé de
l’emploi de diftribuer en fécond les ridicules , ils en
feraient accablés ; ils reffemblent à ces criminels qui
fe font exécuteurs pour fau ver leur vie. Une grande
fottife de ces êtres frivoles, 6c celle dont ils le doutent
le moins , eft de s’imaginer que leur empire eft
univerfel. Le peuple ne connoît pas même le nom
des chofes fur lefquelles ils impriment le ridicule ; &
c’eft tout ce que la bourgeoifie en fait. Les .gens du
mondé, ceux qui font occupés, ne font frappés que
par diftraâion de ces infeétes incommodes. Les hommes
illuftres font trop élevés pour les appercevoir,
s’ils ne daignoient pas quelquefois s’en amufer eux-
mêmes. ( D. J. )
R idicule , LE , (Poème dramatiq. comiq.) le ridicule
dans le poème comique e ft, félon Ariftote, tout
défaut qui caufe difformité fans douleur, 6c qui ne
menace perfonne de deftru&ion, pas même celui en
qui fe trouve le défaut ; car s’il menaçoit de deftruc-
tion, il ne pourrait faire rire ceux qui ont le coeur
bien fait. Un retour fecret fur eux-mêmes leur ferait
trouver plus de charmes dans lacompaffion.
Le ridicule eft effentiellement l’objet de la comédie.
Un philofophe diflerte contre le vice ; un faty-
rique le reprend aigrement ; un orateur le combat
avec feu ; la comédien l’attaque par des railleries,&
il réulîit quelquefois mieux qu’on ne ferait avec les
plus forts argumens.
La difformité qui conftitue le ridicule, fera donc
une contradiérion des penfées de quelque homme,
de fes fentimens , de fes moeurs, de fon air, de fa façon
de faire, avec la nature, avec les lois reçues,
avec lesufages, avec ce que femble exiger la fitua-
tion prefente de celui en qui eft la difformité. Un
homme eft dans la plus balte fortune, il ne parle que
de rois 6c de tétrarques : il eft de Paris ; à Paris, il
s habille à la chinoife : il a cinquante ans, & il s’a*
mule feneufement à atteler des rats de papier à un
petit chariot de carte ; il eft accablé de dettes, ruiné,
& ™ ut apprendre aux autres à fe conduire & à s’enrichir:
voila des difformités ridicules, qui font, com-
me on le v o it , autant de contradictions avec une
certaine idée d’ordre, ou de décence établie.
R I E »87
Il faut obferver que tout ridicule n*éft pa§ tlfiblu
Il y a un ridicule qui nous ennuie, qui eft mauflade ;
c’eft: le ridicule groffier : il y en a un qui nous caufe du
dépit, parce qu’il tient à un défaut qui prend fuf
notre amour propre : tel eft le fot orgueil. Celui qui
fe montre fur la fcène comique eft toujours agréable
, délicat, 6c ne nous caufe aucune inquiétude fe-
crette.
Le comique, ce que les latins appellent vis tûthU
ca, eft donc le ridicule vrai, mais chargé plus oit
moins,-félon que le comique eft plus ou moips délicat.
Il y a un point exquis en-deçà duquel on ne rit
point, 6c au-delà duquel on ne rit plus, au-moins leâ
honnêtes gens. Plus on a le goût fin 6c exercé fur les
bons modèles, plus on le fent : mais c’eft de ces chofes'qu’on
ne peut que fentir.
Or la vérité paroît pouffée au-delà des limites *
i°. quand les traits font multipliés 6c préfentés les uns
à côté des autres. II y a des ridicules dans la fociété;
mais ils font moins frappans, parce qu’ils font moins
fréquens. Un avare , par exemple, ne fait fes preuves
d’avarice que de loin en loin : les traits qui prouvent
font.Jioyés , perdus dans une infinité d’autres
traits qui portent un autre cara&ere : ce qui leur ôte
prefqiiie toute leur force. Sur le théâtre un avare ne
dit pas un m o t, ne fait pas un gefte , qui ne repréfente
l’avarice; ce quifaitunfpecfacle fingulier,quoique
v ra i, 6c d’un ridicule qui néceflàirement fait
rire.
z°. Elle eft au-delà des limites quand elle paffe la
vraiffemblance ordinaire. Un avare voit deux chandelles
allumées, il en fouffle une; cela eft jufte : on
la rallume encore, il la met dans fa poche : c’eft aile*
loin ; mais cela n’eft peut-être pas au-delà des bornes
du comique. Dom Quichotte eft ridicule par fes idées
dé chevalerie , Sancho ne' l’eft pas moins par feS
idées de fortune. Mais il femble que l’auteur fe moque
de tous deux, 6c qu’il leur fouffle des chofes outrées
6c bifarres, pour les rendre ridicules aux autres,
6c pour fe divertir lui-même.
La troifieiiie maniéré de faire fortir le comique,
eft de faire contrafter le décent avec le ridicule. On
voit fur la même fcène un homme fenfé, 6c un joueur
de trictrac qui vient lui tenir des propos imperti»
nens : l’un tranche l’autre 6c le releve. La femme
ménagère figure à côté de la favante ; l’homme poli
6c humain à côté du mifantrope ; 6c un jeune hom-*
me prodigue à côté d’un pere avare. La comédie eft
le choc des travers des ridicules entr’eu x , ou avec la
droite raifon 6c la décence.
Le ridicule fe trouve partout : il n’y a pas une de
nos aérions, de nos penfées, pas un de nos geftes,
de nos mouvemens qui n’en foient fufceptibles. On
peut les conferver tout entiers , 6c les faire grimacer
par la plus légère addition. D ’où il eft aifé de conclure
, que quiconque eft vraiment né pour être
poème comique, a un fond inepuifable de ridicules
à mettre fur la fcène , dans tous les cara&eres de
gens qui compofent la fociété. Cours de B elles Autres*
(D ./ .)
R iD ICU LU S , f. m. ( Antiq. rom.) ou plutôt tzdU
cula ridiculi ÿ nous dirions en françois la chapelle du
ris ; elle étoit bâtie à Rome à deux mille pas hors la
porte Capene , en mémoire de la fuite d’Ànnibal de
devant cette ville à caufë des pluies & des orages qui
furvinrent lorfqit’il l’afliégeoit. Les Romains tournant
fa fuite en ridicule éleverent cette chapelle SS
la confacrerent. Il eft vrai que Paufaniasfait mention
d’un dieu du rire, ôtoç ytXcoToi, mais ce n’eft pas de
lui dont il s’agit ici. (D. J.) .
RIE BLE, iBotaniq.) Voye{ G R ÀTERON, Botart»
(D . J.)
RIEDENBURG, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne
, dans la haute Bavière, fous la régence de