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■ queur empoifonnée ne coule pas toutes les fois 'qire
le fcorpion pique , &c. Rédi remarque que les viperes -n’ont qu’une certaine
quantité de venin, laquelle -étant une fois epui-
iee par l’emploi que ces animaux en ont fait,a besoin
d’un certain tems pour être reparee ; qu ainfi
après avoir fait mordre ôc piquer plufieurs animaux
.par des viperes, dont la bleffure eft extrêmement
dangereufe, les derniers ne mouroient plus -, & les
-viperes ne redevenoient venimeufes que'quelques
jours après; mais ici l’on ne pourroit attribuer a cette
caufe, le peu d’effet du venin des fcorpions ; les
derniers étoient nouvellement pris, ôc n avoient fait
•aucune diflipation de leurs forces ; on avoit employé
des mâles & des femelles ; ainfi la différence de fexe
ne ferviroit encore de rien pour expliquer la variété
des effets-qui fuivirent la piquure. .
Remcdcs prétendus contre la piquure du fcorpion. Entre
tant de remedes imaginés contre la piquure dufcorpion
, il y en a deux qui ont fait fortune, & qui continuent
d’être extrêmement accrédités ; ^ l’huile de
fcorpion, & l’application de cet animal écrafé dans
le moment fur la plaie ; ces deux antidotes paffent
.pour fouverains, & l’on appuyé la recommandation
du dernier, par l’exemple d’animaux qui, dit-on,
nous ont fait connoître eùx-mêmes l’excellence de
cette découverte. ^ t r On compte à ce fuj et qu’une fouris étant enfermee
dans une bouteille avec un fcorpion, le fcorpion la pique,
& la piquure eft fuivie de la mort ; mais fi l’on remet
une autre fouris dans la bouteille, qui foit piquée
comme la première , elle dévore fon ennemi, &fé
guérit par ce moyen. ,
M. de M a u p e r tu is im p a t ie n t d e co n fta te r c e p ré t
en d u f a i t , m it dans u n e b o u t e i lle u n e fo u r is a v e c
t ro is fcorpion s', la fo u r is r e ç u t b ie n tô t p lu fie u r s p iq u u -
r e s q u i la fir e n t c r ie r , e lle p r i t le p a r t i de f e d é fen d
r e , & à co u p s d e d en ts tu a le s t ro is fcorpions, mais
n ’en m a n g e a d ’a u c u n s , n e le s m o rd it q u e com m e e lle
e û t fa it to u t au t re an im a l q u i l ’e u t b le f f e e , Ôc d u r e fte
n e fu t p o in t in c om m o d é e de fe s p iq u u r e s .
Il fuit de cette expérience , que dans lhiftoire
qu’on rapporte, fi elle eft vraie , la première fouris
avoit reçu une piquure mortelle ; que la fécondé ne
reçut plus que des piquures inefficaces, foit parce
que le fcorpion s’étoit épuifé fur la première , foit
par qiielqu’autre circonftance qui empêcha que la piquure
fût dangereufe ; qu’enfin^ fi cette fouris mordit
, ou mangea ce fcorpion , c’etoit ou pour fe défendre
, ou pour fe nourrir, fans qu’il foit befoin
de fuppofer ici ni inftinct, ni antidote.^ _ / #
Après tout, au cas que le premier fait foit verita-
-ble , il indiqûéroit plutôt l’utilité An fcorpion , pris
intérieurement pour fe guérir de fa bleffure > que celle
de fon application extérieure fiir la plaie : or ce
' n’eft point le remede interne qu’on vante ici ; au refte
ôn ne conçoit guere mieux l’efficace de fon application
externe fur la piquure, pour attirer le venin ,
que le féroît celle d’une chenille, d’un limaçon, d’une
écréviffe, ou autre animal femblable, & dont on
!ne loue point dans ée cas les merveilles.
L’huile Ae fcorpion e ft autorifée par un grand nombre
de fuffragès ; cette, huile fi célébré n’eft autre eho-
•ferque de l’huile commune, dans laquelle on a fait
périr Aes fco rp ion s f èc- qu’on garde précieufement
■ comme un topique infaillible étant applique fur la
martie. \ • ; ; ■ r On la prépare en noyant trente-cinq fcorpions vi-
-vans dans deux,livres d’huile d’amandes douces ou
ameres , en les expofant au foleif pendant quarante
jours , & coulant enfuite l’huile ; c’eft-là l’huile Ample
deycor/fio«. ^ ; _ .
T o u te fo i s com m e f i l ’ o n a v o i t fuj e t d e fe d eh e r
d e fe s y e r tu s , o n lu i. p r é fé r é au jo u rd ’h u i l ’h u ile de
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fcorpion compofée, inventée par Màtthiole ï il entre
dans cette derniere, non - feulement des fcorpions
noyés dans de la vieille huile d’olive , mais encore
plufieurs graines,feuilles & racine^ de plantes échauffantes
& aromatiques, outre du ftorax en larmes, du
benjoin , du fantal blanc, de la rhubarbe , de la thériaque,
du mithridate, & du vin.Si cette huile eft aufli
bonne que mal ailée à bien faire, on ne peut trop la
louer ; car c’eft une des plus difficiles compofitions
qu’il y ait dans la pharmacie, ôc elle contient un af-
fortiment fi bizarre , qu’on ne voit pas trop quels en
peuvent être lés effets.
D’ailleurs à raifonner fenfément, toute huile graf-
fe paroît un remede mal imaginé contre la piquure
de toutes fortes d’animaux venimeux, puifqu’elle
bouche les pores de la peau ; empêche la tranfpira-
tion infenfible , l’iffue du venin, & par conféquent
eft plus nuifible qu’avantageufe.
Concluons que les deux grands antidotes dont
nous venons de parler, l’huile de fcorpion , & l’application
de cet animal fur la bleffure , ne doivent
leur vertu qu’aux préjugés reçus de tems immémorial
,&aupeu d’effet ordinaire du poifon de l’infeftei
Quelqu’un aura été piqué d’un fcorpion; il aura peut-
être même fenti des maux de coeur, des défaillances,
il aura eu recours à l’huile & au fcorpion ecrafe ; fa'
confiance aura guéri les maux qu’aura fait fa crainte ,
& il aura cru ne devoir fa confervation qu’aux pré-*,
tendus eontre-poifons.
Mais puifque de plufieurs animaux piqués fur lef-
quels on n’a fait aucun de ces remedes, il n’en eft mort
qu’un dans l’expérience de M. de Maupertuis, il y a
grande apparence que les hommes qui, après avoir
été piques, fe font fervis de ces antidotes, n’ont ete
guéris que parce que leurs bleffures n’étoient pas em-
poifonnées. Difons mieux , ces deux antidotes fi fameux
font plutôt contraires qu’ils ne font utiles.
Indication de remedes plus utiles. En pareille occa-
fion , les vrais remedes à indiquer feroient de fucer
la partie bleffée , la fcarifier , la brûler légèrement,
la bafliner avec de l’elprit-de-vin camphré, & autres
liqueurs fpiritueufés de ce genre, ou employer des
émolliens &c des fomentations. Au cas que le virus
fe foit communiqué à la maffe du fang , il faut en
énerver la force par des délayans, des acides, des
antifeptiques, ou par les fueurs , fuivant les tempé-
ramens & la nature des fymptomes. Il faut en me*
me tems & fur toutes çhofes tranquillifer l’imagination
du malade pour tout ce qui eft propre à calmes
fes craintes.
Contes fu r les fcorpions. Entre mille hiftoires qu’on
fait du fcorpion , je ne parlerai que de celle qu’on
croit la plus certaine. On prétend que fi on le renferme
dans un cercle de charbon, il fe pique lui-même
& fe tue. Ce feroit chez les bêtes un exemple dp
fuiçide bien étrange. M. de Maupertuis fut encore
curieux d’éprouver un fait fi fingulier, & qui à tout
événement ne pouvoit être que funefte à un méchant
infe&e. -'/.; ;
Il fit une enceinte de charbons allumés., & y mit
un fcorpion, lequel fentant une chaleur incommode,
chercha paffage de tous côtés ; n’en trouvant point,
il prit le parti de traverfér les charbons qui le brûlèrent
à-demi. On le remit dans l’enceinte , & n’ayant
plus eu la force dé tenter le paffage, il mourut bientôt
, mais fans avoir la moindre volonté d’attenter à
fa vie. La même épreuve fut répétée fur plufieurs
fcorpions qui agirent tous de la même maniéré.
Voici peut-être , ajoute M. de Maupertuis, ce qui
a pu donner lieu à cette hiftoire. Dès que le fcorpion
fe fent inquiété, fon état de défenfe eft de retrouf-
fer fa queue fiir fon dos prête à piquer. Il cherche
même de tous côtés à enfoncer, fon aiguillon. Lori-
qu’il fent la chaleur çharbQij, il prend cette pol-
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titre ; & Ceux qui n’y regardent pas d’affez près ,
croient qu’il fe pique ; mais quand même il le vou-
d ro it, il auroit beaucoup de peine à l’ex é cu ter, &
vraiffemblablement n’en pourroit pas venir à b o u t,
tout fon corps étant cuiraffé comme celui des écre-
viffes.
Je ne dois pas m’arrêter aux autres contes extrava-
gans que quelques anciens naturaliftes rapportent
des fcorpions. Ils difent, par exemple, qu’ils ne piquent
que les parties couvertes de poil ; qu’ils font
plutôt du mal aux femmes qu’aux hommes , & aux
filles qu’aux femmes ; qu’étant morts ils reprennent
vie, fi on les frotte d’ellébore ; que la fafiVe d’un
homme à jeun les tue ; qu’on ne pourroit guérir de
leur morfure, fi on avoit mangé du bafilic quelques
heures auparavant, & que c’eft cette plante qui les
produit, &c. mais les gens les plus crédules n’ajoutent
pas même de créance à de pareilles forrtettes.
Il faut encore mettre au rang des contes de bonne
femme, les vertus médicinales du fcorpion féché &
pulvérifé, pris intérieurement pour exciter l’urine,
pour chaffer le fable des reins &; de la veffie, pour
réfifter aux maladies contagieufes.
D e là fécondité du fcorpion, & defa haine pourVa-
taignée. Cet infefte multiplie prodigieufement. Arif-
tote , Pline , Elien affurent quefta femelle du fcorpion
porte onze petits ; & ce n’eft pas affez dire , car
Redi en marque 26 & 40 pour les limites de leur fécondité
: mais les fcorpions de Redi le cédoient encore
de beaucoup en fécondité à ceux de SouVignar-
gues examinés par M. de Maupertuis, qui a trouvé
dans plufieurs femelles qu’il a ouvertes, depuis 27
petits jufqu’à 65. Il faudroit en quelques pays n’être
occupé qu’à détruire ces animaux, s’ils ne périffoient
par divers accidens qui nous font inconnus , ou s’ils
ne s’entremàngëoient pas eux-mêmes.
J’ai parlé de la férocité du fcorpion, au commencement
de cet article, je le termine par un autre trait,
celui de fa haine pour l’araignée , infeéte qui eft au
refte aufli barbare que lui. Quand les fcorpions , même
au milieu de leurs guerres civiles., rencontrent
une araignée, ils fufpendent leurs combats mutuels,
& fe jettent tous fur elle pour la dévorer. Il y a plus,
aucun fcorpion n’héfite à combattre une araignée plus
groffe que lui ; il commence d’abord par la faifir par
l’une ou l’autre de fes grandes ferres, quelquefois
avec les deux en même tems. Si l’araignée eft trop
forte, il la bleffe de fon aiguillon par-tout où il peut
l’attraper, & la tue ; après quoi fes grandes ferres la
tranfmettent aux deux autres plus petites qu’il a au-
devant de la te t e , avec lefquelles il la mâche, & ne
la quitte plus qu’il ne l’ait toute mangée. Fuyons cet
infefte odieux & le fpeûacle de fa cruauté. La plume
tombe affez des mains quand on voit comment les
hommes en ufent avec les hommes* ( Le chevalier d e
Ja v c o u r t .)
Scorp ion aquatique , P unaise d’eau -, Pu*
Naise a a v ir on , hepa , infeâe ailé, dont M. Lin-
næus ,fann.fuec. ne donne que deux efpeces ; la plus
petite eft la plus commune.
Le fcorpïon aquatique de là petite efpece a les yeux
placés au-deffus de la bouche ; ils font hexagones &
réticulaires ; là bouche a la figure d’un bec recourbé;
la tête eft d’une fubftance dure & d’un noir rougeâtre.
Cet infe&e a dans la bouche un aiguillon creux
& d’une couleur brune ; les ailes tiennent au corce-
let dont la fubftance eft la même que celle de la tête ;
les pattes font au nombre de fix attachées aufli au
corcelet; elles ont chacune à l’extrémité detix crochets.
On a donné aux premières pattes le nom de
bras. Les ailes fupérieures ont la même couleur que
le corcelet, & couvrent fi exactement les ailes inférieures,
que celles-ci ne font jamais mouillées, quoique
cet infeâe nage prefque continuellement* La
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partie fiipérieürë de l’abdomen eft d’urirôügé foncé 1,
& couverte d’un poil touffu ; la partie inférieure a
une couleur grife-pâle, elle eft terminée par une qiieüè
fourchue ; le corcelet & le ventre font très-applatist.
La grande efpece de fcorpion aquatique différé principalement
de la petite , en ce que le corps eft plus
long & plus pointu, & que la couleur eft plus pâle j
Sc d’un gris tirant fur le roux : les piésfont aufli beaucoup
plus longs , & reffemblent à des foies roi des-.
Collection académique , tome V. de la partie étrangère•„
Voye^ Insecte.
Scorpion de Me r , R ascasse.
Scorpion , ( Critique facrée. ) <ry.op7ricv dans l’Ecriture
; cet infette cruel & venimeux défigne ail figuré
les médians , les chofes pernicieufes. Vous habitez
avec Aes fcorpions -, dit E^ech. ij. 6. c’eft-à-dire aveé
des gens aufli méchans que des fcorpions ; s’il demandé
un oéuf, lui préfëntera-t-il un fcorpion ? Luc. x i . 121.
c’eft-à-dire, lui donnera-t-il un mets pernicieux à là
place d’un mets falutaire? C’étoit une efpece de proverbe
; un fcorpion pour un poijfon, dit Suidas, eft uti
proverbe qui regarde ceux qui préfèrent les mau-
vaifes chofes aux bonnes.
Ce mot dans le vieux Teftament lignifie encôrè
une forte de fouet armé de fer, de la figure d’uri
fcorpion, I I . Parai, x . 14. e’eft aufli le hom d’uné
machine de guerre pour jetter des traits, I . Macc. v j.
S 1. enfin la montée du fcorpion étoit le nom d’une montagne
qui fervoit de borne à la terre de Chanaan du
côté de l’Idumée , Nomb. vj. g 4. (D. J . )
Scorpion , ( MythoU ) ce huitième ligne dü zodiaque
, eompofé de 19 étoiles, félon Hygin, & dé
20 félon Ptolomée , eft dans la mythologie Un fcorpion
admirable. Les poètes ont feint que ce fcorpiàiï
étoit celui que la terre fit fortir de fon fein pour fô
battre avec Orion. Celui-ci s’étoit vanté à Diane ôc
à Latone, de vaincre tout ce qui fortiroit de la terré*
Il en fortit un fcorpion, & Jupiter, après avoir ad*
miré fa bravoure & fon adreffe dans le combat, lé
mit au ciel , pour apprendre aux mortels qu’ils né
doivent jamais préfumer de leurs forces , car Oriort
ne croyoit pas trouver fon vainqueur fur la terre* H I - : . ■ SscORPiON j f. m. en terme d Aftronomie , eft lé
nom du huitième ligne du zodiaque. Voyt{ Signe*
Les étoiles de cette conftellation font au nombre
de 20 dans le catalogue de Ptolomée ; au nombre dé
10 dans celui de Tyeho ; au nombre de 49 dans ce*,
lui de Flamfteed. Chambers. (O)
SCORPION , (Fortification. ) fcàrpid , e’eft le nom
d’une machine des anciens dontils faifoient ufagé
dans l’attaque & la défenfe des places*
Bien des auteurs prétendent que cette machine eft:
la catapulte , mais M. de Folard foutient que c’eft là
balifte. f^oye^ Baliste*
Vegece dit qu’on nommoit autrefois fcorpion c è
que de fon tems on appelloit manubalifle. C’eft l’ar-
balête dont on commença à fé fervir du tems de nos
peres, &que nous avons abandonnée depuis l’invention
de nos fufils ou de nos moufquets* On voit dans
plufieurs endroits des commentaires de Céfar, qu’il
emploie indifféremment les termes de fcorpion & dé
balifte, pout lignifier la même machine ; mais il diftin-
gue toujours la Catapulte 2 Ccefar in caJiris,Ait Hirtitis*
fcorpionum catapultorum magnam vim habebat. Viye£
C atapulte* (?)
SCORPIUS , f. m. nat. Botan. ) efpece <îé
genifla-fpartium, appellé par Tournefort gehijla-jpar-
tium majus, brevioribus & longioribus aculeis, & con*
nu Vulgairement en françois fous le nom de genêt pi*
quant.C’eft un arbriffeau qui s’élève à différentes hauteurs
fuivant les lieux. Il pouffe des Verges garnies dé
toutes parts d’un grand nombre d’épines de différentes
grandeurs , mais toutes dures & piquantes* Sesj