On perfuaäa quelques-uns de ces Sauvages, de fe
laifler conduire à Mofcow.'Tout les y frappa d’admiration.
Ils regardèrent l’empereur comme leur
dieu, 8c fe fournirent à lui donner tous les ans une
offrande de deux martres-zibelines par habitant. On
établit bientôt quelques colonies au-dela de 1 Oby,
& de rirais ; on y bâtit même des fortereffes. Un
cofaque fut envoyé dans le pays en 159S , & le
conquit pour les czars avec quelques foldats & quel-
qu’artillerie, comme Cortez fubjugua le Mexique ;
mais il. ne conquit que des deferts, Hiß. de Ruße
par M. de Voltaire.
Les Sarnoyïdes s’étendent le long de la mer juf-
qu’en Sibérie. Ils s’établifL-nt au nombre de fept ou :
huit hommes 8c femmes, en quatre ou cinq tentes
différentes. Ils s'occupent à faire des chaifes, des;
rames, des machines à vuider 1 eau des bateaux, &c.
Ils font habillés de peaux de rennes, qui leur pendent
depuis le col jufqu’aux genoux, le poil en-
dehors. Leurs ' cheveux font noirs, épais, comme
ceux des Sauvages ; '8c ils les coupent de tems en
tems par floccons. Les femmes en treffent une partie
, 8c y ajoutènt pour ornement, de petites pièces
de cuivre, avec une bandelette de drap rouge ou
bleu : elles portent par-deffus un bonnet fourré. Leur
- chauffure conlïfte en bottines. Leur fil eft fait de
nerfs d’animaux ; leurs mouchoirs l'ont de nervures
de bouleau fort.délié, coufues enfemble.
Leurs tentes font formées d’écorces d’arbres, confines
par bandes, 8c foutenues avec des perches. Elles
font ouvertes par le haut, pour en laiffer fortifi la
fumée ; l’entrée a environ quatre piés d’élévation,
■ & efl couverte d’une grande piece de la même
écorce, qu’ils foulevent pour y entrer 8c pour en
fiortir ; leur foyer eft au milieu de cette tente.
Leurs traîneaux ont ordinairement huit piés de
long, fur trois piés quatre pouces de large, s’élevant
fur le devant comme des patins. Le conducteur
eft afiis fur le derrière, les jambes croifées, en laif-
fiant pendre quelquefois une par-dehors. Il a devant
lui une petite planche arrondie par le haut , 8c une
femblabie, mais un peu élevée par-derriere, 8c tient
à la main un grand bâton garni d’un bouton par le
bout,-dont il fe fert pour pouffer, & faire avancer
les rennes qui les tirent. ^ ^ y .
Ils ont chez eux des magiciens qui leur prédifent
le bien 8c le mal qui leur peut arriver. lisant auffi
des ®ens qui vendent Iesyents à ceux qui navigent.
Pour cet effet, ils donnent à celui qui entreprend
.quelque voyage , une corde nouée de trois noeuds ,
en les avertiffant qu’en dénouant le premier, ils auront
un vent médiocre ; que s’ils dénouent le fécond,
le vent fera fort; 8c que s’ils délient le troisième
, il s’élèvera une tempête qui les mettra en
danger.
Les Sarnoyïdes prennent à la chaffe les chiens marins
, lofqu’ils viennent s’accoupler fur la glace. Ils
s’habillent de la peau, vivent de la chair, 8c emploient
l’huile à différens ufages. Lorfque leurs en-
fans meurent à la mamelle , ils les enveloppent
d’un drap, 8c les pendent à un arbre dans le bois :
mais ils enterrent les autres. ; ,
Ce peuple eft répandu de différens côtés, jufi-
qu’aux principales rivières de la Sibérie, comme
l’O b y , le Jénicéa, le Léna 8c l’Amur, qui vont toutes
le décharger dans le grand Océan. En un mot,
les Sarnoyïdes occupent une vafte étendue de pays ,
des deux côtés de l’Oby,au nord-eft de laMofcovie,
depuis le tropique jufqu’à l’Océan feptentrional. Ils
parlent des langues différentes ; car ceux qui habitent
la côte de la mer, 8c ceux qui demeurent aux
environs d’Archangel, fur la Dvina, n'ont pas le
même langage.
Quoique leur maniéré de vivre paroiffe trifte aux
Mofoovites, ils la. goûtent par préférence à toute
autre ; 8c leur députés dirent au czar, que fi fa ma-
jefté impériale connoiffoit les charmes de leur climat
, il viendroit fans doute l’habiter par préférence
à Mofcow.
C’eft en vain que les czars ont établi la religion
chrétienne chez les Sarnoyïdes qui leur font fournis,
ils n’ont pu détruire les fuperftitions de ces peuples
qui mêlent toujours dans leurs enchantemens, les
noms de leurs idoles, avec ce que le Chriftianifme
a de plus refpeftable. (Le chevalier D £ J a u c o u R T . )
SAMPIT, fi m. ( Hiß. mod.) arme dont fe fervent
les habitans de l’île de Borneo ; il leur fert tantôt
comme d’un arc pour tirer des fléchés empoifonnées,
tantôt comme d’un javelot, 8c quelquefois comme
d’une bayonnette qu’ils mettent au bout de leurs
fufils.
S A M P S É E NS , f. m. pi. ( Hiß. eccléf. ) anciens
hérétiques que S. Epiphane croit être les mêmes que
les Elcéfaïtes. Foye{ Elcésaïtes.
On ne peut pas mettre abfolument les Sampßens
au rang des Juifs , des chrétiens ou des païens. Leurs
dogmes paroiffent avoir été un mélange de toutes
ces religions. Leur nom vient de l’hébreu fernes , fo-
le il, parce qu’on prétend qu’ils adoroient cet aftre.
D’un autre côté, ils admettoient l’unité de Dieu
ils ufoient d’ablutions, 8c pratiquoient beaucoup
d’autres points de la religion judaïque. Plufieurs d’en-
tr’eux ne mangoient point de chair.
Scaliger, après S. Epiphane, croit que les Samp-
féens étoient lés mêmes que les Efféniens. En effet
ces mots Elcéfaïtes, Sampféens, Maßaliens, Eßeniens,
femblent être différens noms attribués à une même
fefte, à moins que l’on n’entende par Elcéfaïtes 9
Sampféens & Maffaliens , des hérétiques qui ajoutèrent
diverfes erreurs aux opinions des Efiênicns.
Foye{ EssÉniens.
SAMPSUCHUM, f. m. ( Botan. anc. )
cette plante des Grecs que l’on prend ordinairement
pour notre marjolaine, étoit appellée, félon plufieurs
lavans, amaracum par les Ciziceniens & lesSiciliens,
chez qui elle croifîoit en abondance, 8c d’où on tiroit
. la meilleure & la plus eftimée. En d’autres' endroits
de la Grece ce nom. amaracum fe donnoit à une plante
fort différente de la marjolaine, favoir, à la ma-
tricaire; il fe donnoit auffi à la pariétaire. Saumaife
croit que le véritable fampfuchum venoit d’Egypte ,
8c que c’eft un nom égyptien ; enfin il eftime que
l’amaracum des Grecs ne différoit du fampfuchum des
Egyptiens qu’à l’égard du plus ou du moins de force
, en quoi ce dernier l’empcrtoit. Mais ce qui eft
plus certain, c’eft que dans Diofcoride 8c d’autres
anciens auteurs, amaracum 8c fampfuchum font des
noms de différentes plantes. Diofcoride, en parlant
des huiles , diftingue oleum fampfuchinum 8c oleum
amaracinum. Méléagre, dans un de fes poèmes où il
paffe en revue différens poètes anciens 8c modernes,
compare l’un à la plante qu’on nommoit amaracum,
8c un autre au fampfuchum. (D . J.)
SAMSCHE, ( Géog. mod. ) province de la Géor-
giè, dans les.terres, 8c la plus avancée, au midi vers
l’Arménie qui la borne de ce côté là , ainfi que le
Guriel à l’occident, l’Immirete au nord, 8c le Calcet
à l’orient. Elle a fon prince particulier qui eft tributaire
des Turcs. (D .J .)
SAMSOE, ( Géog. mod. ) petite île de Danemark,
fur la mer Baltique, entre l’île de Funen au midi, 8c
le nord-Jutland au feptentrion. Sa longueur du nord
au fud n’eft que d’environ dix mille pas, 8c cepen-
- dant il y a cinq paroiffes. ( D .J . )
SAMUEL LIVRES D E , ( Critiq. facrée. ) le plus
grand nombre des critiques donne à Samuel le livre
des juges , celui de Ruth, & le premier livre des
Rois ; cependant ce ne font que des conje&ures fort
douteufes. Il eft plus vraiffemblable que le livre des 1
juges a été compofé fur des mémoires de cé prophète
d’Ifraël que par lui-même. On rte ëonnoit gilerë"
l’auteur du livre de Ruth ; 8c on n’a point de preuve
que ce foit Sanihel. Ceux qui lui attribuent le premier
livre des Rois', ne peuvent le lui donner,tout.
entier ; car indépendamment de plufieurs additions
qui paroiffent ÿ avoir été inférées après coup, la
mort de Samuel eft marquée dans les derniers chapitres
de cet ouvrage. Ce qu’on fait de plus fur, c’eft
qu’il commence la chaîne des prophètes, qui a fini
à Zacharie 8c à Malachie. Actes ïij. 24. Son hiftoire
fie trouve dans le premier livre des roi?. Fils d’Al-
canna & d’Anne de la tribu de L é v i, 8c de la famille
de Caath, il pafla les quarante premières années de
fa vie au fervice dü tabernacle , les vingt fuivantes
dans le gouvernement de l’état, les trente-huit dernières
dans la retraite, 8c mourut âgé de quatre-
vingt dix huit ans, clans une maifon qu’il avoit à
Ramathafa patrie. Son éloge eft'dàns l’Eccléfiaftiq.
xlvj. 16'. 23. Nous invitons le lefteur à le lire.
m j .) . w Ê Ê Ê
S AMI DA , fi f. ( Botan. ) genre de plante décrit
par le p. Plumier fous le nom de guldonia ; en voici
Ic-s caracieres. Le calice particulier de la fleur eft très-
gros, compofé d’une feule feuille divifé en cinq
iegmens étendus de toutes parts en forme ovale, 8c
qui fi'.bfiftent quandla fleur eft tombée. La fleur eft
de la forme d\un cône tronqué ; elle eft de la longueur
du calice, fillonnée, 8c dentelée dans les bords.
Il n’y appoint d’étamines , mais feulement de petits
fommets arrondis placés au milieu de la fleur ; le germe
du piftil eft oval; le ftile eft de la longueur'de
la fleur 8c pointu. Le ftile du piftil eft au .contraire
obtus ; le fruit eft une. baie ovale à quatre filions
profonds ; il eft divifé en quatre loge?, 8c contient
plufieurs graines faites en forme de réin. Plumier,
xxiv. Linnai gen. plant, p. S20. ( D . J. )
SAN le , ( Géog. mod. ) riviere de la petite Pologne.
Elle a fa fource aux monts Crapack, vêts les
confins de la Hongrie , 8c après un long cours,-elle
fe perd dans la Viftule, preîque vis-à-vis Sendomir.
(D .J .) I
S AN A A , ( Géog. mod. ) ville de l’Arabie heureu-
fe , dans l’Iémen, à 15 lieues de Moàb , à 3 6 aii levant
d’Aden, 8c à 140 de Moka. C’étôit autrefois la
réfidence des rois d’Iémen; l’air y eft tempéré , 8c
les jours prefque égaux dans toutes les faifohs. Abul-
feda vante la quantité de fes eaux, la beauté dé fes
vergers, le nombre de fes habitans 8c leurs richeffes;
mais il faut rabattre beaucoup des exagératioris dû
ftyle oriental. Long, fuivant les tables, du même
Abulfeda, 67. zç&ÿ/arir. 14.3 0. (.D . J )
S AN AG E NS E S , ( Géog. anc.) ancien peuple de
la Gaule, narbonnoife, félon Pline, /. JH. c. iv. Le
p. Hardôuin remarque que ce peuple a été nommé
dans les fiecles fui vans Sanicienfes, de Sanïcium, ville
des Alpes fur la côte de la mer , aujourd’hui Senc7.
(D .J . )
SANAMARI le , ( Géog. mod.) par M. de Lille
S maman ; riviere de l’Amérique méridionale clans la
Guiane. Elle coule.entre le Maroni & l’île de Càyen-
ne-L e vafte terrein qüîëft entre ces deux dernieres
nvieres, offre d’agreables collines, dont les revers
font en pente douce; dix mille habitans y feroient
a 1 aife , 8c y feroient des fucreries d’un grand rapport,
outre que fans culture les cacoétier? , les cotonniers
j les rocouyérs y :viennent d’eux-mêmes;
•mais ce n’eft pas lé terroir qui manqué aux hommes ,
ce font les hommes qui manquent à la culture du ter-^
tour, ( p ; lJ )G r ■■ ■ ■■ ■ : /
SANAMUNDA , fi m; ( Botan. ) c’eft un‘ àrbrif-
féâu nommé par Tournefort, thymelaa , foliïs cha-
tncdæoe, mirionbus fubhirfutis. I. R. H. s 94.. Cet ar-
Tome X IF ,
briffeail s’élève à là hauteur d’une Coudee, èé eft
très-branchu.Sa racine s’enfonce très-profondément
en terre, elle eft couverte d’une écorce pliante, vif*
quêufé, 8c qui fe divifé en un grand nombre de petits
filets , & eh floccons qu’on prendroit pour de la
laine. Ses branches font couvertes de la même écor*
ce ; mais cette écorce porte fiir elle une fubftance
denfe, blanchâtre & argentée. Se,s feuilles font fem-
blablés à celles du myrte de Tarente ; elles font feu*
lement un peu plus larges vers le bout, 8c fe terminent
en Une pointe plus arrondie ; elles font tout-à*
fait couvertes de duvet, douces au toucher,blanchâ*
très Ou argentées, 8c luifantes. Ses fleurs font placées
au milieu de fes feuilles, elles reffemblgnt à celles de
l’olivier , font jaunes , oblongues 8c tétrapétales.
Nous lifonsdans Clufius,que fon fruit eft affez fern*
blable à celui du garou , mais qu’il eft noirâtre. Le
meme auteur, dit que fes feuilles font charnues, gom*
meufes, d’abord ameres au goût, mais enfiiite acri-
monieufes 8c brûlantes.
Cette plante croît aux environs de Marfeille. Ses
feuilles purgent violemment. Ray. (D .J .)
S A N A S , fi m. ( toile de coton. ) on. appelle ainfii
des toiles de coton blanches ou bleues, qui ne font
ni fines ni groffes,. que l’on tire des Indes orientales,-
particulièrement de Bengale. Les blanches ont à la
piece neuf aunes un tiers für trois qiiàrts.à cinq fixie-
mes de large ; & les bleues onze aunèis un quart às
douze aunes , fur fept huitièmes de large. D i cl. de
Comrh. (D . J.)
SAN A T E S , fi m. ( Hiß. rom. ) nom que les Romains
dönnoient à leurs voifins, qui après une révolte
fe foumettoient auffitôt; cette prompte foumïffion
leur procuroit les mêmes privilèges qu’à tous lès autres
citoyens, en vertu d’une loi des douze tables,’
qui portoit, ut idem juris fanatibus quod foretibus lit_
\ D : h y - J
S AN BENITO oxi SACO BENITO , fi m. (Hiß:
mod.) forfé d’habillement de toile jaune , que l’on
fait porter à ceux qiie l’inquifition a .condamnés ,
comme unè marquedèleûr condamnation.
Le fan benito eft fait en forme de fcapulaire ; il eft
compofé d’une large pièce qui pend par-devant, 8c
d’une autre qui pend par derrière ; il y a. fur chacune
de cëS pièces une croix de S. André ; cet habit eft
de.couleur jau’ne , & tout rempli de diables & de flammes
qui y font peintes.
Il eft regardé comme une imitation de l’ançïen habit
en forme de fac que portoient les pénitens. dans
la primitive Eglife. Voyt{ P é n i t e n t . Foyc^außi Inq
u i s i t i o n .
•SANCERRE, ( Géog. mod. ) ville de France , en
Berry, aux frontières du Niyernois, fur une colline,•
à la gauche & à une pôrtée'de canon de la Loire, à 9
Iiëués au nord-oüeft de Nevers, à 10 de Bourges, à
4 de la Charité, en defeendant vers Briare &G ien ,
& à 46 au midi de Paris, avec titre de comté. Long.
20.3 /’. latit. 4 j . 18:
. Cette ville a été nommée en latin du moyen âge,
Saxia, Saxïacum , Saxiacûs vicus , Sancerra , San-
cerrium, SantodorUm ; 8c meme par quëlques-uns Sacrum
Cafaris, dans l’idée que. &z/zcmz'ayoit été bâtie
par Jules-Céfar ; mais çê conquérant n’eii clié pas un
feul mot ; 8c après lui .aucun'auteur, ni aucune char-
tre n’en font mention ayant Charlemagne ; c’eft peut-
être ce prince même qui l’a bâtie , & qui la peupla
d’unç colonie .de Saxohs-; du moins ne connoît-on
pas d’autre origine de fès noms Saxia ,Saxiacurn 8c
Saxiacûs vicus. -
Quoi qu’il en foit, elle étoit poffédée dans le x.'fie-
cle par Thibaut I. comte propriétaire dé Chartres',
qui avoit une partie du Berry. Elle pafla à feS'aef-
cendans, enfuite à Béraud, comte de Clermont^ &
dauphin d’Auÿergne. Sa fille epoufa Jean de Beuil,
G G g g ij