L’ufage des fcellés nous vient des Romains ; il en
eft parle dans le code Théodofien, l. ult. de admini-
ftrat.fut.6i. dans le code de Juftinien, en la loi fei/nus,
a il code de jure delïberandi.
Plufieurs de nos coutumes ont auffi quelques dif-
pofitions fur le fait des fce llé s , telles que celles de
Clermont, Sens, Sedan, Blois, Bretagne, Auvergne
, Bourbonnois, Anjou & Maine.
Mais la plupart des réglés que'l’on fuit en cette
matière, ne font fondées que fur les ordonnances,
arrêts, 6c reglemens.
C’eft au juge du lieu à appofer le fc e llé ; à-moins
qu’il n’y ait des commiffaires en titre , comme -au
châtelet de Paris, où cette fonction eft réfervée aux
commiffaires au châtelet.
Il y a néanmoins des cas où le fcellé eft appofé par
d’autres officiers, par une fuite de la jurifdi&ion qu’ils
ont fur certaines perfonnes. Par exemple, c’efl le
parlement qui appofe leJ'ccllé chez les princes du
fâng ; la chambre des comptes eft en droit de l’appo-
fer chez les comptables, dont les comptes ne font
pas appurés ; & fi le fcellé étoit déjà appofé par les
officiers ordinaires, ceux delà chambre des comptes
font en droit de le croifer.
Croifer le f c e llé , c’eft en appofer un fécond par-
deffus le premier, de maniéré qu’on ne peut lever
le premier fans lever auparavant le fécond ; 6c dans
•le cas où le premier fcellé eft ainfi crôifé, on affigne
ceux qui l’ont appofé pour être préfens à la levée des
deux fcellés, 6c venir reconnoître le leur. •
Le fcellé peut être appofé en différens cas, favoir :
t°. Après le décès du débiteur, à la requête d’un
créancier, pourvu que celui-ci/oit fonde en titre,
6c pour une fomme certaine, ou bien pour réclamer
des choies prêtées ou données au défunt en nantiffe-
ment.
L’ufage du châtelet de Paris eft que quand le corps
du défunt h’eft plus préfent, on ne peut faire appofer
le fcellé qii’en vertu de requête 6c ordonnance
du juge.
On doit demander l’appofition du fce llé auffi-tôt
après le décès du défunt, ou du-moins dans les premiers
joins qui fuivent ; car fi l’on attendoit plus.
long-tems,le /celle deviendroit ihutilé, puifqu’il ne
pourroit plus conftatcr l’état oîi les chofes étoient au
tems du décès.
2°. La veuve pour sûreté de fes reprifes 6c conventions,
ou les héritiers, pour empêcher qu’il ne
foit rien détourné, peuvent faire mettre le fcellé ; l’exécuteur
teftamentaire peut auffi le requérir.
3°. Les créanciers peuvent le faire mettre du vivant
même de leur débiteur en cas d’abfence, faillite
, ou banqueroute, ou emprifonnement pour dettes.
4°. Le procureur du roi ou le procureur fifcal,
fi c’eft dans une juftice feigneuriale, peuvent le faire
appofer fur les biens d’un défunt, au cas qu’il y ait
des héritiers mineurs n’ayant plus ni pere ni mere,
& dépourvus de tuteur & de curateur.
Enfin, le fcellé peut être appofé en matière criminelle
fur les effets volés ou recelés.
Les officiers du châtelet peuvent par droit de fuite
appofer le fcellé par tout le royaume, pourvu que le
défunt eût fon principal domicile à Paris.
On peut s’oppofer à la levée d’un Jcellé, foit en fai-
fant inférer fou oppofition dans le procès-verbal du
commiffaire , ou en lui faifant fignifier fon oppofition
par un atte féparé.
Le fc e llé ne peut être levé que trois jours francs
après les funérailles du défunt.
Pour lever les fce llé s , il faut que toutes les parties
intéreflées foient appellées en vertu d’ordonnance
du juge.
Au jour indiqué par l’ordonnance, le juge fe tranf-
porte en la maifon où lont les fcellés ; 6c apres les
a v o i r r e c o n n u fains & en t ie r s i l le s l e v e , & du tout
i l d re ffe fo n p r o c è s - v e r b a l ; e n fu ite on p ro c é d é à l’in v
e n ta ir e .
S’il arrive un bris de fce llé , le juge en doit dreffer
fon procès-verbal, 6c enfuite faire informer 6c décréter.
Voye{ le Traité des fcellés & inventaires, par
Méfié , & le mot In v e n t a i r e . ( A )
SCELLER, v. a fl. (Gram/) c’eft appofer un fceau,
le fcellé. Voye{ l'article Scellé. Il fe dit auffi au figuré
: il a Jcellé par cette dernière attion l’arrêt de fa
réprobation éternelle; ils ont fcellé cette vérité'ou
cette fauffeté de leur fang ; les mauvais prêtres rendent
la réfurre&ion de Jefùs-Chrift inutile, autant
qu’il eft en leur puiflance ; on peut dire d’eux qu’ils
fcellent le tombeau , & Jîgnaverunt lapidem.
S c e l l e r , ( A relût. ) c’eft arrêter avec le plâtre
ou le mortier des pièces de bois ou de fer. Sceller en
plomb, c’eft arrêter dans des trous avec du plomb
fondu des crampons ou des barreaux de fer ou de
bronze : on dit faire unfcellement, pour fceller. (JD. ƒ.)
SCELLEUR , f . m. (Jur fprud. ) e ft u n b ffic ie r
q u i a p p o fe le fc e a u a u x le tt r e s d e c h a n c e lle r ie .
Il y a auffi dans p lu fieu r s t r ib u n a u x u n fcelleur en
t it re q u i a p p o fe le fc e a u d e la ju r ifd i& io n a u x ju g e -
m ens q u e l ’o n v e u t r en d re e x é c u to ir e s . Voyez S c e a u . wè . . SCELOTYRBE, f. f. ( Médecine. ) foibleffe &
douleurs dans les-jambes, qui font ordinairement
un fymptome de feorbut.
Ce mot eft eompofé de s-A\oç, jambe, & -rJp/3»,
tumulte, defordre.
Ce terme fe prend quelquefois pour le feorbut
meme , 6c quelquefois aufli pour les remedes qu’on
employé dans cette maladie. Voye{ S c o r b u t .
Les foldats de Germanicus furent attaqués de fee-
lotyrpe pour avoir bu de l’eau d’une certaine fontaine
fur les côtes de Frife.
SC E N (S., ( Géog. anc. ) ville fituée aux confins
de la Babylonie, 6c dans la Méfopotamie deferte;
Elle appartient aux Arabes fcénites , à ce que nous
apprend Strabon, liv. X V I . page y 48. ( D . J . )
SCENE, f. f. ( Littérature. ) théâtre, lieu où les pièces
dramatiques étoient repréfentées. Voye^ T h é â t
r e . Ce mot vient du grec <nw», tente , pavillon ,
ou cabanne, dans laquelle on repréfentoit d’abord
les poëmes dramatiques.
Selon Rolin, \a. feene étoit proprement une fuité
d’arbres rangés les uns contre les autres fur deux lignes
parallèles qui formoient une allée 6c un portique
champêtre pour donner de l’ombre, WM , &:
pour garantir des injures de l’air ceux qui étoient
placés deffous. C’étoit-là, dit cet auteur, qu’on repréfentoit
les pièces avant qu’on eût conftruit les
théâtres. Caffiodore tire auffi le motJcene de la couverture
&c de l’ombre du bocage fous lequel les
bergers repréfentoient anciennement les jeux dans
la belle faifon.
Scene fe prend dans un fens plus particulier pour
les décorations du théâtre : de-là cette expreffion,
la feene change, pour exprimer un changement de
décoration. Vitruve nous apprend que les anciens
avoient trois fortes de décorations ou de feenes fur
leurs théâtres.
L’ufage ordinaire étoit de repréfenter des bâti-
mens ornés de colonnes & de ftatues fur les côtés ;
.6c dans le fond du théâtre d’autres édifices, dont le
principal étoit un temple ou un palais pour la tragédie,
une maifon ou une rue pour la comédie, uné
forêt oit un payfage pour la paftorale , c’eft-à-dire,
pour les pièces fatyriques , les atellanes, &c. Ces.
décorations étoient ou verjiuiles, lorfqu’elles tournoient
fur un pivot, ou ductiles, lorfqu’on les faifoit
gliffer dans des couliffes, comme cela fe pratiqué
encore aujourd’hui. Selon les différentes pièces, on
Changeoit la décoration; & la partie qui étoit» tour-
née vers le fpeâateur, s’appelloit feene tragique, comique
, ou paftorale, félon la nature du fpeâade auquel
elle étoit affortie. Voye^ les nous de M. Perrault,
fu r Vitruve, liv-. V. ch. v j. Voye^ auffi le mot D É C O RATION.
On appelle auffi feen e, le lieu où le poète
fuppofe que l’aftion s’eft paffée. Ainfi dans Iphigénie
, la feene eft en Aulide dans la tente d’Agamem-
non. Dans Athalie, la feene eft dans le temple de Jé-
rufalem, dans un veftibule de l’appartement du grand-
prêtre. Une des principales lois du poënie dramatique
, eft d’obferver l’unité de la feen e, qu’on nomme
autrement unité de lieu.
En effet, il n’eft pas naturel que la feene change de
place, & qu’un fpeftacle commencé dans un endroit
finifle dans un autre tout différent 6c fouvent très-
éloigné» Les anciens ont gardé foigneufement cette
réglé, 6c particulièrement Téren ce: dans fes comédies
, la feene ne change prefque jamais ; tout fe paffe
devant la porte d’une maifon où il fait rencontrer
naturellement fes aéteurs.
Les François ont fuivi la même réglé ; mais les An-
glois en ont fecoué le joug, fous prétexte qu’elle
empêche la variété 6c l’agrément des avantiy-es &
des intrigues néceffaires pour amufer les fpeérateurs.
Cependant les auteurs les plus judicieux tâchent de
ne pas négliger totalement la vraiffemblance , & ne
changent la feene que dans les entre-aftes, afin que
pendant cet intervalle, les a fleurs foient cenfés avoir
fait le chemin néceffaire; & par la même raifon, ils
changent rarement la feene d’une ville à une autre ;
mais ceux qui méprifent ou violent toutes les réglés,
fe donnent cette liberté. Ces auteurs ne fe font pas
même de fcrupule de tranfporter tout-à-coup la feene
de Londres, au Pérou. Shakefpear n’a pas beaucoup
refpecle la réglé de l’unité de feene ; il ne faut que
parcourir fes ouvrages pour s’en convaincre.
Scene eft auffi une divifion du poëme dramatique,
déterminée par l’entrée d’un nouvel afleur : on di-
vife une piece en a fies, & les aftes en feenes.
Dans plufieurs pièces imprimées des Anglbis, la
différence des feenes n’eft marquée que quand le lieu
de la feene & les décorations changent ; cependant la
feene eft proprement compofée des aôeurs qui font
préfens ou intéreffés à l’aflion. Ainfi quand un nouvel
afieur paroît, ou qu’il fe retire, l’aflion change
& une nouvelle feene commence.
La contexture ou la liaifon & l’enchaînement des
feenes entre elles, eft encore une réglé du théâtre ;
elles doivent fe fuccéder les unes aux autres , de maniéré
que le théâtre ne refte jamais vuide jufqu’à la
fin de l’afte.
Les anciens ne mettoient jamais plus de trois perfonnes
enfemble fur la feene, excepté les choeurs,
dont le nombre n’étoit pas limité : les modernes ne
le font point aftreints à cette réglé.
Corneille, dans l’examen de fa tragédie d’Horace,
pour juftifier le coup d’épée que ce romain donne à
fa foeur Camille, examine cette queftion, s’i l ejl permis
d'enfanglanter la Jcene ; & il décide pour l’affirmative
> fondé, 1 °. fur ce qu’Ariftote a. dit, que pour
émouvoir puiffamment, il falloit faire voir de grands
déplaifirs , des bleffures, & même des morts; 20.
fur ce qu’Horace n’exclut de la vue des fpeflateurs,
que les événemens trop dénaturés, tels que le feftin
d’Aftrée , le maffacre que Medée fait de les propres
enfans ; encore oppofe-t-il un exemple de Séneque
au précepte d’Horace ; & il prouve celui d’Ariftote
par Sophocle, dans une tragédie duquel Ajax fe tue
devant les fpeflateurs; Cependant le précepte d’Horace
n’en paroît pas moins fondé dans la nature &
dans les moeurs. i°. Dans la nature; car enfin, quoique
la . tragédie fe propofe d’exciter la terreur ou la
pitié, elle ne tend pojiu à ce but par des fpefUçles
barbares, & qui choquent l'humanité. Or les morts
violentes, les meurtres-, les affaffinats, le carnage,
infpirent trop d’horreur, & ce n’eft pas l’horreur,
mais la terreur qu’il faut exciter. 20. Les moeurs n’y
font pas moins choquées. En effet, quoi de plus propre
à endurcir le coeur, que l’image trop vive des
cruautés ; quoi de plus contraire aux bienféances,
que des afhons dont l’idée feule eft effrayante ? les
maîtres de l’art ont dit ;
Ce qu’on ne doit point voir, quun récit nous Ûexpofti
Les yeux en la voyant faijiroient mieux la chofe ;
Mais i l eft des objets que l'art judicieux
Do it offrir à l ’oreille & reculer des yeux.
Art poét. chant, iij.
Les Grecs & les Romains , quelque polis qu’on
veuille les fuppofer, avoient encore quelque férocité
: chez eux le fuicide paffoit pour grandéur d’ame 5
chez nous il n’eft qu’une frénéfie > une fureur : les
yeux qui fe repaifloient au cirque des combats de
gladiateurs, & ceux mêmes des femmes qui pre-
noient plaifir à voir couler le fang humain, pou-
voient bien en foutenir l’image au théâtre. Les nôtres
en feroient bleffés : ainfi ce qui pouvoit plaire relativement
à leurs moeurs étant tout-à-fait nors des
nôtres, c’eft une témérité que d’enfanglanter la feene.
L’ufage en eft encore fréquent chez les Anglois , &
Shakefpear fur tout eft plein de ces fituations En
vain M. Greffet a voulu les imiter dans fa tragédie
d’Edouard ; le goût de Paris ne s’eft pas trouvé conforme
au goût de Londres. Il eft vrai que toutes fortes
de morts, même violentes, ne doivent point
être bannies du théâtre ; Phedre & Inez empoifbn-
nées y viennent expiren; Jafon dans la Médée de
Longè-Pierre, & Orofmane dans Zaïre, s’arrachent
la vie de leur propre main; mais outre que ce mouvement
eft extrêmement vif & rapide , on emporte
ces perfonnages, on les dérobe promptement aux
yeux des fpeftateurs > qui n’en font point bleffés ,
comme ils le feroient, s’il leur falloit ibutenir quelque
tems la vue d’un homme qu’on fuppofe maffa-
cré & nageant dans fon fang. L’exemple de nos voi-
fins, quand il n’eft fondé que fur leur façon de pen-
fer, qui dépend du tempérament & du climat, ne
devient point une loi pour nous qui vivons fous une
autre horifon, & dont les moeurs font plus conformes
à l’humanité. Principes pour la lecture des Poètes ,
.tome I I . page 5 8 . & fùivantes.
SCÉNIQUE, COLLEGE, (Antiq. théatr.j on don-
noit ce nom à une lociété de gens qui fervoient aux
repréfentations théâtrales, ou aux combats . gymniques,
& qui étoient établis en différentes villes, tant
de la Grèce que de l’empire romain. Tous cesjcolle-
ges avoient des facrifices & des .prêtres particuliers ,
6c celui qui étoit à la tête de c es prêtres prenoit le tir
tre de grand-prêtre du college, ctp^itpive evvoé'ou. Cela
devint fi commun, même dans les villes latines où il
y avoitde ces colleges de comédiehs, de muficiens
ou d’athletes, q.ue les Latins empruntèrent des Grecs
.le nom d’archiereus fy n o d i, fans y rien changer. On
en trouve des exemples dans diverfes inferiptions*
Ces collegés élifoient ordinairement poiir grand-
prêtre quelqu’un du corps, comme;on peut le voir
dans des inlcriptions rapportées par Gruteri.
Outre cela,. ces colleges. J'céniques oiu gymniques
fe nommoient eux-mêmeS dès efpeces de magiftrats
qui prenoient le titre d’archontes. Dans les àflemblées
de ces colleges on faifoit différens decrets', foit pour
témoigner de la reconnoiffance envers leurs protecteurs,
foit pourfaire honneur à ceux d’entre lés affo*
ciés qui fe diftinguoient par leurs talens. Il y a quelque
apparence que les fragmens d’inferiptions grecques
trouvées à Nifmes, font des reftes de quelques-uns
de ces decretst du moins nous /bonnes portés à le