»voit répandu au hafard quelques paillettes d’or lur
ï’arbriffeau. Sa feuille eft plus étroite que celles du
précédent; il fleuritjplutôt, 6c il eft un peu plus dé-
beat.
3. Le romarin àfeuilles-étroites pànachéesdt blanc';
c ’eft l’efpece qui a le plus d’agrément ; toutes fes feuilles
font fi bien tachées, -qu’il fcmble de loin qu’elles
ont été argentées. C’eft le plus beau, le plus rare 8c
•le plus délicat des romarins.
4. Le r o m a r in d"A Imérie ; il s’élève moins que lè
r o m a r in commun. Ses feuilles font plus petites , plus
blanches, -8c d’une odeur encore moins l'upportable.
Ses fleurs qui viennent en épi au haut des branches,
font d’un violet foncé.
s. L e r om a r in à la rg e s f a i l l i e s ; cet arbrifleau ne
s ’élève qu’à deux ou trois piés; Ses branches font
•moins ligneufes que celles du rom a r in commun. Sa
feuille eil plus épaifle , plus rude 8c d’un verd plus
foncé. Il eft extrêmement commun aux environs de
Narbonne.
6. L e r om a r in p a n a c h é -à la rg e s f e u ille s ; i l eft rare 8c
çeu connu. A r tic le de M . d ’A u b e n t o n .
Rom a r in , ( Mat. méd. ) les feuilles 6c les fleurs
de cet arbrifleau font d’ufage en médecine. Les phar-
macologiftes ont donné à cette plante 8c-à fa fleur le
nom d"‘anthos^ C tÇik-àdxtfleur par excellence, 6c ceintes
fort arbitrairement. Les feuilles de romarin font
recommandées dans l’ufage intérieur, comme fortifiantes,
céphaliques -, bonnes contre l’épilepfie 8c
la paralyfic, hyftériques, apéritives , utiles fur-tout
contre la jauniffe, contre la leucophlegmatie & la
■ cachexie, &c. Ces feuilles font prefque abfolument
inufitées dans tous ces cas, 8c on ne les emploie guère
que dans une feule préparation magiftrale deftinée à
l ’ufage extérieur, favoir le vin aromatique vulgaire,
■ & dans une compofition officinale, favoir le miel de
romarin, melanthofatum.
Les fleurs de romarin, ou pour mieux dire, les calices
de ces fleurs font de toutes les parties de cette
plante aromatique , celles qui contiennent le plus
abondamment le principe odorant 6c une huile ef-
fentielle lorfqu’on les cueille dans le tems balfami-
que , qui eft ici celui où la plus grande partie des
fleurs eft à-demi épanouie. On retire de ces fleurs
une eau diftillée qui eft peu ufitée , une huile effen-
tielle dans laquelle on nereconnoît évidemment que
les qualités communes des huiles effentielles , un ef-
prit ardent aromatique très-connu, fous le nornd’««
de la reine dHongrie , auquel on ne peut raifonna-
blement attribuer aufli que les qualités génériques des
efprits ardens aromatiques. Voyeç Esprit , Chimie ,
O dorant , principe, & Esprit - de - vin ,fous le
■ mot V in.
Une conferve qui eft regardée comme cordiale,
iiomachique, anti-fpafmodique 8c emmenagogue ; 8c
enfin le miel anthofat, dont ncms avons déjà parlé ,
8c qui tte s’emploie guere que dans les lavemens car-
•minatifs.
Les fleurs & les fomnités du romarin entrent dans
un grand nombre de femedes officinaux compofés,
tant internes qu’externes, (f)
KO M A L I A N A civitas, ( Géog. anc. ) ville d’Italie
, dans laCarnie, aujourd’hui Cargna. Baronius,
qui croit que c’eft la ville d’Aquilée , dit qu’elle fut
appellée Romanicia 8c Romana, ou parce que c’étoit
une colonie confidérable des Romains, ou parce
qu’elle avoit été fidele à fes maîtrès. Mais Ortelius
v eu t , avec plus de vraffemblancee, que Romatiana
■ civitas foit le port Romatinus de Pline. Dans ce cas,
•elle pourroittirer fonnom du fleuve Romatinum, qui
mouille la ville de Concordia, 8c qu’on appelle aujourd’hui
Leme ou Liment# (Z?. J. )
ROMATINUM FLUMe n , ( Géog. anc.') fleuve
d’Italie, dans la Carnie, aujourd’hui Carnia , félon
Pline , liv. ITI. c. xviij. quiconnoît une ville dé thème
nom vers l’embouchure de ce fleuve.. La ville
pourroit bien être Concordia. A l’égard du fleuve, on
le nomme aujourd’hui Leme ou Limene. ( D. J .)
ROMBAILLERE , f. f. ( Manne, ) Convention de
planches qui couvrent le dehors du corps de la galere,
8c qui font attachées avec de grands clous de fer à-
travers des madriers 8c des eftemeraires.
• ROMBAVE, f. m. ( Hifi.nat. Bot. ) arbrifleau de
l ’île de Madagafcar, qui donne une gomme très-blanche
8c -dont le boiselt flexible.
ROMBO , f. m. ( Hiß. nat. Ichthiolog. ) nofn que
l ’on donne à Marfeille au turbot. Voye{ T u RB o T.
ROME, ( Géog. anc. ) la ville éternelle. Les anciens
auteurs latins l’ont nommée Urbs, c’eft-à-dire
la ville par excellence, -àcaufe du rang qu’elle tenoit
fur toutes les autres villes du monde; le nom de Rome
, en latin Roma , lui a toujours été confervé. En-
vain l’empereur Commode voulut lui faire porterie
nom de Colonie commodienne; envainle roi desGoths
l'appella Gothic ; envain même l’appella-t-on la ville
d'Auguße, par flaterie pour ce prince ; l’intention
de tous les fouverains qui prétendirent lui donner
leurs noms, n’a point été fuivie par leurs fucceflelirs.
Un prince d’une naiflance incertaine, dit l’abbé
de Vertot, nourri par une femme proftituée, élevé
par des bergers, 8c devenu depuis chef de brigands ,
jetta les premiers fondemens de cette capitale du
mondé, dans la quatrième année de la fixiemêolympiade,
& la fept cens cinquante-troifieme avant la
naiflance de Jefus-Chrift. Il la confacra au dieu de la
guerre , dont il vouloit qu’ori le crût forti ; il admit
pour habitans des gens de toutes conditions 8c venus
de différens endroits , Grecs, Latins , Albains, 8c
Tofcans , la plupart pâtres 8c bandits, mais tous
d’une valeur déterminée. Un afyle qu’il ouvrit en faveur
des efclaves 8c des fugitifs, y en attira un grand
nombre, qu’il augmenta depuis des prifonniers de
guerre, 8c il fçut de fes ennemis en faire les premiers
citoyens.
Il choifit le mont-Palatin pour y placer fa ville
8c il employa toutes les cérémonies fuperftitieufes
que les Etrufques àvoient introduites pour de fem-
blables fondations ; il fit attacher à une charrue dont
le foc étoit d’airain , une vache 8c un taureau, 6s
leur fit tracer l’enceinte de Rome par un profond fil-
lon. Ces deux animaux, fymboles des mariages qui
dévoient peupler les villes, furent enfuite égorgés fur
les autels ; tout le peuple fuivoit la charrue, 8c pouf-
foit en dedans les mottes de terre que le foc rejettoit
quelquefois en dehors ; on foulevoit cette charrue ,
8c on la portoit dans les endroits où l’on deftinoit
de faire des portes^
Comme le mont-Palatin étoit ifolé, on l’enferma
tôut entier dans le circuit que l’on traça , 6c l’on
forma une figure à-peu-près quarrée au pié de la
montagne ; làoncreufa en rond une foffe afîez profonde,
où tous les nouveaux habitans jetterent un
peu de terre des différens pays où ils avoient pris
naiflance, 6c ce trou refta en forme d’une efpece de
puits dans la place publique , où fe tinrent depuis les
cômices.
Rome fut ainfi formée par des hommes pauvres 8c
groffiers; on y comptoit environ mille chaumières ;
c’étoit, à proprement parler, un village, dont les
principaux habitans labouroient la terre ingrate d’un
pays ftérile qu’ils s’étoient partagé ; le palais même
de Romulus n’étoit conftruit que de joncs 6c
n’étoit couvert que de chaume.
Chacun avoit choifi fon terrein pour bâtir fa cabane
, fans égard à aucun alignement ; c’étoit une efpece
de camp de foldats, qui fervoit d’afyle à des
avanturiers , la plupart fans femmes 8c fans enfans,
que le defir de faire du butin avoit réunis. Ce fut
d’uné retraite de voleurs que fortirent les çonqiié-
rans de l’univers, dit à ce fujet l’écrivain des révolu
lions de la république romaine.
Il nous faut prendre de la ville de Rome * dans fes
commencemens, l’idée que nous donnent les villes
de la Crimée , faites pour renfermer le butin, les
beftiaux 6c les fruits de la campagne. Les noms âh^-
ciens des principaux lieux de Rome, ont tous du rapport
à cet ufage ; cette ville n’avoit pas même de
mes, fi l’on n’appelle de ce nom la continuation des
chemins qui y aboutifloient. En un mot, jufqu’à la
prife de Rome parles Gaulois , cette ville n’étoit en
partie qu’un amas informe de hiites féparces.
Telle eft la peinture que nous fönt' les hiftoriens
des commencemens de cette capitale du monde, qui
ne fut jamais plus digne de commander à 1”univers ,
que quand la pauvreté y conferva l’amour des vertus
civiles 6c militaires. Ce furent ces illuftres laboureurs
, qui en moins de cinq cens ans , affujettirent
les peuples les plus belliqueux de l’ Italie, défirent
des armées prodigieufes de Gaulois, de Cimbres 6c
de Teutons, 6c ruinèrent la puiffance formidable de
Carthage.
A peine cette ville naiffante fut-elle élevée àu-
deflùs de fes fondemens , que fes habitans fe preffe-
rentde donner quelque forme au gouvernement; leur
principal objet fut de concilier la liberté avec l’empire
, 6c pour y parvenir , ils établirent une efpece de
monarchie mixte, 6c partagèrent la fouveraine puiffance
entre le chefoii le prince de la nation, unienat
qui lui devoit fervir de confeil, 6c l’aflemblée du
peuple. RomuluS, le fondateur de Rome , en fut élu
le premier roi; il fut reconnu en meme tems pour le
chef de la religion, le fouverain magiftrat de la ville,
6c le général né de l’état.
Ses fucceft'eürs aggrandirent beaucoup la ville de
Rome ; le mont-Celms y fut ajouté par Tullus ; le
Janicule 6c 1’Aventin, par Aricùs ; le Viminal, le
Quirinal, 6c l’Efquilin, par Servius Tullius; ce qùi
occafionna le nom célébré de Septicollis, qu’on donna
à cette v ille,- à caufe des fept collines fur lefquel-
les elle étoit bâtie.
Une des caufes de fa profpérité, c’ eft que fes rois
furent tous de grands perfonnages •; on ne trouvé
point ailleurs , dans les hiftoires, une fuite non-in-
terrompue de tels hommes d’état, 6c de tels'capitaines
, comme M. de Montefquiëu l’a remarqué le
premier. Les ouvrages qui ont donne 8c qui donnent
encore aujourd’hui la plus haute idée de fa puiffance
, ont été faits fous les rois. On peut voir l’étonnement
de Denis d’Halicarnaffe, Ant. romr. I. I II.
fur les égouts faits par Tarquin ; 6c ces égoûts fub-
fiftent encore.
On fait que quelques années avant le défaftre de
Rome parles Gaulois, les tribuns du peuple avoient
voulu partager le fénat 6c le gouvernement de la-république
entre les deux villes de Véïes 6c de Rome ;
après le faccagement de cette derniere , les mêmes
tribuns penferent à faire abandonner tout-à-fait Rome
détruite, à tranfporter à Véïes lé liege deTétat,
6c à en faire la feule capitale. Le peuple fembloit
affez dïfpofé à prendre ce parti, mais Camille l’emporta
fur la faftion des tribuns, 6c d?un confentèment.
unanime, il fut arrêté qu’on rétabliroit la ville de
Rome.
■ On rebâtit les temples fur les mêmes fondemens ;
enfuite on répara les ruines des maifons particulières
; le tréfor public y contribua du fieii, 6c les édiles
furent chargés de régler 6c de hâter les ouvrages’; '
on fit marché avec des entrepreneurs, qui s'obligèrent
d’édifier les maifons dans l’année; le tréfor public
fournit la charpente 6c le baudéau 'pour couvrir
les toits; il y eut ordre à tous les propriétaires des:
campagnes, d ’y laiffer fouir des carrières , 6c de
Tome X I F.
fouffrir qu’on en enlevât gratuitement tes pierrcsi
Enfin tous les Romains mirent la main l’oeuvre, '6c
nul ne fut exempt des travaux ; précédemment les
égoûts publics ne paffoient que fous les rues., on bâtit
alors indifféremment fur leurs voûtes qui fervi^
rent de fondemens j 8c par-là les égoûts eurent leurs
cours fous les maifons particulières. •
Cependant la précipitation fit tort à la féconde
conftruRion de Rome ; les rues demeurèrent étroi*
tes 8c mal alignées; il eft vrai que fur la fin de la république,
6c fur-tout fous Augufte, Rome étant devenue
la capitale du monde, la magnificence aiîg*-
menta dans les temples, dans les palais j 8c dans les
maifons des citoyens ; mais cette nouvelle décora-»
tion ne réforma pas les défauts du plan fur-lequel
on avoit rétabli la ville après fa première conftruc-
•tion : les choies changèrent bientôt après-.
L’incendié de Rome , qui' dura fous le reghe de
Néron fix jours 6c fix nuits , la réduifit prefque en
cendrés, 6t de quatorze quartiers de la ville, quatre
-feulement furent épargnés; tous les foins, dit
Tacite , que fe donna l’empereur, pour lé foùlage»
ment du peuple affligé $ furent inutiles à fa réputation;
onl’accufalong-tems d’avoir été lui-même l’auteur
dé l’embrafement. Quoi qu’il en foit, Néron fe
fervit des ruines de fa patrie pour faire éclater fa magnificence
; il ordonna que fans garder l’ordre ancien
, ni laiffer la liberté aux particuliers de bâtir à
leur fantaifie , comme ils avoient fait jufqu’alors,
ôn tirât au cordeau de grandes rues, on élargît les
places, on environnât les quartiers de portiques que
l’empereur fe chargea de conftruire à fes dépens ,
commé aufli de faire enlever les démolitions 6c les
décombres. "
Le même Néron voulut que les maifons fuffent
voûtées jiifqu’à une certaine hauteur, ôc bâties d’une
pierre'qui réfifte au feu ; il prefcrivit encore que
les particuliers ne tireroient point l’ eau publique à
leurs ufages', afin que l’on eût des réfervoirs auxquels
on pourroit avoir recours en cas d’incendie, 6c que
chaque màifon feroit féparée l’une de l’autre fans un
mur mitoyen; il bâtit pOur lui-même un palais moins
fuperl3e par la dorure, que le luxe avoit déjà rendue
commune, que par les champs, les lacs, les forêts ,
6c les campagnes dont il étoit accompagné. On peut
voir une courte defcription' de ce palais , au mot
Maison dorée.
Les-ordonnances de l’empereur , outre l’utilité
publique, apportèrent un embeiliffement particulier
à la nouvelle ville; quelquesHinscroyoientpourtant
que les anciens bâtimens étoient plus fains,- ou
du moins plus commodes pour le peuple , parce què
les rues étant plus étroites , la hauteur des maifons
garantiffoit des rayons du foleil, qui ne trouvoient
plus d’obftacle par la manière dont on venoit de
bâtir.
Il nous refte quelques defcriptions de la ville de
Rome,, telle qu’elle fe trouvoit vers le fiecle des empereurs
Valentiniens 6c Valens ; 6c dans ces tems-là
elle étoit partagée en quatorze régions , dont nous
avons une description attribuée à P. Viftor. Fôye^
R égions dé Rom e. G’eft'un articlequi fert de fup-
plément à celui-ci, 6c qui nous met en état de paffer
à la defcription de Rome moderne.
Quant aux autres détails qui concernent l’ancièn-
ne Rome, on les trouvera dans ce Di&ionnaire fous
leurs divers articlës particuliers ; il feroit fuperflu
d’en faire ici l’énumération. Je paffe à Rome moderne
, la ville du monde qUi intéreffe le plus la curio-
fité. ( Le chevalier D E J AU COU R T . )
Rome moderne , ( Géog. mod. ) C’eft toujours là
plus fameufe ville de l’univers, quoique l’empire
romain foit détruit. *On fait quelle eft finie efur le
Tibre , erivirôn- à 155 lieues de Turin, à 300 de.
X x ij