fingulier ,foit pour fon ancienneté, foit pour les peintures
en Rue ‘blanc dont il étoit décoré. Foye{ Py ramide
de Cejlius.
Après que l’on a paffé la porte de S. Paul, anciennement
porta Tergemina, ou OJlitnjis, on va à l’églife
de même nom, & qui a été bâtie par Conftan-
tin. Cette églife eft en forme de croix, & a 477 piés
de long fur 2 5 8 de large ; quatre rangs de piliers ronds
qui forment le nombre de cent , la foutiennent ; iis
font d’un marbre blanc, & on prétend qu’ils ont été
tirés des bains d’Antonius»
A environ deux milles de-là font les ruines du prot-
lorium. C’etoit le lieu où la garde prétorienne de
l’empereur logeoit : il étoit hors de la v ille , afin que
les foldats n’y commirent aucun defordre , 6c qu’ils
puflènt fouvent faire l’exercice dans le cirque de Ca-
racalla , qui étoit au voifinage. Ce cirque bâti par
cet empereur, eft le plus entier de ceux qui relient
aujourd’hui à Rome. On y voit le lieu que les Romains
nommoient carceres, d’où partoienî. les chariots
qui couroient dans le cirque, & celui où étoit
l’aiguille appellée meta ; au bout de ce cirque délabré
eft un vieux temple rond, Sc un autre petit
qui lui fert comme d’ëntrée. Ce dernier étoit le temple
de la Vertu , 6c l'autre celui de l’Honneur. Ils
étaient^ joints enfemble, parce qu’on ne peut acquérir
de l’honneur que par la vertu.
En rentrant dans I4 ville par la porte de S. Sébaf-
tien, autrefois porta Capena, on voit le couvent de
S. Dominique, bâti dans le lieu qui s’appelloit autrefois
Pifcina publica, parce que tout le peuple de
Rome venoit s’y baigner.
De-là on va à la porte Latine, d’où l’on fe rend à
l’eglife S. Jean de Latran, regardée comme la première
églife patriarchale de Rome. C ’efl dans cette
églife que le pape nouvellement élu, prend poffeflion
de fon patriarchat. Les pontifes de Rome demeu-
roient autrefois dans le palais voifin ; ce n’eR que
depuis leur retour d’Avignon qu’ils ont choifi leur
demeure au Vatican, 6c dans les chaleurs de l’été à'
Mome-Cavallo. Sixte V. apres avoir réparé le palais
de Latran, fit un bulle pour obliger fes fucceffeursà
y demeurer d’après fon exemple, trois mois de l’année
; mais fes fucceffeurs en ont appelle à eux-mêmes,
6c ont fixé leur demeure au Vatican ou à Monte-
Cavallo.
L’églife de Latran efl fous la protection de l’empereur
6c du roi de France, qui lui a donné l’abbaye
de Clérac, dont elle jouit encore aujourd’hui. Cette
cglife eR vafte, Se a des niches que l’on cht avoir
été conRruites fur les deffeins de Michel Ange ; ces
niches renferment des Ratues, dont les quatreplus
belles ont été faites par des fculpteurs ffançois.-
En paffant le long de la muraille de l’ancien aqueduc
de Clôdius, on arrive à la villa du ducMathéi,
maifon de plaifance toute remplie d’antiquités curieu-
fes, parmi lefquelles ôn remarque les Ratues de Bru-
tus 6c de fa femme Porcia, d’une feule piece ; celle de
Cléopâtre, ceUed’Hercule, celle de trois petits garçons
qui s’embraffent l’un l’autre en dormant ; 6c la
tête de Cicéron. Dans un autre corps de logis, font
la belle Ratue d’Andromède expofée aux monftres
marins, une autre Ratue d’Apollon Riyant Marfias
& la Ratue d’un fatyrequi tire une épine de fon pié!
De ce lieu-là on defcend vers l’ancien amphitéâtre
nommé Colifée, à caufe d’un çoloffe qui étoit auprès.
C ’eft une des plus rares pièces de l’antiquité mais
dont il ne relie que des ruinés ; Vefpafien le’ commença,
6c Dqmitipn l ’acheva. Il eR furprenant que
l’on ait.pu élever des pierres d’une auffi prodigieufe
groffeur , que celles dont ce bâtiment étoit compo-
lé. Martial en parle ee ces termes :
Hic ubi confpicui yenerabilis amphiteatri
Engitur moles yftagna Neronis erant. ,
Ce prodigieux amphitéâtre étoit dé; figure ronde
en-dehors, quoique l’arène fût ovale. Il côntenoit
quatre-vingt-cinq mille fpeélateurs, & étoit quatre
fois plus grand que l’amphithéâtre de Vérone ; les
colonnes du troifieme ordre, 6c les pilaflres du quatrième,
a voient le chapiteau corinthien. v ‘
On voit encore près de cet amphithéâtre, les ma-
fures de briques qui compofoient autrefois là belle
fontaine qu’on appelioit meta Jiulans; elle fournif-
foit de l’eau à ceux qui' fe trouVoient à ces fpeélà-
cles.La façade étoit revêtue de marbre ;& fur le haut
il y avoit une Ratue de cuivre qui repréfentoit Jupiter.
L’arc triomphal de ConRantin eR aux environs
du colifée.: Il eRaffez bien confier vé, mais il y a quelques
Ratues dont ôn a enlevé les têtes; 6c on en accule
Laurent de Médicis, qui, à ce qu’on dit, les fit
porter à Florence. Les connoifîeurs remarquent que
les bas-reliefs de ce monument ne font pas d’égale
beauté ; ce qui fait foupçonner que les meilleurs
morceaux furent empruntés quand on l’érigea.
De-là on fe rend aux thermes d’Antonin, qui par
leur magnificence, refiëmblent plutôt à une ville
qu’à des bains. Olympiodore dit qu’ils avoient feize
cens fiéges de marbre, pour avoir autant de perfon-
nes qui auroient voulu s’y baigner. Dans quelques^
uns de ces bains , les bancs étoient couverts de lames
d’argent, 6c d’autres avoient dès canaux de
même mctal, par où l’eau couloit. Ils étoient d’ailleurs
ornés de Ratues1, de tableaux 6c de pierres pré-
cieufes ; aujourd’hui ce n’eR plus qu’un endroit de
récréation pour un trifte féminaire.
Entre le mont Aventin 6c le mont Palatin, on peut
obferver le lieu où étoit le grand cirque. Tarquihiiis
Prifcus le commença, 6c Jules Cé far, auRi-bien
qu’AuguRe, l’augmenterent beaucoup. Il avoit trois
Rades Ré longueur, 6c quatre arpens de largeur.
Trajan 6c Héliogabale l’embellirent de Ratues 6c de
colonnes ; cent cinquante mille hommes pouvoient
tenir aifément dans les trois galeries qui étoient couvertes;
l’une étoit pour les fénateurs, l’autre pour
les chevaliers, 6c la troifieme pour le peuple. Les
obéhfques qui font aujourd’hui à la porte delPopolo
6c à S. Jean de^ Latran, étoient dans le cirque. Il y
a plufieurs voûtes fous ce batiment ; c’étoit là que
les courtifanes établiffoient leur honteux commerce
»
Du grand cirque en allant à l’églife de S. George,
on voit les ruines du palais des empereurs , appellé
palano maggiore. Il occupoit prefque tout le rnont
Palatin. L’églife de S. Anaflalè qui' eR fur çe'mont,
étoit autrefois le temple de Neptune. Près de-là étoit
le: temple- de Janus - quadrifrons, parce qu’il y avoit
quatre portes, & trois niches dans chaque face de
qùarrë ; cë qu’on peut prendre pour, les quatre fai-
fons, 6c pour les douze mois de l’année. L’eau du
Tibre couloit jadis près de l’églife de faint George,
6c on appelioit ce bras de riviere velatum^ à caufe
que l’on y paffoit en bateau avec une petite'voile
dans un vent favorable ; on va de-là à l’églife ronde
de faint Théodore , qui à ce qu’on croit, étoit anciennement
le temple de Rémus 6c de Ilomuliis. Il
faut peu monter pour aller à l’hôpital dë Notre-
Dame de Gonfolation, qu’on prétend avoir été dans
l’antiquité le temple de Vefta.
L eglife de S ancla-Maria-Libératrice eR au pie du
mont palatin, près de l’endroit nommé1 locus curtii.
Ce fut la que s’ouvrit un gouffre d’où fortoit une
puanteur infupportable, 6c qui ne fe refermâ qu’a-:
près que Curtius, chevalier romain, s’y fut précipite
à,cheval pour le bien ;de fa patrie.
En tournant à droite, on -trouve le jardin-Farnèfe.
Il eft rempli de jets d?eau 6c de grottes, 6i au -deffus
font des lieux de promenade-,; d’où l’on déeo’uvre lé
grand cirque. En continuant de marcher à droite ôn
arrive à l’arc triomphal de Titus ; il fut érigé pour le
triomphe de ce prince, après la prife de Jérufalem.
Cet arc;eft fur-tout remarquable par fes bas-reli‘êfs ,
qui repréfentent le candélabre, la table, les trompettes
du grand jubilé -, 6c quelques vàifffeaux qui furent
apportés du temple ; cet arc efl dans la rue fa-
crée, au pié du mont Palatin.
Le temple de k P ace, c’efl - à - dire de la Faite,
n’eR pas loin du campo Vaccino , maison n’en voit
plus que des ruines, quoique ce fût un des plus fu-
perbes édifices de Rome. Vefpafien l’avoit élevé, 6c
y avoit mis les dépouilles du temple de Jérufalem.
Voye^ T emple de la Pa ix .
Plus avant eR l’églife de faint Laurent in Miranda,
c’étoit anciennement un temple que l’empereur An-
tonin dédia à l’impératrice Faufline fon époufe, dont
il ne put jamais faire une honnête femme pendant
fa vie ; le veflibule de cette églife eR magnifique.
Le capitole moderne efl bâti fur les ruines de l’ancien
capitole, tout y efl plein de pièces antiques,
dont la defeription feroit un volume. Il fuffira de dire
ici qu’on y remarque la louve dè bronze qui alaite
Rémus 6c Romulus ; les quatre grands reliefs repré-
fentant plufieurs traits de l’hifloire de Màrc-Aurele,
la couronne roflraie du conful Duillius, qui eut le
premier dans Rome l’honneur du triomphe naval ; le
courier qui s’arracha une épine du pié, après avoir
apporté de bonnes nouvelles ait fénat, ayant mieux
aimé fouffrir de grandes douleurs dans fon voyage,
que de retarder la jqié publique ; les bufles de Cicéron
& de Virgile; les quatre anciennes mefures romaines,
une pour l’huile, une autre pour lé grain,
& deux autres pour le vin ; la nourrice de Néron qui
le tient par la main ; la déeffe du filénce ; le dieu Pan ;
les trois Furies ; une Ratue de Céfar aveç fa cuiraffe ;
une Ratue d’Augufle ; celle de Caflor 6c de Pollux ;
les débris des colonnes d’Apollon, de Domitien, 6c
de Commode ; le lion qui dévore un cheval ; les trophées
que quelques-uns difent être de Trajan, & les
autres de Marius. Les deux chevaux de marbre qui
fe voient dans la place du capitole, ont été enlevés
du théâtre de Pompée ; 6c la Ratue équeflre de bronze
que l’on voit dans le même lieu, y fut mile par Paul
III. On croit que c’efl la Ratue de Marc-Aurele.
Pour ce qui efl du milliarium, ou colonne milliaire
du capitole. V~oye{ Mï Ll ià iRE»
On monte enfuite au palais de faint Mürc, qui appartient
à la république de Venife , & où logent les
ambaffadeurs qu’elle tient à la cour île Rome. D u palais
de faint Marc on va au mont Qiiirinal , appellé .
préfentement Monte - cavallo^ 6c en paffant par le
quartier de la ville, nommé autrefois forum Trajani,
on s’arrête à confidérer la célébré colonne de T rajan,
érigée par le fénat en l’honneur de cet empe- -
reùrf Foye^ T rajane , colonne.
La' place de Monte-cavallo eR remarquable par les'
Ratues de deux chevaux en marbre que deux hommes
tiennent en main par les rênes dont Tiridate,
roi d’Arménie , fit préfent à Néron. Sur le piédeflal
de l’une on lit , opus Phidiee ,• & fur celui de l’autre,
opus Praxitclis. Ce font ces chevaux qui donnent
préfentement le nom à la montagne fur laquelleétoit
les bains de ConRantin. Le palais que le pape' occupe
en été efl vis-à-vis. L’églife de faint Pietre àux-liens
n’eflpas éloignée de Monte-cavallo ; c’efl dans cette
églife qu’efl la Ratue de marbre de Moïfe par,Michel
Ange.
L’églife de fainte Marie majeure efl là plus grande
églife de cplles de Rome qui font dédiées à Notre*-
pame , 6c c’efl de - là qu’efl venu fon nom ; elle efl
fur le mont Ëfquilin , au bout de la rue des quatre
fontaines ; on vante beaucoup fes deux chapelles,
qui ont été bâties par Sixte V. 6c par Paul V.
La porte delpopolr, du peuple ou des peupliers,
s appelioit ancienhement là porte Flaminiehhe\plîêfe
qu’elle étoit fur la voie Flamihienne. Les uns jirétefi4
dent qu’oii la doit nommer la porte des p'éüptiers*
à camé de la quantité d’àrbreS dë cettè efjiecè
qu’il y avoit dans cet éndroit ; les autres tirent
ion nom d’une églife de Notre-Dame, qui eR à gauche
en entrant dâns là ville ; 6c qui fut bâtie par lé
peuple romain, à là fin du ortzieme fieclè ; dails l’endroit
où étoit le tombeau de Néron, 6c mi’oh appellâ
à caufe de cela Notre- Danrè du peuple. La porté qiié
l’on voit aujourd’hui a été bâtie fous lë pontificat dë
Pie IV. par Vignole* fur les deffeins dé Michel-Angé
Buonarota. Elle efl de pierfe traveflinë, ôrrtéê de
quatre colonnes d’ordre dorique ; dbnt les piédeflaux
font d’une hauteur qu’on ne peut s’empêcher dë cri^
tiquer, malgré le refpeft que l’on a pour ceux qui
ont conduit l’ouvrage;
L’entrée de Rome par tèt éndroit, eft la feule qui
plaife à la vue ; on y trouve une place triangulaire j
ouverte par trois rues, longues; droites, & largés;
celle du milieu eft la rue du cours, il cbrfô, ainfi
nommée, parce qu’on s’y prbmeiie en càrrofle pour
prendre le frais, 6c qu’elle fert aux Courfes des chevaux,
6c aux divertiffemens du carhaval ; Une de
ces rues pafls par la place d’Efpàgné, qüi eft le lieii
le plus fréquenté des étrangers qui viennent à Rome*
Après avoir paffé devant l’églife des Grecs, qiî
vient au palais du grand-duc, où l’on remarque éiF
tre autres antiquités, les Ratues de deux lutteurs,
& celle d’un payfan, qui en aiguifant fa falilX, em
tendit les complices de Catilina s’entretenir de îeui1
confpiration, qu’il découvrit au fénat; c’eft une très^
belle piece, mais les Ratues deVénüs 6c de Cüpk
don font incomparables»
C’eft encore ici le palais de$ Barberinâ, l\tn des
plus beaux de Rome, tant pour fa fituation du côté
de la montagne, que pour fes riches âppartëmenSi
II y a deux efcaüers qui font des chefs-d’oeuvré ; 6c
Pierre de Cortonne s’eft épuifé pour embellir le plafond
de la grande falle ; la galerie eft. ornée dë ta*
bleaux 6c de rares Ratues.
La colonne Antonine qui Rit ànciëhrtémértt éîevéë
par Marc-Aurele Antonin 6c par le fénat, en l’hon*
neur d’Antonin Pie, eft dans la même riie delCbrlo*
Foye{ Colonne antonine»
On arrive enfuite à l’églife & au êolivent des
dominicains, appellé la Minervd, parce qu’ils font
élevés fur les ruines du temple de Minerve, lequel
renfermoit un bien plus grand efpace qvie celui
qu’occupent aujourd’hui-l’ëglife 6c lé coiiVettt. Ort
admire dans cette églife le Chrift de Michel-Ange*
La figure eft de marbre blànc, de grandeur ttatu-*
relie, entièrement nue, faiis la moindre draperie,
G’eft un ouvrage fini, d’un goût exquis, & felort
les Romains, inimitable. Les dominicains couvrent
avec une riche écharpe la nudité de là figitre»
Ant. de Saint-Galle fut le premier entrepreneur
du palais Farnèfe. Il le commença feulement, 6c Mi*
chel-Ange en eR regardé comme le principal ârChi*
tette. La façade de ce bâtiment eft large de cént qtta*
tre-vingt piés 6c haute de quatre-vingbdiX. Les por*
tes, les croifées, les encoignures, la corniche 6c tôii*
tes les pierres principales font des dépouilles du cb*
lifée. On a ainli détruit une grande partie dë Ce rner*
veilleux monument. On en a bâti prefqüe tôuf lë
grand palais de la chancellerie, auffi-bien que l’églifë
de faint-Laurent inDamafo. Au lieti de conferver Cés
précieux refles de l’antiquité, comme à fait Sixte V,
à qui Rome moderne eft redevable de la plus grândè
partie de fa beauté, il s’eft trouvé plufieltrs papes
qui ont contribué eux-mêmes à faire le dégât» Iftrida
cent VIII ruina l’arc gordien poiir bâtir une églife i
Alexandre VI démolit la belle pyramide de Scipioft,
pour paver lès nies des pierres qu’il éri ôtà. LëS dè»i