
«conquérant ; Verulamius , eft mylord Bacon.
Cet ouvrage eft compofé de trois parties ; les préliminaires
, -accompagnés d’une fedtion intitulée: Le
-<onfe'd des Légfiateurs. Suit le plan de la'république
o u le corps de l ’ouvrage, ôc enfin les corollaires ou
la conckifion.
Les préliminaires contiennent les fondemens, l’origine
8c les effets de toutes fortes de gouvernemens,
monarchique , ariftocratique ou démocratique. 11
parle de la corruption de ces diverfes efpeces de
gouvernemens , d’où naiffent la tyrannie , l’oligarchie
ôc l’anarchie.
Dans la première partie, il traite en particulier
de ce qu’il appelle la prudence ancienne, c’eft-à-dire
de cette efpece de gouvernement qui fut la plus commune
dans le monde jufqu’au tems de Jules-Céfar.
Il s’agit dans la fécondé partie , des préliminaires,
de la prudence moderne, c’eft-à-dire de cette efpece
de gouvernement qui a prévalu dans le monde, après
que Rome eut perdu fa liberté. L’auteur s’attache
particulièrement aux lois établies, depuis que les
peuples barbares eurent commencé à inonder l’empire
romain. Il donne une idée claire Ôc jufte de la
maniéré dont l’Angleterre a été gouvernée par les
Romains, les Saxons , les Danois 8c les Normands,
jufqu’à l’entiere ruine de ce gouvernement fous Charles
|
On voit enfuite le confeil des légiflateurs, car l’auteur
travaillant à donner le modèle d’un gouvernement
parfait, avoit étudié à fond les gouvernemens
anciens 8c modernes, pour en prendre tout ce qui
lui paroîtroit praticable, 8c pour éviter tout ce qu’il
y trouveroit d’impraticable. Dans ce deffein , il introduit
fous des noms feints, neuf légiflateurs parfaitement
inftruits des diverfes efpeces de gouvernemens,
qu’ils doivent faire connoître. Le premier eft
chargé d’expofer le gouvernement de la république
d’Ifraël ; le fécond , celui d’Athènes ; le troifieme ,
Lacédémone ; le quatrième, Carthage ; le cinquième
, les Achéens , les Æoliens & les Lyciens ; le fi-
xieme , Rome ; le feptieme, Venife ; le huitième ,
la Suiffe ; ôc le neuvième , la Hollande. Il tire ce
qu’il y a de bon de ces divers gouvernemens, 8c en
y joignant fes propres idées, il en forme le plan de
l’on océana. La méthode dans fon plan de gouvernement,
eft d’établir d’abord une lo i , d’y joindre en-
fuite l’explication, ôc de l’accompagner d’un difcoiirs
qu’il fait faire à quelqu’un des légiflateurs.
Les divers corps de la république (qu’il en appelle
les roues, the orbs ) étant civils, militaires ou provinciaux
, font fondés fur la divifion du peuple en quatre
ordres. Le premier, des citoyens ôc des domef-
tiques ; le fécond, des anciens ôc des jeunes gens; le
troifieme, de ceux qui ont un revenu annuel de ioo
liv. fterling en terres, en argent ou autres effets ;
ceux-là compofent la cavalerie , ôc ceux qui ont un
moindre revenu, l’infanterie. En quatrième lieu, ils
font partagés félon les lieux de leur demeure ordinaire
, en paroiffes, centuries ôc tribus.
Le peuple eft le tribunal fuprème de la nation,
ayant droit d’entendre ôc de décider les caufes d’appel
de tous les magiftrats , ôc des cours provinciales
ou domeftiques ; il peut aufli appeller à compte tout
magiftrat, quand il eft forti de charge, fi les tribuns
ou quelqu’un d’entr’eux propofe la chofe.
L’auteur détaille enfuite fes idées fur le corps militaire,
fur l’armée, ôc fur les polémarques.
Enfin dans les corollaires, il explique comment on
peut achever l’ouvrage de fa république ; il né fe contente
pas d’y développer ce qui concerne le fénat oc
l ’affemblée du peuple, la maniéré de faire la guerre,
& de gouverner en tems de paix ; il y parle encore
de ce qui regarde la difeipline à l’égârd de la religion
, des moyens d’affurerla liberté de eonfeience,
de la forme du gouvernement particulier pour I’E-
coffe-, l’Irlande, ôc les autres provinces de la république;
du gouvernement de Londres ôc de V e f t -
miofter, qui doivent être le modèle du gouvernement
des autres villes ôc communautés.
Il y donne des dire&ions pour faire fleurir ôc pour
augmenter le commerce ; des lois pour régler les uni-
verfités ; des avis pour l’éducation de la jeuneffe ;
des confeils pour faire utilement la guerre fur mer,
pour établir des manufactures, pour encourager l’agriculture.
Il propofe des réglemens fur le droit, la
médecine, la religion, & fur-tout fur la maniéré de
former un gentilhomme accompli. Il y parle du nombre,
du choix, du devoir, des revenus des magiftrats
, de tous ceux qui ont quelque charge dans l’état
; enfin de toutes les dépenfes qe la république.
Je me fuis étendu contre ma coutume, fur cet ouvrage
profond , parce qu’il eft peu ou point connu
des étrangers. A peine eut-il paru, qu’il fut attaqué
bien ou mal par divers écrivains. Pour moi, je penfe
avec l’auteur de Yefprit des Lois, que M. Harrington,;
en examinant le plus haut point de liberté où la con-
ftitution de l’Angleterre pouvoit être portée, a bâti
Chalcédoine, ayant le rivage de Byfance devant les
yeux. Je ne fai comment il pouvoit efpérer qu’on
regarderoit fon ouvrage, autrement qu’on regarde
un beau roman. Il eft certain que tous les efforts ont
été inutiles en Angleterre , pour y fonder la démocratie
; car il arriva qu’après bien des mouvèmens,
des chocs ôc des fecouffes, il fallut fe repofer dans le
gouvernement même qu’on avoit proferit, où d’ailleurs
la liberté politique eft établie par les lois, ÔC
l’on n’en doit pas chercher davantage.
Quoi qu’il en fo i t , l’auteur donna en 1659 , un
abrégé in -8°. de ion Océana. Il eft divifé en trois
livres, dont le premier roule fur les fondemens 8c la
nature de toutes fortes de gouvernemens. Dans le
fécond, il s’agit delà république des Hébreux ; ÔC
on trouve dans le troifieme, un plan de république
propre à l’état où fe trouvoit la nation , angloife. Il a
mis à la fin une petite diflertation intitulée : Difcours
touchant une chambre de pairs.
Le recueil de tous les ouvrages de ce beau génie,
a paru à Londres en 1737, in-folio; fur quoi, voye£
biblioth. B rit an. tom. IX . part, II. art. 10.
Au refte, l 'Océana d’Harrington , comme le dit
M. Hume, convenoit parfaitement au goût d’un fie-
c le , où les plans imaginaires de républiques faifoient
le fujet continuel des difputes ôc des converfations ,
ôc de nos. jours même ; on accorde à cét ouvrage le
mérite du génie Ôc de l’invention. Cependant la perfection
ôc l’immortalité dans une république, paroî-
tront toujours aufli chimériques, que dans un homme.
Il manque au ftyle d’Harrington, d’être plus facile
ôc plus coulant ; mais ce défaut eft avantageufe-
ment compenfé par l’excellence de la matière. ( Le
chevalier D E J A U COU R T . )
RUTUBA , ( Geog. anc. ) fleuve d’Italie, dans la
L igu r ie fé lo n Pline, liv. III. c. v. Lucain , liv. II.
v. 422. lui donne l’épithete de Carus ; à moins qu’il
ne veuille parler du fleuve Rutuba, qui, félon V i-
bius Sequefter, p. 33 G. prenoit fa fource dans l’Apennin
, ôc fe jettoit dans le Tibre. Le P. Hardouiil
ne connoît point deux fleuves du nom de Rutuba ;
du-moins il applique au Rutuba de Ligurie le paffage
de Vibius Sequefter, Rutuba ex Apennio, fans s’em-
barraffer de ce qui fuit, in Tyberium fiuit. Il eft vrai
que Smiler dans l’édition qu’il a donnée de Vibius
Sequefter, fait entendre qu’il vouloit lire in Tyrrhe-
num fiuit, au lieu à’in Tyberim ; dans ce cas le fen-
timent du P. Hardouin pourroit fe foutenir. Une au*
tre choie fait encore en fa faveur ; c’eft que les ma-
nuferits de Vibius ne font point d’accord fur cet endroit}
les lifts ment in Tybrin , d’autres in Tybèrifti*
Ôc d’autres, in Tyberinisi (D . J.)
RÜTÜLÊS , LF.s, R ut uU, ( Géogr. and.) anciens
peuples d’Italie clans le Latium, Ils habitoient le long
de la mer,, ôç.éîoient voifins des Latini, dont on ne
peut guere les diftinguer, parce qu’ils furent confondus
av.ee; ces.derniers après la viétoire d’Enée. Virgile
parlé béaùcoup des Rutules dans, les derniers livres
dq fon Enéide. Leur capitale étoitArdea, félon
Titc-Live, l.‘ l . c. lvij, "Ôc Virgile, Æneid.I. VU.
verf 4ojfc!.47,/;£yf'2.. dit- la même choie, (D . J . f
. RUTifN IUM ,. (■ Géog.' ajic. ) ville de-la grande-
Bretagne : l’itinéraire d’Aitfoninla met fur la route
clu> retrançheftient à Portas Ritupæ , entre Mediala-
numôc Vkocpnium, ,à 12 milles du premier de ces
lieux , •&£ 1 1 .milles du fécond. Çambden,; dit que; le
qom ipp,deme. eîTRouton dans,le Shropshire. (D i J.)
. Gfog..tmc. ) ville delà grande.Bretagne
,,PtojQmee la donne aux peuples Canti j ôc la
jnarqite^^uyoifinage de Darncruum.. Qqoiqûe voifine
de la iner, elle de voit en être à quelque diftance,
cM A & met dans les terres r, ôc on veut que ce foit
âujo;urd!hui le bourg appelle: Riçheborough. Mais elle
ayojt imjß9rt[;plus avantageux' q^’M n’eft préfente-,
ment. Les poètes l’ont célébré, On lit dans Lucain,
Aw'vaga-qitàrh Tcthys Rutüpinäque Uttord fervent
Unda'caledohiös fallït iÙrbàia’Briiannosd
Et| dansjJuyenal, Safyr. IV. vçrf jA.Or,
Circei's^nâèciforirvt an
9 Lücnnitm-âfSaxum , Rutup.ino ne édita fündö. '. "
. Çe,port eljt, appelle ppmisjlitupoe dans, :l’itipér^ije.
d’Anîdnin, Ritupæ par Ammian Marcellin.,: L\XfÇ...
cti/.r8t;/.J XXVIL-c, viij,,ê§I^Ut-ftpi-dai|S la notice des
dignités, de. l’empire. 11 étoit fi fameux, que fon nom-
a,été employé-ppur. défigner tput,e; la grande fBre-.
tagne. C’eft dans ce fensjqu’^ufone, parental. 18. a
dit ^nvpgrkjßt-jde S. Iflayi.UiS 1 ... :
Proefidéiatatur ^«o Rutupinus :’itger,
Et parlant de là ville; d’Aqyiilée.
: Félix epita tanh fpectatrix lata triumphi
' Punifii Alrfonio Rutuphïunimarte latronèni.
Par Rutüpinurn latronètn , ilfentend Magnus-Maxi-
tnus , meurtrier de Gràtren , qui s’étoit emparé du
pouvoir touyerain dans.la;'grande'Brétagnë , ôc que
Théodofe fit mourir dans da ville d’Aquiiée.' Voyetp,
Zofime, /; IV. c. xxxv. & xlvj. où ce fait eft rappor-
t é , ................!■
RUTY-PUNDOC, fi- ni;. ( Hiß. nàt. ) j'nôm que
donnent les habitans. des.Indes. orientales à une ef-j
pece particuliere:d’o/pi//ze/zr'jaune,. qui fe trouve fur
leurs montagnes:; ils lè calcinent pluiieurs. fois.,. Ôc le,
donnent enluite intérieurement dans les toux invé->
terées ; les .anciens Grecs faifoient le même ufa*
ge ; fl feroit naturel de. penlèr_que cet orpiment elb
un poifon funefte ; mais Boerhaave qui en a reçu des
Indes orientales, nous affûre dans la chimie fur fes
propres expériences, que c’eft un remede véritablement
innocent, ôc qui ne produit aucun fâcheux effet,
( « • U
RUT RU M , f. m. ( Antiq. gymnaß. ) forte de bê-*
ch©j de hoyau , de truelle des anciens ; c’étoit un
inftrument avec lequel les athlètes s’exerçoient à remuer
la terre ou le fable du ftadç, pour fortifier les
parties fupérieures de leur corps : on doit rapporter
a ce mot ce paffage de Fcftus : Rutrum tenentis juve-
ms efi effigies in capitoho, ephebir more Gracorum > are-
nam mentis, exercitationis grand ; quod fignum Pom-
peius Bithynicus ex Bithyniâ fupelleclilis régi te Romani
deportavit ; c’eft-à-dire , « on voit au capitole la ftaw
tliê d'iin jeune homme qui tient une petite truelle,
» avec laquelle il femble s’exercer à jetter du fable à
» la maniéré des Grecs : cette ftatue fut apportée de
» Bithynie à Rome par Pompée ». (Z>. / .)
RUTUMÉNIENNE j PORTE rutumenia porta j
(.Antiçuit. rom.^ ancienne porte de Rome ainfi nommée
d’un certain cocher „ appellé Rutumenius , qui
ayant remporté la viftoire à la courfe des chevaux
dans l’efpace de Veyes jufqu’à Rome, entra vainqueur
par cette porte. (i>. J.\
RUVO , ( Geog. mod. ^ ville d’Italie au royaume
de Naples , dans la terre de Bari, à 5 milles au midi
de Bifeglia , avec un évêché fondé dans le x. fiecle
ôc fiiffragânt de Bari. Ruvo eft l’ancienne Rubi d’Horace
I. fat.v. Long. 34. / 2, latit. 40. SG. (D. ƒ .)
RU Y S , {Géog.mod. )-petite prefqu’île deFrancei
en Bretagne , au dioçèle de Vannes , avec une abbaye
de Porclre de S. Benoit. Il y a un gouverneuft
dans.cette prefqulle.. (D . J.')
. RU.YSGH, membre de , (Anat.') natif d’Amfter*
dam, fut profeffeur d’Anatomie , de Botanique ôc de
Chirurgie. 11 qqus a laiffé différens ouvrages. Outre:
toutes fes différentes découvertes f nous lui avons
obligation d’avoir perfectionné les injeClions ; il y a
differentes parties dans le corps qui portent fon nom î,
telle.eft une membrane, de l’oeil., appellée.membrane
d,e Ruyfchy le tiflù cellulaire de Ruyfch,,.<S,c. Voyez
OEil & C ellulaire.
. RUYSCH1ANA , f. I. fHifi.'nat, Botan,)giçï\rç <[(^
plante, dont voici les carafteres;. Sa racine eft vivace*
ôc la feuille moins épaiffe que celle du romarin ; le.
cafque eft creux ÔC déeOupé en deux-,lèvres ; la barbe
l’eft.en trois,; le fegmentdu milieu. ,,qui avance en-,
dehors, eft divifé en deux parties, ôc roulé ..en forme,
de fpirâle.' Les fleurs fonttrès-belles-, d’abord difpo-
fées de fix en fix par anneaux, & enfuite raffemblées,
eri forme d’épi. Boerbaave.nei compte qu’une feuleî
efpece de ce:genre de plante * qui a.pris.Ibn nom do.
célébréRuyfch, à qui l’Anatomie délicate.doit beau»;
coup due choies ciurieufes, ( D . J. ■ ).
R Y
RY'^. ( Géog, modé.f -Nhliage de. baffe Normandie *
entre Argentan ôc balai fe. Je ne parle de ce village
que parce que c’eft le lieu de lanailfaneeffe l’hiftoriea
Mezerâi. Après s’être enfermé.pendant quelques années
au college de Ste Barbe , il publia .en 164 < le.
premier, volume de fon hiftbire de France: ih-fol. le
fécond en 1646 , ôc le .troifieme en Get ouvrage
fut récompenfé d’une penfion;de.4000 livres»
Dans la fuite ,. aidé des confeils de MM, de Launoi:
& Dupuy, il mit au jour un abrégé de forn hiftoire
de France en 1668, en trois volumes bz^.-dansilef*
quels i l inféra l’origine des impôts , avec;des réfie-*
xionsfort libres ; fa penfion fut fupprimée, mais fon
abrégé n’en fut que plus recherché. Mezerai eft iné*
gaf dans, fon ftyle , ôc peche fou.v.ent contre Kexaûi-
tude qui eft.une chofe toujours, néceffabe.à Phiftoire;
Il mourut en 1683 a 73 .ans, étant fecrëtaire de l’à-
cadémieFrànçoife. (D . J .)
RYE , (Géogr-. mod.) ville d’Angleterre, dans la
partie orientale du comté de Suflex, à l’embouchure
du Rother. Elle fut environnée de murailles par
Edouard III. Elle députe au parlement, 8r a droit
de marché public. Enfin c’ eft un des cinq ports du
royaume , ôc qui eft très-fréquenté. On y aborde ordinairement
en venant de Dieppe, ôc on y pêche de
bons harengs, Long. 18. zG, latin So. Sz. (D , J.)
R Y EG A TE, ( Géogr. mod. ) ville d’Angleterre ,
dans la province de Surrey, à 1 1 lieues au lud-oueft
de Londres, Elle envoyé deux députés au parlement*
Long, iy .10 . latit. Si. 24. (D . J. )
R Y P , (Géogr. mod.) village entre Alemaar ôc Pur