dans cette eau lorsqu’elle eft refroidie : te fe l fédatif
qui a refté dépoféau col de la cornue, y e f t attaché
en forme de petites lames ou aiguilles d’une ténuité
ou légèreté finguliere, qui bouchent toute la capacité
de ce col. Autant ce Jël paroît volatil 6c leger,
lorfqu’il eft uni à l’eau, autant eft-il fixé lorfqu’il en
eft dépourvu : ce qui fait que ces fleurs ou Jels qui
font placés fur la partie du col de la cornue , la plus
voifine de fon corps 6c la plus échaufée, fe fondent,
perdent l’eau de leur cryfiallifiition, 6c affe&ent fans
fe fublimer, la figure & refl'emblance d’un verre. De
même le f û J'ëdatif expofé Subitement à une chaleur
'violente, fe fond , perd la moitié de fon poids , 6c
fè change en v erre, lequel peut reprendre la forme
première Si on le fait difioudre 6c recryftalliier dans
l ’eau.
La méthode de retirer\e fe l fédatif par eryftallifa-
tion,'que l’on doit à M. Geoffroi (yoye^ fon mémoire
dans ceux de l'académie, 1731) eft plus facile, mais
n’eft pas préférable à celle que nous avons décrite,
en ce que , lors de l’évaporation du fluide Superflu ,
il fe fait une perte aflez confidérable du felfédatif qui
s’élève avec lui.* & qu’il eft bien difficile d’avoir dans
une grande pureté 6c Sans mélange d’acide 6c de fe l
de Glauber, les derniers Jels que l’on retire à la fui-'
te des évaporations 6c cryftallilations ménagées : en
•voici le procédé.
A une difîblution de quatre onces de borax, dans
fuffifanté quantité d’eau, l’on ajoute une once deux
gros d’huile de vi t r iol i l Se fait une eftérvefcence
aflez confidérable , lors de la- réaélion de l’acide vi-
triolique. Sut l’aLkali du borax ; les liqueurs fe troublent
, mais il ne paroît point encore de fe l fédatif.
On fait évaporer la liqueurâùne douce chaleur, jul-
qu’à ce que 1 ejelfédatif (e faffe appercevoir à la fur-
face de l’eau, Sous la forme de petites lames fines 6c
brillantes. ; une évaporation plus continuée fait accumuler
&; ,groupper enfemble ces petits cryftaux,
qui devenus plus pefans, gagnent le fond de la liqueur
& Souvent affectent des formes différentes ; on
laiffe refroidir l’eau Sans l’agiter , puis l’on retire par
décanration les fels qui Sont formés , on les lave rapidement
avec de l’eau froide , pour leur enlever,
le plus qu’il eft pofïible, 1 eau de la cryftallifation qui
lui communiqueroit une portion du fel de Glauber ,
qu’elle tient en diflblution ; on fait encore évaporer
peu-à-peu la liqueur Saline reliante, pour en Séparer
tout le/«/fédatif, 6c lorfque les liqueurs n’en donnent
plus , on peut faire une évaporation plus confidérable
, laquelle produit des cryftaux de Jël de Glauber
; l’étiologie de cette opération eft fondée fur ce
que le fel de Glauber eft plus fbluble dans l’eau,
que le fe l fédatif ; ce dernier l’eft même beaucoup
moins que le borax , ce qui fait que l’eau qui tenoit
le borax en difîblution tranfparente, avant l ’addition
de l’acide vitriolique , n’eft plus capable de le faire,
lorfque le fe l fédatif commence à Se débaraffcr de
l’alkali minéral qui lui communiquoitfa diffolubilité,
mais ce n’eft encore qu’une pouffiere fine 6c Subtile
qui altéré la tranfparence du fluide dans lequel elle
nage, une évaporation ménagée lui donne l’arrangement
néceflaire, 6c le fel Jedatifyzroit tout formé,
il ne différé de celui qui eft fait par Sublimation, qu’en
ce qu’il eft moins leger que cé dernier, & que Ses
cryftaux font plus épais 6c moins bien figures ; on
connqit que leJ'el fédatif j fait par cryftallifation, eft
pu r, lorfque expofé au Soleil, il ne tombe pas en ef-
florefcence comme le fe l de Glauber, & qu’il n’a
point le goût de borax.
Le fe l fédatifn’eft pas un acide, comme on auroit
quelques raifonsde le Soupçonner , il ne change ,pas
les couleurs bleues des végétaux en rouge, & ne fermente
pas, avec .les alkalis , quoiqu’il s’unifie avec
eux ; il n’eft pas non plus de la nature des alkalis volatils
j nous avons fait voir que fa volatilité n’étoit
qu’accidentelle ; il précipite à la longue quelques
Solutions métalliques , comme le mercure diflous
dans l’acide nitreux & dans le muriatique ; cette propriété
peut être due à une légère portion d’acide vitriolique
qui lui refte uni dans l’eau de fa cryftallifa-
t on; il a beaucoup de rapport avec 1e fel microcof-
mique. S e l m i c r o g o s m i q u e . Outre ces précipitations
qui leur font communes , il décômpofe:
comme lu i, les fels neutres à bafes aikalines, il fe
vitrifie facilement, vitrifie aufli avec lui un grand
nombre de fubftances , il forme avec lé tale & les
fpats un verre opaque 6c inaltérable à l’air , facilite
la fufion des fubftances les plus refraftaires , 6c ces-
fels ontplufieurs autres reffemblances q.uivraiffem-
blablement tiennent à la nature des principes de leur'
compofition qui nous eftencore inconnue.
Le fe l Jëdatif eft leger , talqueüx, doux , & gras
au toucher ; il a une faveur fraîche, acidulé 6c ame-
re ; il fait du bruit comme le tartre vitriolé, lorfqu’on
le mâche; nous fufpeûons avec raifon les vertus qu’on
lui attribue dans la médecine ; on le croit emmé-
nagogue, antifpafmodique , antihyftérique , apéritif,
diurétique , déterfif, ftimulant fans corrofion , ni
inflammation , 6c propre à atténuer la vifeofité des*
humeurs.
11 eft un des fels qui fe difFolvent le plus difficilement
dans l’eau , trois livres d’eau fuffifant à peine
pour en difioudre deux onces; mais il n’en eft pas de
même de l’efprit-de-vin , dans lequel il fe diflout facilement
6c abondamment.
La flamme d’un efprit de vin qui n’aura diflous même
qu’une légère portion de ce f e l , fera d’un très-
beau verd : aucune d^outes les fubftances connues
n’a donné cette couleur à la flamme de l’efprit de vin,
à l’exception des préparations cuivreufes. Le felfédatif
contiendroit-il de ce métal à tel point divilë ,
qu’aucune expérience ne l’y a pu faire apperce-
voir ? 1 alkali volatil, qui eft la pierre de touche qui
le découvre par-tout, n’attire point la couleur de la
difîblution de ce fel. L’on peut voir Sur cette matière
beaucoup de chofes curieufes,dans le Second mémoire
de M. Bourdelin , inféré dans ceux de l’académie
desfeiences, pour l’année 175 5 , comme aufli l’union
que le fe l Jëdatif eft fufceptible de contrafter avec
l’aikaii volatil auquel il communique la vertu très-fin-
guliere de ne fe pouvoir plus fublimer.
Le fe l fédatif s ’unit à la crème de tartre, & forme
un tartre très-Soluble, qui conferve Son acidité comme
le borax tartarifé de M. le Fevre, d’Usès; M. de
la Sone, dans fon mémoire académique pour l’année
1755 , nous fait obferver la Singularité de ces deux
fels, qui deviennent très-diffolubles dans l’eau, lorfqu’ils
ne forment qu’un compofé , quoiqu’ils Soient
léparément 6c l’un 6c l’autre du nombre de ceux dont
la diflblution eft très-difficile dans ce fluide.
Le fe l J'édatif a plufieurs autres propriétés moins
efl'enîielles , néanmoins intéreffantes ; 6c ceux qui
voudront être plus inftruits des connoiflances que
l’on a acquis fur cette matière , pourront confulter'
le traité de M. Pott fur le borax, & les ouvrages des
auteurs cités dans cet article.
S e l DE RIVIERE , ( Mat. médic. ) voyeç V lT R iO L .
S e l v o l a t i l , {Chimie.) voyeç ce qu’on entend en
Chimie par la qualification de volatil, à Varticle V ol
a t i l , & V o l a t i l i t é , Chimie.
Il y a des fels volatils de plufieurs efpeces ; l’acide
marin, l’acide nitreux, l’acide végétal fermenté, l’acide
végétal Spontané nud du marum, 6c peut-être de
quelques autres plantes , l’acide Spontané des infectes
, l’alkali appellé volatil, 6c meme desjëls neutres,
Savoir tous les fels ammoniacaux, font volatils.
On donne cependant par préférence ou par excellence
le nom de fe l volatil aux alkalis volatils, ^oyet
A l k a l i v o l a t i l s , dans l ’art,général Sel , Chim,
& Méd. (b)
Sels , ( Science microfeop. ) 1 es fels des fluides évaporés
des végétaux brûlés, des foffiles, des métaux,
des minéraux, méritent d’être examines au mierbf-
eope. Nous parlerons des fels du. vinaigre au mot
V ina ig r e , 6c des Jels foffiles d ans l’article Suivant.
Pour extraire les fels des végétaux , il faut brûler
le bois, la tige ou ïes feuilles d’une plante, jetterles
cendres dans l’eau , enfuite filtrer, 6c Edifier la liqueur
fe cryftallifer dans un lieu froid.
Les fels des minéraux oudes métaux Se trouvent en
les éteignant dans l’eau, lorfqu’ils font rougis par le
fou , enfuite on les filtre , on les évapore 6c on les;
cryftallife.
De jolis fels pourl’obfervation, font les cendres
dont on fait le fâvon en Angleterre 6c en Rufîie , les
fels du coflbn, qui dévore le bois ; le//de camphre,
le Sel de tartre , le fe l armoniac, 1 e fel d’ambre, de
corne de cerf, &c.\l faut les examiner premièrement
lorfqu’ils font fecs & cryftallifés, 6c enfuite lorfqu’ils
font difibus dans une très-petite quantité de quelque
fluide tranfparent.
Les fels que l’on trouve dans tous les corps lorfqu’ils
font Séparés par le feu , paroiflènt comme autant
de petites chevilles ou clous qui pénètrent leurs
pores ., 6c qui lient leurs parties enfemble ; mais
comme les chevilles ou les clous lorfqu’ils font trop
grands ou trop nombreux, ne fervent qu’à faire des
fontes, 6c à mettre les corps en pièces, ainfi les fels
briient de tems en tems , Séparent 6c détruifent les
corps au-lieu d’unir 6c de lier leurs parties; ils ne font
à la vérité que de purs inftrumehs, & ils ne peuvent,
pas plus agir fur les corps , ou les forcer par eux-mêmes,
que les clous le peuvent fans les coups de marteaux
; mais ils y font pouffés par la preflion des autres
corps., ou par le reflort de l’air qui agit fur eux.
Comme les fels entrent dans les pores de tous les
corps , l’êaus’infinue entre les particules dufe l, elle
les lépare ou les diflout dans fes interftices, jufqu’à
ce qu’étant dans un tems de repos , iis fe précipitent
6c forment eux-mêmes des mafles de fel. L ’eau par
cette puiflanee qu’elle a de difioudre, devient le véhicule
des fels . (Z> . J. )
Sels FOSSILES, ( Science microfcopique. } les quatre
efpeces de fels foffiles les mieux connus fon t, fe->
ion le dofteur L ifter, le vitriol, l’alun, le falpêtre 6c
le fel marin ; à ces quatre fels il ajoute un cinquième
moins connu , quoique plus commun qu’aucun autre
, e’eft le nitre des murailles.
Le vitriol verd fe tire des pyrites du fer ; lorfqu’il
eft mûr 6c parfait, fes cryftaux font toujours pointus
des deux côtés, & compofés de dix plans 6c de côtés1
inégaux ; c’eft-à-dire que les quatre plans du milieu
font pentagones , 6c ceux des extrémités pointues,
font compofés de trois plans triangulaires.
L’alun brûlé, difibus dans l’eau 6c coulé , donne
des cryftaux dont le haut 6c le bas font deux plans*
hexagones ; les côtés paroiflènt compofés de trois
plans , qui font aufli hexagones , 6c de trois autres,
quadrilatères, placés alternativement ; en forte que'
chaque cryftal parfait eft compofé de onze plans,
cinq hexagones , 6c fix quadrilatères.
L ’eau de nos fontaines d’eau falée éloignées de la
mer, donne des cryftaux d’une figure cubique exacte
, dont un côté ou plan paroît avoir une clarté par-;
îiculiere au milieu, comme s’il y manquoit quelque
chofe ; mais les cinq autres côtés font blancs 6c foli-
des. Le Jël gemme diflous fe réduit en cryftaux cubiques
fomblables.
Si l ’on fait bouillir l’eau de mer jufqu’à féchereffe,
6c fi l’on fait difioudre fes fels dans un peu d’eau de
fource, elle donne aufli des cryftaux cubiques, mais
notablement différens de ceux que l’on vient de décrire
; car dans les cryftaux du fel marin tous les angles
du cube paroiflènt coupés, 6c les coins relient
triangulaires ; au-lieu que les fels de nos fontaines
d’eau falée éloignées delà mer, ont tous leurs coins
bien affilés 6c parfaits.
Le nitre ou falpêtre fe réduit de lui-même en cryftaux
hexagones , longs 6c déliés, dont les côtés font
des parallélogrammes; l’un des bouts fe termine conf-
tamment en pyramide, ou même par un tranchant,
affilé félon la pofition des côtés des deux plans inégaux
; l’autre bout eft toujours raboteux, 6c paroît
comme s’il étoit rompu.
Le plus commun, quoique le moins obfervé de
tous les fels foffiles, eft une efpece de nitre de muraille
, ou.fel de chaux, que l’on tire du mortier des*
anciennes murailles ; c’eft de ce fe l qu’une grande
partie de la terre 6c des montagnes font compofées,
félon le doéteur Lifter ; fes cryftaux font déliés 6c
longs ; leurs côtés font quatre parallélogrammes, inégaux
; leur pointe à l’un des bouts , eft formée de
deux plans , 6c de côtés triangulaires , l’autre bout
fe termine par deux plans quadrangulaires, quoiqu’il
foit rare de trouverles deux bouts entiers. Quelques-
uns de ces. fels ont cinq côtés.
La pratique commune de ceux qui ont en France
la furintendance des falpêtres pour le ro i, eft d’amaf-
fer de grandes quantités de mortier des anciens bâti-
mens;& par un art particulier ils en tirent une grande
abondance de ce nitre de murailles ; enfuite lorfqu’ils
ont tiré tout ce qu’ils ont p u , ils le laiflent repofer
pendant quelques années , après quoi ce mortier fe
trouve de nouveau empreint de ce f e l , & en donne
prefqu’autant que la première fois.
Les particules de chacun de ces fels en tombant
les unes fur les autres, ou en s’unifiant fur une bafe
commune,forment d’elles-mêmes des mafles qui font
invariables, 6c toujours de la même figure régulière.
Voilà ce que le mierofeope nous découvre ae la figure
des Jels foJJiles ; mais pour la bien examiner, il
faut les obferver en très - petites mafles. {D. / .)
Se l , impôtfur ie, {Econom. politiq.) impofition en
France , qu’on appelle autrement les gabelles, article
qu’ôn peut confulter ; mais, dit l’auteur moderne
des confidératioits fur les finances , un bon citoyen ne
fauroit taire les triftes réflexions que cet impôt jette
dans fon ame. M. de S u lly , miniftre zélé pour le bien
de fon m aîtrequi ne le fepara jamais de celui de fes
fuj e t sM. de Sully, dis-je, ne pouvoit pas approuver
cet impôt ; il regardoit comme une dureté, extrême
de vendre cher à des pauvres une denrée fi
commune. H eft vraiflemblable que fi la France eut
aflez bien mérité du ciel pour pofleder plus long-
tems le miniftre 6c le monarque , il eût apporté des
remedes au fléau de cette impofition.
La douleur s’empare de notre coeur à la leéhire
de l’ordonnance des gabelles. Une denrée que les
faveurs de la providence entretiennentàvilprixpour
une partie des citoyens , eft vendue chèrement à
tous les autres. Des hommes pauvres font forcés
d’acheter au poids de l’or une quantité marquée de
cette denrée , 6c il leur eft défendu , fous peine de
la ruine totale de leur famille, d’en recevoir d’autre,
même en pur don.Celui qui recueille cette denrée n’a
point la permiflion de la vendre hors de certaines limites
; car les mêmes peines le menacent. Des fup-
plices effrayans font décernés contre des hommes
criminels à la vérité envers le corps politique, mais
qui n’ont point violé cependant la loi naturelle. Les
beftiaux languiflent & meurent, parce que lesfecours
dont ils ont befoin pafîentles facultés du cultivateur,
déjà furchargé de la quantité de fe l qu’il doit en con-
fommer pour lui. Dans quelques endroits on empêche
les animaux d’approcher des bords de la mer, oh
l’inftinft de leur confervation les conduit.
L’humanité frémiroit en voyant la lifte de tous les
fupplices ordonnés à l’occafion de cet impôt depuis