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chefs renferment diverfes efpeces, par exemple, j
limer eftune dépendancede moudre; 8c les rabbins ont
expofé toutes ces efpeces avec de grands raffineïnens.
Le fabbat- commence chez eux environ une demi-
heure avant le coucher du foleil, Sc alors toutes ces
défenfes s’obfervent. Les femmes font obligées d’allumer
dans la chambre une lampe qui a ordinairement
fix lumignons, au-moins quatre , 8c qui dure une
grande partie de la nuit : de plus, elles dreffént une
table couverte d’une nappe blanche, 8c mettent du
pain deflus qu’elles coiivrent d’un autre linge long
8c étroit, en mémoire ,.difent-elles, de la manne qui
tomboit de la forte, ayant de là rolée deflus 8c def-
fous. On va enfuite à la fynagogue, oh on récite des
prières ; de retour à la maifon, chaque chef de famille
bénit du pain 8c du vin, en faifant mémoire de l’infti-
tution du Jabbat, puis en donne aux afliftans. Le matin
du fabbat, on s’affemble à la fynagogue oh Ton
chante des pfeaumes ; on lit une fedion du Pentateu-
que 8c une des Prophètes ; fuit un fermon ou exhortation
qui fe fait quelquefois l’après-dînée. Quand la
nuit vient, 8c qu’après la prière du foir faite dans la
fynagogue chacun eft de retour dans la maifon ; on
allume u.n flambeau ou une lampe à deux mèches; le
maître du logis prend du vin dans une taffe Sc quelques
épiceries de bonne odeur, les bénit, puis flaire
les épiceries 8c jette le vin par terre en ligne d’ailé—
greffe : ainfl finit la cérémonie du Jabbat.
Les auteurs profanes qui ont voulu parler de l’ori-
gine du fabbat, n’ont fait que montrer combien peu
ils étoient inftruits de ce qui concernoit les Juifs.
Tac ite, par exemple, a cm qu’ils chommoient le
fabbat en l'honneur de Saturne , à qui le famedi étoit
confacré chez les payens. Tacit. hijlor. Lib. V. Plutarque
au contraire >fympof. liv. IV. avance qu’ils le cé-
lébroient en l’honneur de Bacchus qui efl nommé
jabbos, parce que dans les fêtes de ce dieu on crioit
faboi. Appion le grammairien foutenoit que les Juifs
célébroient le fabbat en mémoire de ce .qu’ils avoient
été guéris d’une maladie honteufe nommée en égyptien
fabboni. Enfin Perfe Sc Pétrone reprochent aux
Juifs de jeûner le jour du fabbat. Or il efl certain que
le jeûne leur étoit défendu ce jour-là. Calmet, D i cl.
de la Bible , tom. I II. lettre S , page 4.o j .
h t fabbat étoit inftituéfurun motif aufli Ample que
légitime , en mémoire' de la création du monde, 8c
pour en glorifier l’auteur. Les Chrétiens ont fubflitué
auJabbat le dimanche, en mémoire de la réfurredion
de Jéfus-Chrifl. Voye^ DIMANCHE.
Sabbat fe prend encore en différens fens dans
l’Ecriture fainte ; i° . Amplement pour le repos , 8c
quelquefois pour la félicité éternelle, comtn. hebr. ix.
o. 6* iv. 4. 20. pour toutes les fêtes des Juifs : fabbatha
mea cujlodite, Ltvlt. xïx. 30. gardez mes fêtes , c-eft-
à-dire la fête de pâques, de la pentecôte, des tabernacles,
&c. 40.J'abbatum fe prend aufli pour toute la
femaine : jejuno bis in fabbatho, je jeûne deux fois la
femaine , dit le pharifien fuperbe , en S. Luc , xviij.
12. Unafabbati, le premier jour de la femaine, Joan.
xx. 1. Calmet, D i cl. de la Bible , tome III. lettre s ,
page 403.
Sa b b a t , ( Divinat.') affemblée nocïurne à laquelle
on fuppofe que les forciers fe rendent par le
vague de l’a i r , 8c oh ils font hommage au démon.
Voici en fubftance la defeription que Delrio donne
du Jabbat. Il dit que d’abord les forciers ou for-
cieres fe frottent d’un onguent préparé par le diable,
certaines parties du corps, 8c furtout les aines, 8c
qu’enluite ils fe mettent à cheval fur un bâton, une
quenouille, une fourche, ou fur une chevre, un
taureau ou un chien, c’efl-à-dire, fur un démon qui
prend la forme de ces animaux. Dans cet état ils font
tranfportés avec la plus grande rapidité, en un clin
d’oeil, à desdiftanees très-éloignées, 8c dans quelque
lieu écarté , tel qu’une forêt ou un défert. L à , dans
une place fpacieufe, efl allumé un grand feu, 8c pa-
roit élevé fur un trône le démon qui préfide au Jabbat
fous la forme d’un bouc ou d’un chien ; on fléchit
le gencmil devant lu i, ou l’on s’en approche à reculons
tenant à la main un flambeau de poix ; 8c enfin
on lui rend hommage en le baifant au derrière. On
commet encore pour l’honorer diverfes infamies 8c
impuretés abominables. Après ces préliminaires, on
fe met à table, 8c les forciers s’y repaiffent des viandes
8c des vins que leur fournit le diable, ou qu’eux-
mêmes ont foin d’apporter. Ce repas efl tantôt précédé
, 8c tantôt fuivi de danfes en rond, oh l’on
chante, Ou plutôt l’on hurle d’une maniéré effroyable
; on y fait des facrifices ; chacun y raconte les
charmes qu’il a employés, les maléfices qu’il a donnés
; le diable encourage ou réprimandé, félon qu’on
l’a bien ou mal fervi ; il diftribue des poifons, donne
de nouvelles commiflions de nuire aux hommes. Enfin
un moment arrive, oh toutes les lumières s’étei-
gnent.Les forciers 8c même les démons fe mêlent avec
les forcieres, 8cles connoifl'ent charnellement; mais
il y en a toujours quelques-unes, 8c furtout les nouvelles
venues, que le bouc honore de fes carefi'es,
8c avec lefquelles il a commerce. Cela fait, tous les
forciers & lorcieres font tranfportés dans leurs mai-
fons de la même maniéré qu’ils étoient venus , ou
s’en retournent à pié, fi le lieu du fabbat n’efl pas
éloigné de leur demeure. D elr io , dijquiflt. magic, liv.
II. quejl. X V I. pag. 172. & Juiv.
Le même auteur prouve la poflibilité de ce tranf-
port aduel des forciers par le vague de l’air. Il n’oublie
pour cela ni la puiffance des démons, ni celle
des bons anges, ni le tranfport d’Habacuc à Babylo-
ne par un ange, ni celui du diacre Philippe, qui bap-
tifa l’eunuque de Candace, 8c qui du défert ie trouva
tout-d’un-coup dans la ville d’Azoth. La fléché
d’Abaris , le vol de Simon le magicien, d’E ric, roi
de Suede, rapporté par Joannes Magnus, celui de
l’hérétique Berenger, qui dans la même nuitfetrou-
va à Rome, 8c chanta une leçon dans l’églife de
Tours, fi l’on en croit la chronique de Nangis, 8c
quelques hifloires des forciers, lui fuffifent pour conclure
de la poflibilité à l’exiflence. Peu s’en faut au’il
ne traite d’hérétiques ceux qui foutiendroient le contraire
, au moins maltraite-t-il fort "Wyer 8c Godel-
man , pour avoir prétendu que tout ce que les forciers
racontent du Jabbat, n’eil que l’effet d’une imagination
vivement échaulfée ou d’une humeur atrabilaire
, une illufion du démon, 8c que leur voyage
en l’air à cheval fur un manche à balai, aufli bien que
tout le relie, n’efl qu’un rêve dont ils font fortement
affedés. Idem, ibid.
Les preuves de Delrio montrent qu’il avoit beaucoup
d’érudition 8c de ledure ; mais il n’y régné pas
une certaine force de raifonnement qui fatisfafl'e le
ledeur ; aufli penfons-nous que tout ce qu’on a dit
jufqu’à préfent de plus raifonnable fur le jabbat, fe
trouve dans ce qu’on va lire du p. Malebranche qui
explique fort nettement pourquoi tant de perfonnes
fe font imaginées ou s’imaginent avoir affilié à ces
affemblées nodurnes.
« Un paftre dans fa bergerie , dit cet auteur, ra-
» conte après fouper à fa femme 8c à fes enfans les
» avantures du Jabbat. Comme il efl perfuadé lui-
» même qu’ily a été, 8c que fon imagination efl mo-
» dérément échauffée par les vapeurs du v in , il ne
» manque pas d’en parler d’une maniéré forte 8c vi-
» ve. Son éloquence naturelle étant donc accompa-
» gnée de la difpofition oîi efl toute fa famille , pour
» entendre parler d’un fujet aufli nouveau 8c auffi
» effrayant. IL n’efl pas naturellement poflïble que
» des imaginations aufli foibles que le font celles des
» fem m es 8c des enfans, ne demeurent perfuadées,
mm
>» C’efirun mari.,, c’efl un, pepe qui-parle de ce qu’il
„ a v u , de ce. qu’il a fait-: on l’aime % qn.le re.fp.ede,
» 8c pourquoi, ne lç croirait-on pas?- Ce paître le
» répete donc, err différens jours.. ■ L’iin.agina;.b.o;n.vde
» la mere 8c des enfans en reçoit peu-à-peu des.tra-
„ ces plus profondes ; ils s’y accoutument ; 8c enfin
» la curiofité fes prend d’y aller.-Iisfe frottent, ils
» fe couchent, leur imagination s’échauffe encore de
„ cette difpofition de leur coeur, 8e les traces que
» le paftre avoit formées dans leur cerveau, s’ou-
„ vrent. affez pour leur faire? juger dans le fommeil,
» comme pre,fentes toutes; les chofcs^ dont il leur
». avoit, faitia.defeription. ïls;felèvent,, ils's’entre^
’» demandent,,; 8c ils s’entredifent ce qu’ils, ont vu.
» Ils fe fortifient de cette forte-les, traces de leur vi-
« fion ; 8c celui qui a Bimagjnation la, plus forte-,
» persuadant mieux les autres, ne manque pas., de
» régler en peu de n u i t s l ’niftojre imaginaire du
» fabbat. Voilà donc des forciers achevés que le paf-
» tre a faits, 8c ils en feront un jour beaucoup d’au-
» tre s,.frayant l’ima gi nat ion- fo r t e & v iv e , la crainte
». ne les. retient pas de faire de pareilles, biftoires..
». U fe trouve , ajoute-tûl, plufieurs fois-des for-
» ciersde bonne foi quidifoient generalèmentàtout
». le monde qu’ils a-Uoient auJabbat , 8c qui en étoient
». fi perfitadés,, que quoique plufienrs perfonaes les
» veillaffent 8c les afliiraflent qu’ils n’étoient. point
», foctis du. l i t , ils ne pouvoient fe rendre à-leunté-
» moignage. » Reclurch. de ta, vérité , tom. /, Av-. 11.
thap, v j . t ;
Cette dernîere obfervâtion fuffit feule pour ren-
verfer toutes les raifons que Delrio a accumulées
pour prouverTa réalité du tranfport corporel des
forciers au fabbat y à. moins qu’on ne difeavec Boh
din, que ce font leurs arnes feules qui y aflifteat ;
que le démon-a le pri vilège de les tirer de leur corps
pour cet effet, pendant le fommeil, 8c de les y renvoyer
après le fabbat : idée ridicule ,. 8c dont Delrio
lui-même a fenti toute L’abfurdité.
C ’eft fans doute par c,ette confidération qtte Taf*
fiftanee au fa b b a t ne gît que dans l’imagination, que le
parlement, de Paris renvoie tous les-forciers, qui n’étant
point convaincus d’avoir donné du poilon , ne
fe trouvent coupables, que de l’imagination d’aller au
fabbat. Le jurifconfulte Duat-en approuve cette coutume.
De aniculis , dit-il, quai yolitare per aéra,. &
noclurno tempore faltitare & choreas agere dicuntur , qßteneur
? Etfolent plarique queeßores , i't eas acabius ani-
madvertere quam jus & ratio poûulet, cùm fy.nodus anr
cyrana definiverit quadam cjje quas à cacodotmone mut- '
tarum mulherum mentibus irrogantur : itaque curia pan-
fienfis ( ß nihil aliud admiferint') eas abjblvere ac dhnit-
tere merito confutvit. Ayrault 8c À-lfiat font du même
fentiment. Ce dernier fe fonde fur ce qu’il eft faux
que les forcieres aillent en pçrfonne au jabbat. Mais1
cette raifon eft bien foible ; car c’ eft un affez grand
crime que de vouloir- y aller, 8c que de s’y préparer
par des or.guens qu’ elles croient neceflaires à cette
horrible expédition. Ce qui fait penfer au p. Malebranche
qu’elles font puniflàbles. François, Hotman
confult-éfur cette queftion, répondit qu’elle méritoit
la mort. Thomas, Eraftus a foutenu la même chofe,
8c c’eft le fentiment le plus ordinaire des juril’eon-
fultes 8c des cafuiftes , loit catholiques ,.foit protef-
tans. Bayle. Rêponf aux queß. d'un provincial, chap.
xxxix. pag. Syy de l'édit, de 1737. in-fol.
SABBATAIRES, f. m. ( Hiß. mod. ) c’eft'ainfi que
quelques anciens ont nommé les juifs,de leur ferupu-
leufe obfervance du fabbat.
Sabbat aires , f. m. ( Gram. Hiß. ecclf. j, hérétiques
proteftans qui font le fabbat avec les juifs,
blâment les guerres , les lpis politiques, les. juge-
mens, 8c prétendent qu’il ne faut adreflër fa priere
qu’à Dieu le Pere, 8c qu’il fout négliger le Fils 8c le
Efprit. b
• SAE B AT A-R-I-ENS , f . m. pi: {Hijl. ecdéf) nom
que quelques ajuteurs ont-donné à une fetle d’anabap-
tiftes,, qui s-’eleverent dans, le xvj. fiecle, 8c qui
obfervoient le fabbat des. juifs , prétendant qu’il
n’avoit jamais, été aboli clans le fiouv-eau Teflamént,
par aucune' foi pofitive. Voye^ Sa b b a t & A nabaptistes.
SABBAÇiENS , f. m. vcUf) hérétiques
du j v. fieefo,, ainfi nonwé’S (ht Sabbathius leur chef,
qui ayantt d’a)?ord été; jtûf,. p.uisrélevéà-la prêtrife par
Marciep , l’un, des évoques, des Novatiens, tâcha
.d’introduire parmi ceux-ci les. eéirémonies judaïques,
en leur perfpajdant qu’on-.djêvoit- célébrer la paque le
quatorzième jour- de la lunedç-Mars. Il forma, même
un.fchifme ; mais les Novatiens. qui regardoient fa
prétention comme unechqfe indifférente , conclurent
que-pour cqlafil nefalioit pasfe.divifer. Lesfeélateups
de SabUftikius furent- pcui nombreux ; il» affeéloieht
une fingi^arité remarquable , fans, qu’on fâche fur
quel. fonde^Ut ; g’©toit, cl’av.oir tellement en horreur
l’ufage- de la main droite, ' qu’ils fe foifoient un
point de religion de ne- râen re ce voir de cette main;
ce qui leur lit donner le nom- JiniJlrt^
SAë,B A 1. INÇ , f. f. ( Gram.j terme d?école , petite
thèfe qtte les écoliers foutiennent les. famedis ; pour
s’exercer à ht grande thèfe de la.;fin de l’année.
S A B B A T I Q U E , BE FLEUVE : Sabbatictts fuvi//s\
4 Géogs<*n$. j riviere q.u,e: quelques, auteurs, mettent
dans la pafottine,. 8c dont d’autres écrivains nient l’o-
xiftence le R. Çalmeta.traité, au-.long ce fujet.
Jofephe,/. VII. c. xiij. parle ainfide cette riviere.
C e prince;, dit il; (Titous;) rencontra en-fon chemin
une riviere qui mérite bien que nous en parlions ;
elle paffâ'entre les. viliês.d.’Areé 8c de Raphanée, qui
-font,du royaume d*-Agrippa , Sc elle a quelque chofe
de merveilleux , car après avoir coulé fix jours en
grande abondance, 8c d’un cours affez rapide ; elie
le feche teftil dhm. eotip, 8c recommence le lende-
main-à couler durant fix autres jours comme auparavant
, 8c à fe lë-iher le feptieme jou r, fans jamais
changer cet ordre , ce. qui lui a fait donner le nom
de Sabbatique , parce qu’il femble qu’elle fête le fept
iem e jour, comme les juifs fêtent celui du fabbat.
Telle eft la traduction de ce fameux paffage de Jofephe
, par M. Arnaud d’Andilli, homme très-verfé
dans la langue grecque , 8c aidé dans ce travail par
de trèsdîabiles gens de fa famille.
P . Calmet, iur ce même. paflàge, nous donne de
Cette riviere une idée bien différente. Selon lu i, Jofephe
dit que Titus allant en Syrie, vit entre la ville
d’Arces, qui étoit duroyaumed’Agrippa, 8c la ville
de Raphanée en Syrie, le fleuve nommé Sabbatique,
qui tombe du Liban dans la mer Méditerranée. Ce
fleuve , ajoutç*t-il, ne coule que le jour du fabbat,
ou plutôt au. bout de ,fept jours; tout le refte du tems
fon lit demeure à fec ; mais le feptieme jour il Coule
avec abondance dans la mer. Delà vient que les ha1
bilans du pays lui ont donné le nom de fleuve Sabbatique:
Pline a voulu apparemment parler du même fleuve
, lorfqu’il dit, /. X X X I . c. ij. qu’il y a un ruif-
feàu dans, la Judée , qui demeure à fec pendant tou9
les feptiemes jours ; in Judtearivus omnibus fabbatkis
Jiçcatur, Voilà certainement Pline d’accord avec la
tradudion de M. d’Andilli ; cependant D. Calmet a
raifoh, le texte grec de Jofephe , porte que ce fleuve
ne coule que le famedi ; & comme les favans ont
vu que Pline , 8c la notion que l’on doit avoir du repos
du fabbat, eonduifent naturellement à dire que
ce fleuve couioit fix jours , 8c ceffoit le feptiemç
jour ; ils ont tâché de concilier cette idée avec les
paroles de Jofephe, en les tranfpofant, & lui ayant
fait dire le contraire de ce qu’on y lifoit ; 8c c’eft fur