taie ns de l’architecture à celui de l’art de fondre.
Pline , L X X X IV . c. viij. dit qu’il fondit en bronze
en petit fon portrait, Sc qu’il tenoit dans fa. main
gauche un char à quatre chevaux que couvroit une
aile de mouche. Ces fortes de badinages de l’art montrent
beaucoup de délicateffe, mais ils paroiflent encore
plus recommandables dans, le marbre, qu’en
bronze , parce que fur le marbre le moule n’y peut
être d’aucun fecours , Sc que le plus petit coup donné
à faux ou trop appuyé , fuffit pour détruire en un
moment, le travail de plufieurs mois. Voye{ Carticle
de Callicrate , qui excelloit encore dans ces fortes
d’ouvrages délidats.
Enfin on peut placer le morceau fuivant de Cana-
çhus , avec celui de Théodore, c’eft auffi Pline qui
en fait mention, l. X X X IV . c. viij. Cervumque una
ita vejligiis fufpendit, ut linuni 'fubter pedes trahatur ,
alterna morfu digilis caduque retinentibusfolurn, ita ver-
tebrato dente utrifque in partibus, ut a repulfu per vices
refiliat. Ce double mouvement, dans les piés de ce
c e r f, qui n’étoient point arrêtés fur la p linte, chofe
néceffaire pour laiffer pafl'er le f il, prouve que cet
ouvrage étoit d’une médiocre étendue. Cet autre
mouvement des dents , d’accord ou reffemblant à celui
des vertebres , annonce encore une machine qui
affe&oit quelques-uns des mouvemens de la nature.
C ’en eft allez , ajoute M. de Caylus, pour prouver
que les anciens, ont connu d’une maniéré glorieufe,
toutes les opérations des arts , Sc même celles que
l’on auroit penfé pouvoir leur difputer avec le plus
d’apparence de raifon.
Timothée fut chargé conjointement avec Scopas,
Briaxis, Sc Léochares, des ornemens du maufolée
qu’Artémife fit faire à Maufole fon mari, roi de Carie
, qui mourut la 106e Olympiade. On voit à Rome
, continue Pline, dans le temple d’Apollon, une
Diane de la main de Timothée, à laquelle Aulanius
Evander a remis une tête. On étoit déjà dans la trille
obligation de reilaurer les llatues.
Tifagoras, artille célébré par fes flatues de fer. Il
en avoit fait une qui repréfentoit le combat d’Hercule
contre l’hydre ; on plaça cette ftatue dans le temple
de Delphes. On ne peut, dit Paufanias in Phor. affez
admirer cet ouvrage, ainli que les têtes de lion Sc de
fanglier du même artille , qui font auffi de fer Sc que
l ’on a confacrées à Bacchus dans la ville de Pergame.
Tifandre, avoit fait une grande partie des flatues
qui repréfentoient les braves officiers qui fécondé-
rent Lyfander à Agios-Potamos, foit fpartiates, foit
alliés de Sparte. Paufanias vous en dira les noms.
Tijicrate, athénien, fleuriffoit dans la 66e olympiade
, Sc fe rendit célébré par fa belle llatue de la
courtifane Leæna. Tout le monde fait l’hifloire de
cette fameufe courtifane, qui reffembloit à celles de
nos jours, comme nos confiais reffemblent aux confiais
de Rome. Leæna ayant fu le fecret de la confpi-
ration d’Harmodias & d’Arifiogiton contre Hippar-
que, fils de PiliRrate, fut mife à la queflion par l’ordre
du frere d’Hipparque ; mais de peur de fuccomber
aux tourmens, elle aima mieux fe couper la langue,
que de rifquer de découvrir les conjurés. Les Athéniens
touchés de cette grandeur d’ame, éleverent en
fon honneur une Ratue qui repréfentoit une lionne
fans langue, Sc Tijicrate chargé de cet ouvrage, s’en
acquitta d’une façon glorieufe ; j’ai pour garans Pline,
liv. X X X IV . cha. viijp. Hérodote & Thucydide.
Turianas, étoit d’Etrurie; Tarquin l’ancien le fit
venir de Fregella, ville du Latium, pour faire la Ratue
de Jupiter qu’il vouloit placer dans le capitole ;
Sc l’on étoit encore dans l’ufage, long - tems après,
de peindre cette Ratue avec du minium. Le même
Turianus fit auffi des chars à quatre chevaux ; ils furent
mis fur le faîte du temple, Sc cet artifle joignit à tous ces ouvrages une Ratue d’Hercule, qui 7 dit
Pline, hodieqtle materid nomen in ürbe minet, Si que
l’on nomme l’Hercule de terre. Pline, livre X X X V ,
çkap.xij.
Xénophpn, Ratuaire d’Athènes, fit une Ratue de
la Fortune, dont l’antiquité à beaucoup parlé. Dans
cette Ratue, la déeffe tient Plutus entre les bras fous
la forme d’un enfant ; Si c’efi , dit Paufanias, une
idée affez ingénieufe de mettre le dieu des richeffes
entre les mains de la Fortune, comme fi elle étoit fa
nourrice ou fa mere.
Xénophon étoit contemporain & compatriote de
Cephiffodore. Ils firent enlemble un Jupiter affis fur
fon trône, ayant la ville de Mégalopolis à fa droite,
Sc Diane confervatrice à fa gauche ; ces deux flatues
furent mifes dans le temple de Jupiter fauveur en Arcadie.
Zénodore, fleuriffoit du tems de l’empereur Néron.
Il fe diflingua par une prodigieufe Ratue de Mercure,
Sc enfuite par le coloffe de Néron, d’environ cent
dix ou cent vingt piés de hauteur, qui fut confacré
au foleil. Vefpafien fit ôter la tête de Néron, Sc ex-
pofer à fa place celle d’Apollon ornée de fept rayons ,
dont chacun avoit vingt-deux piés Sc demi: Mais il
efl bon d’entrer dans les détails que Pline, /. X X X IV .
c. vij. nous a confie rvé de Zénodore, St qui font inté-,
reffans; j’y joindrai, fuivant ma coutume, quelques
réflexions de M. de Caylus.
Les ouvrages de Zénodore l’ont emporté fur toutes
les flatues de ce genre (que l’on voit en Italie)
par le Mercure qu’il a exécuté en Gaule, dans la ville
des Avernes ; il y travailla l’efpace de dix ans, Sc il
coûta quatre cens mille feflerees. Quand il eut fait
voir fon habileté par les ouvrages qu’il avoit faits
dans cette ville , Néron le fit venir à Rome, Sc l’employa
à faire fon portrait dans une figure çoloffale de
cent dix piés de haut ; elle a depuis été confacrée
au foleil, pour témoigner l’horreur que l’on avoit
de tous les crimes de ce prince ( ç ’e ft-à - dire qu’on
ôta la tête de ce prince pour y mettre celle du foleil )
Nous avons v u , continue Pline, dans l’atelier de
Zénodore, non - feulement le modèle de terre de ce
coloffe , jimilitudinem injignem ex argillâ, mais auffi
les petites figures qui fervirent au commencement de
l’ouvrage, ex parvis JurcuUs.
Ce modèle , dit M. de Caylus, étoit de terre &
n’étoit pas un creux, car la terre n’a pas affez de
confiftance pour être employée à faire des creux;
elle fe cuit trop inégalement dans fes parties, ou plutôt
en fechant elle fe rëfferre Sc fe racourcit de façon
que fa diminution efl trop inégale ; donc il efl quef-
tion d’un modèle de terre, & le mot de furculis doit
être regardé comme les premières idées, les pen-
fées, les efquiffes, les maquettes , comme on dit
dans l’art, qui fervent à fixer Si à déterminer le choix
du fculpteur«dans la çompofition de fa figure.
Pline pourfuit : cette Ratue fit voir que l’art de
fondre étoit*perdu; Néron n’épargnant ni or ni argent
pour la réuffite de cette entreprife, Sc Zénodore,
étant eflimé autant qu’aucun des anciens artifles,
pour le talent de modéler Sc de réparer fon ouvrage.
Ces paroles que l’art de fondre étoit perdu, veu-;
lent dire peut-etre, que l’art de jetter en fonte de
grands morceaux tels que les coloffes étoit perdu.
En ce cas celui de Néron, & le Mercure des Avernes
(du pays d’Auvergne), exécutés par Zénodore, loin
d’être travaillés comme tous ceux dont Pline a parlé
jufques-ici, n’auroient été faits que de plaques ou de
platines de cuivre foudées ou clouées.
Pendant que Zénodore travailloit à la Ratue des
Avernes, il copia, dit Pline, deux vafes dont les bas-
reliefs étoient de la main de Calamis : ils apparte-
noient à Vibius Avitus qui commandoit dans cette
province ; ils avoient été poffédés par Germanicus
Céfar, qui les avoit donnes., parce qu’il les eflimoit
E s B M
beaucoup, à Caffius fon gouverneur, oncle de Vibius;
Z é n o d o r e les avoit copiés, fans qu’il y eût prefqiie
aucune différence.
Cependant, obferve ici M. de Caylus, lé tâleHt
de Zénodore efl plus prouvé par les deux grands modèles
qu’il a faits, que pour la copie de ceS deux vafes
: un artifle médiocre petit en venir à b'ôlit, & fa-
tisfaire , étonner même des gens peu délicats ; niais
il faut toujours de grandes parties dans l’efprit & des
connoiffancés fort étendues dans l’art, pour exécuter
heUréufement des machines pareilles à ces coloffes
; le détail de la fonte ne change rien à la grandeur
du génie néceffaire pour la produélion d’uné figure
de plus de cent piés de proportion. ( Tous les articles
des fculpteur s anciens font de M. Le chevalier D E J A U -
COU R T . j ■
S c u l p t e u r s Mo d e r n e s , ( Artifes en Sculpture.')
nous n’entendons pas fous ce nom lesfculpteurs goths,
ittais les célébrés maîtres qui fe font ilhiArés dans'
cette carrière depuis la renaiffatice des beaux-arts en
Italie, c’eff-à-dire depuis-lé commencement duxvji
fiecle : voici les principaux qui nous font connus;
Algatde\ italien, fleuriffoit vers le milieu du xvij.
fiecle. Entre autres ouvrages de cet artifle fupérieur,
on admire fon bas-relief qui repréfente faint Pierre
& faint Patil en l’air, menaçant Attila qui vendit à
Rome polir la faccager. C e bas-relief fert de tableau
à un des petits autels de la bafilique de faint Pierre.
Il ne faut pas moins de génie pour tirer du marbre
une çompofition pareille à: celle de l’Attila, que pour
la peindre fur une toile. En effet, la poéfie Sc les
expreffions en font auffi'touchantes que celle dit tableau
où Raphaël a traité le mêmefujet, Sc l’exécution
du fculpteur qui femble avoir trouvé le clair ôbfi
cur avec fon cifeau, paroît d’un plus grand mérite
que celle-du maître de la peinture. Les figures qu’on
voit fur le devant de ce fuperbe morceau ,-fontpref-
que de ronde-boffe ; elles font de véritables flatues;
Celles qu’il a placées derrière ont moins de relief,
& leurs traits font plus ou moins marqués, felbn
qh’elîes s’enfoncent dans le lointain. Enfin la compo-
fition finit par plufieiirs figures deffinées fur la fuper-
ficie du marbre par de fimples traits. Il èfl vrai que
XAlgarde n’a pas tiré de fon génie la première idée
de fon exécution ; mais il a diï-môins perfectionné,
par l'ouvragé'dont il s’agit, le grand art des bas-
reliefs; Sc quand le pape Innocent X. donna trente
miile écus kXAlgardc pour un ouvrage de cette efpe-
ce, cette récompenfë étoit plus noble qu’exceffive.
On fait fans doute que l'Algarde fut auffi chargé
par le même pape de reflaurer la figure d’un Hercule
qui combat l’hydre, Sc qiie l’on conferve à Rome
dans le palais Verofpi ; il s’en acquitta fi bien que les
parties rétablies ayant été retrouvées dans la fuite,
on a laiffé l’ouvrage de XAlgarde, Sc l’on s’efl contenté
de placer auprès de la Ratue les parties antiques
, pour mettre lés curieux â portée d’en faire la
comparaifon, & rendre jufliçe à l’artiflé moderne;.
Auguier ( François ) , natif dü Conité d’Eu , mort à
Paris en 166p. Son cizeau donnoit du fentiment au
marbre. Ses figures font encore'remarquables par la
beauté & la vérité de l’expreffion. Il a fait l’autel du
Vâl-de-grace & la Crèche ; le beau crucifix de marbre
de la Sorbonne ; la fculptürè du cardinal de Bé-
rule dans l’églifê dé l’Oratoire ; la fépulture des Mont-4
morenci à' Moulins, & quelques flatues d’après les
antiques.
Auguiei ( Michel ) , mort en i <$8o, âgé de 74 àns,;
frere de François Auguier; il fié diflingua dans, le
même art que lui. Il efl bien Connu par l’A mphitrite
de marbre qu’on Voit dans lé pare de Verfailles, par
les ouvrages de là porte faint Denis, par les figures ,
du portail du Val-de-grace, Si par d’autres«
Bachelier ( Nicolas ) natif de Touloufe ou dé Lü-
Teme XIV*
S C L
ques , fut élevé dè MichebÂrige. Etarît à Touloufe
fous le régné de François I. il y établit lé bon goûr ;
& en bannit la maniéré gothique qui avoit été eii
ufage jufqu’alors ; fes ouvrages de feuipture qui fub:
fiftent dans quelques églifes de cette v ille; fe diflin-
guent toujours avec effime, malgré la dorure qu’on
y a mife, &c qui leur a ôté cette grâce & cetté délie-
catéffé que cet habile homme leur avoit données. Il
fleuriffoit encore en 15 50.
Bandinelli (Bacciq) né à Florence en 1487, mort
dans la même ville en 155#. Les morceaux qu’il â
faits en feuipture à Rome Sc à Florence font extrêmement
eflimés ;■ on l’a repris feulement avec raifoii,
d’avoir mis à côté de la Ratue d’Adam qu’il fit pour
l’eglife cathédrale de Florence, une Ratue d’Eve de
fa main, plus haute que celle de fon mari. D ’ailleurâ
les deux flatues font également belles ; c’eft lui qui
areftauré le bras droit du grouppe de Laocoon, j’eri-
tends le bras qui eit éleve & qui concourt fi bien à
l’adlion de la figure principale. Ce grand artifle imitateur
Sc contemporain de Michel-Ange ne Voulut
point rétablir cette partie en marbre, dans l’efpé-
r^nqe que l’on trouverait un jour le morceau de l ’o-
r;ginal; il eft donc encore aujourd’hui en terre culs
te. BacCio eft fi bien entré dans l’efprit dë l’antique^
que fi par hafard on retrouvoit le bras perdu, la comparaifon
ne feroit pas deshonorable au fculpteur florentin;
Bernini (Jean-Laurent) Vulgairement appellé le
cavalier Bernin , né à Naples en 1598 ; mort à Ro**
me en 1680, eft un dé ces grands artiftes que.la nature
préfénte rarement fur la terre. Louis XIV. fi-*
gnala fa magnificence à fon égard ; lorfqu’il le fit ve-
venir à Paris en 1665 , pour travailler au deffëin du
Louvre ; on voit en France de ce maître célébré , lé
bufte du roi dans là falle de Vértus, Sc la ftattte équef-'
tre de Marcus-Curtius, au-delà de la piece des Suif-
fes à Verfailles ; mais il a fur-tout embelli Rome dë
plufieurs monurrlens qui font l’admiration, des cdn-
noiffeurs ; telle eft l ’ex-tafe de'fainte Thérèfe de eé
grand maître. On compte dans la feule églife de' S.
Pierre quinze morceaux de fon invention, le maître
autel,.le tabernacle,• la- chaire dé faint Pierre, les
tombeau^ d’Ürbain V III. & d’Alexandre V I I . la
Ratue équeflre de Conftantin, la colonnade', la fontaine
de la place Navonne, &c. Tous, ces ouvrages ;
pour le dire en un mot, ont une élégance & uné
expreffion dignes de l’antique ; fes figures font remplies
de v ie , de tendreffe Sc de vérité;
Bologne (Jean de ) né à D ou a y , mort à Flôfièrtcë
vers le commencement du dix-feptieme fiecle. Il fo
rendit un des bons fculpteurs d’Italie, & orna la pla-
cepublique de Florence de ce grouppe.de marbre que
l’on y Voit encore , St qui rëpréfenteTenlevement
d’une fabine. Le cheval fur lequel on a mis depuis
la Ratue d’Henri IV , placée au milieu du Pont-Neuf
à Paris., eft de ce grand inaître ; il a fait plufieurs
autres flatues équeftres, il a dirigé la fonte d’un très-
grand nombre d’autres flatues ou bas-reliefs qui lui
ont acquis beaucoup d’honneur.
Roujfeau (Jacques)cné en Poitou en 1681 , rhôrt
à Madrid en 1740, éleve de M< Couftoux, l’aîné; il -
devint profeffetir de l’académie de Sculpture , Sc finalement
fculpteur en chef du roi d’Efpagne.-
Buifler ( Philippe ) natif de Bruxelles; y vint efl
France vers le milieu du dix-fèptieme fieçle> Sori éloge
fera l’énumération de fes principaux, ouvragés i
tels font letombeau du cardinal de la Rochefoucauld
placé dans une chapelle de fainte Geneviève:; deux . ,
fatyres grquppés, un joueur de tambour de bafqtie ;
Sc la déeffe Flore ; tous morceaux eftimés qm. or* ' .
nent le parc de Verfailles.
Cellini ( Bénéveriuto ) artifle célébré ,• St homme!
de güerre , né à Florence l ’an i 5 Ôd, mort dafe la
M M m m m i j