SÉMINAIRE,;f. m. {Grïim. & Jurijprud. ) on entend
ordinairement par ce terme une maifon defti-
née à élever les jeunes clercs, pour les former aux
-connoiffances 6c aux fonctions <jui conviennent à l’état
eodéfiaftique.
B y a cependant aufli des fèminaires où les clercs
oie font pas élevés , mais où ils doivènt feulement
-demeurer quelque tems pour fe préparer à recevoir
les ordres ; d’autres encore qui font des maifons de
retraite pour des eccléfiaftiques âgés ou infirmes;
d’autres enfin où l’on forme des fujets pour les mif-
üons étrangères.
Ces différentes fortes de fèminaires jouiffent tous
des mêmes privilèges.
Les plus anciens font fans contredit ceux qui furent
inlütués pour élever les jeunes clercs ,& qu’on ap-
,pelle communément lespetits J'éminaires ; leur origine
en France remonte très-haut, puifque le concile de
jBazas tenu en 519 parle de leur utilité ; mais il eft- à
croire que les J'éminaires, dont parle ce concile , n’é-
toient autres que les écoles qu’il y avoit de tout tems
dans toutes les églifes cathédrales 6c dans les principaux
monafteres , lefquelies pouvoient en effet
être regardées comme desfèminaires, n’y ayant guere
alors que ceux qui fe deftinoient à l’état eccléfiafti-
que qui fréquentaffent ces écoles , 6c qui s’adonnaf-
fent a l’étude des lettres,
A ces écoles qui furent ruinées par les defordres
du x. fiecle fuccéderent les univerfités 6c les colleges
particuliers; la plupart des évêques fe repoferent
de l’inftruûion de leurs clercs fur les régens des colleges
pour les premières études, & fur les dofteurs
des univerfités pour la Théologie êc le Droit canon.
Mais on trouva que c’étoit une occafion de difli-
pation pour les jeunes clercs d’aller étudier dans les
colleges avec les écoliers laïcs , 6c que pendant ce
tems ils ne faifoient aucune fonftion eccléfiaftique,
on crut qu’il étoit plus convenable'-de les élever en
particulier , 6c ce rut ce qui donna lieu à l’établiffe-
ment des petits fèminaires.
Le concile de Trente, feff. 23. c. xviij. de reform.
ordonne que dans chaque diocèfe ou province il foit
établi un ou plufieurs fèminaires, où l’on reçoive de
jeunes gens nés en légitime mariage , âgés de douze
ans au-moins 6c qui fe difpofent à l’état eccléfiaftique
, pauvres ôc riches indifféremment ; fi ce n’eft
que les riches payeront leur penfion, 6c que les pauvres
feront nourris gratuitement.
Pour la dotation 6c entretien de ces fèminaires, le
concile permet de lever une contribution fur les bénéfices
du diocèfe , fans qu’aucun ordre s’en puifle
exempter, à l’exception des mendians êc des chevaliers
de Malte, laquelle contribution fera réglée par
l ’évêque aflifté de deux chanoines de fon églife ; il
permet auffi l’union des bénéfices.
Enfin il oblige les écolâtres des chapitres à enfei-
gner les jeunes clercs dans ces fèminaires , ou à nommer.,
de l’agrément de l’évêque,, quelqu’un à leur
place, pour s’acquitter de cette fonftion.
. -L’aflemblée de Melun en 1579 s’eft conformée au
réglement du concile de Trente « auquel elle a ajouté'
plufieurs articles touchant le gouvernement desfèminaires.
~
Les conciles provinciaux de Rouen , de Rheims,
de Bordeaux , de Tours, de Bourges , d’Aix 6c de'
Toùloufe, ont auffireçu ce réglement, & y ont ajouté
différentes explications. .
Cependant la difeipline de l’églife de France n’eft
pas conforme-en plufieurs chefs au règlement du concile
de Trente.
Il eft d’abord confiant que l’on ne peut établir
aucun fèminaire en France. fans lettres-patentes' du
roi ; c’eft un point décidé par l’édit du mois d’Aout
* 749«
On dêvoït, fuivant le côhcile , élever les en fan S
dans le fèminaire depuis l’âge de douze ans jufqu’à
*ce qu’ils euffent reçu les ordres faciès ; au-lieu que
dans la plupart des diocèfes de France on n’oblige
ceux qui fe préfentent aux ordres que de pafler une
annee dans le fèminaire ; êc même en quelques diô-
cèfes-,on fe contente d’un tems plus court, & que les
clercs faffent une retraite au fèminaire avant que de
recevoir les ordres mineurs, le foufdiaconat, le diaconat
êc la prêtrife.
Le gouvernement des fèminaires en France dépend
de la prudence de l’évêque qui leur donne dés ftatuts
tels qu’il les croit convenables. On ne l’oblige point
de prendre l’avis de deux chanoines de fa cathédrale.
Pour ce qui eft de la dotation des fèminaires, elle
peut fe faire, foit par la fondation ou par des donations
poftérieures, foit par des unions des bénéfices,
foit par impofition fur les biens eccléfiaftiques du
diocefe.
L’évêque procédé à cette impofition avec les fyn-
dics êc députés aux bureaux des décimes de leur
diocèfe.
L ’ordonnance de Blois enjoint aux évêques d’établir
des J'éminaires dans leur diocèfe , d’avifer à la
forme qui fera la plus propre félon les circonftances,
6c de pourvoir à la dotation d’iceux par union de
bénéfices , aflignations de penfion ou autrement ;
c’eft auffi la difpofition de l’édit de Melun, de l’ordonnance
de 1619 , & de la déclaration du 15 Décembre
1698 ; celle-ci ordonne l’établiffement des
fèminaires dans les diocèfes où il n’y en a point, 6c
des maifons particulières pour l’éducation des jeunes
clercs pauvres , depuis l’âge de douze ans.
Les bénéfices dont le revenu n’excede pas 600
liv. font exceptés de la contribution pour les fèminaires
par l’ordonnance de 1629 ; les cures font aufli
exemptes , de même que les dixmes inféodées.
Les évêques, leurs grands vicaires êc archidiacres
peuvent enjoindre aux curés & autres eccléfiaftiques
de fe retirer pour quelque tems dans un
fèminaire, pour y reprendrel’efprit de leur état ; 6c ces
ordonnancesfontexécutoires,nonobftantoppofitions
ou appellations. Voye^ le concile deTrenteêc autres
que l’on a cités,, les ordonnances de Blois de 1629 ,
êc d’Héricourt, Fuet, .la Combe, injiit. au dr. eccléf.
de Fleury, les mémoires du clergé, êc les mots C ollège
, Éco le s , Université. ( A )
SÉMINAIRE, pierre , (Hijl. nat. Litkolog. ) femina-
rius lapis, nom d’une pierre qui paroît eompofée d’un
amas de graines. Voye^ Oo l it e .
SÉMINALE, adj. (Jardinage.) eft la première ra-,
cine d’une plante lorfqu’elle eft graine.
Il fe dit auffi en Anatomie, de ce qui appartient à
la femence des animaux , la matière fèminale, les réticules
fèminalesi
SÉMINARA , ( Gèogr. mod.) bourg d’Italie au
royaume de Naples, dans la Calabre ultérieure, au
couchant d’Oppido. Il étoit fort peuplé avant le tremblement
de terre qu’il effuyaen 1638. Long.jg.SSè
latit. 38. 22. ( D . J .)
SÉMINARISTE, f. m. ( Gram.') jeune eccjéfiaf-
tique qui fait fon fèminaire. Voye{ l'article Séminaire.
SÉMINATION , f. f. terme d'Hijloire naturelle, il
eft vrai qu’il ne fe trouve pas dans les diftionnaires
frânçois ; mais il faut bien s’en fervir i c i , n’y ayant
aucun autre mot dans Éa langue, qui puifle rendre
ce que fignifie celui-ci , favoir Vaction&z femer
ou de répandre de la femènee, & fingulierement
celle des végétaux. V oy^ SEMEN ce ou Graine.
Dès que la graine eft mûre, dit le dofteur Grew
la nature prend différens moyens pour qu’elle foit
femée convenablement a non-feulement en ouvrant
là colle qui la contient, niais en conditionnant la
graine même comme elle doit l’être.
Aiiifi les graines. de certaines plantes auxquelles
il faut un certain fol particulier pour qu’elles viennent
j telles que l’arum, le pavot êc autres, font aufli
lourdes proportionnément à leur volume pour tomber
directement à terre. D’autres qui en conféquence
de leur légèreté êc de leur volume pourroient être
emportées par le vent, font retenues par un ou plufieurs
crochets qui empêchent qu’ elles ne s’écartent
du lieu' qui leur convient, Telles font les graines
d'a vo in equ i ont un crochet ; celles d’aigremoine,
qui en ont plufieurs ; mais celles-là aiment les lieux
elevés êc expofés au foleil, &. celles-ci Jes haies.
On voit au contraire-des graines qui ont des ailes
ou plumes, foit afin que le vent puifle les-empor-
ter lorfqu’elles font mûres , .comme celle du frêne ,
foit afin qu’elles puiflent s’envoler plus ou: moins
lo in , ce qui empêche qu’elles ne tombent toutes
dans un même endroit & ne foientfemées trop drues ;
êc encore afin qué fi quelqu’une n’eft pas-tombée
dans un endroit qui lui foit propre, une autre au-moins
y tombe. Ainfi les pignons, par exemple , ont d.es
ailes courtes à la vérité , 6c qui ne peuvent pas les
foutenir dans l’air .mais qui les font du-moins voltiger
à terre. Mais les graines de la dent-de-lion ,
6c plufieurs autres ont quantité de plumes fort longues,
par le moyen defquelles elles.font emportées
en mille endroits différens;
D ’autres font femées où elles doivent l’être par le
reflort de leurs capfules élaftiques, qui en crevant & .
éclatant lancent leur graine à une diftançe .convena- .
ble. Ainfi i’ofeille. fauvagh ayant des racines qui fer-
pentent fort loin en terre , il falloit que. fa graine fût
lemée ■ à quelque diftànce , & la nature y a pourvu
par des coffes blanches , fortes & tendineufes , qui,
lôrqu’elles commencent à Lécher-,- s’ouvrent tout-à-.
coup.par un côté, & roulent à l’inftant leur? levres
en-deflous avec-force. La graine de fcolopendre,
celle de la perficaire à coffes font aufli jettées& lan-
. cées par le moyen d’un reflort, fi quelque chofe
heurte ou pince la capfulequiies.contient. Et quand
le reflort eft fec & liiffilamment tendu , -il rompt de
lui-même la capfule en deux, moitiés^ femblables à
deux-petits-godets., & en .chaffe la femence.
' D ’autres auteurs, ont encore remarqué bien des,
maniérés différentes dont la graine eft femée. Qu’on
mette , dit M. Ray , .fur du papier une poignée de
graine de fougere en un tas, on entend craqueter &
crever les petites véficules fèminales^ & . avec un
bon microlcope on en voit qui s’élancent.,a,une.
diftance confidérable les.uçies_des autres. Le doêteur,
Sloane obferve que la petite gentiane, genûanella
fore coeruleo,, voulant être femée par un tems humi-
de ; dès que la moindre goutte touche l’extrémité de
fes vaifleaux leminaux, ils s’ouvrent avec un bruit
perçant, & chaffent ren; s’ouvrant par. leur, reflprt la
graine qu’ils contenoient.
Toutes les efpeces.dè çardamine , pour peu qu’on
y touche avec la main »rouvrent leur,s capfules & lancent
leur graine. M.Ray dit plus, il ajoute q.u’il fuflit
même d’en approcher la main de très-près fans y toucher
effeûivement. r _■
D ’autres plantes , pour parvenir à la femination
de leur graine, invitent les, oifeaux par To.deur &
par le goût à en manger ; ils l’avalent <Sç s’ en v ont,
& lé féjôur qu’elle fait dans leur corps fert à la ferti-
lifer : c’eft ainfi que fé propagent la mufeade & le guy.
Voye\ Muscade & G uy. :
SEMINI ou CHEMINI, f. m. ( Hijl. mod. ) c’eft le
•nom qu’on donne dans^le royaume de Pégu aux nobles
qui font chargés du commandement des troupes,
& qui rempliffent les premiers emplois, de l’état. Ils
font au-deflous des. bajas-^ s^- tiennent chez lès Pégùahs
le même rang que leS duc$ Sc pairs;-
SEMIN1STES, 1. m. ( Anat, ) feéle de phyficiehs
qui prétendent que le fétus eft formé dans la matrice
par le mélange des femences de la femelle & du mal«;
T'o/eç. Fétus, ,,,
- C’eft le fentiment d’Ariftbte, de tous les anciens -9
êc celui de leur ennemi juré j le plus célébré des modernes,
Defcartçsv. .
•Suivant les Seniinifies j les femelles ne peuvent
concevoir fans répandre de femence : d’ailleurs cette
liqueur ne peut, ainfi que dans le mâle, couler fans
produire le plaifir, d’où il fuivroit.que le plaifir fe-
roit inféparable de la conception. Cependant combien
de meres fe plaignent du contraire J Voye[ toutes
les raifons que l’auteur de l'art de faire des gar-
fons rapporte contre ce fentiment.
. SÉMINOVISTES , f. m. ( Anat. ) branche des
oyift.es-, à la tête de laquelle s’eft mis l’ingénieux auteur
de l'art de faire des garçons. Ce phyficien penfë
que l’embryon eft produit parle mélange des deux
femences, fait non pas dans la matrice, mais dans
l’oeufi /.
SÉMI-PÉL A d AN IS M É , ( Hiß. eccléf.) on croit
que le Sémi-péiagianifme a tiré fa principale origine
des écrits de Jean .Caflien, appuyés de fon autorité,;
..
, Ce fameux folitaire , après avoir demeuré long-
tems en prient, & s’y être nourri de la dodirine des'
Grecs, vint s’établir à Marfeille peu après l’an 404 ;.
il y fonda deux monafteres, &c s’y difiingua par fon
favoir, & par fa piété. Il écrivit malheureufement
dans des circonftances fâcheufes, & où les difoutes
fur la; grâce étoient encore fort animées. En effet,
les Pélagiens venoient d’être condamnés en Afrique^'
à- Rome, 6c en orient; lorfque vers l’an 426/, tput
au plus tard, Caflien publia fa treizième conférence,
oli il enfeigne nettement que l’homme peut avoir de
foi-même le defir de fe convertir;; que le bien que
npùs faifons ne. dépend pas moins de notre libre arbitre,
que de la grâce de Jefus-Çhrift ; que cette
grâce eft gratuite; que Dieu cependant la donne,
non félon fa puifiançe fouveraine, mais felon la me-
fqre çle la foi qu’il trouve dans chacunou qu’il y a
mife lui-même ; qu’ il y a réellem’ent dans l’homme
une foi que Dieu n’y a pas mife, comme il paroît,
dit-il , par celle que Jefus-Chrift loue dans le cente-
nier de l’Evangile.
Cette dodtrine fe répandit promptement dans les
Gaules, 6c trouva^quantité de feélateurs, au -'nom-,
bre defquels on compta plufieurs évêques 6c autres
illuftres perfonnages. {D . J .)
3 SÉMI-PÉLAGIENS, ou DEMI-PÉLAGIENS , f.
m. pl. ( Hiß. eccL) Pélagiens mitigés »hérétiques qui
rejettant les erreurs les plus groflîeres des Pélagiens,
rétenoient quelques-üns de leurs principes. Voyez
Pélagiens. 7 -/ . V
Saint Profper dans une lettre à fâint Auguftin, les"
appelle reliquias Pelagii, les relies de Pélage.
Plufieurs favans hommes dans les Gaulés , faute
de bien prendre le fens de faint Auguftin fur la grâce
tombèrent dans le fémi-pélagianifme.. On les appella
Mafßliens, ou prêtres de Marfeille, parce que ce fut
en cette ville que leurs opinions prirent naiflance.
Caflien qui avoit été diacre de Conftantinople, 6c
qui fut enfuite prêtre à Marfeille, étoit le chef des
Sèmi-,Pélagiens. Saint Profper qui étoit fon contemporain.,
6c qui écrivit avec force contre lui, dit que
Caflien voulant garder je ne fais quel milieu entré
Jes Pélagiens 6c les orthodoxes, ne s’accordoit ni
avec les uns ni avec les autres. On en va juger par
l’expofition du Sémi-Pélagianifmé.
Ces hérétiques reconnoiflbient premierement la
.chute d’Adam, le péché originel, 6c en' çonféquènee
l’affoibUflement de la liberté; mais ils prétendoient
I 1 : f it