
ur Faire de ce fourneau , qui a environ fept pies de
long & autant de large. On ne le chauffe qu’avec de
bon bois bien fec ; la flamme roule fur le cobalt, que
l’on remue de tems en tems avec un rable de fer £
par ce moyen l’arfenic s’en dégage , & il eft reçu
dans un long tuyau ou dans une cheminée horifon-
tale. Voye^ l'article C o B A L T & la PL qui y eft citée
: on continue cette calcination pendant quatre -,
cinq, fix, & même pendant neuf heures confécuti*
v e s> fuivant que la mine eft plus ou moins chargée
d’arfenic. Le cobalt grillé fe paffe par un tamis de fil
de laiton, & l’on écrafe de nouveau les parties qui
n’ont point pu paffer au-travers du tamis. *
Cependant il faut obferver qu’il y a des mines de
cobalt qui n’ont pas befoin d’être calcinées, & qui
ne biffent pas de donner de très-bonfifre ; le cobalt
n o ir , dont nous avons parlé , eft dans ce cas > vu
qu’il ne s’en dégage que très-peu, ou même point
du-tout d’arfenic ; alors le travail eft plus facile &
moins coûteux, puifque l’on épargne les frais & le
travail de la calcination.
Le cobalt ayant été calciné & pulvérifé, fe mêle
avec de la potaffe bien purifiée & calcinée dans un
fourneau, pour en dégager toutes les ordures & les
matières étrangères qui peuvent y être jointes. Voye{
l'article P o t a s s e . On y joint encore des cailloux ou
du quartz calcinés & pulvérifés, & paffés au tamis.
Pour pouvoir plus facilement réduire ces cailloux
en poudre , on .les fait rougir & on les éteint dans
l’eau froide à plufieurs reprifes ; ce font-là les trois
matières qui entrent dans la compofition du fafre.
On prend ordinairement parties égales de cobalt,
de potaffe & de cailloux pulvérifés, cependant il
faut confulter la nature du cobalt qui donne, tantôt
plus, tantôt moins de couleur ; c’eft pourquoi il faut
s’affurer d’abord par des effais en petit de la qualité
du. cobalt, par la couleur qu’il donne, avant que de
le travailler en grand. Si l’on n’avoit point de cailloux
convenables, on pourroit faire la fritte du verre
. avec du fable blanc, femblable à celui dont on fe fert
dans les Verreries.
Lorfqu’on a pris ces précautions, on mêle examinent
enfemble la fritte , c’eft-à-dire la compofition
dont on doit faire le fafre ; ce mélange fe fait dans
des caiffes de bois , où il demeure pour en faire ufa-
ge au befoin.
Le fourneau dont on fe fert pour faire fondre le
mélange, reffemble à ceux des verreries ordinaires,
il a environ fix piés de long, fur trois de large &
fur fix de haut. Les pots ou creufets dans lefquels
on met le mélange, qui doit faire du verre bleu ou
du fafre, fe placent fur des murs qui font environ à
la moitié de la hauteur du fourneau. L’entrée du
fourneau par où l ’on y place les creufets fe ferme
■ avec une plaque de terre cuite que l’on peut ôter à'
volonté ; au milieu de cette porte eft une petite ouverture
qui fert à recuire les effais ou échantillons
de la matière vitrifiée que l’on a puifés dans les creufets
au bout d’une baguette de fer ; durant le travail
cette ouverture fe bouche avec de la terre glâife. Sur
chacun des côtés du fourneau font trois ouvreaux
qui fervent à mettre la fritte dans les creufets, & à
la puifer lorfqu’elle eft fondue ; pendant qu’on fait
fondre la matière , on bouche ces ouvreaux à environ
un pouce près, & alors ils fervent de regitres
au fourneau & donnent un paffa^e libre à l’air. Au-
deffous des ouvreaux, il y a encore trois portes ou
ouvertures que l’on ne débouche que lorfqu’il y a
quelque réparation à faire aux creufets, ou lorfqu’on
veut en remettre de nouveaux. Au pié du fourneau
eft le cendrier & une autre ouverture , qui fert à
retirer le verre qui a pû fortir des creufets , que
l’on remet à fondre. Les creufets font faits de bonne
terre, on les fait bien fecher dans un fourneau
fait exprès, qui eft à côté du fourneau de verrerie ;
on place fix creufets à la fois dans le fourneau ;
comme il faut que la chaleur foit très-forte, on ne
le chauffe qu’avec du bois* que l’on a faitfécher presque
au point de le réduire en charbon * dans un fourneau
qui communique avec le premier; les bûches
doivent être minces pour ce travail.
Lorfqüe le mélangea été expofé pendant 6 heures
à l’adion du feu , on le remue dans les creufets avec
une baguette de fer ; on continue à faire la même
chofe de quart-d’heure en quart-d’heure , & o n laiffe
le mélange expofé au feu encore pendant 6 heures ;
ainfi il faut i z heures pour que la fufionfoit parfaite,
on n’en emploie que huit lorfqu’on fait du fifre commun.
On recOnrioît que le fafre eft affez cuit aitx mêmes
lignes que tout le verre, . c’eft-à-dire on trempe une
baguette de fer dans la matière fondue ; lorfqu’elle
s’attache à ia baguette & forme des filamens , c’eft
un ligne que la matière eft affez cuite.
Au bout de ce tems, on.puife la matière fondue
qui eft dans les creufets avec une cuillère dé fer,
on la jette dans des cuves ou dans des baquets pleins
d’eau très-pure, afin d’étonner le verre & de le rendre
plus facile à s’écrafer ; cette opération eft très-
importantei
Au fond des creufets, dans lefquels on a fait la
fonte, il s’amaffe du bifmuth , vu que ce demi-métal
accompagne prefque toujours les mines de cobalt
que l’on trouve en Mifnie, & il n’a pu en être totalement
féparé' par le grillage. Au-deffus de ce bifmuth
fe trouve une matière régliline, que les Allemands
nomment fpeifs ; cette matière a été peu connue jufr
qu’à préfent. M.Gellert, dans le tems qu’il a publié
fa chimie métallurgique, regardoit le fpeifs comme un
vrai régule de cobalt pur ; il dit qit’en faifant calciner
cette matière, un quintal de cette fubftance fuffit
pour colorer en bleu 30011 40 quintaux de verre,
au-lieu que la mine de cobalt grillée de la maniéré
ordinaire ne peut colorer en bleu que de huit à quinze
foisfon poids de verre. Voye^ la tradu&ion françoife
de la chimie métallurgique de M. Geliert, 1 .I . p. 46.
Mais on a appris depuis que M. Geliert s’eft retra&é
fur cet article ; & aujourd’hui avec tous les Métal-
lurgiftes fixons , il regarde le fpeifs comme une com-
binaifon de fer, de cuivre &C d’arfenic, & non comme
un régule de cobalt.
Voici comment on fépare ce fpeifs d’avec le bifmuth
: lorfqu’on laiffe éteindre le feu du fourneau,
& que l’on veut facrifïer les creufets , on les remplit
des réfidus qui ont été retirés de ces creufets & qui
étoient au fond du verre ; on les fait fondre , alors
le bifmuth qui eft le plus pelant tombe au fond , &
le fpeifs qui eft plus léger refte au-deffus ; & lorfque .
le tout eft refroidi, on fépare aifément ces deuxfubf-
tances. Mais la féparation s’en fait encore mieux fort-
que l’on allume Amplement du feu autour de ces
maffes régulines qui font en forme de gâteau , par-là
le bifmuth qui fe dégage eft plus pur & fe fond plus
promptement. Lorfque l’on fait l’extin&ion du fifre .
dans l’eau, il tombe aufli quelques particules defpeifs
au fond des cuves , dans lefquelles on éteint le fifre
dont on fépare ces particules.
Après que le verre bleu a été éteint dans l’eau ,
on le retire & on le porte pour être écrafé fous les
pilons du boccard ; au fortir du pilon, on le paffe
par un tamis de fils de laiton, & on le porte au moulin.
C ’eft une pierre fort dure, placée horifontale-
ment & entourée de douves ., qui forment ainfi une
efpece de cuve. Au milieu de cette pieqre , qui fert
de fond à la cu v e , eft un trou garni d’un morceau
de fer bien trempé, dans lequel eft porté le pivot
d’un aiflïeu de fer , qui fait tourner verticalement
deux meules de pierres ; ces meules fervent à écraleç
& pulvérifer encore plus parfaitement le verre bleu
ou le fifre qui a été tarai lé , & qui a été étendu fur
le fond delà grande cuve & recouvert avec de l’eau.
On broie ainfi ce verre pendant fix heures, alors on
lâche des robinets qui font aux côtés de la cuve du
moulin, & l’eau, qui éft devenue d’une couleur
bleue en paffantpar ces robinets , découlé dans des
baquets ou féaux qui font placés àü-deffous ; de-là
011 porte cette eau dans des cuves où elle fëjourne
pendant quelques heures , par ce moyen la couleur
dont elle étoit chargée fe depofé peu-à'-peu au fond
des cuves ; on puile l’eau qui furnàge, on là verfe
dans des auges, qui la conduifent à un réfefv-oir où
elle achevé de fe dégager de la partie colorante dont
elle eft encore chargée ; l’eau qui fumage dans ce
premier réfervoir retombe dans un fécond , & de-là
dans un troifieme où elle a le tems de devenir parfaitement
claire , & la couleur de fe dépofer entièrement.
On met la couleur qui s’ëft dépofée dans des baquets
, où on la lave avec de nouvelle eau pour en
féparer les faletés qu’elle peut avoir contrariées ;
cela fe fait en la remuant avec une fpatule de bois ;
on réitéré ce lavage à plufieurs reprifes , après quoi
on puife cette eau agitée, on la paflè par un tamis,
de cnn fort ferré, & cette eau qui a ainfi paffé fé-
journe pendant quelques heures dans un nouveau
vaifièau. Au bout de ce tems,ondécantel’eau claire,
& l’ona du fifre qui fera d’une grande fineffe & d’une
belle couleur.
On étend également cette couleur fur des tables
garnies de rebords ; on la fait fécher dans des étuves
bien échauffées ; lorfque la couleur eft bien fe-
che, on la met dans une grande caiffe garnie de toile,
ou on la faffe au-travers d’un tamis de crin fort ferré.
L’ou vrier qui fait ce travail eft obligé de fe bander la
bouche avec un linge, pour ne point avaler la poudre
fine qui voltige. On met ainfi plufieurs quintaux
de^fifre dans la caiffe , on l’humeâe- avec de l’eau
on le pétrit avec les mains pour le mouiller égale- .
ment, on le pefe ; alors un infpefteur examine fi l'a
nuance de la couleur eft telle qu’elle doit être ; lorfqu’elle
eft ou plus claire ou plus foncée qu’il ne faut,
il y remédie en mêlant enfemble différens fifr e s , &
par-là il donne la nuance requife. Après que cette
couleur a été pefée , on l’entaffe fortement dans des
barrils, fur lefquels on imprime avec un fer chaud
une marque , qui indique la qualité du fifre qui y eft
contenu. Les Saxons nomment efchel la couleur la
plus fine & la plus belle : fuivant fes différens degrés
de fineffe & de beauté, on la défigne par différentes
marques ; H E F défigne la plus parfaite ; E F E eft
d une qualité au-deffous ; F E eft encore inférieure ;
M E lignifie efchel médiocre ; O E efchel ou couleur
ordinaire ; O C marque une couleur claire ordinaire
; O H annonce un bleu v if ; M Cclaire moyen ;
F C couleur fine ; F F C une couleur très-fine. Les
barrils ainfi préparés fe vendent en raifon de la beauté
& de la nnefle de la couleur, & fe tranfportent
dans toutes les parties de l’Europe ; on affure même
que les Chinois en ont tiré une grande quantité depuis
quelques années.
Telle eft la maniéré dont on fait le fifre en Mif-
q ie, où il y en a quatre manufactures qui font une
Jourcede richeffe pour le pays. Les Saxons ont fait
long-tems un très-grand myftere de ce travail ; le célébré
Kunckel eftle premier qui en aitdonnéune def-
cription dans fes notes fur l'art de la Verrerie d’An-
tome Nén. Depuis, M. Zimmermann en a donné un
tan très-circonftancie dans un ouvrage allemand
qu U a intitulé , Académie minéralogique de Saxe ; fon
mémoire a été traduit en françois -, & f e trouve à la
iuite de 1 Art de la Virrerie de Néri & de Kunckel,
que j ai publiée à Paris en 175 2. Cependant il eft
certain que les Saxons ont toujours fait des efforts
pour cacher leur procédé , & jamais ils n’ont communique
au public les ordonnances & les réglemcns
de fours manufactures de fifre qui font de l’année
| |M > non plus que les divers changemens qu’on y
a faits depuis ce tems.
Quoi qu’il en foit, on fait du fifre en Bohème,
dans le duché de Virtemberg, à Ste Marie aux mines
en Lorraine, &c. il eft vrai que l’on donne la préférence
à celui des Saxons ; il y a lieu de croire que
cela vient de leur grande expérience, de la bonté' du
cobalt qu’ils emploient, & du choix des madères dont
ils font le verre. Comme le cobalt eft une fubftance
minérale qui fe trouve très-abondamment prefque
rï ° Ut ° iV il 7 a des minès »il à préfumer qu’on
rculfira auftî-bien que les Saxons en apportant à ce
travail la même attention qu’eux. i° . Il faut bien
choifir les cailloux dont on fera la fritté du verre ;
fouvent des cailloux qui paroîtront parfaitement
blancs & purs contiennent des parties térrugineufes
que 1 aftion du feu dèvèloppe, alors ces cailloux
rougiront ou jauniront par la calcination , &ils pourront
nuire à la beauté de la couleur du fafre ; d’un
autre côté, il y a des cailloux qui, quoique naturel
lement colorés , perdent cette Couleur dans le feu,
ceux-là pourront être employés avec foccès ; on
voit par-là qu’il faut s’afturer par des expériences, d£
la qualité des cailfoux qu’on employcra ; au défaut
de cailfoux , on pourra fe fervir d’un fable bien
blanc & bien pur. z°. Il faut que la potaffe, la fonde
ou le fel alkali fixe que l’on mêlera dans la fritte du
verre foit aufli parfaitement pure. z°. Il ne faut point
négliger l’eau dans laquelle on éteint lé verre bleu
au fortir du fourneau , afin de pouvoir le pulvérifer
plus aifément ; fi cette eau étoit impure & mêlée de
particules étrangères, elle pourroit nuire à la beauté
à\xfifre. En général ce travail exige beaucoup d‘e
nertete & de précaution.
SAGA, f. f. ( Gram. hifl.J anciennes hiftoirès du
Nord»
SAGACITÉ, f. f. ( Logique. ) Locke définit h fu gacité
, une dilpofition qu’a l’efprit' à trouver promptement
les idées moyennesjqur montrent la convenance
ou la diffonnance de quelque autre idée &
en même tems à les appliquer comme il faut. (Z>.V.)
SAGAIE, f. f. terme de relation , efpece de dard
ou de javelot des infulaires de Madagafcar. Le bois
en eft long d’environ quatre piés ; il eft fort, fouple,
& va toujours en diminuant vers le bout par où on
le tient pour le lancer. Le fer de ces figaies eft ordinairement
empoifonné , ce qui fait que les bleffures
en font prefque toujours mortelles. (D . JA
SAGALASSE, Sagalaffus , ( Géog. anc. ) ville de
Pifidie, quoique Ptolomée l’ait mife dans la Lycie •
fon erreur eft vifible , par le confentement général
de tous-les anciens-; Pline , /. V. c. xxvij. la nomme
Sagaleffus. Strabon compte une journée de chemin
entre cette ville & Apamée ; il d it , /. X I I . p. SG a»
qu’elle étoit du département de l’officier que les Romains
avoient établi gouverneur du royaume d’A-
myntas., & que pour aller de la citadelle à la ville
il y avoitun'e defeente de 30 ftades.
Arrien, dans fes guerres d’Alexandre, l. IV. donne
Sagalaffus à la Pifidie. C’étoit, dit - i l , une affez
grande ville habitée par les Pifidiens. Tite-L ive
l. X X X V I I I . c. xv. décrivant la route que fuivit le
conful Manlius pour paffer de la Pamphylie dans la
Phrygie , dit : « En revenant de Pamphylie, il campa
» au bord du fleuve Taurus le premier jour , & le
» lendemain à Xiline-Comé ; de-là il alla, fans s’ar-
» rêter. , jufqu’à la ville de Cormafa. Celle de Darfa
» n’étoit pas foin, les habitans s’en étoient enfuis, il
» y trouva des vivres en abondance. Marchant en-
» fuite lè long des marais, il reçut les fou millions
Q q q y.