(qui la compofent. Plus les forces font fupérieures aux
réli(lances, avec une plus grande mafl'e à mouvoir ,
plus les forces vitales font confidérables & propres
au maintien de la fonte; & au contraire à proportion
qu’elles furpaffent moins les réfiftances, avec une
moindre maffe à mouvoir, la fonte eft plus foible ,
plus délicate , plus fujette à fe déranger.
Plus la nature a de forces, & moins elle en dé-
penfe, plus la fonte eft ferme &£ durable ; parce que
la provifion des forces eft plus confidérabie. C ’eft delà
que dépend i° . la facilité , l’agilité , la promptitude
dans l’exercice des fondions ; '2°. le contentement
intime , la joie de l’ame, qui font l’effet du fen-
timent qu’elle éprouve de la confidence qu’elle a de
cette dilpofition , de cette faculté; 30. & l’ordre bien
rég lé, tranquille & durable des différentes aétions
de l’individu. Trois conditions qui font effendclle-
ment néceffaires pour le maintien de la bonne fonte.
C’eft un très-bon figne en la faveur lorfque chaque
jour à la même heure à-peu-près on fe fent porté à .
Satisfaire aux principaux befoins de la vie ; que l’on
fe fent de l’appétit pour manger & pour boire ; que
l’on le Satisfait convenablement ; que la digeftion ,
ainlî que l’excrétion des matières fécales & de l’urine
ont auffi chacune leur tems réglé ; & que le fommeil
revient à fa même heure environ , & dure de fuite
environ le même tems.
C’eft auffi une marque de bon tempérament &
d’une difpofition certaine à line fanté durable , lorfque
l’on peut te livrer à un exercice allez fort, à ùn
travail du corps affez confidérabie , fans qu’il fe faffe
de battement, de pulfation, de palpitation extraordinaire
dans aucune partie du corps , fans que l’on
reffente aucune douleur, qu’il fe forme aucune tumeur,
qu’il paroiffe aucune rougeur fur la furface du
corps. C ’eft une preuve que la diftribution des humeurs
fe fait avec une égalité bien confiante, même
lorfqu’il fe fait des mouvemens forcés qui pourroient
là troubler.
Ceux qui ont beaucoup de vigueur dans les organes
, qui font d’une fonte robufte, font rarement des
gens d’efprit ; & au contraire avec de l’efprit on n’a
pas ordinairement une bonne fonte, parce que l’exercice
de l’efprit exige une grande mobilité dans le
phyfique de l’entendement, dans le genre nerveux ,
laquelle contribue beaucoup à l’aftoiblifiement du
corps, à établir une débilité dominante : au lieu que
la roideur des fibres en général qui conftitue la dif- '
pofition à la force du corps, à la vigueur de la fonte,
s’étend à l’organifation du cerveau &c des nerfs ; ce
qui les rend moins propres à la vibratilité, qui eft né-
ceflaire pour l’exercice des fenfations , des fondions
de l’efprit. On ne peut pas réunir dans ce monde toutes
les conditions qui peuvent rendre heureux, à tous -
égards : ainfi celui qui a la fageffe ( c’eft-à-dire le fa-
voir) de Salomon, ne peut pas fe promettre la longue
vie de Mathufalem. On ne fait autre chofe , dit
Boerhaave, injiit. med. §. 88 S , de l’anglois fameux
pour avoir pouffé la vie beaucoup au-delà d’un fiecle,
linon qu’ilaimoit beaucoup le fromage, & qu’il commit
un adultéré ayant près de 100 ans. On n’a jamais
parlé d’aucune production ni autre preuve de fon ef-
prit. M. de Fontenelle qui n’a fini fa carrière qu’au
bout d’un fiecle, quoiqu’il ait joué Un grand rôle dans
la république des Lettres, peut être regardé comme
un phénomène d’autant plus rare en ce genre.
Les moyens propres à conferver la fonte, confif-
tent dans le bon ufage des chofes non-naturelles, que
l’on doit obferver pour cet effet le plus qu’il eft polîï-
b le , de la maniéré prefcrite dans les articles H y g i è n
e , N o n -n a t u r e l l e s , chofes, R é g im e .
Pour ce qui regarde le rétabliffement de la fanté,
c’eft auffi au régime &c au fecours de l’art qu’il faut
avoir recours , félon les indications qui fe préfentefft.
Voyi^ Médecine , Thérapeutique, D îete Régime
3 C uration , T raitemen t , R emede Ckî.
r'urgie, M ÉD IC AM EN T , Pharmacie, Chimie.
Santé , ( Mythol. & Littéral. ) La fanté a été per^
fonnifiée ou déifiée chez les anciéns. Paufanias rao-
porte que fon culte étoit commun dans la Grece :
P opta font deorum figna Hygice, quant filiam ÆfoulapU
fuijfe dicunt ; & Minerves , cui itidnn Hygice , idefi fof.
pita cognomentum. La première étoit apparemment
h fanté du corps, & la fécondé celle de l’efprit. Il dit
ailleurs que dans le temple d’Amphyarus il y avoit
un autel pour Jafo, pour Vénus, pour Panacée, pour
la Santé, pour Minerve : Jafo vient de , guèrifon.
On la fait auffi fille d’EfcuIape. Pline remarque fort
bien que le nom de Panacée promet la guèrifon de
toutes les maladies. Les payens ne prétendirent révérer
que la divinité qui donne ce qui conferve la
fanté.
Les Romains adoroient cette déité fur le mont
Quirinal. Elle nous eft repréfentée comme une dame
romaine couronnée d’herbes médicinales, & tenant
dans fa main droite un ferpent. Elle étoit toute couverte
des cheveux que lés femmes fe coupoient en
fon honneur.
Son temple , félon Publius- V ictor, étoit dans le
fix : eine quartier de la ville de Rome ; mais Domitien
après s’être tiré du péril qu’il avoit couru à l’avéne-
ment de Vitellius à R om e f it élever un fécond temple
à la déeffe de la fanté , avec cette infeription :
S a l u T l A u g u fti.
Il y a un médaillon de Marc-Aurele où l’on voit un
fa orifice fait au dieu de la fanté par Minerve, & devant
elle paroît la Victoire, qui tient un panier plein
de fruit. (D . 7.)
_ SANTÉ , pierre de , ( Hiß. nat. Minéralog, ) C’eft
ainfi qu’on nomme à Genève & en Savoie une efpece
de pyrite martiale très - dure ,J & fufceptible d’un
beau poli. On taille ces pyrites en facettes , comme
le cryftal, ou comme les pieres précieufes r èc l’on
en fait des bagues, des boucles, & d’autres orne-
mens.
La couleur de cette pierre ou pyrite, lorfqu’élle
a été polie , eft à-peu-près la même que celle de l’acier
bien poli. Oh lui donne le nom de pierre de fanté,
d’après le préjugé où l’on eft qu’elle change de con-
leur & devient pâle lorfque la fanté de la perfonne
qui la porte eft fur le point de s’altérer. Cette pyrite
eft preciféinent de la même efpece que celle que l’on
appelle pierre des incas. Voyez, cet article , & Voye[
Pyr ite .
SANTEN , ( Géog. mod. ) petite ville d’Allemagne
, dans le duché de Cleves, au cercle de Weft-
phalie, à demi - lieue du Rhin , à 2 mille au-deffous
de 'Wefel, & à pareille diftance de Gueldres, entre
des montagnes. Cette ville, félon Cluvier, occupe la
place de l’ancienne Vetera. Long. 24. 10. lat. S i. jC..
S. Norbert, fondateur des Prémontrés, naquit à
Santen en 1082, d’uneilluftre maifon. Ilaimamieux
prêcher de ville en ville que d’avoir des bénéfices.
S. Bernard lui donna un vallon folitaire appelle Pri-
montré, où il fonda l’ordre des chanoines réguliers
de ce nom. Il fut nommé en 1127 à l’archevéché de
Magdebourg , & mourut dans cette ville en 1134.
Le pape Grégoire XIII. le canonifa en 1582. (D . 7.)
SANTEO, f. m. ( Botan. ) nom donne par le peuple
de Guinée à une plante dont ils font grand cas
pour les maladies des yeux ; ils fe fervent de les feuilles
qui font noirâtres, de la grandeur & de la figure
de celles du laurier .Voye^ les Tranfactions philofophi-
ques , n°. 202.
SANT-ERINI, (Géog. mod. ) île de l’Archipel,
que les anciens ont connue fous le nom de Thera.
y°yt{ T uera.
Ceux qui nommèrent autrefois cette île Callife ,
SAN
t ’eft-à-dire très-belle ; ne la reconnoîtroieht pas âu-
jourd’hui. Elle n’eft couverte que de pierre-ponce,
ou pour mieux dire * cette île n’eft qu’une carrière de
pierire-ponce , où l’on peut la tailler par gros quartiers
, comme on coupe les autres pierres daiis leurs
carrières. Les côtes de l’île-font fi affreufes qu’on ne
fait de quel côté les aborder. Peut-être que ce lônt
les tremblemens de terre qui les ont rendues inâccef-
fibles, elles ne l’étoient point autrefois.
Nous marquerons -, au mot Thera, l’ancien état de
cette île, & les changemens qu’elle a fubis ; il s’agit
ici du moderne. Après laprife deConftantinople par
les François & les Vénitiens, l’île de Sant-Erini, ou
Santorien , comme difent les François , fut jointe au
duché de Naxie , & dans la fuite le rendit à Barbe-
rouffe, fous Sol man II. Il n’eft guere pôffible de fa-
Voir en quel tems elle prit le nom de Sant-Erini •
mais il y a beaucoup d’apparence que ce nom lui eft
venu de fainte Irene, patrone de l’île. Cette làinte
étoit de Theffalonique, & y fiibit le martyre en
304 , fous le neuvième confulat de Dioclétien.
Quoique le terrein de cette île foit fec & aride,
les habitans cependant le rendent fruéîueux par leur
travail & leur induftrie ; ils y recueillent beaucoup
d’orge j de coton & du vin. Ce vin a la couleur de
celui du Rhin , mais il eft violent & plein d’efprit ; ,,
c’eft le principal commerce des habitans ; ainfi que le J
coton dont ils font de belles toiles. Ils font au nombre
d’environ dix mille, prefque tous Grecs , répandus
dans cinq villages ; & dans deux ou trois bourgs , 1
dont le principal fe nomme Scaro ou Caftro. Pyrgos a
le titre de ville ; & ieft ia plus jolie du pays, bâtie
fur un tertre d’où l’on découvre les deux mers. Le
pere Richard a donné la defeription de toute l’île &
de fes écueils qui font fortis du fond de la mer à di-
verfes fois par des volcans : cette relation eft cu-
rieufe.
L’île Sant-Erini peut avoir ÿo milles de tour. Elle
eft à deux lieues au nord de celle de Candie , & au
fud-oueft de Namfio. Longitude 44. S. latit. 27. So.
(£>.ƒ.)
SANTERNO, Le , ( Géog. m od.f riviere d’Italie ;
elle a fa fource dans l’Apennin, en Tofçane, au pays
de Magello , fe partage en deux branches au terroir
d’îmola , & toutes deux portent leurs eaux dans le
Pô. On prend cette riviere pour le Vaternus des anciens.
.
SANTERRE, LE, ( Géog. mbd. ) Sancterienjîs pa-
gus , en latin de moyen âge ; petit pays de France
en Picardie , borné au nord par l’Artois , au midi
par 111e de France, au levant par le Vermandois, &
au couchant par l’Amiénois. Il a 20 lieues du midi au
nord, & 10 du levant au couchant. Charles V. céda
toutes les prétentions qu’il eftimoit ayoir fur ce pays
à François I. par les traités de Cambrai & de Crépy.
Il comprend les trois bailliages de Pérenne, de Mon-
tiidier & de. Roye. Péronne en eft la capitale ; fon
terroir eft gras & affez fertile. ( D . 7.)
SANTIA , ou SANTA-AGATHA, ( Géog. mod. )
petite ville d’Italie , an Piémont, à 14 milles de
Verceil & à 20 d’Yvrées. François II. duc de Mo-
dene y eft mort en 1658*
SANT1CUM, ( Géog. anc. ) ancien liêii du Nori-
que. Antonin le met fur la route d’Aquilée à Lorch,
entre Larix & Virunum, à 27 mille pas de la première
, & 3 0 mille pas delà fécondé. Cluvier dit
que c’eft Saameck. Lazius R. R. liv. X I I . cap. iij,
prétend que les rttines de Santicum font au lieu que
les habitans nomment aujourd’hui AltenboureSc Grad-
neck. (Z ) .7 .)
SANTiLLANE, ( Géog. mod. ) enlatin du moyen
y® , Sanclce Juliance fanumoxi oppidum ; petite ville
d’Efpagne, dans l’Afturie, dont une partie en prend
le furnom d’A(iurie de Santillane , à 5 lieues de S.
S A N éji
Ander , proche la mer, avec titre de marquifan Oh
croit que c eft la Cohcana de Ptolomée , liv. I l, ch.
i>j. Long. i j . 4. latit. 43. i&.
SANTOLINE , ( B o ta n . ) vàye{ Garde * ROBE'.
Tournefort compte quatorze efpeces de ce genre dé
plante, dont on peut voir les earaûeres au mot Gar-
dE'-ROüe ; c’eft le nom vulgaire de la fa n to lin e ; les
Artglois 1 appellent fcmale fouthernwood.
La plus commune efpece eft la fontolina folUs teref-
tibus /. R. ƒƒ. 460. C’eft une plante qui pouffe com2
me un petit arbriffeaù à la hauteur d’environ deux
pies , des verges grêles , couvertes d’un léger duvet
blanc. Ses feuilles font crenélées , blanchâtres ;
fes rameaux ont chacun aufommet une fleur, qui eft
un bouquet de plufieùrs fleurons jaunes ; ramafîes
en boules, évalés en étoile, portés fur un embryon:
lepares les uns des autres par des feuilles pliées en
gouttière ; & fôutenus par un calice écailleux : lorfque
la fleuf eft paffée , chaque embryon dévient une
gr-aine uh pëu longue, rayée & de couleur obfcure ;
toute la plante a une odeur forte, affez agréable, &
un goût acre tirant fur l’amen On la cultive dans les
jardins. (D .J .)
SANTOLINE , ( Mat. méd. ) petit cyprès , garde-
robe , auront femelle ; on fait rarement ufage de cette
plante en médecine ; c’eft pourtant un très-puiffant
febntuge capable de chaffer les vers & les autres infectes,
par la feule odeur. C’eft à' çaufe de cette der-
mere propriété qu’on met fes feuilles parmi les étoffes
de laine pour les préfervér des teignes ; & c\ft
cet ufage qui liii a fait donner le nom de garde-robe.
Qn convient d’ailleurs affez généralement que la
fontohnè poffede les mêmes vertus qüel’auronemâle.
T’qyéç Aurone. (b)
Santoline , ( H i f . d e sd ro g .e x o t.) poudre qu’on
nomme encore poudre a u x vers , barbotïnt &cjèmenti-
n< on l’appelle dans les b o u tiq u e s fa n to lin a ; femen-
u n a ,fc n ic n côntra vedmes. C’eft line poudre grofliere
çompofée dé petites têtes dblongues, écailieufes !
d’unverd jaunâtre ; d’un goût défagréable, amer
mele d’acrimonie , d’une odeur aromatique, dégoûtante
, & qui caufe des natifées. Cette poudre nous
parvient avec de petites feuilles, de petits rejetions,
ou de petites branches cannelées.
Quoiqu’elle foit d’ufüge , fon origine nous eft inconnue.
On doute fi c’ëftune graine, ou line capfule
féminaje; ou des germes de feuilles & de fleurs. Ori
ignore quelle eft la plante qui la porte, fi c’eft ia zé^
re ou l ’abfynthe , ou une efpece d’aurone, ou lé
petit cyprès ; on eft incertain fi elle vient dans la Pa-
leftine, dans l’Egypte, dans là Perfe, ou feulement
dans le royaume de Boutan , à l’extrémité des Indes
orientales. Rauwolf, qui a parcouru les pays orientaux
, dit que c’eft une efpece d’abfynthe * que les
Aràbés appellent fchtlia , qui croît auprès de Bethléem
, & qui eft femblable à notre abfynthe ; mais
les feuilles que l’on trouve parmi cette graine font
toutes différentes dé celle de notre abEynthe*. De
plus , il n’eft pas vraiffemblable que Profper Alpin
& Weflingius , qui ont recherché avec tant de loin
les plantes d’Egypte, & qui ont demeuré l’un & l’autre
quelques années dans ce pays, n’en enflent fait
aucune mention ; eux qui favoient mieux que perfonne
qu’on étoit fort curieux en Europe de con-
noître l’origine de cette graine, auroient-ils oubliés
de nous l’apprendre ?
P. Herman croit que c’eft une efpece d’autone qui
fe trouve dans là Perfe, & dans quelques pays de l’Orient
; il prétend que ce ne font pas tant de vraies
graines , qtte dés enveloppes écailieufes de graines"
qui ne font pas encore parfaites ; Taverflier confirme
le fentiment de ce favant botanifte, car il raconte
que \&fontàline croît dans le royaume dé Boutan j fi-
tué fur le bord fepténtrional du Mogol y d’où l’on