fon établiffement : -l'autorité du légiftateur fans ceffe
compromife avec l’avidité du gain que conduit fou-
vent la néceflité même, lui feroit moins fenfible que
la dureté delà perception. L’abandon de la culture ,
le découragement du contribuable, la diminutiondu
commerce , celle du travail, les frais énormes de la
régie lui feroient appercevoir que chaque million en
entrant dans fes coffres, en a prefque coûté un autre
à fon peuple, foit enpayemens effectifs, foiten non-
valeurs. Ce n’eft pas tout encore ; cet impôt avoit
au-moins dans fon principe l’avantage de porter fur
le riche & fur le pauvre, une partie confidérable de
ces riches a fu s’y fouffraire ; des fecours légers 8c
paffagers lui ont valu des françhifes dont il faut rejet»
ter le vuide fur les pauvres.
Enfin fi la taille arbitraire n’exiftoit pas, ¥ impôt dit
f d feroit peut-être le plus funefte qu’il fût poffible
d’imaginer. Aufii tous les auteurs oeconomiques 8c
les miniftres les plus intelligens dans les finances ont
regardé le remplacement ae ces deux impofitions,
comme l’opération la plus utile au foûlagement des
peuples 8c à l’accroifîement des revenus publics.
Divers expédiensont été propofés, 8c aucun jufqu’à
préfent n’a paru affer sûr. {D. J.)
S e l , {Mat. méd. arab.) nom donné par les Arabes
au fruit d’une plante des Indes , qui reffemblôit au
concombre dans lavégétation , mais qui portoit un
fruit femblable à la piftache. Il y a trois fruits nommés
par les Arabes , bd , f d &cfel ; ils difent que ce
font le fruit d’une plante rampante ; mais il eft probable
que le f d dont parle Avicenne dans fon chapitre
du nénuphar, eft la racine du nénuphar indien , auquel
il attribue les mêmes qualités qu’à la mandraÊ°
ré, \D .% .WM
S e l p h a r y n g i e n , ([Pharmac.) f d artificiel qui a
été fort en ufage dans l’efquinancie caufée par un
amas de férofites, avec inflammation fur le pharynx.
Il étoit préparé de crème de tartre 8c de nitre, de
chacun une once, avec demi-once d’alua b rûlé, dif-
fous dans du vinaigre diftillé. On coaguloit enfuite
cette folution, félon l’art. Ce f d mêlé avec deux gros
de miel, 8c diflous dans cinq onces d’eau de plantain,
compofe réellement un excellent gargarifme pour
cette maladie. ( D . J. )
S e l , ( Critiq. facrée. ) Comme la Judée abondoit
en f e l , il n’eft pas étonnant que cette efpece de minéral
fervît fi louvent d’allufion , de fymbole 8c de
comparaifon dans l’Ecriture. E^échid, ch. xvj. 14.
voulant faire fouvenir les Juifs qu’ils avoient été
abandonnés dans leur naiffance, leur dit qu’ils n’a-
voient été ni lavés ni frottés de Jet, parce qu’ils avoient
coutume de frotter de f d les enfans nouveaux nés
pour fortifier leurs corps délicats. La femme de Loth
ayant regardé derrière elle , fut changée ( comme ) en
Jiatuc de f d , c’eft-à-dire , devint roide 8c froide. Je-
fus-Chrift emploie aufli ce mot au figuré, quand il déclare
à fes apôtres qu’ils font le fel de la terre , Matt.
v. ij . c’eft-à-dire que comme le Jel empêche les viandes
de fe corrompre, ils dévoient femblablement
préferver les âmes de la corruption du fiecle. D e même
S. Paul prefcrit aux Coloffiens, jv . 6. d’aflaifon-
ner leurs difcours de f d avec grâce ; cela lignifie que
leurs difcours foient agréables, 8c cependant qu’ils
n’y mêlent rien qui fente la corruption ; c’eft pourquoi
le f d eft dans l’Ecriture le fymbole de la durée.
Un pacte, une alliancede f e l, Nomb. xvïij. c>. feprend
pour une alliance perpétuelle. Le fel défigne encore
au figuré la reconnoiffance. Les gouverneurs juifs des
lieux fitués au-delà de l’Euphrate écrivoient à Arta-
xerxès , qu’ils fe fouvenoient du f d qu’ils avoient
mangé dans le palais, I. Efdras, jv. 14. Enfin le f d
d iligne la ftérilité, parce que quand les anciens vou-
loient rendre un lieu ftérile, ils y femoient du fe l.
comme fit Abimélech après avoir détruit la.ville de
Sichern , Juges, jx . 46. {D. J.')
S e l b l a n c , ( Salines. ) c’eft celui qui a été fait
d’eau de mer ou d’eau tirée des fontaines 8c puits fa-
lés , en la faifant bouillir 8c évaporer fur le feu. On
fait aulïi du f d blanc en rafinant les fels gris. {D. J.)
S e l -b o u i l l o n , ( Salines. ) c’eft 1 e f d blanc qui
fe; fait dans quelques élections de Normandie.
S e l d e f a u x - s a u n a g e , ( Gabelles.) c’eftle f d
qu’on fait entrer 8c qu’on débite en fraude dans les
provinces de France qui ne font pas privilégiées, 8c
qui fönt obligées de prendre leurs fels dans les greniers
du roi. On appelle aufli faux fe l celui que l’on
fait entrer en France des pays étrangers ; l’adjudicataire
des gabelles n’en a pas même le droit ; il ne lui
eft permis d’en faire venir que dans le tems de difette
des fels du royaume , 8c feulement après en avoir
obtenu du roi permiflion par .écrit. Mais ce n’eft-Ià
qu’une formalité. ( D. J. )
S e l g kbeeee, (Gabelles.) c’eft celui qui fe prend
au grenier k f d , 8c qui fe diftribue par les officiers 8c
commis , aux heures, aux jours, 8c de la maniéré
marquée par l’ordonnance. {D . J.)
S e l g RÉNÉ ,; {Salines.') c’eft celui qui eft en gros
grains , foit que. ce foit l’ardeur du foleil , ou celle
du feu qui l’ait réduit en grains.
S e l g r i s , {Salines.) c ’e ft du f d q u i fe ram affe fu r
le s ma rais falans.
S e l d ’im p ô t , {Gabdles.) c’eft la quantité de fel
que chaque chef de famille eft obligé de prendre au
grenier tous les ans pour l’ufage du pot 8c faliere feulement
, à laquelle il eft impofé fui vant le rolle dreffé
par les afféeurs ; çette quantité eft évaluée à un mi-
not pour quatorze perfonnes. Le fel d’impôt ne peut
être employé aux greffes falaifons. {D .J . )
S e l , GRENIER a , {Jurifprudence.) Voye^ au mot
G a b e l l e s 8c au mot G r e n i e r a s e l , C h a m b r e a
s e l .
SELA, ( Géog. anc. ) nom d’une ville de la Palef-
tine, dans la .tribu de Benjamin, 8c d’un fleuve du
Péloponnèfe , dont l ’embouchure eft marquée par
Ptolomée, /. I I I . c. xvj. fur la côte de la Meflenie,
entre le promontoire Cypariflîum , 8c la ville Pylus.
( p . j . ) m m | H
SELAGE, f. f. {Hiß- des Druides.) nous apprenons
de Pline, l. X X IV . c. x j. que les Druides enfei-
gnoient que pour cueillir la plante nommée filage,
qu’on croit être la pulfatille, il falloit l’arracher fans
couteau 8c de la main droite , qui devoit être couvert
d’une partie de la robe, puis la faire paffer fe-
crettement à la main gauche , comme fi on l’avoit,
volée;il falloit encore être vêtu de blanc, être nuds
pies , 8c avoir préalablement offert un.facrifîce de
pain 8c devin. Ces fortes de pratiques ridicules nous
peignent bien toute la fuperftition des principaux
miniftres delà religion des Gaulois. {D . J .)
SELAGO , f. f. {Botan.) genre de moufle dont
voici les cara&eres iùivant Linnæus; le calice fubfi-
fte après que la fleur eft tombée ; il eft compofé d’une
feule feuille découpée en quatre fegmens; la fleur
eft monopétale formée en un tuyau qui paroît à-peine
percé ; les étamines font quatre filets chevelus de
la longueur de la fleur plus ou moins ; le germe du
piftil eft arrondi ; le ftile eft délié , 8c a la grandeur
des étamines ; le ftigma eft fitnple 8c pointu ; la fleur
renferme la graine qui eft unique 8carrondie. Dille-,
nius dans fon hift. mufe, p. 436', compte cinq efpe-
ces étrangères de ce genre de moufle, le leûeur peut
les confulter.
SELAM , f. m. terme de relation ,• on appelle ainfi
dans l’Amérique feptentrionale certains poftes dif-
pofés le long des côtes où les Efpagnols mettent les
Indiens en fentinelle. Ce font comme des efpeces de
guérites qui font bâties tantôt à terre avec du bois
S EL
de charpente, tantôt fur des troncs d’arbres, comme
des cages,mais affez grandes pour recevoir deux hommes
, avec une échelle pour y monter 8c en defcen-
dre. ( D .J . )
SE LAMBINA, {Géog. anc.) ville de PEfpagne bé-
tique ; Ptolomée , l. II. c. iv. la place fur la mer d’I-
bérie, entre Sex 8c Extenjio. Le nom moderne eft
SaLobrennUk
SÉLAMPRIA, l a , {Géog. mod.) riviere de la Tur*
quie européenne , dans le Comenolitari. Elle a fa
fource dans les montagnes aux confins de l’Albanie ,
traverfe toute la province de Janna, 8c va fe rendre
dans le golphe de Salonique, près du mont Caflbvo*
La Sélampria e ft, à ce qu’on croit le Sperchius des Latins.
{D .J . )
SÉLANDE ou SÉELANDE, ( Géog. mod. ) île de
la mer Baltique, 8c la plus grande entre celles de
Danemarck. Elle eft bornée au feptentrion par la
Norvège, au fud par les îles de Mone & de Falfter,
à l’orient par le Sund , 8c à l’occident par l’île de
Fuhnen.
Sa longueur du nord au midi, eft de 18 milles germaniques
, 8c fa largeur de 1 z milles d’orient en occident.
Dans cette étendue de terrein, on compte
treize villes, plufieurs châteaux 8c trois cens qua-
rante-fept paroifles. Le tout eft divifé en vingt-fix
bailliages, qu’on appelle herrit, 8c à chacun defquels
on joint un nom propre , pour les diftinguer des autres.
Coppenhague eft la capitale.
L’île. de Sélande a peu de montagnes , mais beaucoup
de bois 8c de forêts , de gras pâturages 8c des
champs très-fertiles.
Ses côtes font coupées de divers golphes 8c baies,
8c dont quelques-uns avancent affez dans les terres.
Les uns 8c les autres , ainfi que les mers voifines ,
abondent en poiffon. Ils ont aufli divers ports furs 8c
commodes , où l’on peut établir le plus grand commerce,
par leur fituation avantageufe entre l’Océan
8c la mer Baltique,.
On croit que cette belle île eft la Codanonia de
Pomponius Mêla, l. III. c. vj. c’eft le fentiment de
Cluvier, 8c des plus habiles géographes. Ainfi le Sinus
Codanus des anciens, eft la mer de Danemark.
{ D . J . ) 1 W Ê Ê I
SÉLASTIQUËS, j e u x , ( Infcript. ) fur une ancienne
infcription faite par les hàbitans de Puzzolo,
à l ’honneur d’AntoniaPie ; cet empereur eft appellé
conflitutorifacri felaftici, pour ifdaftici. Saumaifè dans
fes notes fur la vie d’Hadrièn par Spartien , cite plufieurs
exemples de mots grecs 8c latins , dont on re-
tranchoit alors la première letttre , ou la première
fyllabe. Sacrum felajlicum, eft donc la même chofe
que J'acrum ifelajlicum, jeux ifélaftiques , efpece de
jeux 8c de combats qu’on donnoit dans les villes d’I*
talie , de Grece 8c d’Afie, foumifes à l’empire romain.
Voyt{ IsÉLASTIQUE. { D . J . )
SELBURG, {Géog. mod. ) petite ville du duché
de Sémigalle , annexe de la Curlande , fur la Dvina.
C’eft le chef-lieu d’une des deux capitaineries, qui
compofent ce duché.
SELELERRE , { Géog. mod. ) petite ville , félon
nos lexicographes, 8c félon la vérité, petit bourg de
France , en Sologne, fur le Beuvron, à 4 lieues lùd-
eft de Blois ; ce bourg a une feule paroiffe, 8c un
couvent de filles. Longitude 18.68. latitude 4y. 34.
( D .J . ) I I I
SELEMNUS, ( Géog. anc.') fleuve du Pelopon-
nefe, dans l’Achaïe propre. Quand on a paflé le Cha-
radrus, dit Pâufanias, l. VII. c.-xxiij. on apperçoit
quelques ruines de l’ancienne ville d’Agyre, 8c à main
droite , on trouve une fontaine qui porte encore ce
nom. .
Le fleuve *Selemnus ou Selimnus , continue l’hifto*
rien , a fon embouchure auprès, ce qui a donné lieu
S E L 9 2 9
a tirt conte que font les gens du pay§. Selon eux *
Selimnus fut autrefois un beau jeune berger, qui plut
tant à la nymphe Argyre, que tous les jours elle for-
toit de la mer pour le venir trouver. Cette paflioil
ne dura pas long-tems ; il femblqit à la nymphe quô
le berger devenoit moins beau , elle fe dégoûta de
lui, 8c Sélimnits en fut fi touché, qu’il mourut de dé-
piailir. Venus le métamorphofa en fleuve ; mais tout
fleuve qu’il étoit, il aimoit encore Argyre, comme
on dit qu’Alphée pour être devenu fleuve, ne cefla
pas d’aimer Aréthufe : la déefle ayant donc pitié de
lui une fécondé fois , lui fit perdre entieremenr le
ffouvenir de la nymphe. Aufli croit-on dans le pays
que les hommes 8c les femmes pour oublier leurs
amours , n’ont qu’à fe baigner dans le Selimnus : ce
qui en rendroit l’ eau d’un prix ineftimable, fi on
pouvoit s’y fier ; c’eft la réflexion de Paufanias*
{D .J .)
SÉLENE , {Géog. anc. ) c’eft-à-dire, la fontaine
de la Lune ; fontaine du Péloponnefe, dans la Laconie.
On la nommoit de la forte, dit Pâufanias, /. IIL
c. xxvj. parce qu’elle étoit confacrée à la Lune. D ’Oe-
tyle à Thalama il y avoit quatre-vingt ftades , 8c
fur le chemin on voyoit un temple d’Ino, célébré
par les oracles qui s’y rendoient. La fontaine Sélenc
fourniffoit ce temple de très-bonne eau , 8c en abondance.
SÉLENES , f. nii pl. {Àntiq. grécq.) forte de gâteaux
qui étoient larges 8c cornus en forme de demi-
lune etxîivai. Dans les facrifices offerts à la Lune ,
après fix ordinaires félenes , on préfentoit Un autre
gâteau , appellé /Soü? ïtrS'op.oç, parce qu’il répréfentoit
les cornes d ’un boeuf, 8c qu’il étoit le feptieme. Voy*
Potter, Archoeol. grcec. L I. p. 214. { D. J. )
SÉLÉNITE, f. m. {Hift. nàt. Chimie & MinéralogJ)
felènites , fàl Jeleniticum. Par félénite ou fel félèniteux
Bon défigne des fubftances fort différentes. Les miné-
ralogiftes allemands appliquent ce nom à une efpece
de gypfe ou de pierre à plâtre, compofée de lames ou
de feuillets tranfparens, telle que celle qui eft con-
nune fous le nom de pierre fpécülaire ou de miroir des
ânes, dont ilfe trouve une grande quantité à Montmartre.
Quelques auteurs donnent le nom de félé-
. nite au fpath rhomboïdal, 8c compofé de lames*.
D ’autres ont donné ce même nom au cryftal d’Iflan-
de , qui eft rhomboïdal. Enfin, il y a des naturalif-
tes qui fe font fervi du mot félénite pour défigner le
. tâlc.
Les chimiftes 8c les naturaliftes françôis par fde-
nito entendent communément un fel neutre formé
par la combinaifon de l’âcide vitriolique 8c d’une '
terre calcaire, telle que la craie, la marne , &c. En
effet, fi l’on verfe de l’huilë de vitriol fiir de la craie
en poudre, il fe fait une effèrvefcence confidérable
la diffolution devient trouble ,.8c il fé précipite une
poudre blanche ; cette poudre examinée avec attention,
ne montre qu’un amas de petits cryftaux, qui ont
la forme de petits feuillets ou d’écailles de poiflon*
Suivant M. Rouelle, la raifon pourquoi cefe lie précipite
âufli-tôt qu’il eft formé , c’eft qu’il eft prefque
irtfoluble dans l’eau ; en effet, lé lavant chimifte a
trouvé qu’il exigeoit 360 parties d’eau pour le mettre
en diffolution. La meilleure maniéré d’obtenir ce
fel jdeniteux, c’eft de verfer de l’acide vitriolique
dans de l’eau de chaux ; mais il faut pour cela attraper
le point de la fàturation, ce que l’on reconnoî--
tra en trempant un papier bleu dans la diffolution ;
quand ce papier ne rougira plus, ce fera une preuve
que i’on aura réuflï.
La nature en fe fervant des mêmes matières produit
un féleniteux ou une felenite tout-à-fait femblable;
on la trouve dans la terre qui tombe au fond de certaines
eaux. Beaucoup de pierres 8c furtout celles qui