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nous apporte auffi le mufc Sc la rhubarbe avec cette
graine. Il ajoute qu’elle croît encore clans la Carama-
n ie , province feptentrionale de la Perfe , mais en 11
petite quantité qu’à peine füftit-elle pour l ’ufage des
habitans du lieu ; enfin , il raconte que cette graine
eft emportée par le vent : les peuples du p a ys , ajoute
t-il , fe font mis dans la tête que.cette graine fe
corrompt lorfqu’on la touche avec les doigts, de
forte que pour en avoir , ils portent des gants à leurs
mains 3 dans les prairies où cette plante abonde , fa
graine étant mûre, ils agitent leurs vans de tous côtés
pour en attraper les fommités qui en font remplies
, & qui s’en détachent par l’agitation de l’air. Il
ne faut pas faire beaucoup de fond fur ce récit d’un
voyageur qui ne parle que par oui-dire' ; car aucun
européen n’a pénétré dans ces contrées reculées delà
Perle.
Au refie, l’ignorance.où l’on eft du pays natal
de cette graine , n’empêche point que l ’on ne
l’emploie quelquefois contre les lombrics ; elle eft
utile dans cette maladie quand on la donne a v e c lV
quila alba, ou quelqu’autre préparation de mercure;
mais c’eft qu’alors la vertu du remede dépend du
mercure bien plus que de la fanioünt ; auffi les bons
médecins ne connoiffent point de meilleurs vermifuges
que les préparations mercurielles. (D . / .)
SANTOLINOIDE, f. m. ( Hijl. nat. B 0 tan J) fan-
tolindides ; genre de plante qui ne différé de la fanto-
line, qu’en ce que fafubûance eft herbacée , & que
fes feuilles font découpées en très - petites parties,
comme celles de Fanthemis. Nova plant gen. &c. par
M. Micheli,
SAN TON E S , (Géog. anc. ) ancien peuple de la
Gaule. Céfaf les met entre les Celtes , parce que de
fon ‘teins l’Aquitaine étoit bornée par l’Océan , les
Pyrénées & la Garonne ; mais fous Augufte , l ’Aquitaine
fut étendue jufqu’à la Loire : alors les Santo
nés furent cenfés un peuple de l’Aquitaine. D e - là
vient la différente maniéré de les placer dans la Celtique
& dans l’Aquitaine. Leur pays eft aujourd’hui
la Saintonge. Les anciens ont dit Santoncs & Santon:.
Pline , liv. IV. ch.xix. leur donne le nom de
libres, Santones liberi. Ptolomée, liv. IL ch. vij. leur
donne pour ville Mediolanum , aujourd’hui Saintes.
L ’auteur delaPharfale, liv. L v. 422. dit Santonus au
ürigulier :
Gaudetque ainoto Santonus Ao/?«.
( D: J. )
SANTONS, f. m. (Hift.mod.) efpece de religieux
mahométans, vagabonds & libertins. On regarde
les fantons comme irtie fefte d’épicuriens qui
adoptent entre eux cette maxime , aujourd'hui e(l a
nous , demain efl à lui, qui en jouira ? Aufli prennent-
ils pour le fauver une voie toute oppofée à celle des
autres religieux turcs , & ne fe refufent aucun des
plaifirs dont ils peuvent jouir. Ils paffent leur vie dans
les pèlerinages de Jérufalem , de Bagdad, de Damas,
du mont Carmel & autres lieux qu’ils ont en vénération
, parce que leurs prétendus laints y font enterrés.
Mais dans ces courfes ils ne manquent jamais de
détrouffer les voyageurs lorfqa’ils en trouvent l’oc-
cafion ; auffi craint-on leur rencontre , & ne leur
permet - on pas d’approcher des caravanes, fi ce
n’eftpouf recevoir l’aumône.
La fainteté de quelques uns d’entr’eux confifte à
faire les imbécilles & les extravagans afin d’attirer
fiir eux les yeux du peuple ; à regarder le monde
fixement, à parler avecorgueil, & à quereller ceux
qu’ils rencontrent. Prefque tous marchent la tête &
les jambes nues, le corps à moitié couvert d’une méchante
peau de quelque bête fauvage, avec une ceinture
de peau au-tour des reins, d’où pend une efpece
de gibeciere ; quelquefois au-lieu de ceinture , ils
S A O
portent un ferpent de cuivre que leurs do&eurs leur
donnent comme une marque de leur favoir ; ils portent
à la main une efpece de mafliie.
Les fantons des Indes qui paffent en Turquie pour
le pèlerinage de la Mecque & de Jérufalem, demandent
l’aumone avec un certain ris méprifant. Ils marchent
à pas lents ; le peu d’habillement qui les couvre
eft un tiffu de pièces de toutes couleurs mal affor-
ties & mal coufues. 5
Dandini, dans fon voyage du Mont-Liban, prétend
que le titre de fanton eft un nom générique &
commun à plufieurs efpeces de religieux turcs, dont
les uns s’aftraignent par voeu à garder la continence,
la pauvreté , &c. & d’autres mènent une vie ordinaire.
Il diftingue encore les méditatifs , qu’on re-
connoît aux plumes qu’ils portent fur la tête ; & les
extatiques, qui portent des chaînes au cou & aux
bras pour marquer la véhémence de l’efprit qui les
anime ,; quelques - uns qui font mendians ; d’autres
fe confacrent au fervice des hôpitaux : mais en
général les fantons font charlatans, & fe mêlent de
vendre au peuple des fecrets & de reliques telles que
des cheveux de Mahomet, &c. Prefque tous font
mendians, & font leurs prières dans les rues, y prennent
leurs repas, &: n’ont fouvent point d’autre
afy le. Lorfqu’ils n’ont point fait de vccux, fi ce genre
de vie leur déplaît, il leur fuffit, pour y renoncer,
de s’habiller comme le peuple; mais la fainéantife &c
l’oifiveté à laquelle ils font accoutumés font de puifc
fans attraits pour les retenir dans leur ancien état :
d’autant plus que l’imbécillité des peuples eft un fond
affuré pour leur fubfiftance. Guer. moeurs de Turcs ,
tome I. Dandini, voyage du Liban.
SANTONUM-PORTUS, (Géogr.ancJ) port des
Saintongeois, félon Ptolomée, lib. II. ch. vij. On ne
convient pas du nom moderne. Il le met entre la Garonne
& la Charente, prefque à diftance égale, ce
qui convient mieux à Brouage où le place M. de Valois
, qu’à Blaye ville fur la Garonne, même fort
avant dans cette riviere, au-lieu que le Santonum-
Portus de Ptolomée, doit être fur l ’Océan. (D. J.)
SANTORIN , ( Géographie mod. ) Voye^ Sant-
E r in i .
SANTSI, f. m. (Botan. exotJ) nom donné par les
Chinois à une plante célébré chez eux contre les hémorrhagies.
Nos millionnaires rapportent que cette
plante croît fans culture fur les montagnes ; fa principale
racine eft épaiffe de 4 doigts, & fournit plufieurs
radicules moins groffes, mais qui font les feules
d’ufage : elles ont l’écorce rude & brune en-dehors,
liffe & jaune en-dedans ; la principale racine jette
huit tiges, dont celle du milieu élevée beaucoup au-
deffus des autres, porte des bouquets de fleurs. On
multiplie le fantfi en coupant tranfverfalement la
maîtreffe racine en diverfes tranches, qu’on met en
terre à la profondeur d’un pouce, & en 3 ans la plante
acquiert toute fa perfe&ion. (D.JJ)
SANTVLIET, (Géogr. mod. } fortereffe des Pays-
bas dans le Brabant, fur la droite de l’Efcaut, entre
Lille & Berg-op-zoom. Cette fortereffe appartient
aux Provinces-unies, & leur eft d’une grande imporf
tance. (JD. JJ)
SANUK.I, (Géogr. mod.) une des fix provinces de
Pempire du Japon, dans le Nankaido, c’eft-à-dire
dans la contrée des côtes du fud. Cette province a 3
journées de longueur de l’eft à l’oueft, & eft diviféc
en 11 diftritts. C ’eft un pays médiocrement fertile,
' où il y a beaucoup de montagnes, de rivières, & d e
champs qui produifent du riz, du blé & des légumes:
la mer le fournit de poiffon. Cette province eft fa-
meufe par le grand nombre de perfonnes célébrés qui
y font nées..( JD. J. )
SANUT, Voyei C anus. ' . f
S AO C E S , (Géogr. anc.) haute montagne de l’île
SAP
de Samothrace ; félon Pline, lib. IV. ch. xij. c’eft aujourd'hui
Monre-Nectünoj-àa.ns l’île de Samandrachi.
Il Iui'donne 10660 pas de hauteur, ce qu’il ne faut
pas entendre de fa hauteur perpendiculaire, niais feulement
du chemin qu’il faut faire en montant, depuis
le pié de cette montagne jufqu’aufommet. (D. J.)
SAONE, LA, (Géogr. mod.) profiôncez Sône; rivière
de France , l’une de celles qui grofliffent le
Rhône. Elle prend fa fource au mont de Vofge,tra-
verfe la Franche-Comté > la Bourgogne , le Beaujq-
lois coulé le long de la principauté de Dombes, &
enfin fe rend à Lyon qu’elle- coupe en deux parties
inégales, & s’y jette dans le Rhône tout joignant les j
murs de cette grande ville , près de l’abbaye d’Aif-
nay. Son nom latin eft Arar,z\\ géniXilArans,’ On
appelloit déjà cette riviere Sauconna du tems d’Am-
rniêh Marcellin , qui -dit lib. X V . Ararim qüein Sau-
connam appellant ; & c’ eft de ce mot Sauconna qu’eft
venu le nom françois.
Il ne faut pas confondre Xk Saône avec la Saona, ën
latin Savo, riviere d’Italie au royaume de Naples ,
dans la terre de Labour. Cette derniere prend fa fource
vers Tiano, & fe rend dans le golfe-de Naples *
entre la roche de Montdragron & la bouché du Vol-
tornoi (D. JJ) *"• *•» --v'' ■ •••-< - .•>d3A»Mhd''
SAORRE ou QUINTILLAGE, f. f. (Marine.) ces
termes fur la Méditerranée fignifient lefi. Voyeç
Le s t . •’ 4 , ’ ' -•
SAOULE , f. f. (Jeu d)exercice.) c’eft le nom d’un
jeu que les feigneurs de paroifl’e propofent en Bretagne
à leurs vafraux, dans des jours de réjouiffance,
&c. Ce jeu fe fait avec un ballon bien huilé en-dehors
pour le rendre plus gliffant. On le jette à l’aventure,
& chacun cherche à s’en faifir & A fe l’entr-arracher ;
enfin celui qui le peut porter fur une autre pàroiffe
que celle où fe fait le jeu, gagne le prix propofe; ce
jeu fe nomme en Normandie la pelote ou V.éttuf.
(D. JJjJ •••
SAOULÉ , SOU ou SATURE, (Chimie.) Voyé{
Saturation.
SAOULER, (Jardin.) quelques autres modernes
fe font fervis de ce terme en parlant d’une terre qu’on
avoit trop fumée Ou arroféè.
SAPÆI\ (Géogn anc.) ancien peuple de la Thra-
ce, félon Etienne le géographe. Appien, civil, lib. V .
en fait aufii mention. Leur pays eft nommé Sapaica
proefeclura par Ptolomée* lib. III. cluxj. Leurs villes
étoiertt Ænos, Cypfela* Bifanthe, &c. félon le P.
Hardouin, in Plin. I. I V , c> ij-,
z. Sapai, ancien peuple de l’Ethiopie fous l’Egypte
, félon Ptolomée, /. IV. c. viij. il les met au midi du
peuple Memrtoncs, qui étoient entre le Nil & l’Afta-
pus, prèsde Méroé. (D . J . )
SAPAJOU, voye^ Singe.
SAPAN, f. m. (Hijl. mod.) c’eft le nom queleS habitans
du Pégu donnent à leurs principales fêtes ou
folemnités, qui fe célèbrent avec beaucoup de pompe.
La première eft la fête desfufées ; les gens riches
lancent des fufées en l’air, & ils jugent du degre de
faveur qu’ils obtiennent auprès de la divinité, par la
hauteur à laquelle leur fuiée s’élève : ceux dont la
fufée ne s’élève point, s’ils en ont les moyens, font
bâtir un temple à leurs dépens, pour expier les fautes
qui leur ont attiré le deplaifir du ciel. La fécondé
fête s’appelle hollok, on choifit des femmes du peu--
pie, & fur-tout des hermaphrodites qui font communs
au Pégu, qui forment une danfe en l’honneur
des dieux de la terre. Lorfque la danfe eft finie, les
afteurs ou aflrices entrent en convulfion, & préten-
tendent enfuite avoir cohverfé avec les dieux, & fe
mêlent de prédire fi l’année fera bonne ou mauvaife,
s’il y aura des épidémies, &c. La fête appellée fapan-
kauna, confifte à faire de grandes illuminations, &
à promener dans les rues de grandes pyramides ou
S A P 633
colonnes* Celle que l’on nommé fàpan-dayka, ou la
fête des eaux * fe célébré en fe baignant & eri fe jettant
les uns aux autres une grande quantité d’eau. La fête
àppelhfe fapan^donon, fe célébré par des joutes ou
courfes fur l’eau. Le maître ou condufteurdelabar*
que qui arrive la première au palais du roi, obtient
un prix ; celui qui arrive le dernier reçoit par déri*
lion, un habit de veuvè : cette fête dure pendant urï
mois entier.
SAPHAR, (Géogr. anc J) OU Sapphar & Sapharà
par. Ptolomée , Jib. VI. ch. vij. ville de l’Arabie heu-
.reufe dans les terres * félon Pline ^lib. ch. xxiij. c’é-
toit du tems d’Arrien la métropole du roi des Hémé1-
rites & des Sabaïtes ieiirS'voifins: Le P. Hardouin dit
que le^Aôm moderne eft Sacada. (D . J .)
SAPHENE, f. (. (Anatomie.) cette veine eft la pluS
groffe & la plus longue des fix qui forment la crurale
. Elle commence par quelques rameaux qui vieil*
nent du gros orteil & de deffus le pié, & montant par
la malléole interne le long de la jambe, & pàr la partie
intérièuré de la cuîffe, entre la peau & la membrane
charnue , elle v,a fe perdre vers les glahdes dè
Faine dans la crurale, à Foppofite de la feiatique mineure
qui s’y inféré à la partie externe; elle reçoit
plufieurs; branches dans fon chemin, &c ç’eft elle
qu’on a coutume d’Ouvrir dans la faignée dii pié.
Galien, dt curai, pervence feclionem, a le premier
établi que l’ouverture de cette veine eft efficace pour
exciter les réglés, parce qu’après l’ouverture le fang
fe porte abondamment non-feulement à la veine fur
laquelle orf a ôpéré,. mais encore à tous les vaiffeaux
qui eri dépendent, à ca,ufe que le fang trouve moins
ae réfiftance à l’endroit où la veine eft ouverte, que
par-tout ailleurs. Lors donc qu’on a fait la faignée au
pié, il fe porte plus de fang aux vaiffeaux de la matrice
qui viennent de là veine-cave, auffi-bien que dè
la fapherïe. Et comme le fluide qui s’y porte en plus
grande abondance diftend confidérablement les vaif-
'fieaux, le flux menftruël doit trouver une iffüe plus
'facile. Àuffi lorfqijè le,’fang fuperflu, fans,être vif-
queux , fe trouve retenu par le vice des vaiffeaux, on
n’a pas plutôt ouvert la faphene que les humeurs fe
jettent en plus grande quantité vers la matrice , au
moyen dé quoi le cours dii fang vers les vaiffeaux de
l’uretere eft plus libre, & pfôeure Féçoulement des
'réglés. (D . J .) ; ;
SAPHIR, f. nat.) pierre précieufe *'
bleue ; elle eft tranfparente Sc d’une dureté qui ne le
cede qu’au diamant & au rubis. Sa couleur fe diffipe
au feu fans que pour cela la pierre entre en fufion.
Relativement à la couleur, on compte quatre différentes
efoeCes de fiphirs : i° . Le faphir d’un bleu
célefte, ôu d’uri bleu d’afur; c’eft celui' cpie l’on re-
' garde comme le plus beau.' C ’eft ce faphir que quelques
auteurs appellent faphir mâle j on le nomme
auffi cyanus, parce qu’il eft de la couleur des barbots.
z°i Le faphir d’un bleu foncé; il eft moins eftimé
que le précédent. 3°. Le faphir d’un bleu clair, tirant
; un peu fur le verd d’eau ; quelques auteurs le nomment
faphirus prajitis. 40. Le faphir très-claip * dans
lequel la teinte bleue eft prefqu entièrement imperceptible.
Il n’y a , pour ainfi dire, que la dureté qui
mette de la différence entre lui &; le diamant ; ce dernier
a quelquefois été appellé faphir femelle : d’autres
Font appellé leuco-faphirus* '
AV aller ius dit que les faphirs font ordinairement
d’une forme oftogone, ou d’nn plus grand nombre
de côtés; mais les relations des Voyageurs nous apprennent
qu’on les trouve communément fous la forme
de petits cailloux roulés dans quelques rivières
des Indes orientales, de même que prefque toutes lés
autres pierres précieufes. Les plus beaux Japhirs
viennent des royaumes de Pégu, de Bifnagar, de
Cambaye & de File de Ceylan. Ceux qui fe trouvent