comme le fel marin , une fubftance étrangère portée
du dehors en-dedans du corps humain, mais il y a
été élaboré par la coftion & par d’autres mouvemens
des organes, & formé de fubftances dans lefquelles il
n’étoit pas.
M. Margraff remarque qu’on ne peut féparer entièrement
le fe l efl'entiel de 1’urine , & il croit que
les cailles en font probablement, i° . la quantité de
l ’extrait onttueux , qui empêche la cryftallifation ;
2.°. & principalement la diflipation du fri volatil urineux
qui arrive à ce f r i , tant dans l’infpiffation de
l ’urine, que dans fa dépuration : car c e f r i privé de
fon fri volatil, refufe de prendre une forme laline fe-
che. Si on le diflout fréquemment dans l’eau bouil-
lauta , il perd toujours une partie de fon efprit uri-
neux ( comme l’odeur le prouve fuffifamment ) , &
ainfi il ne le met point en cryftallifation ; ce que l’on
peut pourtant corriger en quelque forte , en y ajoutant
un peu d’ efprit volatil de fel ammoniac : cet efprit
fature avec effervefcence l’acide découvert.
Quand l e fel fufible a été fuffifamment dépuré, il
eft tout-à-fait blanc & fans odeur. M. Pott nous apprend
que la figure de ce fri varie beaucoup, fuivant
les effets de la chaleur, de l’évaporation, &c des différentes
cryftallifations : car il prend la figure de la
plupart des autres , comme du lalpêtre , du vitriol,
duÿê/ammoniac , de l’alun, du J'ri admirable, &c.
mais pour l’ordinaire il eft en cryftaux brillans, octogones
& prifmatiqües. Ce fel excite fur la langue
une faveur un peu fraîche ; il a à-peu-près le goût
du borax, avec lequel il préfente des reffemblances
fingulieres : mis dans un creufet f ur le charbon ardent,
il y écume , fe bourfoufle, fe fond, & pouffe des végétations
: foufflé fur le charbon avec un chalumeau,
il coule en une perle ronde quand il eft convenablement
purifié. Les cryftaux de la fécondé cryftallifa-
tion le fondent aufli en perle fur le charbon , quand
ils ont été dépurés ; mais après le refroidiffement, ils
prennent une couleur de lait : mêlés avec le phlogif-
îique , ils ne donnent pointle phofphore comme les
premiers cryftaux ; après avoir été fondus, ils fe remettent
facilement en cryftallifation, tandis qu’on
ne peut plus faire cryftallifer les premiers quand une
fois ils ont été liquéfiés.
On voit par cette différence que les cryftaux de la
fécondé cryftallifation ont les mêmes propriétés que
le fri que M . Haupta nommé J al mirabile perlatum : ce
que M. Margraff ne paroît pas avoir vû lorfqu’il a
a dit que ce dernier fri n’a que très-peu de rapport
avec l e fr i microcofmique.
La première cryftallifation ne tombe pas aifément
en effervefcence à l’air , mais bien la fécondé , que
l ’air chaud commence à réduire en une poudre blanche
comme la neige, & qui au lieu de rafraîchir la
langue, l’échauffe comme un charbon ardent, fans
lui cauier pourtant aucune douleur ni aucun dommage.
Cette fenfation de chaleur ne s’y conferve que
quand il eft bien dépouillé de toute humidité, & il
recouvre toujours cette chaleur, lorfqu’il l’a perdue,
par des calcinations répétées.
Le f t l microcofnique eft un fri moyen ammoniacal,
dont l’acide eft d’une nature toute particulière &C fi
peu liée avec le fri urineux , qu’il n’eft point d’autre
exemple de fri ammoniacal ƒ « , dont l ’iirineux fe fé-
pare auffi aifément par la feule diftillation , ou par
une fimple digeftion, & même par la feule attraction
de l’air.
Si on met les cryftaux de fri fulible dans une re-
torte de verre , & qu’après y avoir adapté un récipient
bien lutté, on diftille infenfiblement & par degrés
au feu de fable, le Jri écume &c devient fluide ,
en même tems il s’élève dans le récipient un fort efprit
urineux vola til, dont le poids eft la moitié du
total, qui reffemble beaucoup à l’efprit defri ammoniac
préparé avec de la chaux vive, qui étant mêlé
en affez grande quantité avec l’efprit de fr i, n’entre
point en effervefcence , mais échauffe confidérable-
ment les vailfeaux , au lieu que les uriheux ordinaires
produifent plutôt du froid : après cet efprit urineux
montre quelques grains de fublimé ammoniacal,
l’autre moitié de cryftaux forme dans la retorte une
malfe blanchâtre & crevaflee.
C’eft dans cette matière faline, qui demeure après
la diftillation des cryftaux , que l’acide fe trouve enveloppé
par une terre tenue & glutineufe , & il ne
fe découvre entièrement qu’après que ce réfidu a été
fondu à un feu violent, en un corps clair & tranfpa-
rent que l’on fait couler fur une lame de fer chauffé»
bien poli ; mais la plus grande violence du feu ne
peut chaffer de ce refidu , qu’un peu d’humidité, 8c
n’en peut féparer aucun acide ni aucun fublimé.
Cette matière » femblable au verre, fe diflout entièrement
dans deux ou trois parties d’eau diftillée
bien pure, & fe change en une liqueur claire, un peu
épaifl'e , qui a les propriétés de tous les acides , de
forte que x°. elle fe met en effervefcence avec l’alka-
li volatil, & z°. avec Palkali fixe , 6c même qu’elle
forme avec l’un 6c l’autre des efpeces de fr i moyen
tout-à-fait particulières. 30. elle précipite les corp9.
diffous dans lesalkalis, &même4°. elle diflout les
terres alkalines.
Cependant MM. Pott &c Schloffer nient que ce
v.erre falin diflout dans de l’eau, fafl'e aucune effervefcence
fenfible avec l’alkali, quoique cette effervefcence
ait lieu lorfqu’on fature avec un alkali la liqueur
acide du phofphore brûlé. M. Pott a découvert
qu’on augmente beaucoup la fufibilité du fr i fixe
de l’urine , lorfqu’on diflout ce fri purifié dans un
bon efprit de f e l, qu’on fait digérer la folution, qu’on,
la filtre , & qu’on abftrait doucement l’efprit, juf-
qu’à ce que le fri fe coagule de nouveau. Il a trouvé
aufli que le fr i ammoniac fixe , connu pour un fe l fi
fufible, étant mêlé avec autant de J'ri microcofmique,
loin d’en conferver la fufibilité, ou d’en acquérir davantage
, devient fragile au feu comme une écume
friable 6c verdâtre.
Les expériences remarquables de MM. Margraff &
Pott, nous apprennent que le fe l fufible précipite
les folutions du fr i ammoniac fixe, ou la folution de
chaud vive , faite dans l’acide du f r i , la folution
épaifl'e de craye , la folution de cailloux faite depuis
long-tems dans l’alkali fixe, 6c qu’il s’en précipite
une matière vifqueufe qui demeure cohérente comme
la glu , & qui s’endurcit fans pouvoir être diffoit-
te de nouveau : ces expériences me paroiffent fortifier
le fentiment de ceux qui croient que le fri de l’urine
contribue à en lier la terre , pour former le calcul
de la veflie.
M. Pott cite 6c adopte le fentiment d ’Henckel,
qui dit que la fécondé cryftallifation du /è/d’urine en
forme de falpetre, auflï-bien que le premier fe l qui
fe cryftallife du caput mortuum , contiennent l’un 6c
l’autre quelque portion d’acide vitriolique , puifque
avec le charbon , ils forment un foufre commun.
M. Pott dit ailleurs que le fr i de l’urine contient en
foi 6c réunit la terre colorée de l’acide nitreux, la
terre fufible de l’acide du f r i , 6c la terre fixe de l’acide
du vitriol, lefquels étant employées à propos,
peuvent fervir à produire divers changemens dans
d’autres corps : ces idées femblent avoir peu de fondement
, neanmoins les variétés de la cryftallifation
du fel fufible, dont nous avons parlé plus haut, mé-
riteroient d’etre étudiées plus foigneufement qu’on
n’a fait jufqu’ici.
On peut voir dans MM. Margraff 6c Pott de quelle
maniéré leyè/microcofmique agit fur les métaux avec
lefquels on le met en fufion, ou dans une forte digeftion
, 6c les rapports de ce même fri avec différentes
chaux 6c folutions métalliques. La propriété la
plus remarquable de ce f e l , qui a étédécouverte par
S E L
M. Margraff, c’eft qu’étant'mêlé avec un inflammable
fubtil 6c diftillé dans un yaiffeau fermé, il produit
le phofphore. M. Margraff penfe que l’acide du fel
mictocofmique eft effenrielle à la production duphof-,
phore , & il faut, fuivant lu i, que cet acide foit mêlé
dans plufieurs végétaux, parce que lafemence de
roquette , de.creflon , de moutarde , 6c même le-
b lé , lorfqu’on les diftille à un feu violent ^donnent
à la fin le phofphore , qiiand le feu eft poufle.au-plus,
haut degré,. Voye^ P h o s p h o r e , Il eft dans l’opinion
que le J'ri microcofmique ,6 c fur-tout fon acide-, fe
trouve mêlé à quelques-uns des végétaux qui com-*-
pofent les alimens 6c les boifîons des hommes, 6c
qu’il paffe de-là dans le corps humain : car il a remarqué
que l’urine d ’été , faifon où- les hommes main-.
gent beaucoup plus de végétaux , fournit toujours-
line plus grande quantité de ce fr i, que l’urine d’hiv
e r ; mais line femblable preuve paroît extrêmement
foible , . quoiqu’elle n’ait laiffé aucun doute à M.Mar- ■ ■ ■ ■ ' On a attribue différentes vertus médicinales au fe l
•microcofmique , mais elles ne. font pas afîèz confta-
tées , quoique ceux qui l’ont employé, femblent fe
réunir a dire que ce fri eft un puiflant apéritif.
S e l p r in c i p e , ( Chimie & Phyjique.) les .anciens
chimiftes crurent reconnoître que -la decompofition
des corps étoit arrêtée , lorfqû’ijs étoient parvenus
à les réduire en efprit, huile j f e l , terre, 6c eau-;
ils nommèrent ces fubftances- principes ou élemens ;
ils appellerait les trois premiers actifs, les deux autres
paJfif $ i ils ont été fücceflïyemenî contredits par
leurs fucceffeurs. Paracelfe- les reduifit à trois, le
mercure ou,l’efprit, le foufre oit l’a me , 6c le fe l ou
le corps ; Vanhelmont n’adoairque l’eau pour tout
principe ; Becher joignit la terre, dont il fit trois efpeces
, à l’eau ; Stahl adopta ces maximes ; les chimiftes,
plus modernes que ces deux grands hommes,
trouvant des défauts dans cette partie de leur doctrin
e , ont varié dans la divifion qu’ils ont faite de ces
mêmes principes. Il feroit trop long de rendre compte
de tous les fentimens qui fe font élevés à ce.fuj.et,
nous nous bornerons à examiner ce qu’on doit pen-
fer de ce prétendu élément.
Il eft évident que le titre de principe ne peut convenir
à aucun Jri neutre ; il ne l’eft guere moins que
les alkaiis en doivent être exclus ; quant aux acides,
une fuite d’analogies, de vraiffemblances, leurtranf-
-mutation, font des preuves qu’ils dérivent tous d’un
feu l, du vitriolique, fulphureux ou univerfel : c’eft
donc lui feul qu’on pourroit nommer principe, mais
n’eft-il pas encore fufceptible de décompofition ?
doit-on penfer avec Becher, Stahl 6c Junçker, qu’il
eft formé par l’union de l’eau 6c de la terre vitrefci-
ble } c’eft ce qui ne fauroit être mis en évidence que
par des expériences nouvelles 6c repétées ; heureu-
fement l’incertitude qui régné fur cet objet, n’eft
d’aucune conféquence pour la pratique de la chimie,
elle ne peut en arrêter les découvertes , elle doit au-
contraire exciter à tenter la décompofition des corps
quiparoiffent les plus fimples, ceux qui veulentavoir
des points fixes fur cette matière. On peut renvoyer
aux écoles toutes les difputes femblables, & fe borner
à foutenir que l’opinion la plus vraiflemblable eft
celle d’Ariftote, qui admet pour élément, l’eau, l’air,
la terre, &Ie feu, en attendant qu’un jour plus grand
foit répandu par l’expérience fur la théorie d’un art
que nous regardons comme la clé de la vraie phy fique.
Voye{ É l e m e n s , P r in c i p e s ,
S e l s é d a t i f , ( Chimie. ) le borax]( Voye{ B o r a x )
eft un fel compofe, qui reconnoît pour fes principes
conftituans , un alkali del’efpece de celui qui fert de
bafe au fe l muriatique , appellé alkali minéral, parce
que c’eft le feul alkali fixe qui exifte tout formé
dans la nature , & que l’art ne crée pas ; ce fe l alka-
Tome XÎK,
S- E L -
li eft neiifrâlîfé par une autre efpece dé fe l, qui fait
fon&ion d’acide , connu fouSle nom de fri J'idaiif, '
par rapport aux effets qu’a cru lui remarquer Hom-
berg , un de fes-'inventeurs.
. Cefel fe retire du borax de deux manières , par fu*'
blimation &c par cryftallifation ; dans l’un & l’autre
cas il faut toujours employer une addition d’acide,
au.bprax, lequel s’unit à l’àlkali minéral, pouf former
un J'ri neutre différent, ftiivant le genre d’acide.
Ils font tous indiftinâ;ement propres à-'opérer cette
décompofition,félon les obfervations de M. BarÔn ;
(Voye^ Mémoire desjavans étrangers J) alors I efr i f'éda-
t i f , qui eft encore affoibli par l’eau que l ’on ajoute
au mélangé, a moins d’affinité avec l’alkali, que n’en
ont les acides employés , i l fe trouve libre & en état
d’être féparé du nouveau fr i qu’a formé l’addition de
l’acide CP qui pourra s’exécuter par la voie qui fe
trouvera la plus convenable.
Non-feulement, félon les expériences de M. Lé-
meri, les acides purs &• concentrés opèrent la décompofition
du borax, mais encore ces mêmes acides
engagés dans des bafes terreufes & métalliques,
ce qui a été la fource de plufieurs erreurs ; par exemple
, M- Homberg obtint le J'elJedatif, par l ’interme-
de du colcotar , & penfant que c’étoit la matrice de
ce f r i , il le nomma fel volatil[de colcotar, ou de vitriol,
&c.
Là méthode qui nous a paru la meilleure pour retirer
le j'elfédaiif, eft la fuivante.
L’on arrofe quatre onces de borax réduit en poudre
, avec une once & deux gros d’huile de vitriol
très-concentrée , l’on ajoute peu de tems après au
mélange , deux onces d’eau commune , & l’on diftille
le tout dans une cornue luttée , dont le col foit
large , en pouffant le feu jufqu’à faire rougir la partie
inférieure de la corriuev
Il eft à remarquer que l’acide vitrioliqüe très-con--
centré , ne décompoferoit pas fans addition d’eau le
borax; il eft même eonnij que le fe l fédaiiffrès-pur
& très-fec , décompofe en partie , par une propriété
très-finguliere, tous les fris neutresà bafes alkalines
, s’uniffant à ces mêmes bafes lorfqu’il en a précipité
l’acide, pour reproduire avec elles du borax ;
mais lorfque dans la décompofition du borax, on
ajoute une certaine quantité d’eau , le f t l fédatif ne
peut plus agir avec la même a&ivité , & la réaéion
de l’acide fur l’alkali n’en eft pas diminuée ; le fri fé*
datif devenu libre , & étant naturellement fort di-
vifé , préfente à l’eau un grand nombre de furfaces,
ce qui lui facilite la propriété d’être enlevé avec elle
: aufli arrive-t-il que dans les procédés où l’on
emploie une moindre quantité d’eau, il faut en ajouter
de nouvelle pour enlever tout le felfédatif qu’une'
quantité donnée de borax peut fournir ; lorfque l’on
diminue la quantité d’huile de vitriol,on tombe enco- '
re dans l’inconvénient de ne pas décompofer tout le
borax , non qu’il n’y ait affez d’acide pour faturer
toutl’alkali minéral, mais c’eft que la décompofition
ne s’en fait jamais fi rapidement, que l’eau n’enleve
une. certaine quantité même néceflake de cet acide,
de la même maniéré qu’il enleve & tient en diffolu-
tion une petite partie du frifédatif, de-là l’acidité de
l’eau du récipient : quant au f i t fédatif qui n’a pas la
même affinité avec l’eau que l’acide, & qui d’ailleurs
n’en-eft pas diffous, mais feulement humeélé , il eft
enlevé à la faveur de cette eau , & de la chaleur qui
le tient dans un état de fufion , jufqu’au col de la
cornue , .qui eft la partie qui fort du reverbere, &
que le contaft de l’air a refroidi; mais l ’eau qui n’eft
pas fufceptible d’un fi grand degré de chaleur, nefe
condenfe pas également à un froid fi peu fenfible ;
elle s’étend oc fe raréfie jufque dans le balon où elle
s’accumule, avec une légère portion de fe l fédatif,
qui avoit été exactement diffous, & qui fe cryftallife