dont nous avons parlé ; 8c l’on n’eft parvenu aies en
garantir entièrement que par le moyen des etuves
faites pour leur defféchement. C’eft un canal où 1 on
conduit le chaleur de la poêle à côté de laquelle ü
eft conftruit. Il eft couvert de plaques de fer qui! s e-
chauffent par ce courant de feu, 8c fur Lefcjuelles oh
met les pains de fel, après y avoir fait une légère couche
de cendre pour que le fel ne touche pas lefen
II ya àpréfentà Montmorot deux étuves divifees
chacune en deux corps, 8c fechant enlemble cent
charges de fel. Nous joignons ici le plan de celle qui
eft au deuxieme ouvroir. Les pains de fel formes, non
plus avec l’eau grafle, mais avec l’eau qui fort des
bâtimens de graduation , 8c féches doucement par la
•chaleur modérée des étuves, font tres-beaux , 8c
n’ont ni odeur ni amertume ; mais il ne fouffre pas fi
bien le tranfport, 8c tombe plutôt en déliquelcence.
Les plaintes de la province ont celle , & le fel en
pains de Montmorot n’ eft plus aftuellement fort inférieur
à* celui que Salins fournit. Il eft beaucoup
moins pénétrant ; 8c en général les fromages fales
avec le fel de Montmorot ne font pas fi-tôt faits, &
ontbefoin de plus de tems pour prendre le fe l, que
ceux que Ponfale avec celui de Salins. Au refte, cette
différence n’en apporte eft aucune dans leur qualité qui également bonne. Mais le préjugé contraire eft fi
fort univerlel, qu’il auroit peut-etre fallu le refpec-
te r , parce que les fromages font une branche con-
fidérable du commerce de la.Franche-Gpnvté._
Explication des plans desnouvelles etuves établies aux
falines de Montmorot.
I. Poëlé'à cuire les fels. ;
а. Ouvroir où l ’on forme les fels en pains , 6c où
on les faifoit deffécher étendus fur les braifes, .
3 & 4. Premier 8c fécond corps d’étuve nouvellement
conftruites pour faire deffecher les fels en
pains.
5. Entrée du fourneau fous la poêle. ;
б. Ouverture pour le paffage de laffumee que l’on
ferme ou que l’on ouvre par un empêlem'ent ^ pour
•ôter ou prendre la chaleur , la conduire aux etuves
pour les échauffer.
7, Tranchées creufées de 15 -à 18 pouces , fur la
largeur de 5 pies ^ couvertes de larges pierres , fou-
tenues au milieu par un petit mur marque 8 , laquelle
tranchée conduit la chaleur aux etuves. •
8. Eft encore un petit mur de brique conftruit dans
la partie inférieure de l’étuve pour fupporter. les platines
de fer, fur lefquelles font placées fept rangées
de pain de fels dans l’étuve du quatrième ouvroir,
& fix feulement dans celle du deuxieme ouvroir ;
dans lequel petit mur on a pratiqué de petits intervalles
pour que la chaleur puiffe s’étendre plus égar
lement dans chaque collatéral .de l’étuve. -
o. Défigne des tuyaux conftruits à ^extrémité de
chaque corps d’étuve ', pour paffer la fumée ; le premier
débouche dans 1 a-berne , à-travers lé mur’:que
l’on a percé'à cet effet , & le’fécond eft monté tpar-
deffus les combles : on a pratiqué un.:gliflbir ;dans
chaque tuyaû de l’étuve du quatrième V poiur ïptêr
nir la chaleur, & la renvoyer en entier alternative^
ment dans un feul corps d’étuve, fuivant que l ’exigé
le fervice. ;
10. Défigné, dans les plans Üe coupe, les .terréins
rapportés pour élever Fëtuveqûelques pouces aur
deflus du niveau du deffous'elëdp poêle, pour- donner
une légère montée à la fùméé ', 8c la. faire,tirer plus
rapidement au débouché. -
I I . Sont des grands volets queTon peut baifior où
élever, au moyen des poulies, fuivantlê.degre-d’e-
vaporation qui fe fait au commencement îduu d'eftu-
chement, &: pour tenirHa-'chaleur concentrée , lorf-
que la grande évaporation eft faite, &; précipiter lb
defféchement des pains. .
L’étuve au deuxieme ouvroir eft couverte dans les
tems néceffaires, par des tables que l’on ôte lors du
chargement de l’étuve , dont le fervice fe fait par les
côtés fans qu’il foit befoin d’entrer dedans , n’ayant
de largeur en tout que ce qu’il en faut pour que les
fechans puiffent atteindre le milieu ; ce qui ne fe pratique
pas de même à l’étuve du quatrième ouvroir ,
où il eft néceffaire d’entrer dans l’étuve , ce qui en
rend le fervice moins prompt.
1 z. Trottoirs pour le fervice de l’étuve au fécond
ouvroir.
13. Sille & maffous. .
14. Cuve qui reçoit l’égout de la fille.
15. Autre cuve où les lormari ou faffavi prennent
l’eau néceffaire lors de la formation.
La différence des deux étuves confifte en ce qu’au
fécond ouvroir, chaque corps d’étuve a fon canal
particulier qui y conduit la chaleur dès le fourneau
de la poêle j. où chaque canal a fon empalement, au-
lieu qu’à l’étuve du quatrième, le canal eft commun
pour les deux corps ; la première contient environ
40 charges, & l’autre 6p. Les deux demi ers.t articles
font de M. l'abbé FeNOV 1.LLO T.
Salines des îles Antilles, ce font des étangs
d’eau de m er, ou grands réfervoirs formés par la nature
au milieu des fables, dans des lieux arides, entourés
de rochers 8c de petites montagnes dont lapo-
fition fe trouve ordinairement dans les parties méridionales
de prefque toutes les îles Antilles-; ces étangs
font foùvent inondés par les pluies abondantes, & ce
n’eft que dans la faifon feche; c’eft-à-dire vers les
mois de Janvier 8c de Février que le fi l fe forme ;
l’eau de la mer étant alors très-baffe, 8c celle; des
étangs n’étant plus renouvellée, il s’en fait une fip.ro-
digieufe évaporation par l’exeeilive chaleur du foleifi
que lés, parties falines n’ayant plus la quantité d’humidité
néceffaire pour les tenir en diflolution , font
contraintes de fe précipiter au fond 8c fur les bords
des étangs, en beaux cryftaux cubes. ,, très-gros, un
peu tranfparens 8c d’une grande blancheur. 11 fe rencontre
des cantons dont l’atmofphere qui les environne
eft fi chargée de molécules falines , qu’un bâton
planté dans le fable à peu de diftance des étangs ,
fe trouve en vingt-quatre heures totalement couvert
de petits cryftaux hrillans, fort adhérens ; ç’eft ce.
qui a fait imaginer'à quelques efpagnols du pays de
former des croix de bois, des couronnes,, 8c d’autres
petits.ouvrages curieux*
Les îles de Saint-Jean-dé-Portorico ,de S.aint-Chri-
ftophe, la grande terre de là Guadeloupe, la Martinique
& la. Grenade, ont de très-belles falines, dont
quelques-unes pourroient fournir la cargàifonde plu-
fieUrs vaiffeaux ; le ,fel qu’ elles produifent eft d’un
ufage journalier, mais, iisn’éft pas propre .aux falaiT
fons des viandes qu’on veut conferver fong-tems ;
on prétend qu’il eu iio.peu coffofifi M. le Romain,
:oSàlinÉ ^(Commerce,:) de mot fe dit ■ .ordinairement
des pouffons de mer que l’on a faitfaler, pour les conferver.
.Il fe fait en Franco. Si dans iés-pays étrangers
un négoce très - confi4é?îable. de faline. Les poiftons
qui'epibht leprinçipèl <abjet, font la morue , 4e fau-
mon, le maquereau, le hareng, i’anchoisï&: la fardine.
de la
lqs, iittejïpmtès de TEeritùrç mettent
eomnftlhém.ent :aù midido la mer M orte, du-côté de
l’iduméfor M. .Halifax^ dans fa relation de .Palmyre ,
patle!d’uüeig!r.ande,plaine remplie de f e l, dbù l’on
en .ticeqpo’ur, tqut .le pa-ysuCette plaine eft environ à
une ■ liçùe dê palmyrê .elle s’étend vers i’Idumée
<b ri enta le $ dont, l&ceapjitale .étoit Bozza 11 eft aflèz
vj'jtiiTepi biab 1 e. ,qneè gej, 1 e plai ne, de tel eft ,la vallée des
falines; d& fiEg r^iuêe.,: ( , 1
J&ALJN5-, (•ÇiQgr*>tmd$) ville de France gnEranche-
iQomté ,;,dansâi&e^ŸàUée ^ entre deuX'pio.ntagnes, fur
le ruïffeau de Foriça,, à fix lieues.âu midi de Befan- .
çon. EUe eft défendue par le fort Saint-André. Il y a ■;
•quatre paroiffes 6c trois chapitres. Les peres.de l’Oratoire
y o.nt un college. Cette ville prend fon nom
du fel qu’on y fait, avec le feu, &£ dont on fournit.la :
province 8c une partie de la Suiflè. Long. 23. lotit. ;
.46. ,• , y;. " . ■
Lifolas (François baron de) né à Satins en. 16 13 , •
s’attacha aux intérêts de la maifon d Autriche, à laquelle
il rendit de grands fervices par fes négociations
& par fes écrits. Il fut.emplOyé dans tous les traités
les plus importans, & mourut en 1677 ? un peu avant
les conférences de Nimegue. Son principal ouvrage
eft intitulé Bouclier d'état & de jufiiee, dans lequel il
entreprit de réfuter les droits que Louis XIV. pre-
tendoit avoir fur divers états de la monarchie d’Ef-
pagne. Cet ouvrage 'plqt beaucoup à la maifon d’Autriche
, 8c fut d’autant plus defagréable à la France,
qu’elle étoit mal fondée dans fes prétentions. (Z?. / .)
Salins , terme de Pêche ; forte de pêchèrie formée
de filets que l’on peut rapporter à l’efpece des hauts
pares. Les mailles des rets qu’ils nomment falins font
de deux fortes ; les plus larges mailles . ont un pouce
en quarré, 8c les plus .ferrées ont feulement neuf lignes
aufli en quarréA k..y
La pèche avec les rets nommées falins doit être
regardée comme une efpeçe de haut parc, de perches
8c de filets à queue ou fond de verveùx ; les pêcheurs
qui s’en fetvent les tendent ordinairement à
l’embouchure des canaux ou des achenaux ; pour cet
effet ils plantent d’un bord 8c d’aütre trois ou quatre
perches hautes d’environ dix à douze pies , comme
font les rets des hauts parcs ; le bas du ret eft aux
deux côtés; fur la perche qui eft près de terre eft
amaré un petit bout de ligne pour pouvoir lever le
filet dans le premier inftant que le juffant commence
à fe déclarer ; les pêcheurs foit à pié , foit avec les
filadieres, lèvent auflitôt chaque bout du filet qu’ils
àmarent au haut des perches, au pié defquelles le ret
eft arrêté de maniéré qu’ils arrêtent tout le poiffon
que la marée a fait monter ; on y prend des mulles,
des lubines, des alofes , des galles 8c gafts, 8c autres
femblables poiftons ronds 8c longs.
Cette forte de pêcherie ne fe faifant ordinairement
que durant les chaleurs des mois de Juin , Juillet 8c
Août, eft très-nuifible à la multiplication du poiffon,
fiir-toutfi on fe fert de mailles ferrées, mais avec des
rets d’un calibre de 15 à 18 lignes environ, 8c faris
enfouir le bas du filet. Cette efpece de pêche poürroit
être innocente ; ce rets eft de l’efpece de ceux que lés
pêcheurs bas normands placent entre les rochers,;; ; _
O n ap p e lle au fli falins d e s fo r te s d e fo u an n e s q u i
o n t fe p t b r an ch e s o u d en ts é b a rb e lé e s ; c e lle du m i -
l ié u l ’e ft d es d e u x c ô t é s , 8c le s f ix au t res feu lem en t du
c ô t é de ded ans ; e lle s o n t .une d o u i lle d e f e r , 8c fo n t
em m an ch é es d’u n e p e r ch e d ’e n v ir o n d e u x b r a fle s de
lo n g . / 'o ye çF oU AN N E , d o n t le s falins fo n t u n e e fp e c e .
S a l in s , cour des ( Hifi. de la Rochelle.) on nom-
ïrioit autrefois à la Rochelle la cour des falins, une jü-
rifdiftion qui y fut établie vers l’année 1635, avec
un impôt très-fort fur les fels de Brouagè & de l’île
de Ré. La cour des falins fut fitpprimée quelque tems
après ; mais le droit fubfifte encore prefqlte en entier.
SALIQUES, adj. pl. (Hifi. mod.) nom qu’on donne
communément à un recueil de lois des anciens fraii-
çois, par une defquelles on prétend que les filles des
rois de France font exclues de la couronne.
Plufieurs auteurs ont écrit fur les lois faliques ;
mais comme MM. de Vertot 8c de Foncemagne , de
l’académie des Infcriptions, en ont traité d’une maniéré
plus intéreffante , nous tirerons de leurs mémoires
fur ce fujet ce que nous en allons dire, d’autant
plus qu’ils fe réuniffent à penfer que ce n’eft pas
précisément en vertu de la loi falique que les filles
.de France font exclues de là couronne;. ,,
; Selon M; l’abbé de V ertot,. il n’eft pas aifè/de décider
quel eft l’auteur.dés.lois/è/i^«er, 8c bien moins
de fixer l’époque 8c l’endroit de leur établiffemeqt.
Quelques hiftoriens prétendent que la loi falique. tire
Cette dénomination falique d’un certain feigneur appelle
Salegafi, qui fut., dit-on j un de ceux qui travaillèrent
à la compilation de, cette loi. C’eft le fen-
timent d’Othon de Frifingue, liv. IVi Avantin dans lé
IV. liv. de fon hiftqire dç,Bavière, rapporte ftét.y-
mqlogie de.çé mot falique aü mot iatin Jdla j commé
fi les premières dois des Francs avoient été dreflees
dans les fâlies. de quelques palais. D ’autres auteurs lé
font venir d’une bourgade appellée Saleclinie j qu’ils
placent comme il leur plaît * fur lès rives de PYffel
ou du Sal, Enfin on a eu recours jufqu’à des fontaines
& des puits de fe l, 8c dc-là on n’a pas épargné les allégories
fur la prudence des premiers François;
Mais il eft plus naturel de rapporter l’ëpithete de
falique à cette partie des Francs qu’on appellôit fa-
liens : haç tiobilljjimi Francorum, qui falici dicuntur s
adhuc utuntur lege, dit l’évêque de Frifingue. ,
Nous ayons deux exemplaires de ces lois. Le plus
ancien eft tiré d’un manuferit de l’abbaye de Fulde.,
imprimé en 15 57 par les foins de Jean Bafile Herold.
L’autre édition eft faite fur la réformation de Charlemagne
; 8c il y a à la fin de cet exemplaire quelquës
additions qu’on attribue aux rois Childebert 8c Clotaire.
Mais l’un 8c l’autre exemplaire paroiffent n’ê-
tré qu’un abrégé d’un recueil plus ancien. Quelques-
uns attribuent ces lois à Pharamond 8c d’autres à
Clovis,
Quoi qu’il en foit, On lit à l’artide 6z de ces lois
un paragraphe conçu en ces termes : de terra verofa-
lied nulla portio hereditaùs mulieri veniat, fed ad fexurtl
virilem tota terra hereditas perveniat ; c’eft-à-dire pour
ce qui eft de la terre falique, que la femme n’ait aucune
part dans l’héritage, mais que tout aille au mâle;
C ’eft de ce fameux article dont on fait l’application
au fujet de la fucceflion à la couronne, 8c l’on prétend
qu’elle renferme une exclufion entière pour les
filles de nos fois.
Pour éclaircir cëtté qiieftiort, il eft bon de remar*
qtier que dans ce chapitre Ixij. il s’agit de l’aleu , de
aiode, 8c qu’il y avoit dans la Gaule françoife 8c dans
les commencemens de notre monarchie, des terres
allodiales auxquelles les femmes fuecédoient comme
les mâles, & des terresfaliques, c’eft-à-dire eonquifes
par les Saliens, qui étoient comme des efpeces de
bénéfices 8c de commanderies affeûéës aux feuls
mâles, 8c dont les filles étoient exclues comme incapables
de porter les armes. Tel eft le motif & l’ef-
prit de cet endroit de la loi falique, qui femble ne regarder
que la fucceflion Û le partage de ces terres
faliques entre les enfans des particuliers.
Le vulgaire peu éclairé, dit M. de Foncemagne f
entend par ie mot àe falique ,une loi écrite qui ex-'
dut formellement les filles du trône. Ce préjugé qui
n’a commencé à s’accréditer que fur la fin du xv, fie-
cle, fur la parole de Robert Guaguin 8c de Claude
de Seyffel, les premiers écrivains françois qui aient
cité la loi falique comme le fondement de la riiafcu-
linité de la fucceflion au royaume de France ; ce préjugé
e'ft aufli mal appuyé qu’il eft univerfel ; car i° ;
le paragraphe 6. de l’article éz. eft le dernier d’un
titre qui ne traite que des fucceflions entre les particuliers,
& même des fucceflions en ligne collatérale.
Rien ne nous autorife à le féparer des paragraphes
qui le précèdent pour lui attribuer un objet différent,
rien ne fonde par conféquent l’application que 1 on
en fait à la couronne. P eut-on croire en effet que les
auteurs de la loi aient confondu dans un meme cha-*
pitre, deux efpeces de biens fi réellement diftingues
l’un de l’autre, foit par leur nature, foit par leurs