
77§ S A R
La douceur accomplit l’homme qui fait.
Fais le bien, fi tu veux qu’il te loit fait.
Qu’as-tu, riche ? fi la vie eft nulle pour toi.
Celui qui t’entretient des défauts d’autrui, entretient
les autres des tiens.
Les rois n’ont point de freres ; les envieux point
de repos ; les menteurs point de crédit.
Le vifage du menfonge eft toujours hideux.
Dis la vérité, & que ton difcours éclaire ta vie.
Que la haine même ne t’approche point du parjure.
L’avare qui a eft plus indigent que le libéral qui
manque.
Lafoifla plus ardente eft celle de la richeffe.
Il y a deux hommes qu’on ne ralfafie point, eelui
qui court après la fcience, 6c celui qui coui*t après
la richeffe.
La pareffe 6c le fommeil éloignent de la vérité, 6c
conduifent à l’indigente.
Le bienfait périt parle filence de l’ingrat.
Celui que tu vois marcher la tête panchée 6c les
yeux baiffés , eft fouvent un méchant.
Oublie l’envieux, il eft affez puni par fon vice.
C ’ eft trop d’un crime.
Le malheureux, c’eft l’homme coupable qui meurt
avant le repentir.
Le repentir après la faute , ramene à l’état d’innocence.
La petiteffe de la faute eft ce qu’il y a de mieux
dans le repentir.
Il eft tems de fe repentir tant que le foleil fe leve.
Songe à toi, car il y a une recompenfe & un châtiment.
La recompenfe attend l’homme de bien dans l’e-
ternité. .
Outre cette fageffe dont l’expreflion eft fimple ,
ils en ont une parabolique. Les Sarrafins font même
plus riches en ce fond, que le refte des nations ; ils
difent :
Ne nage point dans l’eau froide; émouffe l ’épine
avec l’épine ; ferme ta porte au voleur ; ne lâche
point ton troupeau , fans parc ; chacun a fon pié ;
ne fais point de fociété avec le' lion ; ne marché point
nud dans les ru es ; ne parle point oii il y a desoileaux
de nuit ; ne te livre point aux finges ; mets le verrou
à ta porte ; j’entens le bruit du moulin , mais je
ne vois point de farine ; fi tu crains de monter à l’échelle,
tu n’arriveras point fur le toit; celui qui a le
poing ferré , a le coeur étroit ; ne brife point la faliere
■ de ton hôte ; ne crache point dans le puits d’oil tu
bois ; ne t’habille pas de blanc dans les ténèbres ; ne
bois point dans une coupe de chair ; fi un ange paffe,
ferme ta fenêtre ; lave-toi avant le coucher ; allume
ta lampe avant la nuit ; toute brebis fera fufpendue
par le pié.
Ils ont aufli des fables : en voici une. Au tems d’I-
f a , trois hommes voyageoient enfemble : chemin
faifant, ils trouvèrent untréfor,ilsétoientbien con-
tens ; ils continuèrent de marcher, mais ils fentirent
la fatigue 6c la faim , 6c l’un d’eux dit aux autres, il
faudroit avoir à manger, qui eft-ce qui ira en chercher
? Moi, répondit l’un d’entr’eux ; il part, il
acheté des mets ; mais après les avoir achetés , il
penfa que s’il les empoifonnoit, fes compagnons
de voyage en mourroient, 6c que le tréfor lui ref-
teroit, & il les empoifonna. Cependant les deux
autres avoient réfolu , pendant fon abfence , de
le tuer, 6c de partager le tréfor entr’eux. Il arriva ,
ilsletuerent ; ils mangèrent des mets qu’il avoit apportés
, ils moururent tous les trois, & le trélor
n’appartint à perfonné.
SARRASINE, f. f. (Hifi. nat. Bol.') farracena ; genre
de plante à fleur en rofe, compolée de plufieurs
pétales difpofés en rond, ôc foutenus par un calice
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formé de plufieurs feuilles. Le piftil fort du milieu dé
cette fleur ; il eft garni d’une efpece de bouclier membraneux
, 6c il devient dans la fuite im fruit arrondi
6c divifé le plus fouvent en cinq loges, qui renferment
des femences oblongues. Tournefort, I, R, H.
App. V oyc{ Planté. '
Sarrasine , terme de Fortification, fe dit d’une efpece
de porte, formée de plufieurs pièces de bois
perpendiculaires les unes aux autres, ou qui font enfemble
une forte de treillage. Les pièces de bois dont
la pointe eft en-bas, font armées de pointes de fer.
La farrafine k mettoit autrefois au-deffus des portes
des villes, fufpendue par une corde à un moulinet
qui eft au-deffus de la porte. Elles étoient deftinées
à boucher les portes dans le cas des furprifes ; car
lâchant le moulinet, la farrafine s’abaiffoit, 6c tom-
boit debout entre deux couliffes, pratiquées pour cet
effet dans les deux côtés de la porte. Cette forte de
fermeture ne fe pratique plus à-préfent : on y a fub-
ftitué les orgues. F'oyt^ O rgues.
L’inconvénient de la farrafine, qu’on appelle aufli
herfe, étoit la facilité d’en arrêter l’effet, en fichant
quelques clous dans les couliffes - ou en mettant def-
fous la porte quelque chofe de propre à l’arrêter, ou
à la foutenir de maniéré qu’on puifle paffer aifément
deffous, ou à côté. Voye{ Herse. ( Q )
SARRASINOIS , f. m. {Ane. nom des Tapiffiers.)
ce nom fe difoit autrefois, 6c s’entend encore dans
les ftatuts de divers artifans, particulièrement dans
ceux des Tapilfiers de la ville de Paris, de toutes fortes
d’ouvrages de tapifferie qui fe font en Orient,
comme les tapis de Turquie 6c de Perfe. C’eft, à ce
qu’on croit, fur ces ouvrages ainfi nommés du nom
des Sarrafins, contre lefquels les Chrétiens ont fait
tant de croifades, que ces derniers ont pris le modele
des hautes 6c baffes liffes, qui ont continué depuis
ce tems-là de fe fabriquer en Europe. Les Tapiffiers
de Paris s’arrogent la qualité de maîtres tapif-
fiers de haute-liffe farrafinois, 6c de rentraiture, &c,
( D , J .)
SARRÉAL, (Géogr. mod.) petite ville d’Efpagne,
dans la Catalogne, furie Francoli, remarquable par
fes carfieres d’albâtre, qui eft fi tranfparent étant
coupé par feuilles, qu’on en fait des glaces de fenêtres.
( D. J .)
SARRIETTE, f. f. {filfl. nat.Bot.") fatureia ; genre
de plante qui différé du thym en ce que fes fleurs
naiffent éparfes dans les aifelles des feuilles, 6c non
pas réunies en maniéré de tête; du calament, en ce
que les pédidules des fleurs ne font pas branchus;&
du tymbre, en ce que fes fleurs ne font pas difoofées
par anneau. Tournefort, in fi. rei herb. Voye{ Plante.
Sarriette , ( Dic te & M a t. méd. ) cette plante qui
eft de la claffe des labiées de Tournefort, eft aromatique
, 6c contient de l’huile effentielle. Elle à un goût
v if, âcre, piquant, brûlant prefque comme du poivre,
lequel dépend d’un principe mobile qui irrite fenfible-
ment les yeux 6c le nez , lorfqu’on l’en approche de
très-près; ce qui n’empêche pas qu’elle n’ait une
odeur très-douce, lorfqu’on la flaire d’un peu loin.
Je ne doute point que ce principe volatil ne foit un
acide fpontané, analogue à celui que j’aiobfervé dans
le mafum. Voye%_ Masum.
La farriette eft employée à titre d’affaifonnemenf
dans plufieurs mets, fur-tout chez les Allemans,qui
la mêlent aufli parmi les choux dont ils préparent
leur firner kraut. Cet affaifonnement aromatique &
piquant eft très-utile pour les eftomacs foibles 6c lan-
guiffans; 6c il corrige utilement certains alimens
lourds, fades, vifqueux, &c.
Quant à fon ufage pharmaceutique, on doit regarder
la farriette comme un remede échauffant, tonique,
fortifiant, ftomachique, aphrodifiaque, emménaga-,
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sue, diurétique, dont on peut tirer un fecours effica*
Ce contre les maladies de langueur, de foiblefle, de
relâchement, telles que les menaces d’affe&ion fopo*
reufe, les pâles-couleurs, l’oedème, l’aûhme humide
éèc. On doit donner fes feuilles ou fes fommités,
en infufion dans de l’eau ou dans du vin î une preuve
de fon efficacité, c’eft qu’elle a procuré quelquefois
des crachemens & des piffemens de fang.
Une forte infufion de cette plante dans le vin fournit
un excellent remede extérieur contre les échimo»
fes, les oedèmes, &e. un bon gargarifme contre le
relâchement de la luette, l’enflure des amygdales,
certaines extinâions de voix dépendantes du gonflement
oedémateux dp fond de la gorge, &c. Il faut
avoir foin cependant de faire l’infufion plus légère
pour Ce dernier ufage.
L’huile effentielle de farriette étant une des plus vives
, des plus âcres, vraisemblablement par le mélange
de l’acide volatil, eft très-propre à appaifer la
douleur des dents cariées. [b)
SARR1TO R , f. m. ( Mytholog.) nom que les Romains
donnoient à un de leurs dieux de l’Agriculture.
C’étoit le premier que les Laboureurs invo-
quoient après que les blés étoient levés, parce qu’il
préfidoit, félon eux, au travail de farder les champs ;
c’eft-à-dire d’en arracher les mauvaifes herbes qui
naiffent avec le blé. (D . J.)
SARSANE ou SARZANE, [Géogr. mod.') ville
d’Italie dans l’état de Gènes, furies frontières de Tof-
cane, 18 lieues au fud-eft de Gènes, 6c à 5 au nord-
eft de Maffa. Son évêché, quoique fous la métropole
de Pife, n’en fubit pas la jurifdï&ion. Côme I. grand
duc de Tofcane, céda cette ville aux Génois pour
Livourne, en quoi il fit un admirable échange. Long.
J.)
SARSEPAREILLE, f. f. (Botah. èxot.) on trouve
fous ce nom dans les boutiques, des racines, ou plutôt
des branches de racines qui ont plufieurs aunes,
groffes comme des joncs,ou des plumes d’o y e , pliantes,
flexibles, cannelées dans leur longueur, revêtues
d’une écorce mince; extérieurement de couleur
roufsâtre ou cendrée. Sous cette écorce eft une fub-
ftance blanche, farineufe, un peu charnue, molle ,
fe réduifant aifément en une petite poufliere quand
on la frotte entre les doigts ; reffemblant à l’agaric ;
d’un goût tant foit peu gluant, un peu amer, 6c qui
cependant n’eftpas défagréable. Le coeur de la racine
eft ligneux, uni, pliant 6c difficile à rompre. Il fort
tranfverfalement plufieurs de ces branches d’une même
racine, qui eft de la groffeur d’un pouce 6c écail-
leufe. On nous apporte la farfepareille de la nouvelle-
Efpagne, du Pérou 6c du- Bréfil.
On eftime celle qui eft pleine , moëleufe, folide,
bien confervée, blanche en-dedans, de la groffeur
d’une plume d’o y e , 6c qui fe fend aifément comme
l’ofier en parties égales dans toute fa longueur. On
rejette celle qui eft d’un gris-noirâtre, qui gft cariée,
&qui répand beaucoup de poufliere farineufe quand
on la fend ; on rebute aufli celle qui eft trop groffe,
6c qui vient communément de Marantha province de
Brefil.
On apporte d’Amérique, fous le nom de racine de
farfepareille, différentes plantes femblables, ou plutôt
de même genre que le fmilax afpera. Hernandès
en nomme quatre efpeces qui croiflent au Mexique,
6c dans la nouvelle-Efpagne. Monard fait aufli mention
d’une certaine farfepareille qui croît à Quito,
province de la dépendance du Pérou. Enfin Pilon 6c
Marcgrave décrivent la farfepareille du Bréfil, que
les habitans de ce pays appellent juapecanga.
Elle jette au loin fes racines écailleufes 6c fibreu-
fes; fes tiges font velues, farmenteufes, ligneufes,
fouples, vertes, garnies d’éguillons de part 6c d’au*
fo e. Il vient fur les tiges des feuilles difpofées dans un
ordre alternatif,'longues de fix o u huit p ô t t e e s , pointues
des deux côtés, comme le repréfertte la figuré
de Pifon, Ou figurées en coeur félon Hernandez &
Monard; elles font larges de trois ou quatre pduCês,
avec trois côtes remarquables étendues fur toute Iétif
longueur ; d’un verd-clair en-dehors, 6c foncé en»
deflous ; munies à leur queue de deux clavicules OU
vrilles, qui nouent fortement la farfepareille aux au»
très plantes. Les fleurs y font en grappes ; il leur fuc»
cede des baies d’abord vertes, rouges enfuite, enfin
noires ; de la groffeur des médiocres cerifes, ridées,
contenant un ou deux noyaux, d’un blanc-jaunâtre,
qui renferment une amande dure 6c blanchâtre.
Les anciens Grecs 6C les Arabes ne connoiflbieftt
pas h farfepareille. Les Efpagnols ont les premiers fait
paffer du Pérou fon ufage en Europe. On fait qu’elle
eft puiflamment fudorifique, 6c qu’elle divife oïl atténue
les humeurs vifqueufes 6c tenaces. On s’en fert
avec fuccès dans les maladies vénériennes; celles de
la peau en général, & les maladies chroniques qui
viennent d’humeurs froides, épaiffes & vifqueufes.
Comme les particules de cette plante font plus fubti*
les que celles de la fquine 6c du gayac, elles excitent
une plus grande fueur.
On débite en Europe quelques autres racines fouà
le nom de farfepareille, mais qu’on peut diftinguer
facilement de la véritable; cependant celle dont nous;
allons parler approche de fes Vertus. C’eft la racine
d’une plante nommée aralia caule nudo, par Lin-
næus, Hort. clijf. Zarçaparilla Virginienfis nofiratibui .
dicta ylobâtis umbelliferce foliis Anikricance. Pluk. Alm*
S9 6- Cette racine eft longue de cinq à fix pies, moëleufe
, épaiflè, odorante & moins Compafte que la
vra\e farfepareille. Elle pouffe une tige haute d’environ
une coudée, d’un rouge-foncé, velue , laquelle
fe partage en trois rameaux longs de cinq ou fix pou*
ces ; chaque rameau porte cinq feuilles, ohlongues,
larges de deux pouces 6c longues de trois, dentelées
fur le bord.
De l’endroit ou fe divife la tige, fort ml pédictilô
nud, qui fe fépare en trois brins, chargés chacun d’un
bouquet de fleurs, entouré à fa bafe d une fraife de
petites feuilles. Chaque fleur eft portée fur un filet
long d’un demi-pouce, dont le calice placé fur la tête
de l’embryon eft très-petit, à cinq dentelures. Les
pétales font au nombre de cinq, difpofés en rond*
L’embryon qui porte la fleur devient une baie rouge,
creufée à fa partie fupérieure en maniéré de nombril
applati, a quatre ou cinq angles, 6c partagée en autant
de loges, dont chacune renferme une graine ap-
platie 6c cannelée. Cette plante croît dans la Virginie
6c le Canada, entre les 40,45 6c 47 degrés de lati~
tude. Les habitans l’appellent farfepareille, parce qu’ci*
le a prefque la figure 6c les vertus de la véritable* BHDH m SA R S IN A , (Geogr. a ne.') ou Sarcina, &C dans'
quelques inferiptions Saffina , aujourd’hui Sarcine £
ville d’Italie, dans l’Ombrie 6c dans les terres, fur la
rive gauche du fleuve Sapis.
C’étoit la patrie de Plaute, poëte comique, (tomme
l’a remarqué S. Jérôme , chron. ad Olympiad.
14J . Plautus ex Umbrid Sarfinas, Romdmoritur. Quoiqu’il
fût plus jeune qu’Ennius, Pacuve 6c Aélius il
; mourut avant eux, l’an de Rome Ç70. Horace le
[ loue de ne perdre jamais fon fujet de vite ; de ne laif»
fer jamais languir le théâtre, 6c d’avancer toujours
vers le dénouement. C ’eft un des principaux talens
d’un poëte dramatique, & perfonne ne l’a poffédé en
un fi haut degré que Plaute. Noiis avons déjà parlé de
lui dans plufieurs autres occafions. [D . J.)
SARSINE, [Géogr,mod.) ou Sarcine, en latin Sar»
fina, Sarcina 6c Saffina ; ville de l’état de l’Eglife,
dans la Romagne, au pié de l’Apennin, à 8 milles au
fiid-ôueft de Rimini, fur la rive gauche du Savicv
i