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bat à deux te ms d’un mouvement gai, & eu ordinairement
divii'é en deux repriles.( S ) ■
Rig a u d o n , pas d e, c’eft un pas çle .danfe qui fe
fait à la meme place , fans .avancer , . ni.reculer, ou
aller de cô té, encore que les jambes fartent plufieurs
mouvemens différées.
On le commence,à- la première pofition. Ayant
les deux pies aflemblés, p.n plie les deux genoux
egalement, & çn fé.relcve pn fautant en levant
du même tems lp jambe droite qui s’oüvre à côté, le
genou eft étendu , &c du même moment on remet la
jambe à la preniiere -pofition. Alors la jambe gauche
le leve & s’ouvre à côté, lans faire aucuns mouve-
mensdu'genou. Ce n’eft que-la hanche, qui agite la
jambe & la ^baille aqfîi-tôt. .Les deux pics: étant à
terre , ou fe plie , & l’on fe releve en fautant & en
tombant fur les deux-pi,é$-.,-_ &ç e’eft ce qui termine le
pas. On fait après un. pas en-avant ou à côté, félon
celui que vous .voulez faire enliiite , ce qui ne fert
qu’à lier ce pas avec un autre, &c faire le mouvement
du pas avec plusde. facilité.- '
Toivs ces différens mouvemens fe doivent faire
de fuite , ne formant qu’un foui pas qui le fait dans
luiemeliireàdeiix tems. Ainfi l’attention que l’on doit
avoir, c’eft que les jambes foient bien étendues lorsqu'on
les leve , & lorfqUe j ’on faute de retomber fur
les deux pointes & les jambes tendues.
RIGEL , f. m. -( Ajlroh. ^c’eft le nom d’une étoile
fixe de la première grandeur , qui eft dans le pié
gauche d’orion. Voye{ Or ION. (O ) :
RIGIDE, adj. {Gram.') auftere,févere, inflexible,
exaâ. C ’eft obier vateur de la réglé Ce mot rigide
vient du latin rigidus,, roide : il ne s’emploie qu’au
figuré. C ’ert l’oppolé de iriitigé : un janfenifte rigide,
un janfénilîe mitigé ; .un newtonien un cartéfien
rigide ; la rigidité des HVoéUrs ert toujours louable ; la
rigidité des jugemiens, eft quelquefois déplacée': j’aime
les gens d’un goût rigide; je ne hais pas la rigidité des
raifonneurs.
1UGODULUM, ( Géog. anc. ) lieu.de,la Gaule
belgique. Tout concourt ,à nous faire croire que Ri-
sodulum étoit dans l’endroit oii l’on voit aujourd’hui-
le village de Rigol ,J\\r la rive gauche de la Mofelle,
environ à vin mille germanique au-deflous de Trè-ri
ves. Outre le rapport du motRigol à celui de Riga-
dulum, le village de Rigol eft efteûivement nommé
Rigodulum dans une charte du roi Dagobert, qui en
fait une donation à l’églife de S. Maximin de Trêves,
de laquelle il dépend encore actuellement. {D. J.)
R i G ODUNUM, ( Géog. anc.) ville de la grande
Bretagne. Ptolomée , II. c. iij. la donne aux Bri-
gantes, Scia place entre Ifuritun 6c Olicana : on croit
que c’eft préfentement Rippon. ( D. J. )
RIGOLE, f. f. (Archit. hydraul. ) ouverture longue
& étroite fouillée en terre pour conduire l’eau ;
cela fe pratique lorfqu’on veut faire l’efiài d’un canal
pour juger de fon niveau de pente ; ce qu’on
nomme canal de dérivation.
On appelle rigoles les petites fondations peu profondes
, & certains petits fortes qui bordent un cours
ou une avenue, pour en conferver les rangs d’arbres.
La rigole eft differente de la tranchée , en ce qu’elle
n’ eft pas ordinairement creufée quarrément.
Le mot rigole vient du latin rigare, arrofer. Da-
viler. ( D . J . )
Rigole de jardin, {Jardin.) efpece de tranchée
fouillée le plus fouvent quarrément de fix pies de
large fur deux pies & demi de profondeur, pour planter
une platebande de fleurs & des arbriffeaux dans
un jardin. {£>./.)
RIGOMAGUM, {Géog. anc.) i ° ville d’Italie:
l ’itinéraire d’Antonin la met fur la route de Milan à
Arles, en partant par les Alpes .cottiennes. Elle étoit
entre Çarbautia 6c Quadratoe, à 12 milles du premier
de qes lieux;, i & .à 16 milles idu'fecôhcL
z°. Rigomagum :eft aurti, félon Oitelius, l’ancien
nom latin de J.a>iîiM;ë de Rieux -en Languedoc, 6c Ri-
gotnagus eft le noin latin de la ville de Riom en Auvergne.
{D . J.y.y.
RIGORISME j L m > { Grarn.) profeffion de la morale
chrétienne , ou~ de. la morale en général dans
toute fa rigueur. La plupart? des- fondateurs de religion,
de fociétés, de leftes, ejemonafteres, ontdefti-
né leurs inftitutions àungrand nombre d’hommes *
quelquefois à toute la.terre, tandis qu’elles ne pou-
voient convenir qu’au petit nombre-de ceux qui leur
reflembloient. D’où il eft arrivé à la longue qu’elles
font devenues impraticables pour ceux - ci. ; & il
s’éiveft fuivi la divifiôn en deux bandes j l’une de
rigofiftes & l’autre de relâchés. II n’y aguere qu’une
ni orale ordinaire & commune qui puiflè être prati-*
quée 6c fuivie conftamment par la multitude. Il y a
6c il y aura dans tout établïflement, dans toute profeffion
théologique ^roonaftique politique j philo-
fophique 6c morale, du janfénifme & du molinifme j
eela< eft néceflaire.
RIGORISTE, 1. m.- {Gram.) homme qui profeffö
la morale chrétienne da ns toute-fa rigueu r.
RIGOUREUX , adj. (Gram.) févere, dur, exa£t ;
uni juge rigoureux, un pere rigoureux, un direéleuï
rigoureux , un examen rigoureux, une courbe rigou*
reufe, où l’on ne confidere plus de petits côtés infiniment
petits, mais une fuite de points fùcceflifs, fans
aucune diftinélion d’angles & de"côtés ; un hiver ri*
goureux;une folution rigoureufe ;\uie affiftance rigou-
reufe; fi durant le ftage on manque par fa faute à quelque
point, l’afliftance rigoureufe eft rompue , & l’on
eft obligé de la recommencer.
RIGUEUR, f. m. {Gram. ) conformité févere &
inflexible à quelque loi donnée. Il ne faut pas tou-*
jou'rs juger félon toute la rigtuur de la juftice ; le bon
goût a fa rigueur & fon-indulgence; le génie ne fou fifre
point'de!rigueur. Il y a-des rigueurs làlùtaires, &c
il y en- a de morteHes. Il faut prendre ce texte à la
rigueur. Les démonftrations du géomètre font rigôu--
reufes: On dit la rigueur du froid , un lii.vef rigoureux*
la rigueur du deftin, les rigueurs d’une maîtrefle.
Rigueur , mois de, ( Jurifprud.) eft un des mois
affefîés aux gradités, de dans lefquels le collateur ordinaire
eft obligé de conférer le bénéfice au Gradué
plus ancien qui l’a requis. Voye^ Expectative
Fa v e u r , Gr â c e , G r a d u é , Mois de faveur
& DE RIGUEUR. { A )
RIHN, le , ( Géog. mod. ) petite riviere du Hol-
ftein ,• dans la province de Stormarie. Elle parte par
la ville de Gluckftat, & entre dans l’Elbe. {D . J .)
RILLE, l a , ouRISLE, ( Géog. modi) en latin Ri*
fê la, riviere de France, dans la Normandie. Elle a fa-
fource fur les confins du diocèfe de Seez; & aprèsun
cours d’environ zo lieues , elle fe rend clans laSeine
z lieues au-deflbus de Quilleboeuf. {D . J .)
RILLOURS , f. m. ( Hiß. nat. Zoolog. ) efpece de1
linges de Fîle de Ceylan, qui font'très-nuifibles aux
habitans par le dégât qu’ils font dans-leurs moiflons.
Ils ont la tête blanche & couverte de longs cheveux
qui leur flottent fur les épaules , il y en a d’une grofi*
four prodigieufe.
RIMA, f. m. (Bôtan. escot.) nom que donnent les*
Indiens à un excellent fruit de l’île de Tinian en Amérique
, près d’Acapulco. Il vient fur un arbre affez
■ gros & affez haut, lequel fe divife en plufieurs branches
à l’extrémité. Ses feuilles font larges de i z à 18
pouces, d’un verd foncé, & dentelées dans les bords ;
le fruit croît indifféremment fur toutes les branches.
Il eft d’une figure elliptique de la longueur dè 6 à 8
pouces, & couvert d’une écorce rude ; il naît fépa-
rcment, & non en grappe. Son goût approche de
celui d’wn cul d’artichaud , & la texture en eft peu
R I M
différente ;• il s’attendrit & jaunit en mûriflant, acquiert
de l’eau , de la faveur, une odeur agréable,
qui tient de celle de la pêche ; on regarde ce fruit
comme très-propre à la guérifon du feorbut muriatique.
Les Anglois l’appellent bread-fruit. Le lord Anton
en a donné la defeription & la figure dans fes
voyages*. ( D . J. )
RIMAILLEUR , f. m. {Littérat.) auteur médiocre
oumauvais qui rime fans génie & làns goût. Ce terme
fe prend toujours en mauvàife part. Ainfi Roufleau
dit dans une de les épigramme :
Griphon rimailleur fubalterne
Vante Siphon le barbouilleur ;
E t Siphon peintre de taverne
Vvue Griphon le rimailleur.
RIME, f. f. ( Poëjîe frartç. ) la rime, ainfi que les
fiefs & les duels, doit fon origine à la barbarie de
nos ancêtres. Les peuples dont defeendent les nations
modernes & qui envahirent l’empire romain,
avoient déjà leurs poètes, quoique barbares , lorf-
au’ils s’établirent dans les Gaules & dans d’autres
provinces de l’empire. Comme les langues dans, lef-
quelles ces poètes fans étude compofoienr n’étoient
point allez cultivées pour être maniées fuivant les
réglés du mètre , comme elles ne donnoient pas
lieu à tenter de le faire , ils trouvèrent qu’il y auroit
de la grâce à terminer par le même fon deux parties
du dilcours qui fufl’ent confécutives ou relatives &
d’une égale étendue. Ce même fon final, répété au
bout d’un certain nombre de fyllabes, faitoit une
efpece d’agrément, & il marquoit quelque cadence
dans les vers. C’eft apparemment de cette maniéré
que la rime s’eft établie.
Dans les contrées envahies par les barbares , il
s’eft forme un nouveau peuple,compofé du mélange
de ces nouveaux venus & des anciens habitans. Les
ufages de la nation dominante ont prévalu en plufieurs
chofes, &c principalement dans la langue commune
qui s’eft formée de celle que parloient les nouveaux
vends. Par exemple, la langue qui fe forma
dans les Gaules, où les anciens habitans parloient
communément latin quand les Francs s’y vinrent établir,
ne conferva que des mots dérivés du latin. La
fyntaxe de cette langue fe forma très-différente de
la fyntaxe de la langue latine. En un mot, la langue
naiflante fe vit aflervie à rimer fes v er s, & la rime
parta même dans la langue latine, dont l’ufage s’étoit
confervé parmi un certain monde. De-là vient qu’au
viij. fiecle les vers léonins, qui font des vers rimés
comme nos vers françois, prirent faveur ? ôc ne s’é-
cliplerent qu’avec la barbarie au lever de cette lumière
, dont le crépufçule parut dans le xv. fiecle.
On a trouvé la r'une établie dans l’Afie & dans l’A-
inerique. Il y a dans Montagne une chanfon en rimes
américaines traduite en françois. On lit dans le fpec-
tateur la traduéfion angioife d’une ode laponne qui
qtoit rimée , mais la plûpart de ces peuples rimeurs
font barbares ; & les peuples rimeurs qui ne le font
plus, italiens, françois , anglois, elpagnols & qui
font des nations polies, étoient des barbares & pref-
que fans lettres lorfque leur poéfie s’eft formée. Les
langues qu’ils parloient n’étoient pas fufceptibles
d une poëfie plus parfaite, lorfque ces peuples ont
pôle, pour ainfi dire , les premiers fondemens de
leur poétique. Il eft vrai qué les nations européennes
, dont je parle, font devenues dans la fuite fa-
vantes & lettrées; mais comme leurs langues avoient
déjà fes ufages établis & fortifiés par le tems, quand
ces nations ont cultivé l’étude judicieufe de la lan-
SUA-21'eqUe & de la latine ■ rectifie çes ufages, mais elle» se nll’eosn to nptu blieesn cPhoalni g&er
eufierement. .
Lei,Grecs ^ Ies Latins 3 quibus dédit ore> rotundo
Tome XIV,
R I M 291
mufa loqui, formèrent une langue, dont toutes les
fyllabes pouvoient, par leur longueur ou leur brièveté
, exprimer les fentimens lents ou impétueux de
1 ame. De cette variété de fyllabes & d’intonations
réfultoit dans leurs vers, & même aurti dans leur
profe, une harmonie qu’aucune nation n’a pu faifir
après eux. Du mélange de leurs fyllabes longues &
brèves, fuivant la proportion preicrite par l’a r t , ré-
fulte toujours une caclence, telle que l’efpece dont
font leurs vers la demande.
f L’agrement de la rime n’eft pas à comparer avec
l’agrément du nombre & de l’harmonie. Une fyllabe
terminée par un certain fon n’eft point une beauté
par elle-même ; la beauté de la rime n’eft qu’une beauté
de rapport, qui confifte dans une conformité de
définances entre le dernier mot d’un vers & le dernier
mot du vers réciproque. On n’entrevoit donc
cette beauté qui parte fi vite qu’au bout de deux
vers , & après avoir entendu le dernier mot du fécond
vers qui rime‘ au premier. On ne font même
l’agrément de la rime qu’au bout de trois & de quatre
vers, lorfque les rimes mafeulines & féminines
font entrelacees , de maniéré que la première & la
quatrième foient mafeulines, & la fécondé & la troi-
fieme féminines ; mélange fort en ufage dans plufieurs
efpeces de poéfie.
Le rhithme & l’harmonie font une lumière qui luit
toujours , & la rime n’eft qu’un éclair qui difparoît
après avoir jette quelque lueur ; aurti la rime la plus
riche ne fait-elle qu’un effet bien partager : c’eft la
réglé de la poëfie dont l’obiervation coûte le plus ,
&c qui jette le moins de beauté dans les vers ; pour
une penfée heureufe que l’ardeur de rimer richement
peut faire rencontrer par hafard, elle en fait certainement
employer tous les jours cent autres dont on
auroit dédaigné de fe fervir, fans la richeffe ou la
nouveauté de la rime que ces penlées amènent. A n’ef-
timer le mérite des vers que par les difficultés qu’il
faut furmonter pour les faire, il eft moins difficile
fans comparaifon de rimer richement, que decom-
pofer des vers nombreux 6c remplis d’harmonie.
Rien n’aide un poète1 françois à vaincre cette dernière
difficulté que fon génie, fon oreille & la per-
féverance. Aucune méthode réduite en art ne vient
à fon fecours. Les difficultés ne fe préfentent pas li
fouvent quand on ne veut que rimer richement ; &C
l ’on s’aide ^encore pour les lurmonter d’un dictionnaire
de rimes , le livre favori des rimeurs féveres,
& qu’ils ont tous , quoi qu’ils en difent, dans leur
arriere-cabinet.
Mais enfin tel eft l’état des chofes , que la rime eft
abfolument néceflaire à la poéfie françoife ; il n’a pas
été poffible de changer fa première conformation ,
qui avoit fon fondement dans la nature & le génie
de notre langue. Toutes les tentatives que quelques
poètes favans ont faites pour la bannir, & pour introduire
l’ufage des vers mefurés à la maniéré des
Grecs & des Romains , n’ont pas eu le moindre fuc-
cès. Corneille & Racine ont employé la rime ; & je
crains que fi nous voulions ouvrir une autre carrière,
ce feroit plutôt dans l’impuiffance de marcher dans
la route de ces beaux génies, que par le defir raifon-
nable de la nouveauté. Les Italiens & les Anglois
pourroient mieux que nous fe paffer de rimer, parce
que leurs langues ont des inverfions , & leur poéfie
mille libertés qui nous manquent. Chaque langue a
fon génie particulier; celui de la nôtre eft la clarté,
la précifion & la délicatefle. Nous ne permettons
nulle licence à notre poéfie , qui doit marcher comme
notre profe dans l’ordre timide de nos idées. Nous
avons donc un befoin effentiel du retour des mêmes
fons, pour que notre poéfie ne foit pas confondue
avec la profe. Tout le monde connoît ces beaux vers
de Racin? ;
O o ij