demi-canal eft la fuite du canal de l’oefophage ; il a
des rebords, lefquels étant joints plus ou moins
avant, alongent le canal de l’oefophage jufque dans
le fécond ventricule, & même jufque dans le troi-
lieme.
Cette conformation peut avoir plufiëurs ufages ;
elle peut fervir premièrement à faire retourner dans
la bouche les herbes qui y doivent être remâchées,
& à compofer les pelotons que l’on voit remonter
le long du cou, aux boeufs, quand ils ruminent ; ce
demi-canal avec ces rebords, étant comme une main
ouverte qui prend les herbes, & qui en fe renfermant
les ferre & les pouffe en-haut. En fécond lieu
cette conformation peut fervir à faire defcendre les
herbes remâchées & les conduire dans le fécond ou
dans le troifieme ventricule. En troifieme lieu, cette
Conformation peut être propre à conduire la boiffon
dans le deuxieme & troifieme ventricule.
La nourriture diffoute & digérée dans les ventricules
que nous avons décrits, paffe dans les inteftins,
qui achèvent de la convertir en chyle. Les inteftins
ont pour cet effet plufiëurs feuillets en-dedans & entravers.
qui retiennent le.chyle & le compriment à
plufiëurs reprifes , en quoi concourt l’aftion du
diaphragme & des mufcleSjdu bas-ventre.
La fituation tranfverfale des feuillets des inteftins
ëft fort propre à retenir le chyle, à le perfectionner,
à le laiffer paffer infenfiblement, & à l’empêcher de
couler trop vite. Pour cela chaque feuillet n’occupe
ue les deux tiers de la rondeur , que forme la cavité
e l’inteftin , laiffant l’autre tiers vuide, & ce tiers
ne laiffe pas d’être comme formé par un autre feuille
t, qui occupe aulîi deux tiers de rondeur., parce
qu’ils font tous mis alternativement, fuivant des ef-
paces égaux ; d’ailleurs ces feuillets font larges.par
leur, milieu, en s’étréçiffant vers la fin, de, maniéré
que le large d’un feuillet rfe rencontre au-droit du
yuide de l’autre.
Dans quelques animaux il n’y a qu’un feuillet,.
.conduit d’un bout de l’inteftin à l’autre, en ligne fpi-
rale ; cette ftruçhire fait que le chyle eft obligu de
tenir un long chemin en tournant en rond, au - lieu
de couler tout droit. Entre les poiffons, le. renard
marin, le lievre parmi les animaux terreftres, &
l’autruche dans le genre des oifeaux, ont les inteftins
de cette forme. En d’autres animaux, il n’y a qu’une
large membrame roulée comme un cornet de petit
métier; tel eft l’inteftin du poiffon appellé morgafl,
qui eft le galeus glaucus de Ray.
Le perroquet eft un des oifeaux qui femble imiter
la rumination, en ce qulil fait remonter dans le haut
de fon gofier fur fa langue , ce qu’il a mangé , pour
l ’avaler une fécondé fois ; mais le grillon-taupe, in-
fe â e des plus grands & des plus voraces, approche
beaucoup des animaux ruminans par la ftrudhire de
ces ventricules.
Trois phyficiens ont traité expreffément la matière
de la rumination; Æmilianus ( Johannes) , médecin
deFerrare eft le premier. Son ouvrage intitulé
naturalis de ruminantibus hijloria, Venet. i 584, in-40.
étoit le feul qu’on eût fur cette matière avant ceux !
de Perrault & Peyer.
Perrault ( Claude ) , dans fes oeuvres imprimées à
Paris en 1680, a approfondi ce fujet & a donné de
bonnes figures de la ftruâure des ventricules ôc des
inteftins des animaux ruminans.
Peyerus ( J oh. Conrad. ) ; Merycologia , Jive de ru- ;
minantibus & ruminaùone commentarius, Bafileæ 1685,
in-4®. cumfig. Cet ouvrage qui laiffe peu de chofes à j
defirer, eft un ample & lavant commentaire fur les j
différentes efpeces d’animaux ruminans, les caufes,
l’ufage de cette attion, & la defcription de toutes les
parties qui y concourent; enfin l’auteur y donne
i’hiftoire de la rumination de quelques hommes, efe
pece de maladie qui proçede du délabrement de l’ef-
tomac, & qui demande des remedes particuliers, appropriés
aux différentes caufes du mal.- ( Ce chevalier
D E J A U COU R T . )
RUMNEY-MARSH, ( Géog. mod. ) c’eft - à - dire
marais de Rumney; ce font des marais falés de la
province de Kent en Angleterre. Ils forment' en pâturage
une étendue d’en viron 20 milles de long fur
2 milles de large. On CQmpte 4 7110 âcres; où l’on
éleve des bêtes à laine. Cette contrée fournit 1413 30
toifons, qui produifent 2523 pachs (.le pach pefe
240 liy. ) , c-’eft-à-dire 605520 liv. de laine. ( D . J. )
RUMPHAL, f. mv ( Botan. exot. ) c’eft une efpece
d’arum des Indes, qu’on appelle aulîi ignome ; fon
fuc eft un poifon, mais on prétend, & cela fe peut
fort bien, que fa racine eft efficace contre la mor-
fure des ferpens, quand elle eft appliquée toute frai-
che fur la partie, à laquelle on a fait auparavant des
fcarifications. (Z?. / .)
RUMPHIA, f. f. ,(Hijl. nat. Botan.) c’eft dans le
fyftème de.Linnaeus, le,nom ,d’une plante qui com-
pofe un genre diftinâ: dont yoici les çara&eres. Le
calice particulier de la fleur eft compofé d’une feule
feuille diviféepar trois entaillures à l’extrémité. La
fleur eft formée de trois pétales oblorigs,.obtus, &
de même grandeur. Les étairiines font jtro.is filets
pointus de la longueur de la fleur. Les boffettes des
étamines fiant très-petites.,Le piftil a le germe ar-.
rondi;,le ftile eft pointu & d;e même.longueur que
les étamines. Le ftigma eft à -trois cornes. Le fruit
eft de forme turbinée, fillonné ert trois endroits, &c
compofé d’uné pulpe charnue, La femençe eft oyale
contenanttrois loges , dans chacune defquelles font
les noyaux de forme triangulaire. Linnæi,geh, plant.
pag.2.. (D .J . )
RU N , f. m. terme de riviere,. que l’o.n. trouve dans
lesanciennes ordonnances, pour dire le rang. Tout
batelier prendra fon run ou fon rang.
RUNCAIRES, f. m. pi. ( Hifl. tcolèf. ) feâateurs
des Vaudois & des Patavins ; voyeç V audois <S* Pa-
ta vins. Ils furent ainfi appellés, ou de Runcalia,
lieu près le P ô , où l’on prétend qu’ils s’affembloienf,
ou de runcaria, broffailles, parce qu’ils s’y retirèrent
contre la pourfuite de leurs perféçuteurs.
. RUNCINE, f. f. ( Mythol. ) Runcina, mot tiré de
runcare, arracher, déeffe de Rolnains, qu’on invo-
quoit lorfqu’on enlevoit les blés de terre ; mais il
n’ eft point parlé de cette déeffe dans les anciens auteurs
, & felpn les apparences elle doit fon origine à
faint Auguftin. ( D . J. )
RUNERS , ( Poéf. goth. ) on nommoit ainfi les
poètes des Goths qui s’étoient établis dans les Gaules.
Ce font ces poètes qui introduifirent dans les
vers la confonnance ; & leurs ouvrages en vers s’ap-
pellerent runes, enfuite rimes. Cette nouveauté fut fi
bien reçue dans la poéfie vulgaire , qu’on voulut ridiculement
y affujettir la poéfie latine. Leoninus qui
vivoit fous le régné de Louis V I I . travailla dans ce
genre bifarre de poéfie, & lui donna fon nom. Voye£
L éonins vers. (D . J . )
RUNGHEN, ( Géog. mod. ) village de Livonie,
près des bords du lac Worthferi.
Ce village eft célébré dans l’Hiftoire, pour avoir
donné la naiffance à Catherine , femme du czar
Pierre I.
Selon le témoignage de la voix publique, le pere
de cette princeffe étoit un vaffal du colonel Rofen,
lequel étant venu à mourir lorfque Catherine n’a-
voit que quatre ou cinq ans, & fa mere étant morte
bientôt après, ils ne laifferent rien ni l’un ni l ’autre à
cette orpheline pour fa fubfiftance; car il eft rare que
les vaffaux de la nobleffe livonienne & ruffienne
laiffent quelque chofe à leurs enfans.
Le clerc de la paroiffe qui tenoit école la prit chez
iiU;. ôù-elle refta jufqu’à ce qué le doâeur G luck ;
miniftre de Marienbourg, panant par ce village, &
voulant foulager le clerc, dont les revenus etoient
fort petits, emmena la jeune fille, la traita comme
fi elle eut été fon enfant; & fon époufe lui trouvant
de bonnes inclinations, l’aima de fon cô té , & l’occupa
à des chofes proportionnées à fon âge. Elle avoit
appris à lire chez le clerc de Runghen; mais elle ne
parloit encore que la langue du p ays, qui eft un dia-
leûe efclavon, quand elle le quitta. Elle apprit chez
M. Gluck l’allemand en perfe&ion, & s’oecupoit à
la leûure à fes heures de loifir.
Un fergent livonien au fervice de Suede lui fit la
cour, & elle confentit à l’époufer, pourvu qu’il obtînt
l’aveu de M. Gluck , qui le donna volontiers. Le
fergent étoit d’affez bonne famille, avoit quelque
bien, & étoit en paffe d’être avancé. Le lendemain
du mariage, les Ruffes, fous le commandement du
lieutenant général Baur, fe rendirent maîtres de Ma-
rienbourg.. , . , . ' > \
L’auteur de la vie de Pierre I. rapporte que ce jour
même le fergent fut tué fur la breche. Quoi qu’il en
foit, le.général ayant apperçu Catherine parmi les
prifonnieres, remarqua quelque chofe dans fa phi-
fionomie qui le frappa ; il lui fit quelques queftions
fur fa condition, auxquelles elle répondit avec plus
d’efprit qu’il n’eft ordinaire aux perfonnes de fon
ordre. M. Baur lui déclara qu’il auroit foin qu’elle
fût bien traitée, & prefcrivit à fes gens de la conduire
auprès des femmes-de fa maifon, & de la leur recommander.
Dans' la fuite la voyant fort propre à
gouverner un ménage, il lui donna une efpece d’autorité.
fur fes domeftiques, dont elle, fe fit extrêmement
aimer par la douceur de fon carattere.
Un jour le prince Menzikof, proteâeur du général,
la v it , demanda qui elle étoit , & en quelle, qualité
elle le fervoit ; le général Baur lui raconta fonhi-
ftoire. Le prince le pria de la lui céder ; le général
n’ayantrien àrefuferà fonalteffe, fit appeller Catherine
, & lui dit : voilà le prince Menzikof qui a
befoin d’une perfonne telle que vous ; il eft en état
de vous faire plus de bien que m o i, & jê vous en
veux affez pour vousplacer chez lui. Elle répondit
par une profonde révérence, qui marquoit finonfon
confentement, du-moins qu’elle ne croyoit pas avoir
le pouvoir de dire non. Le prince Menzikof l’emmena
avec lui, & la garda à fon fervice jufqu’en
1703 , que le czar en devint tellement épris, qu’il
l’époufa. Son premier foin dans fon élévation, fut de
ne pas oublier fes bienfaiteurs , & en particulier M.
Gluck & toute fa famille.
Elle fe rendit bien-tôt maîtreffe par fes maniérés ,
du coeur de Pierre le grand ; elle le fuivit & l’accompagna
par-tout, partageant avec lui les fatigues de la
guerre, des courfes, & des voyages. Quand le czar
le trouva enfermé en 1712 par l’armée des Turcs fu r ,
les bords de la riviere de Pruth, la czarine envoya
négocier avec le grand-vifir, & lui fit entrevoir une
groffe fomme d’argent pour récompenfe ; le miniftre
turc fe laiffa tenter, & la prudence du czar acheva
le refte. En mémoire de cet événement, il voulut
que la czarine inftituât l’ordre de lainte Catherine,
dont elle feroit le chef, & où il n’entreroit que des
femmes.
Pierre I. mourut le 28 Janvier 1725, âgé de 53
ans, & laiffa l’empire à fon époufe qui fut reconnue
par tous les ordres de l’état, louveraine impératrice
de Ruflie. Cette princeffe pendant la vie du czar,
favoit l’adoucir, s’oppofer à propos aux emporte-
mens de fa colere , ou fléchir fa févérité. Le prince
joiuffoit de ce rare bonheur , que le dangereux
pouvoir de l’amour fur lui, ce pouvoir qui a deshonoré
tant de grands hommes, n’étoit employé
qu’a le rendre plus grand, excepté néanmoins lorfqu’il
fit.périr Alexis fon fils ; événement' dahs lëquel
la czarine Catherine pouvoit avoir quelque chofe à
fe reprocher.
Quoi qu’il en foit, elle fit oublier cet événement
tragique, & régna feule après le czar Pierre I. fans
recevoir aucun reproche de la baffeffe de fon extraction.
Elle mourut en 172 7 , & laiffa pour fucceffeur
par le pouvoir que Pierre lui en avoit laiffe, Pierre
I i. petit-fils d’elle & de Pierre I. Pierre 11. étant
mort en 1730, Anne, ducheffe deCurlande; fille de
czar Jean, & grand-tante de Pierre 11. luifuccéda;
& étant morte en 1740, elle déclara pour fon fuc^
ceffeur Jean de Brunfwic, petit-fils, de fà foeur âgé
de trois mois, fous la régence d’Elifabeth de Mec-
kelbourg, femme du duc de Brunfwic fa niece, mere
de Jean de Brunfwic. Ainfi l’empire fe perpétuoit
dans la branche aînée d’Alexis ; mais cette régence
ne dura gucre, & en 1741 Elifabeth & fon fils, furent
dépoffédés par Elifabeth Pétrowna, fécondé fiile
de Pierre le grand.
Cette princeffe a déclaré pour fon fucceffeur Charles
Pierre Ulric, duc de Holftein-Gottorp , fils de fa
foeitr, né en 1728, qu’elle a fait nommer grand duc
de Ruflie en 1742. Ce Charles-Pierre Ulric avoit
été appellé à la monarchie par la Suede à la mort du
prince de Heffe mort fans enfans d’U lric, foeur cadette
de Charles X I I . mais quand la couronne de
Suede vint à vaquer, Charles avoit déjà été déclaré
héritier de l’empire, aux droits de fa mere , fille aînée
du czar, & avoit fait prôfefîion de la religion grecque.
Il a époufe Catherine Al'exiewna d’Anhalt-
Zerbft, &c régné aétuellement (1761 ) ; mais, com-!
me dit Leibnitz, le tems préfent eft gros de l’avenir;
( Le chevalier DE JaucouRT.)
RUNIQUES ou RUNES, C aractères j ( H ifit
ancienne & B elles-lettres. ) c’eft ainfi qu’on nomme
des caraéteres très-différens de tous ceux qui nous'
font connus-dans une langue que l’on croit être la
celtique,,que l’on trouve gravés fur des rochers ; fur
des pierres, & fur des bâtons de bois, qui fe rencontrent
dans les pays feptentrionaux de l’Europe,
c’eft-à dire, enDannemark, en Suede ,.en Norwege;
& même dans la partie la plus fëptentrionale de la
Tartarie. 0 •
Le mot rune ou runor, vien t, dit-on, d’itn mot dé
l’ancienne langue gothique, qui fignifie couper, tailler.
Quelques favans croient que les cara&eres runi-
ques n’ont été connus dans le nord, que lorfque la
lumière de l’Evangile fut portée aux peuples qui habitaient
ces contrées ; il y en a même qui croient
que les runes ne font que les cara&eres romains mal
tracés. L’hiftoire romaine nous apprend que fous le
régné de l’empereur Valens, un évêque des Goths
établis dans laThrace & la Méfie , nommé Ulphilas,
traduifit la bible en langue gothique, & l’écrivit en
caraôeres runiques ; cela a fait que quelques-uns ont
cru que c’étoit cet évêque qui avoit été l’inventeur
de ces carafteres. Mais M. Mallet préfume que Ulphilas
n’a fait qu’ajouter quelques nouveaux cara-
ôeres à l’alphabet runique, déjà connu des Goths ;
cet alphabet n’étoit compofé que de feize. lettres ;
par conféquent il ne pouvoit rendre plufiëurs fons
étrangers à la langue gothique qui dévoient fe trouver
dans l’ouvrage d’Ulphilàs. Il eft certain, fuivant
la remarque du même auteur, que toutes les chroniques
6l les poéfies du nord s’accordent à attribuer
aux runes une antiquité très-reculée ; fuivant ces mo-
numens, c’eft Odin le conquérant, le légiflateur, &
le dieu de ces peuples feptentrionaux, qui leur donna
ces cara&eres qu’il avoit vraiffemblablement apportés
de la Scÿthie fa patrie ; aufli trouve-rt-on parmi
les titres de ce dieu celui d’inventeur des runesi
D ’ailleurs on a plufiëurs moniunens qui prouvent
que des rois payens du nord ont fait ufage des runes j