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74° S C A S C A
Les fcamilles font le même effet aux ordres d’afôhi-
tetture , que les piédeftaux aux ftatues. V?ye{ P i é d
e s t a l .
SCAMINO, ( Géog. mod. ) village de la Grece
dans la Livadie, fur la riviere d’Afopo, au pié d’une
éminence du côté du nord-eft. Il n’eft que d’environ
deux cens maifons ; mais les vieilles ruinas qu’on y
voit font connoître que c’étoit autrefois une grande
ville.
M. Spon qui a paffé par ce lieu-là, prétend que
c’eft l’ancienne Sycaminon. Les Grecs y ont encore
quelques églifes, entre autres Hagioi-Seranda, ou
l’églifè des quarante Saints, P an agi a & Hagios Elias,
qui font bâties de vieux débris, où l’ôn remarque
quelques infcriptions..
Nous aurions jugé, ditM.'Wheler, fur une de ces
infcriptions que ce lieu étoit Oropus, fi Oropo n’avoit
pas confervé fon ancien nom. Je crois, ajoute-t-il,
que la montagne voifine eft l’ancien mont Cericius ,
& que cette ville étoit Tanagara, dont les ^nciens
ont tant parlé, & qu’ils mettent fur la riviere AJ'opus.
Elle s’appelloit d’abord Pcemandria , enfuite Groea ,
puis Tanagrcea , qui eft le nom que Paufanias lui
donne, & préfentement on la nomme Scarnino. Whe-
ler , voyage d'A thènes. (D . /.)
S C A M M A , f. m. ( Hift. anc. ) profondeur ou enceinte
creufée dans les lieux des combats ; il n’étoit
pas permis aux combattans d’en fortir.
SCAMMONÉE , f. f. ( Hijl. riat. des drog. exot. )
fubffance réfineufe, gommeule & cathartique.
On en trouve de deux fortes chez les droguiftes ,
lavoir la feammonée d’Alep, & celle de Smyrne.
La feammonée d’Alep eft un fuc concret, léger,
fongueux, friable. Lorfqu’on la brife, elle eft d’un
gris noirâtre & brillante. Lorfqu’on la manie dans
les doigts , elle fe change en une poudre blanchâtre
ou grile ; elle a un goût amer, avec une certaine
acrimonie, & fon odeur eft puante. On l’apporte
d’Alep, qui eft l’endroit où on la recueille.
Lafeammonée de Smyrne eft noire, plus compacte,
& plus pefânte que celle d’Alep. On l’apporte à
Smyrne d’une ville de Galatie, appellée préfentement
Cuté, & de la ville de Cogni dans la province
de Licaonie ou de Cappadoce , près du montTauris,
où l’on en fait une récolte abondante , comme l’a raconté
à M. Geoffroi l’illuftre Sherard , qui a réfidé
à Smyrne pendant treize ans en qualité de conful
pour la nation angloife. On préféré la feammonée
d’Alep.
On doit la choifir brillante , facile à rompre &
très-aifée à réduirë en poudre, qui ne brûle pas fortement
la langue ; qui étant brifee & mêlée avec la
falive ou avec quelqu’autre liqueur, devient blanche
& laiteufe. On rejette celle qui eft brûlée, noire,
pelante, remplie de grains de fable, de petites pierres
ou d’autres corps hétérogènes,
La plante qui produit ce lue eft le convolvulus Sy -
riacus de Moreft, h if . oxon.part. 11. x ij. Sa racine
eftépaiffe,delaforme de celle de la bryone, charnue,
blanchâtre en-dedans, brune en-dehors , garnie de
quelques fibres , & remplie d’un fuc laiteux : elle
pouffe des tiges grêles de trois coudées de long, qui
montent & fe roulent autour des plantes voifines.
Les feuilles font difpofées alternativement le long
de fes tiges ; elles reffemblent à celles du petit lize-
ron ; elles font triangulaires , liffes, ayant une bafe
taillée en façon de fléché. De leurs aiffelles naifl'ent
des fleurs en cloche , d’une couleur blanche, tirant
fur le pourpre ou le jaune. Leur piftil fe change en
une petite tête ou capfule pointue, remplie de graines
noirâtres & anguleufes. Cette plante croît en
Syrie autour d’Alep , & elle fe plaît dans un terroir
gras.
Selon Diôfcoride , la plante feammonée pouffe
d’une même racine beaucoup de tiges de trois cou«
dées de longueur , moëlleulës & un peu épaiffes,
dont les feuilles font femblables^à celle du blé-noir
fauvage ou de lierre, plus molles cependant, velues
& triangulaires. Sa fleur eft blanche , ronde, creufée
en maniéré d’entonnoir, d’une odeur forte : fa
racine eft forte, longue, de lagroflëur d’une coudée,
blanche, d’une odeur defagréable & pleine de fuc.
Le même Diofcoride approuve la feammonée que
l’on apporte de Myfie, province d’Afie ; &il rejette
celle de'Syrie & de Judée , qui de fon tems étoit pe-
fante, épaiffe , falfifiée avec la farine d’orobe & le
lait du tithymale. L’illuftre Tournefort a obfervé
cette efpece de convolvulus, hériffé de poils, dans
les campagnes de Myfie , entre le mont Olympe &
leSipyle, &c même auprès de Smyrne , & dans les
îles de Lesbos &de Samos , où l’on recueille encore
aujourd’hui un fuc concret qui eft bien au-.deffous de
la feammonée de Syrie.
Ainfi M. Tournefort penche à croire que la feammonée
des boutiques vient des plantes au-moins de
différentes efpeces, fi elles ne font pas différentes
pour le genre ; il juge que celle de Syrie & d’Alep
vient de la plante appellée feammonia folio glabro ,
feammonée à feuilles liffes , & celle de Smyrne ou
de Diofcoride de la plante appellée feammonia folio
hirfuto , feammonée à feuillet velues.
M. Sherard avoit aufli obfervé le même convolvulus
hériffé auprès de Smyrne, dont on ne retiroit aucun
fuc , tandis que le convolvulus fo lio glabro croif-
foit en fi grande abondance en Syrie , qu’il fufliroit
feul pour préparer toute la feammonée dont on fe fert,
&c qu’on n’emploie pas même pour tirer ce fuc de
toutes fortes de feammonée ; mais on choifit fur-tout
celle qui croît fur le penchant de la montagne qui
eft au-deffous de la fortereffe de Smyrne.,-On découvre
la racine en écartant un peu la terre ; on la coupe
& on met fous la plaie, des coquilles de moule, pour
recevoir le fuc laiteux que l-’on fait fécher & que l’on
garde. Cette feammonée ainfi renfermée dans des coquilles
eft réfervée pour les habitans du pays, & il
eft très-rare qu’on en porte aux étrangers..
Les Grecs &c les Arabes indiquent les différente?
maniérés de recueillir ce fuc.
î°. On coupe la tête dé la racine ; on fe fert d’un
couteau pour y faire un creux hémifphérique , afin
que le. fuc s’y rende ,* & on le recueille enfuite avec
des coquilles.
z°. D’autres font des creux dans la terre : ils y
mettent des feuilles de noyer, fur lefqu elles le fuc
tombe , &c on le retire lorfqu’il eft fec. Méfué rapporte
quatre maniérés de tirer ce fuc, qui le rendent
tout différent. i°. Aufli-tôt que la racine s’élève au-
deffus de la terre , on coupe ce qui en déborde , &
elle donne tous les jours un fuc gommeux que l’on
garde lorfqu’il eft féché. z°. On arrache enfuite toute
la racine ; &, après l’avoir coupée par tranches , il,
en fort un lait que l’on fait fécher à un feu doux ou
aufoleil : on en fait des paftilles , fur lefquelles'on
imprime un cachet ; leur couleur eft blanchâtre ou
variée. 3 °. On pile les morceaux des racines, on les
exprime , on fait fécher le fuc qui en fort, & on le
marque d’un cachet : celui-ci eft groflîer, noir ÔC
pefant. 4°. Il y a aufli des perfonnes qui tirent du
lue des feuilles & des tiges après les avoir pilées : on
le feche enfuite, & on en fait de petites maffes ; mais
ce fuc eft d’un noir verdâtre & d’une mauvaife
odeur.
On ne nous apporte plus de feammonée marquée
d’un cachet, ni celle qui découle d’elle-même en
larmes de la racine que l’on a coupée , & que l’on
recueille dans des coquilles près de Smyrne. Elle eft
la meilleure , mais elle eft ,ti;ès-rare en ce pays. Sa
couleur eft tranlparente, blanchâtre ou jaunâtre *
S CA
Sc elle reffemble à de la réfine ou de la coîle-forte :
Lobet & Pena en font mention dans leurs obferva-
îions. La feammonée qu’on nous apporte à préfent eft
en gros morceaux opaques & gris. Nous ne favons
point du tout quelle eft la maniéré de la recueillir ;
mais il eft vraiffemblable que les maffes font formées
de fucs tirés, foit par l’incifion , foit par l’expref-
fión;'c’eft ce qui fait que l’on voit tant dé variété de
couleurs dans le même morceau.
Dans l’analyfe chimique, on retire, par le moyen
de l’efprit-de-vin , cinq onces de réfine de fix onces
de feammonée. Ainfi fa plus grande partie fe difîbut
dans l’efprit-de-vin, & il refte quelques' parties mu-
cilagineufes, falines & terreufes ; mais toute fa fub-
ftance fe diffout dans des menftrues aqueux, qui
prennent la couleur de lait aprèsla diffolütion, à caufe
des parties réfineufes mêlées avec les parties falines
dcaqueufes.
■ Les Grecs & les Arabes ont employé la feammonée.
Les modernes la'regardent comme un très-violent
purgatif ; j’ajoute que c’eft un remede infidèle,
&.dont l’opération eft ti;ès-incertaine , fa grande acrimonie
irrite l’eftomac, caufe des naufées, enflamme,
ratifie les inteftins, les ulcères, ouvre les veines, &
produit des fuperpurgations. On a imaginé plufîeurs
préparations de ce remede, pour en corriger la violence
;■ & à cet effet on fe fert du fuc de coing , de
régliffe ou du foufre ; de-là viennent lès noms de
diagrede de C o in g , diagrede de régliffe &. diagrede de
fo u fr e , qui font d’ufage en médecine. V o ' y e fi vous
voulez, D i a g r e d e . ( D . J. )
• SCAMPCE, ( Géog. anc.') ville de la Macédoine :
l’itinéraire d’Antonin la marque fur la route de Dyr-
rhachium à Byfance', entre Claudiana & Tres-Taber-
na , à 20' milles du premier de ces lieux , & à 28
milles du fécond ; le même itinéraire met cependant
dan? une autre route 22 milles de Claudiana à Scam-
p c é & 30 milles de'Seampoe à Tres-Tabernoe. (D . J.}
SCANDALE ,f. m. (Gram. & Théol.f félon le langage
de l’Ecriture & des cafuifteS, fignifie une parole,
une action ou unp omijjion qui porte au péché ceux
qui en font témoins^ ou qui en ont la corinoiffance.
Ce mot vient du grec <r/.a.vS'a.\ôvi ou du latin fean-
daluTji, qui, félon Papias, fignifie une querelle qui
S5éleve tout-à-coup, rixa quoefubitb inter aliquosfean-
dit veloritur.
Le fcandale eft a£li£ ou donné , & paflif ou reçu.
Le fèandale aûif ou donné eft l’induélion au mal de
la part de celui qui feandalife. Le fcandale paflif ou
reçu eft l’impreflion defavantageiife que fait le fcandale
fur ceux qu’il entraîne ou qu’il excite a,u mal.
Dans l’Ecriture & dans les auteurs eccléfiaftiques,
fcandale fe met pour tout ce qui fe rencontre dans le
chemin d’un homme , & qui peut le faire tomber.
Ainfi Moffe défend de mettre un fcandale devant l'aveugle
, c’eft-à-dire, ni pierre, ni bois, ni aucune chofe
capable de le faire trébucher , Lévit. x ix . 14. De-là
dans le moral on a pris le mot fcandale pour une ôc-
cafion, de chute ou de péché. Jefus-Chrift a été, à l’égard
dès juifs, une pierre d’achôppemènt & defean-
dale-, contre laquelle ils fe font bnfes par leur faute,
n’ayant,pas voulu Ie reèônnoître pour le Meflie, malgré
les carafteres qui le.leüf démontroient.
Scandale dans le langage familier eft une aftion
contraire aux bonnes moeurs, où à l’opinion générale
de? hommes.' ïî fîgriifie1 aùflî ûnè riimair defavan-
tageufé, qui déshonoré quelqu’un parmi lé monde. En
ce fens , on appelle la médîfance là chronique feanda-
leufe.
Pierre de fcandale, en lat in lapis Jcandàli Où vitupéra
, étoit une pïèfré élevée dans le' grand portail
du capitole de l’ancienne Rome , fur. laquelle étoit
gravée la figure d’un lion,.& où alloient s’affeoir à
nud ceux'qui faifoient banqueroute SC qui abândon-
Tome X IV ,
S CA 7 41
noient leurs biens à leurs créanciers. Ils étoient obliges
de crier a haute voix, cedo bona ,- j’abandonne
mes biens , & de frapper enfuite avec leur derrière
trois fois fur la pierre. Alors il n’étoit plus permis
de les inquiéter pour leurs dettes. Cette cérémonie
reffembloit affez à celle du bonnet-verd-, . qu’on pra-'
tiquoit 'autrefois en France dans le même cas. On
appelloit cette pierre pierre de fcandale , parce que
ceux qui s’y affeyoient pour caufe de banqueroute ,
étoient diffamés , déclarés inteftables, &:‘incapables
de témoigner en juftice.
On raconte que Jules Céfar imagina cette forme
de cefîîon après avoir aboli l’articlé de la loi des
douze tables, qui aûtprifoit les créanciers à tuer ou
à faire efclaves leurs débiteurs ,. ou du^moins à les
punir corporellement : mais cette opinion n’eft appuyée'd’aucune
preuve folidei.
Scandale des grands, feandalum magnatum, eft un
terme de droit, par lequel on entend une injure ou
offenfe faite à un pérfonnage confidérable, comme
un prince, un prélat, un magiftrat, où d’autres grands
officiers, en femant contre eux des médifances ou
calomnies , d’où, naiffent la difeorde & les débats
entre eüx & ceux qui)leur forit lubordonnés,au mépris
, & fouvent au détriment de leur autorité.
On' appelle aufli feandalum magnatum un ordre
qu’on obtient en ce cas pour avoir dès dommages
ou intérêts contre le calomniateur, ou tel autre au-r
teurdu fcandale.
S c a n d a l e , montagne du, (Critiquefacrée.) dans
la vülgate motis ojfcnji'onis, la montagne du fcandale
eft là montagne des oliviers , fur laquelle Salomon,
erigea des' autels aux faux-dieux par cpmplaifance
pour Les femmes étrangères qu’il avoit prifes , ex alfa,
ad dexterani pàrienï moiitis offenftonis , cedificaverat
Salàmôhrex Ifraèl. . . . . polluït rex. (D . ƒ.) .
; SCANDALEUX , adj. ( Gramm.) qui caufe du
fcandale ; il fe dit des çhofes &■ des perfonnes. Avancer
comme quelqùes.écrivains de la fociété de Jefus
l’crnt fait, qu’il n’eft pas permis à tout le monde de dif-
pofer de la vie des tyrans ; c’eft une propofition
fcdndàltufe, parce qu’elle laîffe entendre qu’il y a
apparemment des perfonnes à qui le tyrannicide eft:
permis. La doéirine du probabififine eft ude doélrine
fcandaleufe. L’invitàtion que le P. Pichon fait au pécheur
d’approcher tous lès jours d'es facremens fans
amour de Dieu, fans changer de conduite ,■ eft une
invitation fcandaleufe. L’éloge de l’ouvrage deBufem-
batim qu’on lit dans les mém. deTrév. eû fcandaleux.'Des
religieux traînés devant les tribunaux civils pour
une affaire de banque & de commerce, & condamnés
par des juges-confuls à payer des fommes illicitement
dues & plus illicitement encore refufées, font
des hommes fcandaleux. Des prêtres qui font jouer
dès farces fur un théâtre , & danfer dans l’enceinte
de leurs maifons les enfans confiés à lèursfoins, con-
fondùs avec des hiftrions, donnent un fpeûaclcfcandaleux.
On trouveroit toutes fortes d’exemples de
fcandale, fans s’éloigner de-là ; mais il y en a dont
il feroit difficile de. parler fans feandalifer étrangement
les fgmmes, les hommes & les petits enfans.
SCANDARON, (Gèog. anc.') lieu.renommé dans
la Phénicie, avec un château qu’on dit qu’Alexandre
le grand avoit élevé pour lui lervir de retraite pendant
qu’il afliégeoit la ville de Tyr, dont ce château
n’étoit éloigné quet‘de 5 milles. II fut détruit dans la
fuite par Pompée, quand ilfe rendit maître de la Phénicie.
L’endroit où .etoit cette citadelle eft agréable
& fertile. (D . /.)
SCANDEA, (Géog. a n c f ville del’îlede Cythere.
Elle etoit fur le bord de la mer , félon Thucydide,
l. IV . z8y. & Paufanias, Lacon. c. x x ïij. qui lui donne
un port, dit qu’elle étoit prefque à dix ftades de la
ville de Cÿthere. Au-lieu de Scandia, Etienne le
A A a a a ij