454 s
nommer h le tt r e / (raendtis appelions tfe ; la diffi-
culte de prononcer de luite deux confonnes , a conduit
infenfiblement à prendre pour point d’appui de
la première Je Ton e que nous trouvons dans fon nom
alphabétique. 1 A ; ’
Mais dira-t-on, cette coniequence auroit du influer
fur tous ,les mots qui ont une origine fembla-:
b le , & elle n’a pas même influé fur tous ceux qui
viennent d’une même racine : nous difons efprit 6c
fpiritud, efpace Scjpacuu;c , &c. Henri Etienne dans
lès hypoi.u né fis ,pag. 114. répond à cette obje&ion :
fed quxn }'«.c adjccliva longc fubflanùvis pofieriora fini
-M S m àd dubittmus. Je 11e lais s’il eft bien conftaté
iiots qui ont con fervé plus d’analogie avec
leurs racilues, lent plus ré•cens que les autres : je fêrois
au-contraire porté à ]les croire plus anciens, par
la raifon même qu’ils tiennent plus de leur origine.
Mais il efi hors de doute; que fpirhud,Jpacieux, ÔC
autres feinblabies, le font introduits dans notre langue,
ou 1dans un autre tems, ou par des moyens plus
heureux , que les mots efprit, efpace, Crc. 6c que c eltlà
l’origiine de leurs difléirentes formations.
Quoi qu’il en foit, cette profthèfe a déplu infem
fiblement dans plufieurs mots ; 6c l’euphonie, au-lieu
de Supprimer Ye qu’une dénomination fauffe y avoit
introduit, en a fupprimé la lettre ƒ elle-même, comme
on le voit dans les mots que l’on prononçoit & que
l’on écrivoit anciennement efiude, efiat, ejlablir, eferire,
efeureuil, que l’on écrit 6c prononce aujourd’hui étude,
cuit. établir, écrire, écureuil, 6c qui viennent de fbu-
dium , flattes| (iabilirç-, fitibere, H Si l’on ne çon-
fervoit cette obfervaiion, quelque étymologifte diroit
un jour que la lettre f a ete changée en e : mais comment
expliqueroit-il le méchanifme de ce changement?
ILes détails des ufages de la lettre ƒ dans notre langue,
occupent, affez de place dans la grammaire fran-
coife de M. l’abbé Régnier, parce que de fon tems
oh écrivoit encore cette lettre dans les mots de la
prononciation defquels l’euphonie l’avoit fuppri-
mée : aujourd’hui que l’orthographe eft beaucoup
plus rapprochée de la prononciation, elle n’a plus
rien à qbferyer fur les ƒ muets , fi ce n’efl dans le
feul mot efiy ou dans des noms propres de famille,
qui ne font pas, rigoureufement parlant, du corps
de la langue.
Pour ce qui concerne notre maniéré de prononcer
la lettre f quand elle eft écrite , on peut établir
quelques obfervations affez certames.
' i®.On la-prononc^ avec un fifflement fort, quand
eÜe eft au commencement du mot, comme dans fa-
vqnt,firmon, f i non ,foleil,.fupé/icur , &c. quand elle
eft au milieu du mot, précédée ou fuivie d’une autre
Gonfonne, comme dans abfolu, converfir, confiïl,
&c. bajionnade, efpace , difque, ojfufqué ,6>CC. 6c quand
elle eft elle-même redoublée au milieu du mot,
comme dans pajfer, ejfai, mijjel, bojfu, pmjjien ,
mpujfi, 6cc.
. 20. On la prononce avec un fifflement foible,
comme i , quand elle eft feule entre deux voyelles,
comme, dans rafé, héfiter, mïfunir ope, rofi, exclusion,
&c. 6c quand à la fin d’un mot il faut la faire entendre
à caufe de la voyelle qui commence le mot fui-
vant, comme dans mes opérations , vous y penfirede
bons avis, 6cc.
On peut oppofer à la généralité de la fécondé réglé
, que dans les mots parafol, prèfuppofir, monofyl-
Labe , &c. la lettre ƒ a le fifflement fort, quoique fi-
tiiée entre deux voyelles; & contre la généralité de
la première, que dans les mots tranfiger, tranfaclion,
tranfuion, .tranfitoire, la lettre ƒ , quoique précédée
d’une confonne , a le fifflement doux de i-
Je réponds que ces mots font tout-au-plus exception
à la réglé ; mais j’ajoute, quant à la première
S A A
remarque, qiftorr a peut-être tort d’écrire ces mots
comme on le fait, 6c qu’il feroit apparemment plù$
raifonnable de couper ces mots par un tiret, parafa
i, pré- fuppofir, mono-fyllabe, tant pour marquer
les racines dont ils font compofés, que pour ne pas
violer la réglé d’orthographe ou de prononciation à
laquelle ils 1 ontoppofésfous la forme ordinaire: c’ cft
ainli, 6c pour une raifon pareille, que l’on écrit arc-
en-ciel ; parce que, comme l’obfervc Th. Corneille,
( not. fur la rem. 44g. de Vaugelas ) « fi l’on écrivoit
» arcenciel fans féparer par des tirets les trois mots
» qui le ..compofcnt, cela, .obligeront à le prononcer
» comme on prononce la fécondé fyllabe du mot en-
» cenfir, puifque cenfe prononce comme s’il y avoit
>» une ƒ au - lieu d’un c , 6c de la même forte que la
» première fyllabe defintirnent fe prononce».
Pour ce qui eft de la fécondé remarque , fi Fon
n’introduit pas le tiret dans ces mots pour écrire tranfi
iger, tranf -action, tranf- iùon, iïanf-itoirc, ee qui
feroit fans doute plus difficile que la Correction pré-;
cédante; ces mots feront une exception fondée; fur-
ce qu’étant compofés de la prépofition latine ,tra.ns-%
la lettre s y eft confidérée comme finale , & fe pro-:
non.ee en coniequence conformément, à la fécondé
réglé.' .
La lettre S fe. trouve dans plufieurs abréviations:
des anciens, dont je me contenterai d’indiquer ici
celles. qui fe trouvent le plus fréquemment dans les
livres claftïques. S , veut dire allez fouvent Servi us,.
nom propre, ou fianclus ; S S ,fancli(Jîrnus. S. C ,fina-
tus confultum ; S. D , falutcm dicit, fur-tout aux inf-
criptions des lettres ; S. P. 'D.Jaluiem plurimam dicit ;
S E M P. Sempronius ; S E P T . Septivùus ; S ER. Servi
li us; S E X T . Sextus; S E V. Severus; S P. Spuriusy
S. P. Q . R.finatus populufque romanus.
C ’étoit aufli un caraûere numéral, qui fignifioit
fipt. Chez les Grecs v vaut 200, & «■- vaut 200000 ;
le figma joint au tau en cette maniéré g- vaut jix . Le
fiamtch des Hébreux D valoit 5 0, & furmonté de deux
points D , il valoit 50000.
Nos monnoies frappées à Rheims font marquées
d’une S.
S , ( Comm. ) la lettre S toute feule, foit en petit,
foit en grand caraftere, mife dans les mémoires,
parties, comptes, regiftres des marchands, banquiers,
& teneurs de livres, après quelque chifré
que ce foit, fignifie jou tournois. Diction, de comm. &
de Trévoux.
S f s , ( Ecriture. ): confidérée dans fa forme, eft la
première partie d’une ligne mixte, & la queue de la
première partie d\r ; elle fe fait du mouvement mixte
des doigts & du poignet. Voye^ le volume des Planches
à la table de l'Ecriture, PL des alphabets.
S, (Art mcchaniq.) fe dit d’un gros fil-de-fer, re-<
courbe à chacune de fes extrémités en fens contraire
, ce qui produit à-peu-près la forme de la lettre
S. L’S des Eperonniers fert à attacher la gourmette
à l’oeil de la branche d’un mords, & pour cette
raifon fe nomme A de la gourmette. P°ye\_ Gourmette
, & PL de TEperonnier.
S , en terme de Cloutierd'épingle, c’eftune mefure
recourbée par les deux extrémités, & formant deux
anneaux fort femblables à ceux de la lettre S , dans
lefquels on fait entrer le fil, & par ce moyen on fait
le clou au numéro qu’on veut, puifqu’on le cherche
dans une S qui eft à ce numéro. Voyeç PL du Cloutier
d'épingle.
S A
SAADCH, ( Géogr. mod. ) ville d’Afie, dans l’Yémen,
à environ 120 lieues deSanaa. Elle eft très-
peuplée , félon Alazizi, fertile ,àc a des manufactures
pour la préparation des cuirs, & leur teinture.
S A U
Ions dans les tables d’Âbulfedâ 3 o1. lau
,4o K (D . j ,y . '■ . . .
S A A L , l a , (Géogr. mod.) nviere d Allemagne
dans la Franconie. Elle a fa fource aux confins du
comté de Heuneberg, ßc fe perd dans le Mein à Gemünd,
entre l’évêché de Wurtzbourg, & le comte
de Reineck quelle fépare. (D. J.)
SAAMüUNA, f. m. (Hifi. nauBot.) arbfe des
Indes orientales dont le tronc eft également gros par
le bas que par le haut, 6c par le milieu il eft renfle
confidérablement. Son bois eft épineux, gris par-
dehors & blanc à l’intérieur, moelleux, leger Sc
fpongieux comme du liège. Ses feuilles font oblon-
eues, dentelées 6c remplies de veines, attachées
cinq à cinq par des queues allez longues. Cet arbre
produit des filiques oblongues qui contiennent
des pois rouges. En coupant les épines encore vertes
de cet arbre, on en tire un fuc qui paffe pour un
remede foüverain dans toutes les maladies des yeux.
S A A N , L a , ou S AIN A , (Géog. mod.) riviere
d’Allemagne au cercle d’Autriche. Elle a la fource
dans tes montagnes de la baffe Carniole, 6c tombe
dans la Save aux confins du Wirtdismarck, (D , J.)
SABA, (Géog. anc. & facr.) royaume dont étoit
reine la princeffe qui vint à Jerufalem pour voir
Salomon. Elle eft nommée par J. C. la reine du midi,
Math. xij. 42. Marc. x j. 3 u .
Le nom de reine du midi dénote que le pays de
cette princeffe devoit être au midi de la Paleftine,
ce qui convient à l’Arabie heureufe. Le meme paf*
faoe allégué ci-deffus porte qu’elle vint des extrémités
de la terre. L’Arabie enfermée entre deux golfes
, 6c terminée par l’Océan, répond à cette idee
dans le ftyle de l’Ecriture. Elle apporta en préfent
des chofes qui fe trouvoient autrefois allez communément
en Arabie ; favoir de l’o r , des parfums 6c
des. pierres précieufes. Enfin, les anciens^ parlent
d’un peuple de l’Arabie heureufe, nommé S aboi,
qui admettoit les femmes à la couronne. Claudien,
in Eittrop. liv. IL v e f . 320. dit :
Médis y Lvibufqitè Sabæis
Jmperat his fixus ; reginarumque fub arrnis
Barbaries pars magna jacet.
Le nombre des intefpfetes de l’Ecriture qui cherchent
dans l’Arabie heureufe, les états de la reine
de Saba, eft affez grand, 6c fournit des hommes il-
luftres.
11 n’y a pas moins d’intefpretes célébrés qui mettent
en Etniopie la reine de Saba. Jofephe qui a ouvert
le premier cette opinion, prétend, Antiq. liv. IL
c. v. que la capitale de l’Éthiopie s’appelloit Saba,
avant que Cambil'e lui eût donné le nom de fa foeur
Mcro'è.
Les Géographes connoiffent une autre Saba, ville
d’Afie, dans l ’Arabie déferte, à environ fix journées
de Jérufalem : le nom moderne eft Simijca^ar, félon
Guillandin de papyro commentari Cependant Ptolo-
mée, L P’, c. xix. nomme cette ville
Saba eft encore un port de l’Éthiopie lur le golfe
Arabique, félon Strabon, liv. X V I .p . jy o . (D . A )
Saba , îl e de , (Géog, mod.) Cette île eft au nombre
des petites Antilles. Sa fituation eft par les iyA
S 6' de lat. au nord de l’équateur à deux lieues &
demie fous le vent de Saint-Euftache, ce n’eft proprement
qu’uri röchet d’environ quatre lieues de
circonférence, fort efearpé, & qui n’eft accembk
que par un feul endroit, au-deffus duquel les Hol-
iandois habitans dudit lieu ,’ont élevé plufieurs rangs
de murailles conftruites en pierres feehes 6c difpo-
fées de telle forte qu’on peut fort aifément les ren-
verfer par partie ou en total fur ceux qui vou?
droient efcalader cette forterefl'e naturelle : le défi
Tome XJV0
«3
fus de ce rocher eft occupé par quelques habitations
de peu de valeur.
Sa b a , ou Sa v a , (Géog.mod.)6c félon M. Delifle,
Saua, ville de Perfe, dans l’Irac-agemi, ou l’irac-
perfienne , fur la route de Sultartie à Cont. Elle eft
fituée dans une plaine fablonneufe &C ftérile, a la
vue du mont Elvend. C ’eft une ville toute dépeu-.
plée, & dont les murs font ruinés. Son commerce
ne confifte qu’en peaux d’agneaux. Long. 86. lat. 3^»
66\ (D. J.)
SABADIBÆ, (Géog. anù.) îles de l’Océan dans
l ’Inde, au-delà du Gange. Ptolomée, liv, V I I . c. ij,
en compte trois habitées par des antropophages. Il
les met au. couchant de Habadin, qui paroît être Hle
de Java. (D. J.)
S A BÆ , (Géog, anc.) nom commun à différens
peuples. i° . Saba, ancien peuple d’Afie dans les Indes
, félon Denys-le-Periégete, verfi 1141.x0. Saba,
ancien peuple de Perfe félonie même, verfi io(Sc).
30. Saba, ancien peuple de Thrace, félon Euftathe,
qui ajoute que Bacchus prenoit d’eux le furnom
de fabajîus, fous lequel les Thraces lui rendoient un
culte particulier. 4°. Sabot, vilie de la Lybie intérieure
, félon Ptolomée, l, IV. c. vj. qui met cette
ville vers la fource du Cynyphe. 5®. Saba, font les
Sabéens, peuple de l’Arabie. Enfin, faba ara étoit
un lieu particulier d’Afie dans la Médie, près la mer
Cafpienne, 6c à peu de diftance de l’embouchure du
fleuve Cyrflus, félon Ptolomée, L VLc. ij. (D .J .)
SABAiSME,o«SABIISME,f.m. ( Théol.) comme
le nomme M. Fourmont l’aîné. C’eft le nom de la •
première forte d’idolâtrie qui foit entree dans le
monde. Vjye^ Idolâtrie»
Le Sabaïfme CQnfiftoit à adorer les étoiles, o u ,
comme le porte le texte de l’Ecriture, tuba fichamaim,
ou fiba fchamâim, omnes militias coeli ; 6c l’on fait
que par ces termes, les Hébreux entendoient les afi
très 6c les étoiles: d’oii les modernes ont formé le mot
Sabaïjme, pour exprimer l'idolâtrie, qui confifte à
adorer les corps céleftes, & celui de Sabéens pour
flgnifier ceux qui les adorent. Mais comme le mot
hébreu d’oii celui-ci eft formé , eft écrit avec un
trade, que les langues modernes fendent par une S
ou par un Z , d’autres par TS ou par T Z : de-là
vient qu’on trouve ce mot écrit avec différentes lettres
initiales»
Quelques-uns Croietlt que le Sabaifme étoit la plus
ancienne religion du monde, & ils en mettent l’origine
fous Seth fils d’Adam, d’autres fous Noë, d’autres
fous Naehor pere de Tharé 6C ayeul d’Abrkham»
Maimonide qui en parie fréquemment dans fon
More Nevochim, remarque qu’elle étoit généralement
répandue au tems de Moyfe, 6c qu’Abraham la pro-
fefi'oit avant qu’il fût forti de la Chaldée. Il ajoute
que les Sabéens enfeignoient que Dieu eft l’efprit
de la fphere 6c l’ame du monde ; qu’ils n’admettoient
point d’autres dieux que les étoiles, 6c qüe dans leurs
livres traduits en arabe, ils affurent que les étoiles
fixes font des dieux inférieurs ymais que le Soleil 6c
I la lune font les dieux fupérieurs» Enfin, ajoutent-ils j
I Abraham par la fuite abandonna cette religion 6c
enfeigna le premier qu’il y avoit un dieu différent
du Soleil. Le roi des Euthéëns le fit mettre.en prifon ;
mais ce prince voyant qu’il perfiftoit dans fon opinion
, & craignant qué cette innovation rte troublât
fon état 6c ne détruifît l’idée qu’on avoit des
divinités adorées jufqu’alors, confitqua fes biens,
6c lé bannit à l’extrémité de l’orient. Cette relation
fe trouve dans le livre intitule la religion des
Nabathéens.
MaimOnides dit encore que les Sabéens joignoient
à l’adoration des étoiles un grand refpeft pour l’agriculture
6c pour les bêtes à cornes & les moutons ,
| enfeignant qu’il étoit défendu de les tuer ; qu’ils