nerent du fecours aux habitans de Milet, dans la
rguerre que cette ville eut à foutenir contre Alyattes
Toi de Lydie, environ fix cens vingt-lix ans avant
reere chrétienne. Strabon nous apprend qu’ils s’étoient
mndus puiflans fur la mer , & qu’ils avoient par ce
nooyen acquis leur liberté. De-là vient que Pline
mme cette île la libre Chios.
.. Environ cinq cens ans avant la naiflance de J. C.
a§ envoyèrent cent vaifl'eaux contre la flotte de Da-
*lW s, roi des Pcrfes , au lieu que les habitans de Les-
bos ne mirent que foixante & dix vaifi'eaux en mer,
& les habitans de Samos foixante. Avant que le combat
fe donnât devant la ville de Milet, Hiftiæus, tyran
de cette ville, & beau-pere d’Ariftagoras, s’enfuit
fecretement de Perfe , où il étoit détenu prifon-
nier par Darius, & fe rendit dans l’île de Chios. Il
n’y Ait pas plutôt arrivé qu’il fut pris & arrêté par les
habitans , qui ayant conçu quelque foupçon qu’il
étoit envoyé par Darius, pour entreprendre quelque
choie contre leur liberté, le mirent dans les fers. Ils
le relâchèrent au bout de quelque tcms , & le con-
duifirent fur un vaifleau julqu’à la ville de Milet, oii
les Miléliens , qui avoient déjà goûté les douceurs de
la liberté, ne voulurent pas le recevoir, de forte qu’il
fut contraint de repaffer à Chios.
Après qu’il y eut fait quelque léjour, & qu’il eut
tenté inutilement de porter fes hôtes à lui fournir
quelques vaifl'eaux., il s’embarqua pour l’île de Les-
bos, où les habitans de Mytilene équipèrent en fa faveur
huit galeres à trois rangs, avec lefquelles il
cingla du côté de Byfance. Il furprit fur la route les
vaifl'eaux marchands des Ioniens, qui venoient de la
mer Noire, & il s’en empara , à la réferve de ceux
qui voulurent fe ranger de fon parti. Cependant ayant
eu connoifîance du fuccès qu’avoit eu le combat qui
s’étoit donné devant la ville de Milet, il commit la
conduite des affaires de l’Hellefpont à Bifalte d’Aby-
dene , fils d’Allophanes, &c fit voile vers l’île de
Chios , dont il ravagea toute la campagne, tuant tout
ce qui fe préfentoit devant lui, parce que la garni-
fon qui étoit dans la ville, ne vouloir pas le recevoir.
Mais quand il eut ainfi faccagé la campagne, il ne lui
fut pas difficile de foumettre le refte, qui étoit déjà
allez abbatu du mauvais fuccès du combat naval.
Hérodote rapporte que les habitans de Chios
avoient été comme avertis de ces malheurs par deux
Agnes confidérables,qui avoient précédé leur ruine,
ÔC en avoient été comme les avant-coureurs. L’un de
ces lignes étoit, que d’une troupe de cent jeunes
hommes qu’ils avoient envoyés à Delphes, il n’en
étoit revenu que deux : les autres étant tous morts
de la pelle dans le voyage. L’autre figne étoit , que
dans la ville, de Chios, le toît de la maifon où les en-
fans apprennent à lire, tomba fur eux, & de cent
vingt qu’ils étoient, il n’en réchapa qu’un feul. Cet
accident arriva dans le même tems que les autres
étoient péris dans leur voyage. Hifliæus ne jouit pas
long-tenis de fa conquête ; car en fe retirant de l’île
de Chios, il fut fuqiris par les Perles, qui fe faifirént
de lui, & le crucifièrent fur le continent de l’Afie
mineure.
L’île de Chios tomba enfuite fous la puilfance du
tyran Strattes , ce qui arriva environ quatre cens
foixante & dix-neuf ans avant la naiflance de J. C.1
Sept ioniens, entre lefquels étoit Hérodote, fils de
Bafiléïdes, confpirerent contre lui; mais lorfqueleur
deflein étoit fur le . point d’être mis à exécution , un
des conjurés révéla le complot ; les fix autres, qui
en furent avertis à tems, s’enfuirent à Lacédémone,
& de-là dans l’île d’Ægine., où fe trouvoit alors la
flotte des Grecs, forte de cent dix voiles, fous la
conduite de Léotychidas , roi des Lacédémoniens,
& de Xantippe, capitaine des Athéniens. Ces fix ha-’
titans de Chios folliciterent fortement les Grecs de
faire voile vers les côtes de l’Ionie, pour mettre les
Perfes à la raifon, mais ils ne purent l’obtenir ; les
Grecs craignoient la flote des Perfes, & ceux-ci redoutaient
celle des Grecs. Cette mutuelle crainte,
combattit favorablement pour les uns & pour les autres
, & les porta à jurer un traité de paix.
Dans la fuite, les habitans de Chios, à la Sollicitation
des Lacédémoniens, fécouerent à diverfes re-
prifes le joug des Athéniens, avec des fuccès divers,
jufqu’à ce que Memnon le rhodien, amiral de la flote
de Darius, roi de Perfe,s’empara par trahifon, avec
une flote de trois cens vaifl'eaux, de l’île de Chios,
environ trois cens trente trois-ans avant l’ere chrétienne
, & fournit à fon obéiflance toutes les villes
de Lesbos, à la réferve de Mytilene, devant laquelle
il fut tué. Cependant Darius ayant été vaincu trois
ans^ après par Alexandre le grand, les habitans de
Chios, & les autres infulaires leurs voifins, furent délivres
de ia domination des Perfes, & palferent fous
celle d’Alexandre , ou plutôt ils demeurèrent en leur
pleine & entière liberté.
Quatre-vingt-fix ans avant la venue du Melïïe, Mi-
thridate, roi du Pont, ayant été battu par les Romains
dans un combat naval, fut tellement irrité contre
les habitans de Chios , de ce qu’un de leurs vaiffeaux
étoit allé imprudemment choquer fon vaifleau
amiral dans le fort du combat, ôc avoit manqué de le
couler à fond, qu’il fit vendre au plus offrant les biens
des citoyens de Chios, qui s’étoien: retirés vers le
didlateur Sylla, & bannit enfuite ceux de ces infulaires
qu’il crut les plus portés pour les Romains.
Enfin Zénobius , général de ce prince, vint avec
une armée prendre terre à Chios , feignant de vouloir
continuer fa route du côté de la Grece, mais en
effet, pour s’emparer de cette île, ce qu’il exécuta
à la faveur de la nuit. Dès qu’il en fut maître , il contraignit
les habitans de lui porter toutes leurs armes*
& de lui donner en otage les enfans des principaux,
qu’il fit conduire à la ville d’Erythrée, dans le royaume
du Pont. '11 reçut enfuite des lettres de Mithrida-
te, qui demandoit aux habitans de Chios la fomme
de deux mille talens ; ce qui les réduifit à une
telle extrémité , qu’ils furent contraints, pour y fa-
tisfaire , de vendre les ornemens de leurs temples ,
& les joyaux de leurs femmes. Ils n’en furent pas
quittes pour cela; Zénobius prétextant qu’il man-
quoit quelque chofe à la fomme, embarqua les hommes
à part dans des vaifl'eaux, & les femmes avec
les enfans dans d’autres, Sc les fit conduire vers le roi
Mitrhidate, divifant leurs terres & leur pays entre les
habitans du Pont.
Mais les habitans de la ville d’Héraclée, qui avoient
toujours entretenu une étroite amitié avec ceux de
Chios, ayant appris cette nouvelle, mirent à la voile
, & attaquèrent au paffage & à la vue du port
d’Heraclee , les vaifl'eaux qui menoient ces infulaires
prifonniers, & les ayant trouvés mal pourvus de
troupes pour les défendre, ils les amenèrent fans ré-
fiftance dans leur ville. Le dictateur Sylla ayant fait
la paix avec Mithridate environ quatre-vingt ans
avant la naiflance de J. C. remit en liberté les habitans
de Chios, & divers autres peuples, en recon-
noiffance du fecours qu’ils avoient donné auxRomains.
Ces infulaires devenus alliés du peuple romain,
demeurèrent en paix fous fa protection, & fous celle
des empereurs grecs , jufqu’au tems de l’empereur
Manuel Comnene, qui, ayant maltraité les Européens
qui alloient en pèlerinage à la Terre -fainte,
perdit 1 île de Chios, que lui enlevèrent les Vénitiens.
Elle revint au bout de quelque tems fous la domination
des empereurs de Conftantinople, qui, quelques
années apres , l’engagerent à un feigneur européen
fort riche , & qui n’était point grec. Michel Paleolo-
gue , empereur de Grece, fit depuis préfent de cette
île aux Génois , en reconnoiflance du fecours qu’ils
lui avoient donné en plufieurs occafions. Il ne les en
mit pourtant pas en p.ofleflion, parce qu’un feigneur,
nommé Martin, qui la pofl'édoit comme héritier de
ceux à qui les prédécefleurs de Michel Paléologue
l’avoient engagée, y demeuroit alors.
Andronic Paléologue le jeune ne laiflapas néanmoins
d’en chafler ce feigneur Martin, & fe mit lui-
même en poffeflion de l’île , ou plutôt les Génois
s’en emparerent, du confentementde ce prince, avec
une flote confidérable > & moyennant une grofle
fomme qu’ils lui avoient donnée. D’autres difent
qu’Andronic Paléologue la donna aux Génois en ré-
compenfe du fecours qu’il en avoit reçu contre les
Vénitiens en 1216. Quoi .qu’il en foit, elle pafla fous
la puiflance des Génois à titre de feigneurie. Son gouvernement
tomba aux Maunèfes, premiers nobles de
la maifon Jufliniani,qui achetèrent cette île de la république
de Genes. Cette maifon en jouit J’efpace
de deux cens ans ; mais le fultan Selim s’empara de
5 cio, en 1566 , & les Vénitiens firent de vains efforts
en 1694 pour en dépofleder le grand-feigneur.
Cette île a produit anciennement des hommes il«*
luftres, dans le nombre del'quels font Théopompe
l’hiftorien, & Théocrite le fophifte, qui ont écrit
l’un & l’autre fur la politique. Elle fut aufli dans le
dernier fiecle la partie d’Allazi, en latin Allaùus
(Léon), homme d’une grande érudition. Il vint en
Italie dès fon enfance, & mourut à Rome en 1669,
à 83 ans. Il eft connu par plufieurs ouvrages, furies
temples, les livres eccléfiaftiques des Grecs, & par
celui qu’il a fait pour prouver qu’Homere étoit fon
ancien compatriote.
L’ile de Scio peut avoit cent vingt milles de tour,
6 c’eft à-peu-près la circonférence que lui donne
Strabon. La ville de Scio eft vers le milieu de l’île à
l’eft, fur le bord de la mer. Cette ville eft grande ,
riante, mieux bâtie que les autres du Levant, mais
mal percée, &c pavée de cailloux comme les villes
de Provence. Le port de Scio n’eft prefentement
qu’un méchant mole, ouvrage des Génois, formé
par une jettée à fleur d’eau.
A l’égard de la campagne, les pays ne manque que
de grain, mais c’eft manquer de la principale denrée
; & c’eft pourquoi les princes chrétiens ne pour-
roient conferver longtems cette île , s’ils étoient en
guerre avec les Turcs. Les denrées de cette île font
la foie, la laine, les figues, le maftic, & du vin très-
eftimé comme autrefois. Voye^ V in de Chios.
Le cadi gouverne tout le pays en tems de paix :
pendant la guerre on y envoie un bacha pour commander
les troupes. Le cadi de Scio eft du premier
rang, & c’eft le mufti de Conftantinople qui le nomme.
La Porte envoie encore dans l’île un janiflaire
aga, commandant environ cent cinquante janiflaires
en tems de paix , & le double pendant la guerre. On
compte dans Scio fix mille turcs , cinquante mille
grecs, & feulement trois mille latins. Le féjour de
Scio eft fort agréable ; on y fait bonne chere, & toutes
fortes de gibier y abondent. Les femmes y ont
plus de politeffe &c de propreté que dans les autres
villes du Levant. L’évêque grec eft fort riche ; les
monafteres grecs jouiffent aufli dans cette île de gros
revenus ; mais les prêtres latins, au nombre d’une
vingtaine, font fort pauvres. Les religieufes ne font
point cloitrées dans cette île , non plus que dans le
refte du Levant. Long. 4 3 . 44. lat. $8. 3 9 . (Le Chevalier
d e Ja u c o v r t .')
SCIOESSA, ( Géog. anc.) lieu du Péloponnèfe,
dans l’A chaïe propre. Pline y L I V . c .v . dit que ce
lieu étoit fort connu à caufe de fes neuf montagnes.
SCIOLI , ou SICLI, ( Géog. mod. ) petite ville
de Sicile, dans le val de Nota, fur letorrent de Sicli,
Tome XIV*
aü voifinage de Modica , à 10 milles oueft de la ville
de Nota. Long. 32. 4/. latit. 37. 3 . (Z?./.)
SCIOMANT1E , {Divination.) efpece.de divination
, qu’on appelloit autrefois pfycomamie. C’était
l’art d’évoquer les ombres ou les mânes des morts,
pour apprendre les chofes futures. Ce mot eft formé
de <rzîa, ombre, &c métaphoriquement l’ombre, les mânes
, & , divination. ( D . J . ) * -,
SCION, f. m. ( Jardinage) menu brin de bois que
pouflent les arbres. On dit aufli les feions d’une-veine
, de fes petites ramifications ; & les feions. de la
verge, de fes traces marquées à la peau de celui qu’on
en a frappé.
SCIONE , ou SCION, ( Géog. anc. ) ville de Thra-
ce, félon Thucy dide, l. IV . & V. Hérodote, l. V I I .
Pomponius Mêla, l. I I . c. ij. & Etienne le géographe
, qui la placent près du promontoire Canaßricum.
Arrien & PÛne mettent mie ville infulaire de ce même
nom, fur la mer Egée ; & Strabon en connoit une
en Macédoine,dans la Cherfonnèfe de Pallene ; Etienne
le géographe dit que S cio ne fut bâtie par des
grecs qui revenoient du fiege de Troye , ce qui eft
confirmé par Pomponius Mêla. On voyoit à Athènes,
dit Paufanias , 1. 1. c. X V . dans le Poeçile,
des boucliers attachés à la muraille, avec une inferip-
tion qui portait que c’étoient les boucliers des Scio-
néens , & de quelques troupes auxiliaires qu’ils
avoient avec eux. ( D . /.)
SCIOPTIQUE , adj. lé dit d’une fphere ou d’un
globe de bois, dans lequel il y a un trou circulaire
où eft placée une lentille. Cet infiniment eft tel qu’il
peut être tourné & placé dans tous les fens, comme
l’oeil d’un animal : on s’en fert dans les expériences
de la chambre obfcure. Voyc[ C h a m b r e o b s c u r
e , & ( E i l a r t i f i c i e l . Ce mot eft formé des deux
mots grecs <ma , ombre , & o-mopai, j e vois. Chambers.
( O )
SCIOTE, pu petite feie , fi f. ( Marqueterie.') morceau
de .feuillet de feie à feier le marbre , fur le dos
duquel eft un morceau de bo-s qui a nom rainure,
pour fervir démanché : ou un ourlet de la même matière
que la lame. On s’en fert pour feier de petits
traits. Voye{ les Planches de Marqueterie.
SCIOTERIQUE, adj.. (Gnom .) Telefcope fciotc-
rique, eft un cadran horifontal, garni d’un télefcope
pour obferver le tems vrai, tant pendant le jour que
pendant la nuit, & pour régler les horloges à pendules,
les montres , &£. Cet infiniment a été inventé
parM. Molineux; il a publié un livre portant ce
; même titre , qui contient une defeription exaêle de
cet infiniment, & la maniéré de s’en fervir. ( O )
SCIOULE l a , ( Géog. mod. ) petite riviere de
France , dans le Bourbonnois ; elle vient d’Auvergne
, arrofe le pays de Combrailles, l’éleélion de
Gannat, & fe jette dans l’Ailiers , vers les Eche-
rolles. ( D . J . )
SC IP 1 0 , f . m. ( Hiß. anc. ) nom que donnoient
les Romains à un bâton ou feeptre d’ivoire, que portaient
les confuls pour marque de leur dignité. Dans
les tems de la république, il paroît que ce bâton n’é-
toit qu’une verge unie & fans ornement ; fous les
empereurs , &c princialement fous ceux de-Conflan-
tinople , le feipio étoit furmonté d’une aigle, &
terminé par un bulle qui repréfentoit l’empereur régnant.
S C IR A D IU M , (Géog. anc.) promontoire dont
parle Plutarque , dans fa vie de Solon ; il paroit le
placer fur ia côte de l’Attique , dans le golfe Saroni-
que, près de la ville de Mégare. ( D . J .)
SCIZES , f. m. ( Mythol. ) ^Vipoi, nom que l’on
donne à Arfalus , Dry us , & Trofobius , trois princes
qui régnoient fur le mont Taurus, & dont les
habitans firent trois dieux, félon Eufebe. On les appelle
ffitîpoif parce que leurs ftatpes étoient de marbre,
r r HHhhh ij