Ele ; en forte que la relation, dans quelque fens qu’ on
la prenne, ne réfide toujours que dans l’efprit, &
non pas dans les chofes mêmes. *
M. Lock obferve que quelques-unes de nos idées
peuvent être des fondemens de relations, quoique
quandles languesrnanquent d’expreflions, cette forte
de relations foit difficile à faire fentir ; telle que celle
de concubine, qui eft un nom relatif aufli-biën que
femme.
En effet, il n’y a pas d’idée qui ne foit fufceptible
d’une infinité de relations ; ainfi on peut cumuler fu r .
le même homme les relations de pere , de frere , do
fils, de' mari, d’âmi, de fujet, de général, d’infu-
laire, de maître, de domeftique, de plus gros, de
plus petit, & d’autres encore à l’infini ; car il eft fufceptible
d’autant de relations qu’il y aura d’occafions
de le comparer à d’autres choies, & en autant de maniérés
qu’il s’y rapportera ou en différera.
Les idées des relations font beaucoup plus claires
& plus diftinftes que celles des chofes mêmes qui
font en relation , parce que fouvent une fimple idée
fuffit pour donner la notion d’une relation, au lieu
que pour connoître un être fubftantiel, il en faut né-
ceflairement raffcmbler plufieurs. F dj£{Substan ce.
La perception que nous avons des relations entre
plufieurs idees que l’efprit confidere, eft ce que nous
appelions jugement. Autti quand je juge que deux fois
deux font quatre & ne font pas cinq, je perçois feulement
l’égalité entre deux fois deux & quatre, &
l’inégalité entre deux fois deux & cinq. Voye{ Jugem
en t.
La perception que nous avons de relations entre les
relations de différentes chofes, conftitue ce que nous
appelions raifonnement. Ainfi quand de ce que quatre
eft un plus petit nombre que f ix , & que deux fois
deux égalent quatre, je conclus que deux fois deux
font moins que fix; je perçois feulement la relation des
nombres deux fois deux &. quatre, & celle de quatre
& fix. Foye^ Raisonnement.
Les idées de caufe & d’effet nous viennent des ob-
fervations que nous faifons fur la vicifiitude des cho-
fes , en remarquant que quelques fubftances ou qualités
qui commencent à exifter tirent leur exiftence
de l’application & opération de certaines autres chofes.
La chofe qui produit eft la caufe ; celle qui eft produite
eft l’effet. Foye\ C ause & Effet. Ainfi la fluidité
dans la cire eft l’effet d’un certain degré de chaleur
que nous voyons être conftamment produit par
l’application du même degré de chaleur.
Les dénominations des chofes tirées du tems ne
font pour la plupart que des relations. Ainfi quand
on dit que Louis XIV. a vécu 77 ans & en a régné 7 1 ,
on n’entend autre chofe , fi ce n’eft que la durée de
fon exiftence a été égale à celle de 7 7 , & la durée de
fon régné à celle de 7 z révolutions folaires ; telles
font toutes les autres expreflions qui défignent la durée
.L
es termes jeunes & vieux, & les autres expreflions
qui défignent le tems, qu’on croit être des idées po-
fitives, font dans la vérité relatives, emportent avec
elles l’idée d’un efpace ou d’une durée dont nous
avons la perception dans l’efprit. Ainfi nous appelions
jeune ou vieux quelqu’un qui n’a pas atteint, ou
qui a pafle le terme jufqu’où les hommes ont coutume
de vivre ; nous nommons jeune homme un homme
de vingt ans ; mais à cet âge un cheval eft déjà vieux.
Il y a encore d’autres idées véritablement relativ
es, mais que nous exprimons par des termes pofi-
tifs & abfolus ; tels que ceux de grand. , de petit, de
fo r t, de foible. Les chofes ainfi dénommées font rapportées
à certains modèles avec lefquels nous les
comparons. Ainfi nous difons qu’une pomme eft
groflê, lorfqu’elle eft plus groffe qu e celles de fa forte
ji’ont coutume d ’être ; qu’un homme eft foible lorfqu’il
n’a pas tant de force qu’en ont les autres hommes
, ou du-moins les hommes de fa taille.
Les auteurs divifent les relations différemment. Les
philofophes fcholaftiques les divifent ordinairement
en relations £ origine, par où ils entendent toutes les
relations de caufe & d’effet ; relations de négation,entre
des chofes oppofées l’une à l’autre ; & relation
d'affirmation, telles que les relations de convenance
entre le tout & la partie, le figne & la chofe figni-
fiée , l’attribut & le fujet. Cette divifion eft fondée
fur ce que l’efprit ne peut comparer que de trois maniérés
, ou en inférant, ou en niant, ou en affirmant.
D ’autres les divifent en relations d'origine, relations
de convenance, c’eft-à-dire de reffemblance, de
parité; relation de diverjité, c’eft-à-dire de diffemblance
& de difparité ; & celles d'ordre, Comme la priorité ,
la pofférioritè, &c.
D ’autres les divifent en prédicfimentales & tranf-
cendantales. Sous la première clafle font rangées toutes
les relations de chofes qui ont un meme predica-
ment ; telles que celles du pere au fils. A la fécondé
appartiennent celles qui font plus generales que les
predicamens, ou qui en ont de differens ; comme les
relations de fubftance .& d’accident, de caufe & d’effet,
de créateur & de créature. Foyei T ranscend
an te, &c.
M. Lock tire fa divifion des relations^ d’un autre
principe. Il obferve que toutes les idées fimples dans
lefquelles il.y a des parties ou degrés, donnent oc-
cafion de comparer les fujets dans lefquels fe trouvent
ces parties à quelque autre, pour y appliquer
ces idées fimples ; telles font celles de plus blanc ,
plus doux, plus gros, plus petit, &c. C esjelatio/is
dépendant de l’égalité & de l’excès de la même idée
fimple dans différens fujets, peuvent être appellées
relations proportionnelles.
Une autre occafion de comparer les chofes étant
prife des circonftances de leur origine, comme pere ,
fils, frere , &c. on peut appeller celles-ci relations
naturelles. '
Quelquefois la raifon de confidérer les chofes , fa
tire d’un a&e que fait quelqu’un, en conféquence
d’un droit, d’un pouvoir, ou d’une obligation morale
; telles font celles de général, de capitaine, de
bourgeois; celles-ci font des relations inftituées ÔC
volontaires, & peuvent être diftinguées des naturelles
, en ce qu’elles peuvent être alterees & fepa-
rées des fujets à qui elles appartiennent, fans que les
fubftances foient détruites, au lieu que les relations
naturelles font inaltérables , & durent autant que
leurs fujets. .
Une autre forte de relations confifte dans la convenance
ou difconvenance des allions libres des hommes
avec la réglé à laquelle on les rapporte & fur laquelle
on en juge; on les peut appeller relations mo.-
rales.
C’ eft la conformitéou la difconvenance de nos actions
à quelque loi (à quoi le légiflateur a attaché par
fon pouvoir & fa volonté, des biens ou des maux,
qui eft ce qu’on appelle récompenfe ou punition) , qui
rend ces a étions moralement bonnes ou mauvaifes.
Foye^ Bien & Mal.
Or ces lois morales peuvent fe partager en trois
clafles qui nous obligent différemment. La première
confifte dans les lois divines ; la fécondé dans les lois
civiles ; la troifieme dans les lois de l’opinion & de la
raifon- Par rapport aux premières, nos aérions font
ou des péchés ou des bonnes oeuvres; par rapport
aux fécondés, elles font ou criminelles ou innocentes
; par rapport aux troifiemes, ce font ou des vertus
ou des vices. Voye%_P é c h é , V er tu , V ice , &c.
R el a t io n , en Logique, eft un accident de fubftance
que l’on compte pour une des dix catégories
ou prédicamëns.
i f y
IL JL
Chaque fubftance eft fufceptible d’une infinité de
relations. Ainfi le même Pierre, confidéré par rapport
à Henri, eft en relation de maître ; par rapport
à Jean, en celle de vaflal ; par rapport à Marie , en
celle d’époux, &c. De plus, comparé avec une perforine
, il eft riche ; comparé avec une autre, il eft
pauvre ; enfin, comparé avec différentes perfonnes,
il eft éloigné ou proche, grand ou petit, voifin ou
étranger, favant ou ignorant, bon ou méchant, égal
ou inégal, &c. Les philofophes fcholaftiques difputent
beaucoup fur la queftion de lavoir fi la relation eft
quelque chofe qui foit formellement & réellement
diftinét de la fubftance même. Foye[ Substance.
Relation s’emploie aulfi en Théologie, pour défi-
grier certaines perfections divines, qu’on appelleper-
fonnelles, par lefquelles les perfonnes divines font
rapportées l’une à l’autre, & diftinguées Time de l’autre.
Foyeç Personnes.
Ainfi les Théologiens enfeignentqu’i ly a en Dieu
une nature unique, deuxproceflions, trois perfonnes
&C quatre relations. Foyei T rinité.
Ces relations font la paternité, la filiation, la fpi-
ration active & la fpiration palfive. Foye{ Pater-
m it é , &c. Voyei auffiPere , Fil s , Es p r it , & c.
Relation , en Geometrie, en Arithmétique, &c. eft
l’habitudé ou le rapport de deux quantités l’une à
l’autre à raifon de leur grandeur. Cette relation s’appelle
plus ordinairement raifon. Voyeç Raison.
La parité ou l ’égalité de deux femblables relations
s’appelle proportion. Voye^ Proportion.
Relation , en termes de Grammaire , eft la cor-
refpondance que les mots ont les uns avec les autres
dans l’ordre de la fyntaxe. Foye^ Syntaxe , C onstruction
, & l'article RELATIF.
Les relations irrégulières & mal appliquées, font
des fautes que des écrivains corrects doivent éviter
avec foin, parce qu’elles rendent le fens obfcur, &
fouvent même équivoque, comme dans cet exemple :
on le reçut avec froideur, qui étoit £ autant plus étonnante
, qu'on L'avoit prié inflamment de venir, & qu'on
l'attendoit avec impatience ; car ici le mot froideur étant
employé d’une maniéré indéfinie , le relatif qui ne
peut pas avoir avec ce mot une relation jufte & réguliere.
VoytT^ R elatif.
Relation fe prend auflî très-fouvent pour analogie,
o\x pour déligner ce qui eft commun à plufieurs
chofes. Foye{Analogie.
En Peinture, en Architecture, &c. c’eft une certaine
relation des différentes parties & des différens morceaux
d’un bâtiment ou d’un tableau qui conftitue ce
qu’on appelle fymmétrie. Voye^ Symmetrie.
Relation , (JuriJ'prud.) fignifie quelquefois témoi-
gnage ou rapport d’un officier public ; comme quand
on dit que le notaire en fécond ne figne les aétes qu’à
la relation de celui qui reçoit la minute.
Relation fignifie aulfi quelquefois le rapport & la
liaifon qu’il y a entre deux termes ou deux claufes,
ou deux parties différentes d’un a&e. (A )
RELATION hiforique, f Hifoire. ) les relations hif
toriques inftruifent des évenemens remarquables,
tels que les conjurations , les traités de p aix, les révolutions
, & femblables intérêts particuliers à tout
un peuple. C ’eft-là furtout qu’un hiftorien ne peut,
lans le manquer à lui-même , trahir la vérité, parce
g jg !e fujet( de fon choix ; au lieu que dans une
hifteire générale, où il faut que les faits fuivent l’ordre
Sc le fort des tems, où la chaîne fe trouve fouvent
interrompue par de vaftesTacùnes ( car il y a
des vuides dans l’hiftoire, comme des déferts fur la
mappe-monde ) ; on ne peut fouvent préfenter que
es conje&ures à la place des certitudes ; mais comme
a plupart des révolutions ont conftamment été traitées
par des contemporains , que l’efprit de parti met
toujours en contradiftion, après que la chaleur des
fa&ions eft tombée, il eft poflible de rencontrer la
vérité au milieu des menfonges oppofés qui l’enveloppent
, & de faire des relations exaftes avec des
mémoires infidèles. C’eft une obfervation du chancelier
Bacon ; on ne fauroit trop orner cet ouvrage
des penfées de ce beau génie. (D . J. )
R elation, f. f. enMufique, c’eftle rapport qu’ont
entr’eux les deux fons qui forment un intervalle,
confidéré par l’efpece de cet intervalle. La relation
eft jufte, quand l’intervalle eft jufte , majeur ou mineur,
faufle, quand il eft fuperflu ou diminué. Foyes^
Intervalle.
Parmi les faufles relations,on ne confidere généralement
comme telles,dans l’harmonie,que celles dont
les deux fons ne peuvent entrer dans le même mode.
Ainfi le triton, qui en mélodie eft une faufle relation,
n’en eft point une dans l’harmonie, à moins que l’un
de ces deux fons ne foit une corde étrangère au mode.
Mais la quarte diminuée & les oftaves diminuées &
fuperflues qui font des intervalles bannis de l’harmonie,
font toujours de huttes relations.
Autrefois les faufles relations étoient toutes défendues
avec beaucoup de rigueur. Aujourd’hui elles
font prefque toutes permifes dans la mélodie , mais
non dans l’harmonie. On peut pourtant les y faire
entrer ; mais il faut qu’un des deux fons qui forment
la faufle relation, ne foit admis que comme note
de goût, & jamais ils ne doivent entrer tous les
deux à la fois dans un même accord.
On appelle encore relation enharmonique, entre
deux cordes qui font à un ton de diftance , le rapport
qui fe trouve entre le dièfe de l’inférieure & le
bémol de lafupérieure. C ’eft la même touche fur l’orgue
& fur le clavecin ; mais en rigueur ce n’eft pas le
même fon ; & il y a entr’eux un intervalle enharmonique.
Foye{ Enharmonique.. (£)
RELA VER,v. aét. ( Gram. ) laver de-rechef. Foyt^
Üarticle L aver.
RELAXATION, f. f. ( Jurifprud.') eft la délivrance
& la fortie d’un prifonnier qui fe fait du confen-
tement de celui qui l’a fait écrouer.
Dans quelques provinces on dit relaxation de la
demande, pour décharge de la demande. (A )
Re l axa tio n, en Médecine, c’eft l’afte par lequel
les fibres , les nerfs , lesmufcles, fe relâchent.
Foye{ T ension , Fibre , &c.
La relaxation d’un mufcle eft fuppofée occafionnée
ou par la perfpiration des efprits nerveux, ou par
l’entrée trop précipitée du fang, des efprits , &c. qui
enfle les fibres, ou par la contra&ion de l’air dans les
globules du fang , avant qu’il foit dilaté par le flux,
& le foudain mélange des efprits, &c. F<ye[ Muscle
& Motion musculaire.
Relaxation , en Chirurgie, c’eft une extenfion
extraordinaire d’un nerf, d’untendon, d’un mufcle,
ou de quelque partie femblable, qui eft occafionnée
par la violence qu’on lui fait, ou par la propre foi-
blefle.
Les hernies'font les defeentes, ou les relaxations
des inteftins. Foyes^ Hernie. De la même caufe vient
la defeente, ou la chute de lfcnus. Foye{ Procidence.
RELAYER, v. aft. & neut. ( Gram. ) c’eft fe fer-
vir de relais, changer de chevaux, lâcher de nouveaux
chiens. Il fe dit auflidu travail fucceflif de plufieurs
ouvriers dont l’un reprend quand l’autre ceffe.
Ils fe relayent.
RELEGATION, f. f. ( Jurifprud. ) eft Iorfque le
prince envoie quelqu’un, ou lui ordonne d’aller
dans un lieu qu’il lui défigne pour y refter jufqu’à
nouvel ordre.
On appelloit la relégation chez les Romains ce que
nous appelions communément exil.
La relégation différoit de la déportation , en ce que