les marchandifes de fa cargaifon. C ’eft de ce mot que
vient, à ce qu’on prétend , celui à'arrumer ou arrimer.
Mais on ne fait point quelle eft l’étymologie de
celui dç rum.
R um , ( Art dijlillaioire. ) nom que donnent les
Américains à une efpece d’eau-de-vie ardente, inflammable
, 6c tirée par la diftiliation des cannes de
lucre.
Le rum différé de ce qu’on appelle Amplement
tfprit-de-fucre en ce qu’il contient beaucoup plus
d’huile eflèntielle de la canne de fucre, parce qu’on a
fût fouvent fermenter dans cette liqueur une grande
partie du jus greffier de la canne même , 6c que c’eft
de-là que le rum fe prépare.
L’huile elfentielle 6c onttueufe du rum paffe ordinairement
pour tirer fon origine de la grande quantité
de graille qu’on emploie dans la cuilfon du fu-
crc. Il eft vrai que cette grailfe , quand elle eft grof-
fiere, donne ordinairement une odeur foetide à la
liqueur du fucre , foit dans nos diftiilations ou dans
nos raffineries; mais cela ne procure point le piquant
qui fe trouve dans le rum , 6c qui eft effeélivement
l’effet de l’huile naturelle de la canne de lucre. Voici
comme on fait le rum.
Quand on a ralfemblé une quantité fuffifante de la
fubftance dont on le tire , on y verfe une certaine
quantité d’eau pour y produire la fermentation, mais
très-lentement dans le commencement ; onl’exciteen-
fmte par degrés avec de la liede biere qui fait monter
la liqueur dans l’opération avec une grande promptitude.
Quand le tout a pleinement fermenté, 6c qu’il
a été porté au degré d’acidité néceffaire , on le diftile
à la maniéré ordinaire jufqu’à ce qu’il puiffe fou tenir
ce qu’on appelle la preuve dans les raffineries de
lucre ; quelquefois même on lui donne une force approchante
de celle de l’alcohol ou de l’efprit-de-vin,
6c alors on l’appelle mm doublement diftillé. Ilferoit
aifé de re&ifier & de purifier l’efprit àe-rum, parce
qu’il fournit dans la diftiliation une grande quantité
d’huile, qui eft fouvent li defagréable , qu’il a befoin
d’un long terme pour s’adoucir avant qu’on en puiffe
faire ufage ; au lieu que li l’on fe donnoit la peine
de le bien reftifier , il s’adouciroit promptement 6c
perdroit une partie de fa mauvaife odeur.
Le meilleur état du rum , pour être tranfporté 6c
pour l’ufage, eft fans doute celui de l’alcohol ou des
elprits redfifiés, parce que de cette maniéré il feroit
réduit à moitié pour la facilité du tranfport, 6c pour-
roit fouffrir toutes les épreuves. Ilferoit encore meilleur
pour faire le punch 6c d’un goût plus agréable.
D ’ailleurs dans cet état il feroit moins aifément fol
phiftiqué par les Diftillateurs ; car quand ils ont be-
loin de mêler une grande quantité de liqueur de bas
prix avec 1 erum, ils prennent celui qui a le plus d’huile
effentielle 6c forte pour éteindre celle des autres liqueurs
fermentées avec lefquelles ils veulentlemélan-
ger. Il eft certain que fi l’on reûifioitle rum avec plus
de déliçateffe , on en feroit un elprit beaucoup plus
pu r, plus fin 6c plus délicat, de forte qu’alors il ap- ■
procheroit très-près de l’arrac ; car en mêlant très-
peu de rum bien reâifié avec quelqu’autre efprit privé
cl’bdeur 6c de goût, le tout forme une liqueur fort
femblable en goût 6c en odeur au véritable arrac.
On fophiftique beaucoup le rum en Angleterre ;
quelques-uns même n’ont point de honte de faire
cette fophiftiquerie avec de l’efprit de grain ; mais
quand on la fait avec de l’efprit de méiaffe , il eft
bien difficile de découvrir la tromperie ; la meilleure
méthode d’éprouver le rum eft d’en verlèr une petite
quantité dans quelque vaifleau convenable 6c d’y
mettre le feu ; alors quand toute la partie inflammable
a été brûlée, on examine à'Todcur & au goût le
phlegme qui refte, 6c l’on connoît de quelle,liqueur
il procédé, voyei de plus grands détails dans Shaw,
EJJui on Uijlillery. (D . J .)
Rum , f. m. vo^ R humb.
RUMEN , f. m. ( Anat. comp.) c’eft le nom du premier
eftomac des animaux qui ruminent, que l’on
appelle animaux mminans. Voye{ Es t o m a c , R um inant
, Rumination. Les alimens font portés dans
le rumm , fans avoir fouffert d’autre altération dans
la bouche , que d’être un peu roulés 6c enveloppés
enfemble. Voyc^ A lim ent. Le rumtn ou la panfe eft
la partie la plus large de l’eftomac , comme fervant
à contenir la boiflon, 6c la maffe des alimens cruds
qui y font 6c qui s’y mortifient enfemble ; pour de-là
repaffer dans la bouche, pour y être remâchés & diminués
, afin de pouvoir être davantage digérés dans
les autres ventricules. t'oyez D igest io n.
Dans le rumen ou premier ventricule des chameaux
font trouvés différens petits facs qui contiennent une
confidérable quantité d’eau : ce qui eft une invention
admirable pour les néceffités de cet animal, qui
vivant dans des pays chauds , 6c fe nourriffant d’ali-
mens durs 6c fecs , feroit en danger de périr fans ces
réfervoirs. Voyeç Boisson , Soif.
RUMEUR , f. f. (Gram}) bruit général 6c fourd,
excité par quelque mécontentement dans un ev ille,
dans une maifon. Cette conduite du clergé excita de
la rumeur. On remarqua le défaveu de ce procédé par
la rumeur. Il fe dit auffi d’une fédition : il y eut à cette
occafion quelque rumeur que la vigilance de la police
eut bientôt diflipée.
RUMI, f. m. (Mat. médic. des Arabes.) nom donné
par Avicenne 6c parSérapion au meilleur maftic; ils
diftinguent cette drogue en deux efpeces, l’une qu’ils
appellent rum qui eft blanche 6c pure , l’autre qu’ils
nomment captis qui eft fale 6c noirâtre. La première
venoit de File Scio , &c la fécondé de quelque endroit
de l’Egypte. (D . J.')
RUM IA , f. f. ( MythoLog. ) autrement rumilia ou
rumina , mots fynonymes tirés de rume, qui en vieux
•latin fignifie mamelle. Le peuple ayant imaginé une
déeffe qui avoit foin de faire teter les petits enfans,
nommoit cette déefîe Rumia, comme qui diroit la
déejje aux mamelles. Quand on lui ofFroit des facrifi-
ce s, on répandoit du lait fur les viûimes. Sa ftatue
repréfentoit une femme tenant entre fes bras un petit
enfant, 6c ayant une mamelle découverte pour le
faire teter. ( D. J.')
RUMILLY, (Géog. mod.') ou Romilly en albanois,
petite ville de Savoie au confluent du Népha 6c du
Séran , fur chacun defquels elle a un pont de pierre,
à 3 lieues de fud-oueft d’Annecy. Elle avoit autrefois
des fortifications qu* Louis XIII. fit rafer en
1630. Les environs font fertiles, 6c les habitansaffez
à leur aife. ( D. J. )
RUMINANT, f. m. terme d'IIifloire naturelle, fe dit
d’un animal qui remâche ce qu’il-avoit avalé.- Voye^
R umination.
Reyer a fait un traité de ruminantibits & rumina-
tione , où il fait voir qu’il y a des animaux qui ruminent
effettivement ; tels que le boeuf, la brebis, le
c e r f, la chevre , le chameau, le lievre, l’écureil ;
6c d’autres qui ne ruminent qu’en apparence, 6c qu’il
appelle faux-ruminans , ruminantia fpuria ; tels que
les taupes , les grillons, les abeilles, les efearbots ,
les cancres, les furmulets 6c autres poiffons.
Les animaux de cette fécondé claffe ont l’eftomac
compofé de fibres mufculaires , par le moyen def-
quelles l’aliment monte 6c defeend comme dans ceux
qui ruminent effe&ivement.
M. Ray obferve que les animaux ruminans font
tous quadrupèdes velus 6c vivipares. Quelques-uns
ont les cornes creufes, & n’en changent point ; d’autres
en changent. Voye{ Q uadrupède, C o r n e ,
Poil , &c.
Les animaux ruminans à cornes ont tous quatre
eftomacs. Le premier qui eft le kcixîcl pt?a.Xn d’Ariftote,
le rumen, venter magnus, ou ce que nous appelions
vulgairement panfe ou herbier : c’eft où la
mangeaille entre immédiatement après avoir été
groffierement mâchée , 6c d’où elle remonte dans la
bouche pour être mâchée une fécondé fois. Le fécond
eft le MxpufctXoç, en latin réticulum, 6c vulgairement
11bonnet ; les auteurs anglois l’appellent rayon,
parce que fa membrane interne eft divifée en cellu-
le s , à-peu-près femblables à celles d’un rayon de
miel. Le troifieme eft l’t , que M. R ay croit être
mal traduit par omafus, 6c qu’il aimeroit mieux qu’on
appellât echinus ; on l’appelle vulgairement lé millet.
Le quatrième eft l’ùvvç-pov d’Ariftore, que Gaza appelle
cebomafus, 6c que nous appelions en françois
caillete. Voyc^Panse * Bonnet , Mil l e t , &c.
On remarque auffi que les animaux ruminans à
cornes n’ont point de dents de devant , 011 dents in-
cifives à la mâchoire fupérieure , 6c qu’ils ont tous '■
une efpece de graiffe, appellée en grec ç-ta.p,febum}
fuiifyqui eft plus duré, plus ferme, 6c en même teins
plus Tondante que Celle des autres animaux.
RUMINATION, f. f. ( Rhyjiolog. ) c’eft en deux
mbtsT’aêlion de remâcher, qui eft propre,à quelques
animaux ; mais on’ peut Tà définir plus exactement
un mouvement naturel de l ’eftomac, de la bouche,
& des autres parties, qui fuccédé à une autre aétion
des mêmes'parties-; enforte que par le moyen de ces
deux aérions, l’aliment-avalé 'd’abord à là hâté, 'eft
de nouveau rapporté à la bouche , où il eft rémâché,
puis avalé unie fécondé fois , le tout -pour le bien 6c
l’avantagé de Fanimal.-! :
Les betes qui ruminent font les boeufs, les moutons,
les cerfs, les chevres, les chameaux, &c. Les
animaux qui femblent imiter la rumination, 6c qui
me ruminent pas effectivement, ruminantia) fpuria,
fontlés taupes, lès grillons-taupes, les abeilles1, les
éfearbots, les- crabes, lés écrèviffes de mer, ’les 'fur-!
mulets, le perroquet, & plûfieurs oifëaux. Tous
ces animaux ont leur eftomac compofé de fibres mufculaires,
par le moyen defquelles les alimens font
broyés différemment que'dans lés animaux ruminans;-
Moife a confondu les uns & les autres. Il étoit. occupé
de pliis. grandes chofes que de nos petites études.
Nous favons aujourd’hui que l’aCtion de ruminer
eft particulière à certains animaux; que fon appareil
dépend de plufxeurs ventricules appropriée à
cet ufage ; 6c que c’eft un artifice curieux pour achever
entièrement la maftication, pendant que les animaux
rüminans fe repofent.
Il faut d’abord remarquer la première préparation
que la nourriture reçoit, des dents des animaux qui
ruminent, elle confifte Amplement à prendre fur la
terre 6c aux arbriffeaux les herbes, 6c les bourgeons
que les dents de devant jointes avec la langue coupent,
ou plutôt arrachent; car la plupart des ruminans
n’ont de dents coupantes qu’à la mâchoire d’en-
haut, enforte qu’ils avalent leur nourriture toute entière.'
La méchanique de ce premier apprêt de nourriture,
ne paroit pas fort fine, cependant elle mérite
notre attention ; c’eft par cette ftruCture d’organes
que les animaux ruminans peuvent arracher plus ai-
lément les herbes tendres, de maniéré qu’aucun
brin ne leur échappe. Les dents dures appliquées
contre la langue molle, ferrent 6c retiennent plus
furement toute l’herbe qu’ils arrachent, que fi leurs
dents étoient appliquées contre d’autres dents, parce
qu’elles ne pourroient alors toucher par-tout; il y
auroit beaucoup de brins d’herbes qui fe trouveroient
dans les entre - deux des dents ; par cette même ra'i-
fon fi la main de l’homme n’étoit compofée que d’ôs,
elle ne pourroit pas tenir fi fortement beaucoup de
chofes, comme elle le fait, ayant des parties molles,
de la chair mufculeufe revêtue de peau mile entre
Tome X IV.
les os, & que la main empoigne. L’art imite fouvent
cette méchanique, comme quand pour ferrer une
chofe bien fermement dans un étau d’acier trempé,
on met du bois entre l’étau 6c la chofe qu’on veut
ferrer fortement.
La nourriture confervée de cette façon fans perte,'
6c fans avoir été mâchée dans la bouche des animaux
ruminans, eft portée dans leurs ventricules, où après
l’avoir gardée quelque tems elle revient dans leur
bouche, 6c ils la mâchent alors pouf l’avaler une
fécondé fois.
On diftingue quatre yentricules dans les animaux
qui ruminent; le premier fe nommé là panfe : il eft
fort grand, d’un ftrudure particulière, & très-propre
à l’ulàge auquel il eft deftiné. Sa tunique interne eft
couverte d’une infinité de petites éminences de différente
figure, ferrées les unes contre les autres, 6c
douées d’une fermeté qui empêche que des herbes
non'mâchées ne,bleffent la fubftance du ventricule ;
car les herbes foutenues pour àinfi-dire fur ces éminences,
reçoivent la chaleur de là tunique, 6c font
humeêtées par- une abondance d’humeur qui les attendrit
& les difpofe à la coÛion. Les-chevaux, qui
ne-fâuroient fi bien mâcher le foin ou la paille, qu’il
ne refte, danS-ce qu’ilsWâlent, beaucoup de parties
dures 6c piquantes-,- Oiit la tùniqilé:!ïnterne du
ventricule forte & -calleùféj à-'-peù-près de même
qùe celle du géfier dés oifeàûx^noif-feulemèht afin
qu’elles ne foint pàSfblëffé^pârfà dureté du foin,
mais auffi afin que par fa compreffiôri elle achève de
brôvcr'cétte nourriture.
- Lé feco'nd ventricule-' dés animàùx -qui ruminent
s’âppèllë -lè réj'eaiûoû -lè bonnet, il eft m'arqué en-
dedans-dé plufieurs lignes éminentes 6c éleVees', qui
forment de-s-figures^-dés -uhes'-quarrées^ès. autres
pentagones, dès autres hexagones. Cés éminences
font Crénelées*' étant comme chaperohnéeS de quantité
de pointes, qui les peuvent encore faire comparer
à de petits rateaux qui amaffent 6c retiennent les
parties dés herbes que n’ont pû difioudre ni ce ven-
triciWç' nr-le' premier, pôiir les garder'autant de tems
qu’il eft néceffaire * 6c lâiffer couler entre les dents
de «tes rateaux, ce qui eft b ro y é , fondu 6c diffous.
Le'troifieme ventricule porte le nom de millet, &
le quatrième celui de caillette. Ces deux ventricules
font remplis de plufieurs feuillets, entre lefquels la
nourriture eft ferrée, preffée, & touchée par beaucoup
plus de furfacés que fi ce n’étoit qu’uné fimple
■; cavité.
La firu&ure des feuillets du troifieme ventricule
eft fur-tout d’une méchanique admirable dans une
partie où il falloit que le ventricule entier fut rem-
pli de membranes, difpoféës de maniéré que le paf-
iàge ne laiffât pas d’être libre. Pour cet effet ces membranes
fortent 'en façon de feuillets, qui viennent de
la circonférence vers le centre, à-peu-près comme
dans les têtes de pavots ; mais- pour éviter que ces
feuillets ne fuffent trop ferrés vers le centre, 6c que
d’un autre côté ils ne laiffaffent pas de trop grands
efpaces vuides vers la circonférence, ainfi qu’aux
pavots, ces feuillets font ici de grandeur différente >
d’abord les grands qui vont jufqu’au centre, font en
petit nombre; enfuite il y en a d’autres entre deux
qui ne vont pas fi loin ; 6c enfin d’autres plus courts
rempliffent les intervalles qui font proche de la circonférence.
Les feuillets dont le quatrième ventricule
eft rempli, renferment entre les membranes
dont ils font compofés, un grand nombre de glandes
qui ne fe trouvent point dans les trois autres ventricules.
■
L’oefophage des animaux qui ruminent, a dans
fon entrée vers l’eftomac, une ftruéture toute particulière,
car il produit comme un demi-canal creufé
dans les membranes du fécond ventricule, 6c cq
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