leur naiffance, car c’eft ainfi qu’il faut entendre la
penfée de Séneque dans fa quatrième éclogue ■:
Puer qui non rißt par end,
Nec dtus hune menfa, dea nec dignata cubile efi.
« Tout enfant qui ne rit pas à fes parens, ne mérite
» pas d’être admis à la table des dieux, ni au lit d’une
» déeffe ».
Saint Bafile coAdamne le rire dans tous les Chrétiens
fans exception, fur ce paflkge de l’Ecriture,
malheur à vous qui riez, parce que vous pleurerez,
L u c , VI. ch. xxv. mais Jefus-Chrift, comme l’a remarqué
Grotius, parle feulement de ceux qui ne
cherchent que les occafions de fe réjouir, & s’abandonnent
uniquement aux plaifirs ; rien n’eft plus
commun dans toutes les langues > que d’exprimer la
joie par le rire, qui en eft un effet naturel.
Lycurgue, en légiflateur éclairé, confacra des
ftatues du Ris dans toutes les falles des Spartiates ;
pour leur donner à entendre qu’ils dévoient faire régner
dans leurs repas & dans leurs aflemblés, la fa-
tisfaélion &c les fentimens de la joie honnête, qui,
dit Plutarque, eft le plus agréable affaifonnement de
la table & des travaux.
Je connois quelques ouvrages fur le ris & les
pleurs, mais ils ne méritent pas aujourd’hui d’être
lus , quoiqu’on les doive tous, lors de la renaiffance
des lettres, aux favans d’Italie, à l’exception de celui
de Joubert ( Laurent ) , intitulé Traité du r is , de
fes caufcs & de fes effets, Paris 1579, in-8°. Il eft bon
d’y joindre l’ouvrage de Simon ( Léonard), de natu-
rali & prêter naturali rifu ; Meflanæ 1656, i/ï-40;
( D .J .) . . . . .
RiS SARDONIQUE, (Médecine.) ris involontaire
& convulfif, dont le lurnom eft tiré du fardea ou
fardonia herb a , la fardoine, qui prife intérieurement,
eft un poifon affez aérif, dont le principal effet fe
porte fur les levres & les joues, & y excite des mou-
vemens convulfifs, de façon que les malades empoisonnés
meurent avec la figure d’un homme qui rit ;
cette plante n’eft autre chofe que la renoncule fau-
vage à feuilles d’api, très-commune dans Pile de
Sardaigne, qui eft, fuivant Diofcoride, plus veloutée
, plus haute, & a les feuilles plus découpées que
les autres efpeces ; on l’appelle aufli communément
l'api fauvage. Appulée à çaufe de fa qualité vénimeu-
f e , lui a donné le nom $ herbe fceler aie. Voye^ Renoncu
le.
Le ris fardonique eft aufli connu fous le nom de
fpafme cynique , & cette dénomination lui vient de ce
que les levres, dans cet état de convulfion, imitent
la figure de celles d’un chien lorfqu’il grince des
dents; cynique eft dérivé de yyw; , qui veut dire chien.
La réfraélion convulfive des angles des levres,’ qui
conftitue proprement le ris fardonique, peut n’avoir
lieu que d’un côté , & alors la bouche fera de travers
, comme il arrive dans quelques attaques de paralysie
&c d’épilepfie ; plus Souvent les deux angles
retirés laiffent les dents à découvert & carariérifent
mieux la maladie ; quelquefois aufli les mufcles du
nez, des paupières, de la fa c e , le mufcle peaucier,
font affeélés de façon que toute la face eft en convulfion;
il y a des cas oii le mal fe répand dans les
y eu x , dans la langue, & s’étend même, comme
Goelius AureHanus l’a obfervé, jufqu’au cou & aux
épaules, de façon que le malade eft dans l’attitude
d’un porte-faix qui fait des efforts violens pour fou-
lever & transporter un fardeau. Cette maladie eft
fouvent précédée, fuivant Avicenne, d’une légère
douleur dans les os de la face, avec engourdiffement
& palpitation de la peau qui les recouvre. Lorsqu’elle
eft décidée & bien établie ,1a falive auparavant
retenue par les levres appliquées aux dents, ne
prouvant plus cet obftacle, fe çépand au-dehors, la
Voix èft altérée, l'a maftication eft prefque impraticable;
il n’ëft pas rare alors, félon la remarque de
Celfe, de voir furvenir la fievre & un changement
réitéré dans la couleur du vifage.
L’ufage de la renoncule fauvage n’eft pas la feule
caufe du ris fardonique-, des attaques d’épilepfie & de
paralyfie peuvent, Comme nous avons déjà d it, produire
dans les mufcles des levres une altération à-
peu-prèsfemblable ; mais la rétraélion de ces mufcles
dans la paralyfie n’eft qu’une fauSfe convulfion occasionnée
par le relâchement des antagonistes. Les
vices du diaphragme font des caufes aflèz ordinaires
du ris fardonique, fans doute à^caufe de la communication
des nerfs qui prennent leur origine de la
quatrième & cinquième vertebre du cou qui Sè portent
à cet organe, & qui fourniffent quelques ramifications
aux levres ; c’ eft un fy mptome très-fréquent
dans la paraphrénéfie (voye^ce mot),dans les bleffures
du diaphragme, comme l’ont obfervé Pline, Ariftote,
& Hippocrate; ce divin vieillard raconte, que T i-
chon-ayant reçu une bleflùre pénétrante dans la poitrine,
en retirant Tinftrument, on laiSfa une petite
fquille de bois qui piqua le diaphragme, à l’inftant
le malade fut faifi d’un ris tumultueux, & mourut
peu après dans les convulsions ; Epidem. lib. V. egr.
Le ris fardonique furvient quelquefois le neuvième
jour après l’extirpation des tefticules, & il eft
alors un très-mauvais Signe. Le dérangement de la
mâchoire inférieure après des luxations ou des fractures
mal ou trop tard réduites, occafionne aufli quelquefois
, fuivant le même auteur, une altération dans
la Situation des levres qui peut imiter le ris fardonique
lib. de articul. Le même effet peut encore dépendre
d’un vice des mufcles maffeters; enfin onpourroit
ajouter ici toutes les caufes des convulfions en général
qui peuvent aufli-bien affeéler les levres que toute
autre partie.
On ne fauroit méconnoître cette maladie, fes fymp-
tomes frappent au premier coup - d’oe il, & ne font
nullement équivoques. Il eft moins aifé de distinguer
les caules auxquelles elle doit être attribuée,
& il y auroit du danger à s’y méprendre ; on peut
cependant s’en affurer par le récit du malade & des
afliftans, & par l’examen plus attentif des phénomènes
; ce n’elt que par les autres qu’on peut être inl-
truit fi le ris fardonique eft la fuite de l’ufage de cette
renoncule vénimeufe ou d’une bleSfure au diaphragme,
ou d’une maladie ou opération précédente;on
juge foi-même fi la rétraélion des levres eft vraiment
convulfive, ou l’effet d’un relâchement paralytique ;
dans ce dernier cas, les levres ne font pour l’ordinaire
retirées que d’un côté, elles obéilfent au moindre
effort, & les paupières du côté oppofé atteintes
de la même paralyfie, Sont abaiffées ; le tempérament
, le genre de vie du malade, les caufes précédentes
peuvent fournir encore des éclaircifiémens
ultérieurs; dans le ris fardonique exactement fpafmo-
dique, les deux angles font le plus fouvent retirés, &C
l’onne peut, fansbeaucoupde peine, les rapprocher,
ils oppofent aux efforts qu’on fait une raideur qui
en dénote la caufe.
C’eft fans fondement qu’on affure que le ris fardo-
nique eft un fy mptome toujours très - dangereux ; cette
affertion vague, vraie dans quelques cas particuliers,
n’eft pas conforme à toutes les obfervations ; le ris
fardonique, effet de la paralyfie ou de Tépilepfie, n’a-,
joute rien à la gravité & au danger de ces maladies.
Dans la paralyfie il n’eft pas toujours fuivi d'une mort
fubite & inattendue ; on guérit quelques malades qui
ont ufé de la fardoine, & quoique Hippocrate ait
prononcé que dans une fievre non intermittente , la
diftorfion du nez, des y eux , des fourcils & des levres,
font un ligne de mort prochaine , Aphor. 49.
lib. V. il rapporte lui-même un exemple, Epidem.
lib. JH. qui prouve que ce prognoftic général fouffré
quelques exceptions. Pythyon dans qui il obferva
ce fyinptôme aufeptieme jour d’une fievre continue,
fut très-bien guéri. Lorfqu’il fe rencontre avec une
extrême foibleffe, on peut affurer avec cet habile
médecin , qn’il n’y a plus aucun efpoir, Coacar. pree-
not. cap. j . n°. y4. ce qui lui eft commun avec toutes
les autres convulfions; voyeçSpasme,S pasmodiq
u e , Mouvement. Dans d’autres • cas, comme
Menjot Ta remarqué, il peut préparer & annoncer
un mouvement critique, un trahfport fubit des humeurs
vers les parties inférieures, ou une hémorrhagie
par le nez.
La feule efpece de ris fardonique produite par la
tenoncule, mérite ici une attention particulière pour
le traitement ; les autres efpeces ou n’en font pas fuf-
ceptibles, ou n’exigent d’autres remedes que ceux
qui font appropriés aux maladies dont elles font
fymptomes. Le fecours le plus efficace & le plus
prompt pour ces malades empoifonnés, eft fans contredit
l’émétique. Aétius, Paul d’Egine, Diofcoride,
&c. s’accordent tous à le preferire, nullement retenus
par la caufticité qu’ils attribuent à cette plante ;
dès que l’émétique a fini fon effet,ils confeilleht l’hydromel
pris abondamment; le lait, les huileux, les
friélions, les douches, les embrocations avec des
remedes chauds & pénétrans, celles qu’on fait avec
l’huile, excellentes en général dans les convulfions,
ne feroient pas employées fans fuccès : les bains
à'kydrelceum, eu d’un mélange d’huile & d’eau, font
aufli très -^convenables ; mais il faut avoir foin de
frotter 6c d’oindre le malade au fort/r du bain. Du-
irefte ,• on peut ici employer les toniques, les ner-
vins, les anti-fpafmodiques, les amers, le quinquina,
le fel fédatif, & tous les médicamens fétides compris
dans la cHffe des anti-hyftériques.
Ris fardonique, fe prend aufli fouvent dans le figuré
pour exprimer un ris qu’on eft obligé d’affeéler
fans en avoir le moindre fujet, ou lorfqu’on auroit
plutôt lieu d’être trifte ou en colere; tel eft l’état
d’un homme oui entend raconter une niftoire plai-
fante dont il eft lui-même l’objet anonyme & inconnu
tourné en ridicule, comme dans les fourberies de
Scapin le bon homme Géronte eft forcé à rire par le
récit de la tromperie qu’on vient de lui faire ; tel eft
aufli le cas d’un homme qui veut faire paraître du
courage en riant lui-même le premier,où feignant de
rire du ridicule dont on le couvre, comme il eft arrive
à certain hiftrion, ariftarque de profeflion, qui
bafoué juftement en plein théâtre, affeéla de mêler
fes ris aux éclats qui partoient de toute part ; mais il
avoit mangé de la fardoine, ôc il ne rioit que du bout
des levres. (m)
R is , f. m. ( Hift. nat. Botan.) Voye£ Riz . •
R is , {Marine.) rang d’oe illets, avec des garcettes
qui font en-travers d’une v o ile, à une certaine hauteur.
Les garcettes fervent à diminuer les voiles par
le haut, quand le tems eft mauvais ; ce qui s’appelle
prendre un ris. Poye{ PRENDRE UN RIS.
RiS de veau, terme de boucherie ; glande qui éft fous
l’éfophage des veaux ; elle a deux parties, l’une qu’on
■ appelle autrement la fagoue, qui eft blanche & ridée,
& l’autre la gorge. C ’eft une glande que les médecins
appellent dans-le corps humain thymus. {D . J.)
RIS AN A , ( Géog. mod. ) ville de la Dalmatie, fur
là côte du golphe de Veniie , au fond du golphe Ca-
îaro. Les Turcs font ruinée. {D . J.)
RISANO, LE, {Géog. mod.) riviere d’Italie, dans
Tlftrie. Elle fe jette dans le golphe de Triefte , ënvi-
ron à 3 milles de la ville de Capo-d’Iftria. Cètte riviere
eft le Formio des anciens. {Z)./.)
RISBAN, f. m. (Hydraul.) eft un fort de maçoiï-
nene conftruit dans la mer fur lequel on place de
•1 artillerie pour la defen^e d’un port. T el étoit lé faïAeüx
risbah bâti par Louis X IV. au milieu des jettées
qui conduifoient à Dunkerque, & qui a été démoli
à la paix de 1711. Ce risban étoit de forme triangulaire,
avec de belles cazerAes pour 100 hommes de
garnifon, dëux grandes citerhes, des magafins pour
les munitions de.guerre & de bouche, une communication
avec la v ille , & trois rangs de batterie fur
fon rempart, où Ton pou voit mettre 54 pièces de câ-
fton, (A )
RISBERME, f. f. {Hydraul.) eft une retraité eh
talus que Ton donne au-delà & au pié de la jettée
d*un port pour en affurer les fondations contre les
courans d’eau ou affouillemens de la mer. On remplit
cet efpace de fafeines & de grillages, dont les
Compartimens font arrêtés par des plançons,& remplis
de pierres dures pour les entretenir plus folide-
ment. {K)
RISCC/S, f. m. {Littéral.) ce mot lignifie quelquefois
chez les Romains un coffre, un bahut couvert de
peau ; d’autres fois il fe prend pour un panier d’ofiër
ou de jonc pour mettre du linge, & d’autres fois pour
une efpece d’armoire taillée dans le mur d’une mai-
fon, & qui fervoit pareillement pour y ferrer du linge,
& autres effets de ménage. {D. J.)
RISENBOURG, {Géog. mod.) petite ville de Prufi
fe, fur la Liebê, avec un château, près de Freyftad;
elle étoit autrefois la réfidence des évêques de Poméranie.
{D. J.)
RISIBILITÉ, {Logiq.) faculté de rire; tout le monde
répété après Ariftote,que c’eftle propre de l’homme;
cependant en foutenant cette propofition, on avance
une chofe affez obfcure , & peut-être très-contefta-
ble ; car fi Ton entend par rifibilité, le pouvoir de
faire l’écartement des angles des lèvres , qui a lieu
quand on r it , il ne ferait pas, je penfe, impoflïble
de dreffer des bêtes à y parvenir. Si on comprend
dans le mot, rifibilité, non-feulement le changement
que le ris fait dans le vifage, mais aufli la penfée qui
l’accompagne & qui le produit ; & que par confisquent
Ton entende par rifibilité, le pouvoir de rire
en penfant, toutes les aérions des hommes deviendront
des propriétés de cette maniéré , parce ou’il
n’y en a point qui ne foient propres à l’homme feul,
fi on les joint avec la penfée ; telle fera faction de
marcher, de manger, parce que l’homme penfe en
marchant'& en mangeant ; cependant encore cès
exemples ne feront pas certains dans l’efprit de ceux
qui attribuent des penfées aux bêtes. {L>. J.)
RIS IGA LLUM, f.m. {Hifl. nat.) nom donné par
quelques auteurs'à l’arfenic d’un jaune v if où rouge.
Voyc^ R é algar.
RISQUE, f. m. {Gramm.) c’eft le hazard qu’on
court d’une perte, a’un dommage, &c; Voye^ Ha zard.
II y a un grand rifque à prêter fon bien à crédit
aux grands feigneurs , aux femmes nôn-
autorifées par leurs maris, & aux enfans mineurs.
Skinner fait venir ce mot du terme efpagnol rifcà9
raide ; Covarruvias le dérive de rigeo ; dans le grec
barbare on dit oi^mapa pour periclitor, je hazarde, &
piÇtr-cv pour lot ou hazard, Skinner croit que ces mots,
aufli-bien que le mot rifque , peuvent être déduits de
pi'BTM , avappvrrra tov kv@ov , je jette le de.
Pour prévenir le rifque que courent fur mer les
marchandifes & envois, on a coutume de les faire
affurer. Hoye{ Police d’assurance.
Le rifque de ces marchandifes commence au tems où
on les porte à bord. C’eft une maxime confiante que
Ton ne doit jamais rifquer tout fur un feul fond, ou lùr
le même vaiffeau ; cette maxime apprend à ceux qui
affurent, qu’ils doivent agir en cela avec beaucoup de
prudence,& ne pas trop hazarder fur un vaiffeau unique
, attendu qu’il y a moins de nfque à courir fur
plufieurs enfemble que fur un feul*