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fre porteht que cette écharpe avec un caleçon de coton.
{D .J .y
S a l u t a t i o n a n g é l i q u e , ( Théolog. ) eft la
prierè qu’on nomme autrement ave Maria, dans l’E-
glife romaine, & qui eft en l’honneur de la Vierge.
Elle contieht là formule de falut que l’ange lui adréfla
lorfqu’il vint lui annoncer le myftere de l’Incarna-
tion. Voyt^ A n n o n c i a t i o n & A v e Ma r ia .
S A L Û T H , v o y e i S i l u r e .
SALYENS, ( Géog. anc. ) en latin Sallyes, ou Sa-
lyes, Salyi, Salvii 8c Salluvii ; ancien peuple dé la
Provence, le long de la mer , entre le Rhône 8c le
Var. Strabon, un peu après le commencement de fon
quatrième livre, dit : La côte eft occupée par les
Mafliliens Scies Salies jufqu’à la Ligurie, 8c aux frontières
de l’Italie, & jufqu’au Var. Ils n’avôientpàs
feulement le rivage de la mer, car il dit enfuite : lê
pays montagneux des Salyens avance du couchant
àu nord , & fe recule de la mer infenfiblement.
Tite-Live, liv. X X I. ch. xxvj. parlant de P. C ornelius
, dit qu’étant parti de la ville avec foixante
barques longues, & côtoyant l ’Etruriê, la Ligurie
8c enfuite les montagnes des Salyens, il arriva à Màr-
feille. Comme ils étoient contigus à la Ligurie , ils
Ont été appelles Gallà-Liguti, mot qui femble marquer
qu’ils étoient Liguriens d’origine, quoique établis
dans lesGaules.
Ce peuple fut attaqué par les Romains alliés dès
Marfeilloïs qü’il inCommodoit, félon Florus, liv. III.
c. ij. Prima trans Alpes arma noßra fenfere S alyii, ciun
de ihcürßonibus eorum fidißima atque amicifßma civitas
Maffilià qUeferetur.
Ce fut la première guerre que les Romains firent
au-delà dés Alpes, en prenant ce mot au-delà par
rapport à Rome. Pline , Uv. III. ch. xvij. les nomme
Sâîlyi en Un endroit : il parle de la ville de Ver-
ceil poffédée par lés Libici, 8c fondée par lesSâlIyes:
Ventilai Libicorùm ex Sallyis ortee. Mais le même auteur
, liv, III. ch. iv. les nomme Salluvii, en parlant
d’Aix leur capitale, Aquce fextice Salluviorum. Il les
nomme, ch. v. les plus célébrés dès Liguriens au-delà
des Alpes , Ligurûm edeberrimi ultra Alpes Salluvii.
L’àbbé dé Longuerue , dèfcrip. de la France, part.
I . p. j j G. croit que les Salyes étoiént fübdivifés en
plufieurs peuples : les plus proches d’Antibes étoiént
les Déceates, qui avoient pour voifinslès Védiân-
tiens , les Nérüfiens , les Sueltériens ou Sëltériëns,
dont il eft impoffiblè à préfent de donner les limités.
Les Dcciates ou Décéates étoient aux environs d’Antibes
; lés OxybienS, aux environs de Fréjus ; les Vé-
diantiens avoient pour Ville ,i félon Ptolomée Ce-
mentlium, aujourd’hui Cimiez -, près de Nice. Lès
Nérüfiens étoient aü-tour de Vence ; les Suletériens
aii-tôiir dé Brignoles 8c Draguignan. On pourroit y
ajouter les Avatici 8c les Anatilii. Les derniers étoient
dans le territoire d’Arles , 8c les premiers plus près
de la mer. (D. J.')
SALZTHAL, p i e r r e d è , ( Hiß. hat. Lichoiog.’)
c’ éft une éfpece de marbre d’un gris de fer mêlé de
brun, & rèmpli de cornes d’ammon de belemnites,
8c quelquefois de turbinites, dont l’intérieur eft fou-
vènt rèmpli par un fpath blanc Ou jaunâtre tranfpa-
rent. Cette pierre fe trouve par morceaux détachés
par lés champs , aux environs du palais de Sdl^thâl-,
appartenant au duc de Brünfwick. Elle eft très-dure
au commencement ; mais lorfqu’elle a été quelque
tems èxpoféè à l’air, elle devient d’une couleur plus
claire & plus tendre , parce qu’elle eft pariemée de
petits grains de pyrites qui fe dëcompôfènt. Cette
piérre ne fe trouve qu’en fràgmens ; fouvent on y
découvre des dendritès , où des herborifàtions fingu-
lierêS.
.. SAMACA, ( Hiß. hat. Botan.) arbufté des Indes
orientales , qui croît abondamment dânsî’îlè dé Java*
S AM
8c q u i r e ffem b lè au c itro n n ie r . Son fru it e ft a q u e u x 5c
a ig r e le t ; mais l’ o n e ftim e fu r - to u t fe s fe u ille s q u e l’ o n
co n fit dans le fu C r e , 8c q u i p a ften t p o ïir u n g ran d rc-
m ed e d an s le s f ie v r e s ch au d e s , 8c dans le s maladies
in flam m a to ire s.
SAMACHI, ( Géog. mod.') lês Peffans & lés Arméniens
écrivent Schamakhi ; ville de Perfe , capii
taie du Shirvan. Nos auteurs ne s’accordent point,
fur l’oftogrâphe de ce mot ; car les uns écrivent Sa-
màchi, les autres, en plus grand nombre , Scamachie.
d’autres ,fchumachie, 8c d’Hérbelo't Schoumackijcette
différente ortographe, fort Commune en géographie,
a trompé la mémoire de la Martinière qui confé-
quemment fans en avertir, à fait trois articles différons
de cette v ille , dont nous parlerons fous le feul
Mot de ScÀMACHIË. (Z>.7.)
SAMAGENDAH, ( Géog. mod. ) ville d’Afrique ,
dans la Nigritie , à l’orient 8c à dix journées de Cou- fflHH . ‘ , . i Vî «JSSB SAMANA, ( Géog. mod.')petite île de l’Amerique,
entre lés Lucayes, dans la mer du Nord. Elle eft pof-
fédéë par fes habitans naturels, & peu cultivée. On
lui donne quatre lieues de long fur unè de large. Elle
eft fi'tuée par les 23. 20. de latitude.
SAMANDRACHI, {Géog. mod.) ile de l’Archipel
, vers les côtes de la Romanie ; elle a environ 10
lièües de tour ; il s’y fait quelque trafic dè miel & de
marroquin. Les anciens la nommoient Samothrace,
pour la diftinguer de la Samos d’Ionie. Latit. 40. 3 0.
( d -
SAMANÉEN, f. m. {Hifl. des relig. oriental. ^ les
Samaneens étoient des philofophes indiens, quifor-
moient une clafle différente de celle des Brachmanes,
autre fe été principale de la religion indienne.Us n’ont
point été inconnus des Européens. Strabon & S.’Clément
d’Alexandrie en ont fait quelque mention. Me-
gafthene, oui avoit compofé des mémoires fur les
Indiens , appelle les philoïophës dont il s’àgit, Germants
; S. Clément d’Alexandrie Sarmanes ou Semniy
8c rapporte l’origine de ce dernier nom au mot grec
eiy.voç , vénérable. Porphyrè les nomme Samanéens,
nom qui approche davantage de celui dè Schamutan,
encore ufite dans les Indes pour défigner ces philofophes.
Les Samanéens, au rapport de S. Clément d’Alexandrie
& de S. Jerome , embraflèrent la doétrine
d’un certain Butta, que lés Indiens ont placéaurang
des dieux, & qu’ils croyent être né d’unè vierge. /
Les brachmanes n’étbient originairement qu’une
même tribu ; tout indien au contraire pouvoit être
famanéen. Mais quiconque defirôit entrer dans cette
clafle de philofophes , étoit obligé de le déclarer au
chef delà ville en préfence duquel il faifoit l’abandon
de tout fon bien, même de fa.femme 8c de fes enfans.
Ces philofophes faifoient voeu de chàfteté, comme
Iesbrachmanes ou gymnofophiftes f is habitoient hors
des villes , & logeoient dans des maifons que le roi
du pays avoit pris foin de faire cônftruire. Là uniquement
occupés des chofes çéleftes, ils n’avoient
pour toute nourriture que des fruits & des légumes ,
& mangeoient féparément fur un plat qui leur etoit
préfenté par des perfonn’es établies pouf les fervir.
Ces Samnéens èc les brachmanes étoient en fi gran-.
de vénération chez les Indiens, que les rois venoient
fouvent pour les confuTter fur les affaires d’état, &
pour les engager à implorer la divinité en leur faveur.
Ils ne craignoient point la deftrüétion du corps, &
quelques-uns d’entre eux avoient le courage de fe
donner la mort en fe précipitant dans les flammes,
afin de purifier leur ame de toutes les impuretés dont
elle avoit été fouillée , pour aller jouir plus promptement
d’une vie immortelle. On leur attribuoit le;
don de prédire l’avenir ; &'S. 'Clément d’Alexandrie
SAM
dit qti’ds avoient beaucoup de refpeél pour une pyramide
où l’on confervoit les os d’un dieu.
Il y avoit plufieurs bràncheS de ces philofophes ,
entre autres celle des hylobii, ainfi nommés parce
qu’ils étoient retirés dans les forêts & dans les lieux
deferts, oh ils ne vivoient que de feuilles 8c de fruits
fauvages, n’étoient couverts que de quelques écorces
d’arbïes, ne faifoient jamais ufagè du vin , 8c n’avoient
aucun commerce avec les femmes. Celles-ci
cependant avoient droit d’afpirer au même degré de
perfection , 8c pouvorent auffi embraflèr un genre
de vie auftere.
Ce qui vient d’être rapporté, d’ après les écrivains
grecs 8c latins, eft cé qui a déterminé à croire qu’il y
à peu de différence entre les Samanéens 8c les brachmanes
, ou plutôt qu’ils font deux feétes de la même
religion. En effet, on trouve encore dans les Indes
une foule de brachmanes qui paroiffent avoir la mèmè
doftrine , 8c qui vivent de la même façon ; mais
ceux qui ont une parfaite reflèmblance avec ces anciens
Samanéens, font les talapoins de Siam : comme
eux retirés dans de riches cloîtres , ils ne pofle-
dent rien en propre, & jouiffent d’un grand crédit à
la cour ; mais quelques-uns plus àufteres, ne vivent
que dans les 'bois & dans les forêts : il y a àufli des
femmes qui les imitent.
Là doCtrine des Samanéens fe trouve répandue
dans les royaumes de Siam , de Pegu , & dans les
autres lieux voifins , où les prêtres portent le nom
de talapoins. Mais le plus commun, 8c celui fous
lequel ils font connus à la Chine 8c au Japon, eft celui
desbon^es ; dans le Tibet ils font appellés -lamas.
L ’Inde eft le berceau de cette religion , de l’aveu
dès habitans de tous lès pays Où elle s’eft établie : il
y a apparence qu’elle a même pénétré jufque chez les
barbares dé la Sibérie, où nous trouvons encore des
fchàmmans, qui font leS prêtres des Tungoufes ; mais
elle n’a pas été uniforme dans tous ces différens pays.
Plus les Samanéens fe font éloignés du lieu de leur
origine , plus ils femblent s’être écartés'de la véritable
doCtrine de leur fondateur. Les moeurs des peuples
auxquels ils ont enfeigné leur religion , y ont
apporté quelques changemens, parce que les Sama-
héens fè font attachés plus particulièrement à certains
dogmes 8c à certaines pratiques religieufes qu’ils ont
jugé convenir davantage avec le caraCtere de ceux
chez lefquels ils vivoient ; mais par-tout on recon-
noît la religion indienne.
M. de la C ro ie, qui a beaucoup parlé des Samanéens
, dit qu’il n’en relie plus de traces fur ies côtes
de Malabar oc de Coromandel ; que le culte des bradîmes
a fuccédé à celui des Samanéens ; que ceux-ci,
félon le témoignage des brachmes , ont été détruits
par le dieu Vifchnou, qui dans fa fixieme manifefta-
tion prit le nom de Vegouddova avatarum ; qùiles traita
ainfi, parce qu’ils blafphemoient ouvertement contre
fa religion , regardoient tous les hommes comme
égaux, n’admettoient aucune différence entre les di-
verfes tribus ou caftes, déteftoiènt les livrés théologiques
des brachmes, & vouloient que tout le monde
fût fournis à leur loi. M.. de la Croze croit que cet
événement eft arrive il y a plus de fix cens ans. Mais
toutes ces traditions des Malabares font détruites par
le témoignage des écrivains grecs qui font mention
des brachmes établis de tçut tems dans les Indes , 8c
qui leur donnent une doctrine à-peu-près femblable
à celle des Samanéens : c’eft une remarque que M. de
la Croze n’a pu s’empêcher de faire.
; Si le nom de famanéen ne paroît plus fubfifter dans
cette partie de l’Inde , nous y retrouvons encore les
joghis y le s vanapraftas , les fanjaflis 8c les avadou-
tas, connus fous le nom général de brachmes, 8c qui
comme les Samanéens,m'admettent aucune différence
çntre lSs caftés ou tribus » 8c fuivent encore les pré-
SAM î9r
ceptes de Budda, le fondateur des Samanéens. Plufieurs
hiftoriens arabes qui ont eu connoiflance de
ce perfonnage, le nomment Boudafp ou Èoudasf
Beidawi, célébré hiftorien perfan , l’appelle Schek-
moiiniberkan, ou Amplement Sdiekmouni ; les Chinois
Tche-kia ou Chekia-meouni, qui eft le même nom que
Schekemouni de Beidawi ; ils lui donnent encore le
nom de Foteou ou Foto, qui eft une altération dephut-
ta ou butta. Mais le nom fous lequel il eft plus connu
dans tous les ouvrages des Chinois, eft celui de Fo,
diminutif de Foto. 'Les Siamois le nomment Prah-
poudi - tchaou, c e ft- à-dire , le faint d’une haute
origine , famman 'a khutama, l’homme fans paflion ,
8c phuita. M. Hyde dérive ce nom du mot perfan
bfttj idole , 8c M. Leibnitz a cru que ce légiflateur
etoit le même que le Wodin des peuples du nord.
Dans la langue des Indiens , Butta ou Budda lignifie
Mercure.
Il n’eft pas aifé de difliper les ténèbres qui obfcur-
cilfent l’hiftoire de ce fondateur de la religion indienne.
Les peuplés de l ’Inde, toujours portés au
merveilleux, ne débitent que des fables qui nous
obligent d’avoir recours à dès hiftoriens étrangers-;
8c ceux-ci ne nous fourniffent point allez de détails
pour que nous publions parvenir à une exaéte con-
noiflance du tems & du lieu de lanaiflance de ce phi.
lofophe.
Quoi qu’il en foit, Fo ou Boudha, après s’être marie
à l’age de 17 ans, 8c avoir eu de ce mariage un
fils, fe retira dans les deferts , fous la conduite de
cinq philofophes. Il y refta jufqu’à fâge de 30 ans *
qu’il commença à publier fa doctrine , prêchant le
culte des idoles , & la tranfmigration des âmes. Il
mourut âgé de 79 ans. Pour exprimer fa mort, on
rapporte qu’il eft pâlie dans le nipon ou nireupan -,
c’eft-à-dire , qu'il ejl anéanti, & devenu comme un
dieu. En mourant il dit à ceux de fes difciplès qui
lui étoient le plus attachés, que jufques-là il ne s’é-
toit fervi que de paraboles, qu’il leur avoit caché la
vérité fous des expreliions figurées & métaphoriques
; mais que fon fentiment véritable étoit qu’il n’y
avoit pointd’autre principe que le vuide& le néant,
que tout étoit fo'rti du néant, 8c que tout y re-
tournoit.
Les dernieres paroles de Fo produifirent deux fec-
tes différentes. Le plus grand nombre embralfa ce
que l ’on appelle la doctrine extérieure qui confifte dans
le culte des idoles ; les autres choifirent la doctrine
intérieure, c’eft-à-dirè qu’ils s’attachèrent à ce vuide
& à ce néant, dont Fo les avoit entretenus en
mourant.
Les feétateurs de la doctrine extérieure font peux
que nous connoiffons plus communémentfous le nom
de brachmes, de bonnes, de Lamas & de talapoins.
qui toujours profternés aux piés de leurs dieux ,
font cônfifter leur bonheur à tenir la queue d’une
vache, adorent Brahma, Vifchnou■, Efwara 8c trois
cens trente millions de divinités inférieures, font
cônftruire des temples en leur honneur, ont une fin-
guliere vénération pour l’eau du Gange, 8c croient
qu’après la mort leur ame va recevoir en enfer la punition
de fes crimes, ou dans le paradis la récompenfe
de fes vertus , d’où elle fort enfuite pour animer des
çorps d’hommes , d’animaux, des plantes mêmes ;
ce qui devient encore une punition ou une récompenfe
jufqu’à ce qu’elle foit parvenue au plus haut
degré de pureté 8c de perfection, auquel toiites ces
différentes tranfmigrations la conduifent infenfiblement;
ce n’eft qu’après avoir parcouru ainfi les corps
de plufieurs êtres , qu’elle reparoît enfin dans celui
d’un famanéen. Ceux-ci regardent le refte des.hom-
mes comme autant de malheureux qui ne peuvent
parvenir à l’état de famanéen , qu’après avoir paffé
par tous les degrés de la métempfycofe.