difpofer aucunement au préjudice des portions dont
les enfans defdits premiers mariages pourroient
amender de Leur mefe, & néanmoins fuccedent les
enfans des fubféquens mariages auxdits conquêts,
avec les enfans des mariages précédens, également
Venans à la fucceffion de leur mere, comme auffi les
enfans des précédens lits fuccedent pour leurs parts
&c portions aux -conquêts faits pendant & confiant
les fubféquens mariages. Toutefois, ajoute cet article
, fi ledit mariage efl difîblu, ou que les enfans du
précédent mariage décèdent, elle en peut difpofer
comme de fa choie propre.
Pour bien entendre quel efl notre ufage, par rapport
aux peines des fécondés noces , il faut diiiinguer
celles qui font contra&ées dans l ’an de deuil, de celles
qui font contraélées aprèseette année.
Dans l’ancien droit, la veuve quife remarioitavant
l ’année du deuil, étoit réputée infâme,
La peine d’infamie n’etoit prononcée que contre
les femmes , propter turbationem fanguinis & incerti-
iuâinemprolis $ de forte que la veuve qui accouchoit
peu de jours après la mort de fon mari, pouvoit fe
remarier avant la fin de l’année du deuil.
On étendit la peine d’infamie contre celui qui
-époufoit la femme , avec connoiflànce que l’an du
deuil n’étoit pas expiré , contre le pere du mari, &
•contre celui de la veuve ; cette infamie pouvoit être
levée par des lettres du prince.
On fait que la durée de l’année ne fut pas toujours
la même ; que fous Romulus elle n’étoit que de dix
mois ; que fous Numa elle fut mife à douze, faifant
355 jours,avec quelques jours de plus , que l’on in-
tercaloitde tems-en-tems ; enfin que fous Jules Cé-
far elle fut fixée à 365 jours , & à 366 pour les années
biïi'extiles.
L’année de deuil n’étoit d’abord que de dix mois ,
comme l’ancienne année civile , mais fous les empereurs
elle fut fixée à douze.
On augmenta auffi alors les peines des fécondés nô-
ces contractées dans l’an du deuil.
Outre la peine d’infamie, il fut ordonné, i°. que
îa veuve quife remarieroit dans cette année , feroit
privée de tous les avantages à elle faits par fon premier
mari.
20. Qu’elle feroit auffi privée de la fucceffion de
fes enfans & de fes parens au-delà dutroifieme degré.
30. Elle fut déclarée incapable de profiter d’aucunes
difpofitions à caufe de mort.
Enfin il fut ordonné qu’elle ne pourroit donner à
fon fécond mari, plus du tiers de fes biens , quoiqu’elle
n’eut point d’enfans de fon premier mariage,
& que fi elle en avo.it, elle ne pourroit donner à fon
mari qu’une part égale à celle de l’enfant le moins
prenant.
Quelques auteurs prétendent que toutes les peines
de l’an du deuil font abolies en France, ce qui efl
de certain efl que le droit canonique a remis la peine
de l’infamie.
A l’égard des autres peines , elles ne font pas non
pins reçues aux parlemens de Paris , de Bordeaux,
-de Rennes, & de Normandie ; mais elles ont.lieu
aux parlemens de Touloufe, Grenoble, & Aix; celui
de Dijon paroît auffi les avoir reçues, du moins
en partie.
Les auteurs penfent auffi que les peines de l’an du
-deuil ont lieu lorfque la veuve meneune vie impudique
pendant l’an du deuil ; il y a en effet plufieurs
arrêts qui, dans ce ca s , ont privé la femme de fon
douaire & autres avantages procédant de fon mari ;
mais on ne voit pas que dans ce même cas la femme
ait été affujettie à toutes les autres peines des fécondés
nous contraélées dans l’an du deuil.
Pour ce qui efl des peines des fécondés noces con- •
îra&ées apres l’an du deuil, elles étoient inconnues
dans l'ancien droit romain ; une veuve, après l’année
du deuil, pouvoit fe remarier librement, elle étoit
même obligée de le faire fi elle étoit encore jeune ,
car-il y avoit des peines établies contre lés femmes
célibataires au-deuous de cinquante ans , & contre
les hommes au-deffous de foixante', ce qui fut ainfi
ordonné après les guerres civiles, pour repeupler la
ville de Rome, ôtfutobfervé pendant plus de quatre
cens ans.
Ce ne fut que fous les derniers empereurs que furent
faites les lois foemina generaliter & hâc ediclali ,
dont on a parlé ci-de vant ; on établit des peines contre
les fécondés noces contraélées après l’an du deuil,
d’abord contre les femmes, enfuite contre les hommes.
1
La première peine établie par la loi foemina, efl la
prohibition de difpofer par la v eu ve , d’aucun des
avantages à elle faits par fon premier mari ; ce qui
fut depuis étendu aux hommes par la loi generaliter,
La fécondé peine efl la prohibition faite par la loi
hâc ediclali, aux hommes & aux femmes qui fe remarient
, d’avantager le fécond conjoint plus qu’un des
enfans du premier lit,
La première peine concerne la fucceffion des enfans
du premier l i t , la loi foemina en privoit totalement
la mere , ce qui fut abrogé par la Novelle I I .
mais la Novelle X X I I . ch. xlvj. &c. ordonna que pour
les biens venus aux enfans du chef du pere , la mere
n’en auroit que l’ufufruit.
Ces différentes peines ont lieu dans les pays de
droit écrit ; dans les pays coutumiers on a été long-
tems fans les pratiquer, fi ce n’ efl dans les coutumes
qui en contenoient quelque difpofition expreflè, lesquelles
étoient alors en fort petit nombre.
Ces peines n’ont été reçues que par l’édit de 1560,
& par les coutumes qui ont été reformées depuis cet
édit.
On a déjà vu quelles font les difpofitions de l’édit
de 1560. & de la coutume de Paris ; les autres coutumes
doivent être fuivies chacune dans leur ref-
fort, en ce qui n’efl pas contraire aux difpofitions de
l’édit.
Le retranchement de l’édit , c’efl-à-dire ce que
l’on retranche fur les avantages faits au fécond conjoint
, lorfqu’ils excédent ce que la loi permet de
donner , dans les pays de droit écrit, n’appartient
qu’aux enfans du premier lit, en pays coutumier, ils
le partagent avec ceux du fécond lit.
Au relie , fuivant toutes les lois , les peines des
fécondés noces, après l’an du deuil, ceffent par le défaut
d’enfans, ou par leur décès , ou lorfqu’ils fe
font rendus coupables d’ingratitude envers leur pere
ou mere remarié ; il en efl de même des enfans morts
civilement : mais les filles qui ont renoncé aux fuc-
ceffions futures, ne laiffent pas d’être confiderées en
cette matière, parce qu’elles font admifes au défaut
d’autres enfans.
Cette matière efl traitée au code , tit. de fecundis
nuptiis, les Novelles II. ch.j. & iij. & Novel. X X I I .
ch. x x iij, x x v , x x v j, xl. la Nov. X X X IX . ch. ij.
& dans Fontanon, Corbin, N éron, Carondas , Bac-
quet, Rebuffe, Bouchet, Ricard, le Brun, & le traité
des fécondés noces de Bechet & de Dupin, fur les
peines des fécondés noces. Voyez auffi les mots E d i t
DES SECONDES NÔCES , M A R IAG E , N Ô C E , PAR T
d ’e n f a n t , R e t r a n c h e m e n t d e l ’ é d i t d e s s e c
o n d e s n o c e s . ( A )
S e c o n d e s , fe dit dans la gravure en cuivre , des
tailles qui croifent les premières tailles ; elles s’appellent
auffi contrchachures & contretailles ; ce dernier
mot efl affe&é particulièrement à la gravure en bois.
SECONDER, v. aft. ( Gram. ) fervir de fécond,
favorifer, aider ; j’ai été bien fécondé dans cette attaque
j le ciel a fécondé nos fouhaits ; parlez le prem
i e r , & f o y e z f u r q u e je V o u s féconderai b ie n .
SECONDINES, f. f.pl. terme de Médecine,qui figni-
fie les différentes* membranes, & les diverfes tuniques
dans lefquelles le foetus efl enveloppé dans la
matrice ; comme le chorion, l’amnios, & le placenta.
ï'oyc{ nos Plane, anat. 6* leur explic, Vpye%_ auffi
F oe t u s , C h o r i o n , A m n i o s , & c. On les appelle
ainfi, parce qu’elles fortent en fécond , c’efl à-
dire après l’enfant dans l’accouchement;'les matrones
& les fages-femmes les appellent arriéré-faix,
comme les confiderantde même qu’un fécond fardeau
dont la mere efl délivrée; d’autres les appellent le'
délivre , parce que quand elles fortent, la mere
efl eflimée parfaitement délivrée ; il faut prendre
garde de laifler les fecondines dans la matrice, c’efl un
corps étranger qui feroit mourir la perfonne: il efl
même dangereux d’en laifler la moindre partie. Hippocrate
remarque que des jumeaux ont toujours les
memes fecondines. Voye^ Ju m e a u .
Le do&eur Grevr, dans fon anatomie des plantes,
applique le terme fecondine à la quatrième & dernière
tunique des graines , parce qu’elles font à-peu-
près le même office dans les plantes , que les membranes
du foetus dans lés animaux ; & c’efl certainement
dans ce fens que P line, Columelle, Apulée,
&c. fe font fervis du mot fecondine■.
SECOUER, v. aft. ( Gram. ) émouvoir à plufieurs
reprifes ; fecouer la pouffiere de fes foûliers ; fecouer
la bride à un cheval ; fecouer un arbre pour en faire
tomber les infettes , les fruits. IL fe prend auffi au figuré;
il a fecoué le joug de fes maîtres; les habitans
du Paraguai, mal conféillés, ont fecoué le joug de
leur fouverain, &e.
SECOURIR , v. aél. ( Gram. ) c ’ e f l d o n n e r d u Rec
o u r s . Voye{ Particle SECOU RS.
S e c o u r i r j ( Maréchal.') en parlant des chevaux,
c’efl leur donner les aides à teins & à propos, lorfqu’ils
travaillent & qu’ils veulent demeurer, qu’ils fe
ralentifl'ent, qu’ils ne continuent pas de la même cadence
qu’ils ont commencé. On ditfecourir un cheval
des deux talons , pour dire lui donner les aides des
talons j & ainfi de toutes les autres aides ufitées dans
le manege. Voye^ A i d e s .
SECOURS, f. m. ( Gram.) aide, affiflance ; il faut
implorer le fecours du ciel ; nous devons du fecours
aux pauvres ; il ne faut pour donner àn fecours y que
voir dans le malheur d’un autre, celui auquel nous
fommes expofés. ... . - .... . . .
Se c o u r s , ( Hï(l. eccléf. mod.) c’efl le nom que les
fanatiques modernes de France, appelles convulfion-
naires , donnent à divers tourmens que l’on fait endurer
aux perfonnes qui font fujettes aux convul-
fions, & qui dans les inflans où elles prétendent en
être faifies, affiirentque ces tourmens leur procurent
un vrai foulagement. Ces prétendus fecours confif-
tent tantôt à recevoir plufieurs centaines de coups
de bûche contre l’eflomac ; tantôt à recevoir des
coups d’épée dans les bras, dans le ventre, & dans
d’autres parties du corps ; tantôt à fe faire piquer les
bras avec des aiguilles ou des épingles ; tantôt à f e ,
laifler fouler rudement aux piés ; tantôt à fe faire
ferrer fortement avec une corde , &c. Dans ces dernières
années on a vu des convulfionnaires fe faire attacher
fur des croix avec des d o u x , q u i, de l’aveu
des fpeélateurs les moins prévenus , leur perçoient
très-réellement les piés & les mains , & leur cau-
foient des douleurs que ces malheureufes viûimes de
la fourberie avoient bien de la peine à mafquer à
des yeux attentifs ; cependant elles prétendoient que
tout cela ne leur faifoit aucun m al, & qu’au contraire
elles y trouvoient un très-grand foulagement. Ces
convulfionnaires, après avoir été ainfi attachées en
croix pendant quelques heures qu’elles employoient
en priérës éjaculatoires , & en exhortations myfli-
Tome XIV.\
qifes & prophétiques j fur lés maux dë l’eglifé *
nniffoient quelquefois par fe faire percer lé côté -, à
l’imitation du Sauveur du monde ; après quoi ôn les
détachoit de la croix , & elles affeéloient d’avoir oublié
tout ce qui s’étoit pafle, &c d’être fatisfaites des
fuppliees qu’elles venoient d’éprouver. Tous ces faits
incroyables font attelles par un grand nombre de
témoins non fufpeéls , & très peu difpofés à s’en
laifler impofer; les gens éclairés n’ont vu dans tout
cela cjiie des femmes féduites par des impofleurs in-
térefles, ou par des fanatiques aveugles ; ; ils ont pen-
fé que le defir du gain déterminoit des pauvres femmes
à fe laifler tourmenter, & à jouer une farce indécente
& lugubre , dont le but étoit de perfuader
que le Tout-puiflant prenoit vifiblement en main la
caufe des âppellans de la conflitution Unigenitus, &C
qu’il opéroit en leur faveur des oeuvres furhaturel-
lës. Le gouvernement avoit pris le parti de diffimu-
ler pendant quelque tems la connoiflance qu’il avoit
de ces extravagances ; mais les my$eres de la religion
chrétienne indignement joués par les prétendus
convulfionnaires, ne lui ont pas permis de tolérer
plus long-tems de pareils abus. Voye^ C o n v u l s i o n n
a i r e s .
;S e C 0 U R S , fe dit ordinairement dans l'Art militaire
, d’une armée qui vient fecourir une place affié-
g é e , pour tâcher d’en faire lever le fiege à l’ennemi.
Quoiqu’on ne doive entreprendre un fiege qu’a-
près avoir pris toutes les précautions convenables
pour ne point manquer cette entreprife, & réfifter à
tous les efforts de l’ennemi qui voudroit en empêcher
, il arrive cependant quelquefois qu’il aflemble
fon armée plus promptement qu’on ne le croyoit,
ou que le fiege étant plus long qu’on n’avoit cru , on
fe trouve obligé de le combattre pour ne point interrompre
l’opération du fiege.
Il y a dans ce cas deux partis à prendre : le premier
d’attendre l’ennemi dans les lignes , & le fécond
d’y laifler une partie de l’armée pour leur garde
& pour continuer les travaux des approches , &
d’aller avec le refie au-devant de l’armée ennemie
pour la combattre hors de la portée des lignes & de
la place.
Ce dernier parti paroît avoir moins d’approbateurs
que lé premier ; mais, fi nous ofons dire notre fen-
timent fur ce fujet, nous croyons qu’on ne peut rien
preferire de général à cet égard ; parce que ce font
les circonflances particulières dans lefquelles on fe
trouve, qui doivent décider de la conduite qu’il faut
tenir en cette oecafion.
Si l’armée affiégeante n’a rien à craindre pour la
sûreté de fes convois ; fi elle efl aflez nombreufe pour
bien garnir tous fes pofles &£ mettre fes lignes partout
en état de faire une bonne défenfe , elle doit
dans ce cas fe borner à les défendre , pour ne point
faire dépendre le fuccès du fiege, de l’évenement
toujours incertain d’une bataille. Mais fi elle fe trouve
gênée pour fes fourrages ; fi l’ennemi peut couper
& intercepter fes convois , elle doit, fi elle efl
aflez forte pour aller au-devant de l’ennemi &c pour
laifler un nombre de troupes fuffifant pour continuer
le fiege , & réfifter à tous les efforts de la gar-
nifon ; elle doit, dis-je, dans ce cas, prendre le parti
d’aller le combattre pour fe délivrer de toutes les
inquiétudes qu’il peut lui donner.
L’armée affiégeante doit encore prendre le même
parti, fî la circonvallation de la place efl trop étendue
pour qu’elle puiffe bien défendre toutes fes différentes
parties. Quand elle feroit même alors inférieure
à celle de l’ennemi, elle ne peut guere fe dif-
penfer de fortir des lignes pour aller le combattre. Il
n’efl point rare dans les fafles militaires de voir une
armée inférieure arrêter & même vaincre une armée
plus nombreufe ; le tout dépend de l’habileté du gér,
Q Q q q q î j