G14 SAN
grenouille qui a été expofée à un froid v if, tte peuvent
pas le di(foudre par la chaleur qu’on leur communiqué
enapprocliant la grenouille du feu ; mais dès
que le mouvement du coeur augmente, les grumeaux
le divifent dans un inftant. Les mouvemens de circulation
& de fluidité ne font pas les feu 1s qu’on a attribués
aufang; on lui a encore voulu donner un mouvement
de fermentation ; le fang, dit-on ,ades principes
acides & alkalis qui, heurtant continuellement
les uns contre les autres, doivent néceflairement produire
le mouvement que l’on nomme fermentation ,
comme cela arrive aux liqueurs qui ont ces principes
; mais comme ces principes font mêlés de parties
fulphureufes qui les féparent, il s’enfuit que la fermentation
ne doit fe faire que peu-à-peu ; au premier
inftant quelques parties fulphureufes (ortiront de l’entre
deux de quelques acides de quelques alkalis ;
au fécond inftant la même chofe arrivera à d'autres
parties ; ainfi la fermentation fe fera fucceflivement :
on apporte encore plufieurs autres raifons pour prouver
qu’il y a dans le fang un tel mouvement fermen-
tatif. i°. D it-on, le chyle fe change en fang ; or dans
le fang les parties font changées , & la proportion
des principes-qui le compofent n’eft pas la même que
dans les parties du chyle ; tout cela, félon plufieurs,
ne peut fe faire fans fermentation. i ° . Le Jang fe
change en diverfes humeurs, & dans ce changement
il y a un changement de fubftance qui ne peut fe faire
fans fermentation. 30. Dans le foin-& l’avoine, on ne
trouve pas de felurineux; cependant les animaux qui
fe nourriffent de ces matières donnent beaucoup de ce
fel par l’analyfe ; or ce fel ne fauroit fe former fans la
fermentation non-plus que le fel falé ; toutes ces raifons
font foutenues de l’ànalyfe de toutes les liqueurs
du corps humain , que l’on peut voir à leurs articles
particuliers, SALIVE , S u C PAN CRÉ AT IQU E, SEMENCE
, U r in e , &c.
Quelque chofe que l’on dife, on ne fauroit établir
de fermentation dans le fang; les matières qui le compofent
font fort huileufes : or on fait par la Chimie
que l'huile empêche les fermentations ; les acides du
vinaigre qui ont diflout le plomb , & qui font mêlés
avec beaucoup d’huile, comme Fanalyfe nous l’apprend,
ne bouillonnent point avec les alkalis : il y a
plufieurs autres exemples que je ne rapporterai pas.
20. Jamais il n’y a eu de fermentation fans repos ; or
comment trouver ce repos dans le fang qui eft porté
partout le corps avec une grande rapidité.
30. Mais, objeélera-t-on, comment fe peut former
du fel falé du fang, s’il n’y a pas de fermentation ?
A cela je réponds que les acides du vinaigre qui a
diflout le plomb, formeront le fel falé avec des alkalis
; cependant on n’y remarque pas de fermentation :
d’ailleurs la preflîon du coeur & des vaiffeaux, & la
chaleur du fang, feront entrer les acides dans les alkalis
, & cela fuffira pour former un fel falé, &c.
Toutes ccs raifons étant fuppofées, on peut prouver
qu’il n’eft pas befoin de fermentation pour former
& entretenir la chaleur dans le corps humain,
i*. Les parties folides du corps humain font très-
propres a s’échauffer par les frottemens : on l’expérimente
à chaque moment par l’a&ion des mains ou
de quelque autre partie. i° . Dès que le coeur viendra
à agir par fes mouvemens alternatifs, il pouffera
les parois artérielles , qui par leurs vibrations fré-
uentes s’échaufferont peu-à-peu. 30. Les vibrations
es arteres ayant fort échauffé les autres parties folides
, il arrivera que cette chaleur fe communiquera
aux fluides , ainfi les folides feront la feule caule de
la chaleur dans le corps humain. 40. Les parties fluides
qui font dans les vaiffeaux , font très-propres à
s’échauffer , puifqu’elles foftt fort huileufes ; ainfi
elles pourront s’échauffer beaucoup. 50. Par ce que
nous venons de dire , on fe débarraffe facilement de
SAN
la difficulté qu’on fait d’ordinaire contre ce feriti'menf-
favoir comment il fe peut faire que les fluides s’échauffent
beaucoup dans notre corps fans fermentation,
puifque l’eau qu’on bat ne s’échauffe jamais.
On en trouve aifément la raifon dans ce que nous venons
de dire ; s’il n’y avoit que de l’eau dans le corps
la chaleur feroit fuffoquée , mais il y a d’autres matières
: d’ailleurs fi les parois des vaiffeaux étoient
bien fortes , & que l’eau n’empêchât pas l’efprit animal
de couler dans les nerfs , la chaleur pourroit fe
faire fentir. On n’a qu’à imbiber d'eau des pièces de
bois qui s’échauffent facilement, on verra que fi on
les frotte long-tems l’une contre l’autre, elles s’échaufferont
: or cela ne peut fe faire qu’il ne fur-
vienne quelque chaleur dans l’eau contenue dans les
pores ; de plus, s’il y avoit un principè d’élafticité
dans l’eau comme dans- le fang, la chaleur furvien-
droit de même par les mouvemens de ce fluide, comme
par le mouvement du fang; 6°. Il y a une expérience
qui prouve que la caufe primitive de la circulation
& de la chaleur , eft l’aélion des vaiffeaux«
Qu’on prenne une grenouille, qu’on l’oüvre & qu’on
l’expofe au froid, on verra que le fang qui eft dans
le méfentere fe coagulera & le réduira en grumeaux.
Si l’on prélente ces vaiffeaux au feu , les grumeaux
fubfiftent toujours, l’aftion des parties ignées ne les
réfout point ; mais dès qu’on préfente le coeur de la
grenouille au feu, & qu’il commence à battre dès
lors tous les grumeaux difparoiffent, & la circulation
fe revivifie , comme nous avons déjà dit. De-là il
s’enfuit évidemment que ce n’eft pas la chaleur qui
donne la fluidité au fang, que ce n’ eft que l’aftion des
parties folides qui le divifent ; que fa chaleur eft
un effet du mouvement des vaifleaux, & qu’elle
n’eft pas même abfoluinent néceffaire , puifqu’elle
n’eft qu’une fuite du reffort des fibres. S’il arri-
voit que ces fibres puffent avoir affez de force pour
divifer le fang, mais qu’elles n’en eufl'ent pas affez
pour s’échauffer , le fang ne feroit nullement chaud,
quoiqu’il fut fluide. 70. On peut voir par tout cela
que le fang qui fera trop agité par les parties folides,
s’échauffera davantage, tendra à s’alkalifier, deviendra
plus âcre. 8°.On peut expliquer pourquoi la chaleur
devient plus forte quand la circulation trouve
quelque obftacle : les arteres fe trouvant plus dilatées,
agiffent avec plus de force ; ainfi la chaleur doit
fe faire fentir plus fortement. Voye\ M. Senac effâis
Phy f
On peut concilier tout ce que nous venons de dire
du fang, avec les différentes efpeces de tempéramens
que les anciens ont établies. Si le fang abonde en
globules rouges ou du premier genre , cet état fera
celui que les anciens appelaient tempérament fanguin;
& on rendra raifon par-là des fymptomes particuliers
à ce tempérament. Si les globules rouges font en petite
quantité dans le fang, & que celui-ci foit fluide
& féreux, ce fera ce qu’ils appelloient tempérament
phligmatïqtieSW arrive, par quelque caufe que ce foit,
que le fang(e trouve furchargé de parties groffieres,
epaiffes , 6c difficiles à mettre en mouvement, parties
que les anciens ont regardées comme les principaux
ingrédiens de l’atrabile , ce fera pour lors cette
conftitution qu’ils ontappellée mélancolique, tempe-
ramentum melancolicum. Nos alimens en général font
d’une matière acide , ou participent de cette qualité;
mais par les altérations qu’ils ont à fouffrir dans notre
corps , ils paffent bientôt dans un état neutre : la
ftruûure du corps des animaux eft telle, que la circulation
par fa force en atténuant de plus en plus les
parties du fang, corrige leur acidité, & les animalife
pour ainfi dire ; elle les rend volatils & en état de
paffer par la voie de la tranfpiration : c’eft cete mêqie
force qui les difpofe enfin à devenir alkalins ; fi rien
ne s’oppofe à cette transformation, l’haleine devient
SAN
forte & le fang fe corrompt. On voit que la bile
avant que de fe féparer du refie de la maffe du Jang,
a fubi une longue circulation : c’eft une des liqueurs
animales les plus parfaites, & qui s’éloignent le plus
de la nature des acides ; elle eft abondante & bien
conditionnée dans ceux en qui les liqueurs circulent
avec force, & en qui toutes les fondions s’exécutent
bien. C ’eft cette conftitution portée à un degré trop,
fort, qui mérite à jufte titre d’être appellée avec les
anciens, tempérament cholérique , ou chaud & bilieux ;
la conftitution diredement contraire à celle-là, dans
laquelle la circulation fe fait d’une maniéré foible &
irrégulière , & o'îi le mouvement n’eft point affèz
fort pour changer la qualité de nos alimens, paroit
convenir avec la cachexie des anciens, que l’on peut
en quelque façon regarder comme une forte de tempérament
, & comme une difpofition différente de
l’état naturel & régulier. Elle n’eft pas, à proprement
parler, une maladie particulière , telle que le feroit
une difpofition du corps propre à donner lieu à un
grand nombre d’incommodités ; cette conftitution fe
trouve communément confondue avec le tempérament
phlegmatique , de même le tempérament fanguin
& bilieux le trouvent fouvent réunis dans un
même fujet. On trouve encore dans le corps humain
d'autres difpofitions générales & différentes de l’état.
moyen;& ces différentes difpofitions peuvent être dé-
fignées par les noms du tercvpèxdLmentfulphureuxfalin,
chaud , froid, &c. félon la maniéré dont on conlidere
les diverfes parties qui entrent dans la compofition
du fang, leur combinaifon, & les différentes opérations
du corps. Voye{ C oeur.
Quant à la dépuration dii fang, & à la maniéré
dont les différentes liqueurs font lëparées, voye^ S e c
r é t i o n .
Pour ce qui eft de la transfufion dit fang d’un animal
dans les veines d’un autre , voyc% T r a n s f u s
i o n .
Nous avons dans les Tranfaciions philofophiques
plufieurs exemples extraordinaires d’hémorrhagies
volontaires ; il eft fait mention fur-tout d’un enfant
qui rendit le fang par le nez, les oreilles & le derrière
de la tête pendant trois jours. Depuis ce tems
jufqu’au fixieme, il rendit le fang par les fueurs de la
tête : au fixieme jour il le rendit par la tête, les épaules
& le milieu du corps pendant trois jours. Il continua
à faigner des orteils, des jointures des bras , &
des doigts de chaque main, & de l’extrémité des
doigts, ce qui dura jufqu’à fa mort. Dans l’ouverture
que l’on en f it , on trouva dans les endroits d’oîi le
Jang fortoit de petits trous femblables à une piquûre
d’aiguille. Voyc{ HÉMORRHAGIE.
P o u r la m anié ré d ’é ta n ch e r le fan g , voye^ St y p -
TIQUE.
Pierre de fang, voye{ SANGUINE & HÉM AT ITE S .
Mains fanglantes ( avoir les ) c’eft une des quatre
fortes de délits que l’on peut commettre fur les pays
de chaffe du roi d’Angleterre. Si on trouve un homme
ayant les mains ou une autre partie fanglante , il eft
condamné comme ayant tué une bête fauve , quand
même on ne l’auroit point trouvé chaffant, Hoye^
F o r ê t . ...,
Pluie de fang , voyeç P LU IE.
, Flux de fang, voye{ FLUX & DYSSEN TERIE.
Urine de fang, c ’ e ft u n e m a lad ie dans la q u e lle l’u rine
fo r t m ê lé e a v e c d u fang , en q u an t ité p lu s o u
moins g ran d e . Voye^ U r in e .
Le fang qui fort ainfi vient des reins, quelquefois
aulfi de la veflie ou des ureteres. Cette maladie eft
caufée quelquefois par une émotion violente, ou par
une chûte en arriéré qui caufe la rupture de quelques
uns des vaiffeaux urinaires : quelquefois aufli
elle fe trouve à la fuite des fuppreffions fubites des
hémorrhoïdes ou des réglés. La pierre fur-tout dans
les reins; occafionne aufli de fréquens paroxifmes de
cette maladie ; & les cantharides prifes intérieure-
ment, qu mefne appliquées extérieurement fans acides
, produifent le même effet. L’urine deJangeû un
très-mauvais fymptome dans la petite vérole & les
fievres malignes , quoique dans quelques occafions
elle ait paru fervir de crife , & être un indice de la
fin de la maladie.
S a n g d e b o u c , (Pharmacie.') la préparation cori-
fifte à le faire fécher pour le garder & le réduire en
poudre quand on voudra.
On fera nourrir a la maifon un chevreau avec la
pimprenelle ,1e perfil , la mauve , la faxifrage ; on
lui ouvrira les arteres, & on ramaffera le fang qui en
découlera; on le laiffera raffeoir; on en féparera la
férofité , & enfuite on le fera fécher au foleil, ou à
fine chaleur douce de feu.
Ses vertus font d’être fudorifiq.iie, alexipharma-,
que ; on l’ordonne dans la pleuréfie, à la dofe d’un
fcrupule. Voye^ Boue. C’eft ainfi que i’on prépare,
le fang humain.
Sang , ( Critiq. facrée. ) ce mot, dans l’Ecriture ,
marque la vie ; de-là ces expreflions figurées, teindre
fon pié ,fes habits de fang , pour dire faire un grand
carnage de fes ennemis yporter fur quelqu'un le fan<r
d'un autre, c’eft charger quelqu’un du meurtre d’un
autre. Sang fe prend aufli pour parenté , alliance. Je
vqus livrerai à ceux de votre fang qui vous pourfiii-
vront, E[ech. xxxv. 6. Ce mot défigne encore la nature
corrompue par le péché, Matth, xvj. ty. Il lignifie
quelquefois le jus du raifin. Judas lavera fon manteau
dans le vin , in fanguine uvoe , Genefe. ixix. n..
C’eft une expreflion figurée pour peindre la fertilité
des vignobles de la tribu de Juda. Malheur à celui qui
bâtit une ville dans le fang, Habac. ij. 12. c’eft-à-dire
p a r l'opprejfion des malheureux. O Dieu, délivrez-
moi desfangs, dit David , pf. I. , f . c’eft-à-dire des
peines que je mérite par le fin g que j’ai répandu. Ce
devroit être la priere de tous les rois qui ont aimé la
guerre. (D . J .)
S a n g , pureté de, (Hift. d'EJpag.') en Efpagne on
fait preuve de pureté de fang, comme on fait preuve
en France de nobleffe pour être chevalier de Malte
ou du Saint-Efprit, &c. Tous les officiers de l’inqui-
fition -, ceux du confeil fuprème & des autres tribunaux
doivent prouver leur pureté de fang , c’eft-à-
dire qu’il n’y a jamais eu dans leur famille ni juifs, ni
maures, ni hérétiques. Les chevaliers des ordres militaires
, & quelques chanoines font pareillement
obligés de joindre cette preuve aux autres, qu’on
exige d’eux. On les difpenfe de la pureté de fang au
propre, la figurative en tient lieu. (JD. J.')
S a n g de Jefus-Chrifl , ordre du ^ (Ordre milité) nom
donné à un ordre militaire inftitué à Mantoue en
•1608, par Vincent de Gonzagues , quatrième du
nom , duc de Mantoue. On peut lire, fur cet ordre
Donnemundi, dans fon hiftoire de Mantoue le Mire
, Faryn, Juftiniani & le pere Helyot. Je dirai
feulement que l’habit des chevaliers de cet ordre à
commencer par leur collier jufqu’à leurs bas de foie
cramoifi, eft affez bifarrement imaginé ; mais c’eft à-
peu-près la même chofe de prefque tous les autres
ordres militaires de l’Europe. ( D. J. )
S a n g , confeil de , (Hiß. mod.) eft un tribunal qui
fut établi en 1567 , dans les Pays-Bas , par le duc
d’Albe, pour la condamnation ou juftification de
ceux qui étoient foupçonnés des’oppofer aux volontés
du roi d’Efpagne Philippe II. Ce confeil étoit com-
pofé de douze perfonnes.
S a n g - DRAGON , f . m. ( Jîifl. des drog. exot. j
forte de réfine connue de Diöfcoride , fous le nom
de KivvdfapK, & des Arabes, fous celui de alachnem;
on l’appelle fanguis draconis dans les boutiques. C’eft
une fubftance réfineufe, feche, friable,inflammable.