au facre de Louis XIV. & de Louis XV. Au refte le
facrc du roi ne lui conféré aucun nouveau d roit, il '
eft monarque par fa naiflance & par droit de fuc-
ceffion ; & le but de cette pieufe cérémonie n’eftfans
doute que d’apprendre aux peuples par un fpeôacle
frappant, que la perfonne du roi eft facrée, &C qu’il
n’ eft pas permis d’attenter à fa v ie , parce que, comme
l’Ecriture dit de Saiil, il eft Y oint du feigneur.
Au facre de l’empereur, lorfque ce prince marche
en ordre avec les ele&eurs laïques & fes officiers à
î’églife où fe doit faire la cérémonie , l’archevêque
officiant, qui eft toujours un éle&eur eccléfiaftique,
& les deux autres éle&eurs de fon ordre vont le recevoir
; enfuite ou célébré la mefle jufqu’à l’Evangile
, alors on ôte à l’empereur le manteau royal, &
deux des éle&eurs eccléfiaftiques le conduifent à .
l’autel où , après quelques prières , l’életteur officiant
lui demande s’il veut profeffer la foi catholique
, défendre l’Eglife , gouverner l ’empire avec
juftice & le défendre avec valeur, en conferver les
droits , protéger les foibles & les pauvres , & être
fournis au faint fiege. Lorfqu’il en a reçu des répon-
fes convenables , confirmées par un ferment fur les
évangiles, & fait quelques autres oraifons , les fuf-
fragans de l’archevêque officiant découvrent l’empereur
pour le facrer, & l’archevêque prend l’huile
benite dont il l’oint en forme de croix fur le fommet
de la tête , entre les épaules, au c o l, à la poitrine,
au poignet du bras droit, & en dernier lieu dans la
main droite , difant à chaque on&ion la priere que
porte le rituel de cette cérémonie. Les deux autres
archevêques électeurs eflùyent l’huile avec du coton
, enfuite on revêt l’empereur de fes habits impériaux
& des autres marques de fa dignité, comme
le fceptre, le globe, &c. Quoique la bulle d’or pref-
crive de faire le couronnement de l’empereur à Aix-
la-Chapelle , il fie fait cependant ailleurs, comme à
Francfort, Ausbourg, Nuremberg.
Sacre ou Sa cr e t , {Art milit.) ce nom fe donnoit
anciennement à des pièces de canon de fonte, qui
pefoient depuis 2500 livres jufqu’à 2850. Elles chafi
foient des boulets de 4 & de 5 livres, & elles avoient
environ 13 piés de longueur. Ces pièces ne font
plus d’ufage, mais il eft néceffaire qu’un officier
d’artillerie en ait connoiffance , afin de n’être point
embarraffé dans les inventaires qu’il peut être chargé
de faire , & dans lefquelles il peut fe trouver de
ces anciennes pièces. ( Q )
Sacre , f. m. (Faucon.) c’eft une efpece de faucon
femelle , dont le mâle s’appelle facret, il a les
plumes d’un roux foncé , le bec , les jambes & les
doigts bleus ; il eft excellent, & courageux pour la
volerie, mais difficile à traiter ; il eft propre au vol
du milan, du héron, des bufes & autres oifeaux de
montée : le Jacre eft paffager, & vient du côté de
Grece ; celui qui eft pris après la mue, eft le meilleur
& le plus vite.
SACRÉ, {Gram. & Théolog.) fe dit d’une chofe I
particulièrement offerte & deftinée à D ie u , ou attachée
à fon culte par des cérémonies religieufes & des
bénédi&ions. Voyt{ Consécr at ion.
Les rois , les prélats , les prêtres font des perfon-
nes facrées. Les abbés font feulement bénis. Le fou-
diaconat , le diaconat & la prêtrife font des ordres
f acres, qui impriment un caraâere faint, & qui ne
fe perd jamais, Voye{ Ordre.
La coutume de confacrer les rois avec de l’huile 1
fainte vient, félon Gutlingius, des Hébreux. Grotius :
eft du même fentiment ; mais il ajoute que chez ce
peuple on ne facroit que les rois qui n’avoient pas
un droit évident à la couronne. On croit que les empereurs
chrétiens ne fe firent point facrer avant Juf-
t in , de qui les Goths empruntèrent cette coutume, ;
que les autres nations chrétiennes d’Occident imiterent
depuis. Voye^ O n c t i o n & R oi.
Ce terme s’applique auffi à tout ce qui regarde
Dieu & l’Eglife. Ainli la terre des églifes & des cimetières
eft tenue pour facrée, c’eft pourquoi ce mot
locus facer lignifie en droit la place où quelqu’un a été
enterré, & c’eft un crime capital que de violer les
fépultures. Les vafes & les ornemens qui fervent au
facrifice font également nommés vafes & ornemens
f acres, avec cette différence que les vafes ont ce
nom d’une maniéré plus particulière , fervant à recevoir
& à renfermer le corps de Jefus-Chrift ; auffi
punit-on du feu les voleurs & autres qui les profanent.
On donne auffi au college des cardinaux le titre de
facre college.
On appelle l’empereur & le roi d’Angleterrefa-
crée majefté , facra majejlas. Titre qui mal à propos
a fcandalifé quelques écrivains qui l’ont traité de
blafphème. L’Ecriture ne nous apprend-elle pas que
les rois font les images de D ieu , qu’ils lui fom fpé-
cialement confacrés, & ne les appelle-t-elle pas les
oints du Seigneur ?
Les anciens regardoient comme facrée une place
où le tonnerre étoit tombé. Voye^ Bid e n t a l , Ful-
g u r i t u m & T o n n e r r e .
Sacré , adj. ce qui appartient à l’osfacrum. Les
nerfs facrés pafl'ent en partie par le grand trou antérieur
de l’os facrum, & par les échancrures latérales
de l’extrémité de cet os & du coccyx : ils font ah
nombre de fix paires. La première eft fort groffe, la
fécondé l’eft moins, & les autres diminuent fiic-
ceffivement. Les quatre premières paires s’uniG
fent enfemble dès leur entree dans le baffin pour former
le nerf fciatique : elles fôurniffent outre cela
plufieurs filets aux véficules féminales, aux proftates,
à l’ufefus, aux trompes de Fallope, à la veffie, au re-
âum, au' corps caverneux, à leurs mufcles, & aux autres
parties voifines.
Les deux dernieres paires des nerfs facrés font
très-petites, & fe diftribuent à l’anus & au tégument
voifin.
Les arteres facrèes font des rameaux de l’aorteinférieure
& de l’hypogaftrique ; elles fe diftribuent à l’os
facrum.
SA CR E , cap, { Géog. anc. ) facrum promontorium *
nom commun à plufieurs caps , dont l’un eft , félon
Ptolomée, un cap de Lufitanie, aujourd’hui le cap
de S . Vincent en Portugal.
Un autre de ce nom eft en Irlande, daîis la partie
mériodionale de la côte orientale, félon le même
Ptolomée, l. II. c. ij. Ce cap eft aujourd’hui nommé
Concarne fur les cartes.
Un troifieme eft dans Pile de Corfe, au nord de la
côte orientale. C ’eft aujourd’hui cabo Corfo.
Un autre eft dans la Sarmatie en Europe. C ’eft la
pointe orientale de la langue de terre , que les anciens
appelaient Achilleos dromos , la courfe d’Achille.
Un cinquième eft en Afie dans la L y c ie , entre
l’embouchure du fleuve Limyros & la ville d’Olym-
p e , félon Ptolomée , l. V. c. iij. Sophien l’appelle
cabo Chélidoni, d’où les interprètes ont pris leur ca-
put Chelidonioe.
Un fixieme eft à l’entrée du Pont-Euxin, félon
Zozime, l. II. à 200 ftades de Chalcédoine, c’eft-
à-dire à 25 milles anciens, qui font 5 lieues, de 4000
pas géométriques ; d’autres le nomment Hieron Oros.
SACRES jeux , {Antiq. greq. & mom. ) c’étoit ainfi
qu’on nommoit chez les Grecs & chez les Romains
tous les jeux faits pour rendre un culte public à quelque
divinité. Comme ces jeux ou fpeétacles entroient
dans les cérémonies de la religion , c’eft pour cela
qu’on les appelloit facrés & divins. Tels étoient les
quatre principaux jeux de la Greçe, appelés olympe.
ques, pithiques, néméens & ijihmïqucs ! tels étoient
chez les Romains les capitolins , les apollinaires,
les céréaux , les martiaux, &c. Les honneurs divins
ayant été déférés dans la Grece aux empereurs ; les
Grecs firent célébrer en l’honneur de ces princes
des jeux facrés fur le modèle de ceux qui avoient
été primitivement inftitués en l’honneur des dieux. ÉÉÉ|| SACRÉE année , {Art. numifnatiq.') ETOT2 IE P Ô I ,
& a n n é e n o u v e lle facrée, E T o r s n ï o t IEPOT, in fcr ip -
t io n s q u ’o n lit fu r p lu fieu r s m éd a ille s fr a p p é e s p a r
d e s v ille s g r e q u è s d e l’O r ie n t .
Les villes d’Orient offfoient des facrifices , des
voeux publics, & donnoient des fpeftacles magnifiques
à l’avénement des empereurs au commencement
de leur année civile , & aux jours anniverfaires de
leur avènement à l’empire.
Ces villes donnoient le nom d’année facrée à leurs
années, à eâufe de la folemnité des facrifices & des
jeux qui faifoient partie du culte religieux.
Elles appélloient à l’exemple des Romains année
nouvelle première le jour de l’avénement des princes •
en quelque mois de l’année qu’il arrivât, comme Sé-
neque l’aflure de l’avénement de Néron , & comme
une médaille de la ville d’Anazarbe le prouve pour ■
l’avénement de TrajanDece.
Elles diftinguoientla folemnité du commencement
de l’année civile , & la folemnité anniverfaire de
l’avénement à l’empire par l’infeription de Vannée
nouvelle facrée, 6c par l’infeription de Vannée facrée
que l’on gravoit fur les médailles que l’on faifoitfrapper
pour-lors. (D . J.)
Sacrée chofe, {Antiq. rom.') les lois romaines ont
diviié les choies en facrées , religieufes & faintes.
Celles qui avoient été confacrées aux dieux folem-
nellement par les pontifes , ou qui avoient été dédiées
au culte des dieux étoient appéllées facrées.
Les devoirs rendus aux m orts, & tout ce qui concer-
noit la fépulture, étoient du nombre des chofes religieufes.
L’on appelloit chofesyïzï«/Mcelles qui étoient
en quelque maniéré fous la proteâion des dieux,
comme les murs & ies portes d’une ville. On a indiqué
dans cet ouvrage la formule qu’on employôit
pour la confécration des chofes qu’on dévouoit au
fervice des dieux, & nous avons une infinité d’inf-
criptions qui font connoïtre que les fépulchres ren-
doientfacré le lieu ou ils étoient élevés. (Z>. J . ) '
Sacrée guerre , {Hifl. greq.) il’y a eu trois guerres
facrées. La première éclata contre les Crifléens, qui
exigèrent de gros droits des pèlerins de Delphes, &
pillèrent le temple d’Apollon ; la guerre leur fut déclarée
par ordre de l’oracle & des amphy&ions ; ils
foutinrent un fiege de dix ans dans leur ville , qift
fut enfin emportée d’affaut. La fécondé guerre facrée
s’éleva contre les Phocéens & les Lacédémonieiis ’;
elle dura neuf ans , & finit par la mort de Philomé-
lus, chef des Phocéens , qui voyant fon armée défaite
, fe précipita du haut d’un rocher. La troifieme
guerre facrée, autrement nommée la guerre des confédérés
, fe renouvella entre les mêmes peuples ; les
Phocéens foutenus d’Athènes & 'd e Lacédémone,
s’unirent contre les Thébains & les Theffaliens ; &
ces derniers appelèrent à leur fecours Philippe de
hlacedoine, q u i, par fon génie & fon habileté', devint
maître de toute la Grece. Diodore de Sicile &
Paufanias ont eu l’art de nous intéreffer à leurs def-
criptions de toutes ces guerres, comme fi elles fe fai--
foient de nos jours. {D . J .)
I SACREE colline , { Géog. anc.) facer collis ; colline
d Italie, au bord du Teverone. Elle étoit, félon Tite-
L ive ,/.//. c. xxxij. à 3 milles de Rome, & à l’autre
bord duTeverone. Il l’appelle facer nions, & il penche
plus pour ceux qui croient que le peuple romain
s y retira, •lorfqu’il fe brouilla avec lès màgiftrats,
Tome X IV .
que pour ceux qui difent que ce fiit fur le mont
Aventin. Valere M a x im e VIII. c. ix. nomme auffi
la colline facrée en parlant de cette fédition du peuple.
Il dit : Regibus exaclis , pltbs difjidens à patribusy
juxtà ripamAnienis , in colle qui facer appellatur, ar-
mata confedit. { D . J. )
SACREMENT, f. m. {Théologie.) en g én é r a l e ft
un lig n e d’ une ch o fe fa in te o u f a c r é e . Voye^S i g n e .
Ce mot vient du latin facramentum, qui lignifie un
ferment, & fingulierement celui que chez les anciens
les foldats prêtoient entre les mains de leurs généraux
, & dont Polybe nous a CQijfervé cette formule.
Obtemperaturus fum & faclurus quidquid mandabiturab
imperatoribus juxta vires. J’obéirai à mes généraux ,
j’exécuterai leurs ordres en tout ce qui fera en mon
pouvoir.
Dans un fens général, oh peut dire avec S. Au-
guftin que nulle religion, foit vraie, foit fauffe , n’a
pu s’attacher les hommes fans employer des fignes
fenfibles ou des facremens. Ainfi la loi de nature a eu
les fiens, telle que l’offrande du pain & du vin, pratiquée
par Melchifédech ; & l’on trouve dans celle de
Moïfe la circoncifion , l’agneau pafchal, les purifications
, la confécration des pontifes. Le paganifme
pourra mettre auffi au nombre de fes facremens les
luftrations, les expiations, les cérémonies des myf-
teres d’Eleufine & de Samothrace, car tout cela étoit
fymbolique & fignificatif.
Mais dans la loi nouvelle, le mot facrement fignifie
nnejîgne fenfible d’une grâce fpirituelle , inftitué par
notre Seigneur Jefus-Chrift pour la fan&ification des
hommes.
Socin & fes difciples enfeignent que les facremens,
ne font que de pures cérémonies, qui ne fervent tout-
au-plus qu’à unir extérieurement les fideles enfemble
, & à les diftinguer des juifs & des gentils.
LesProteftans n’en difent guere davantage, en prétendant
que les facremens ne font que de pures cérémonies
inftituées de Dieu, pour fceller & confirmer
les promeffes de la grâce, pour foutenir notre foi Sc
pour noqs exciter à la piété. Ils n’en admettent communément
que deux , le baptême & l’eiichariftie,
o u , comme ils l’appellent, la fainte cène ; les Anglicans
y ajoutent la confirmation.
Les Catholiques au contraire, qui penfent que les
facremens produifent par eux-mêmes la grâce fantti-
fiante , en admettent fept après toute la tradition ,
favoir le baptême, la confirmation, l’euchariftie la
pénitence,l’extrème-on&ion, l’ordre, & le mariage;
nous avons traité de chacun en particulier fous leur
article. L ’oyez B a p t ê m e , &c.
Les facremens font des êtres moraux qui font ef-
fentiellement compofés de deux parties , de quelque
chofe de fenfible, & de quelques paroles. C’eft de
l’union de ces deux parties que réfulte le facrement *
audit verbum ad elementum , dit S. Auguftin , tract. 8.
in Joan. & fit facramentum. Les théologiens feho-
la(tiques ont donné le nom de matière aux chofes fenfibles,
& le nom de forme aux paroles. Voyeç Mat
i è r e & F o r m e .
Les Proteftans foutiennent que les paroles qui entrent
effentiellemént dans, la compofition des facremens,
doivent renfermer une inftruétion ou contenir
une promeffe. Mais l’une & l’autre prétention n’ont
nul fondement dans l’Ecriture ou dans la tradition
& d’ailleurs la fin prochaine des facremens n’eft pas
d’inftruire les hommes, ou de leur promettre la grâce,
mais de la leur conférer ; ainfi ces paroles font proprement
confécratoires , foit en retirant de l’ufage
profane la chofe fenfible qui forme la matière , foit
en initiant aux myfteres divins , celui qui reçoit les
facremens.
Mais outre l’application de la forme & de la matière,
on exige encore dans le mini ftre qui conféré
O o o ij