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» re à votre fervice, de joie 6c de reconnoiffânce ».
Voilàl e portrait d'Henri IV. &: de Sully.
A la mort funefte de ce grand monarque, arrivée
en 16 i o , le duc de Sully fe vit contraint de fe rendre
dans une de fes terres, 6c d’y mener une vie privée.
Quelques années après, le roi Louis XIII. le fit revenir
à la cour, pour lui demander fon avis fur des affaires
importantes. Il y vint quoiqu’avec répugnance.
Les jeunes courtifans, qui gouvernoient Louis
Xm . voulurent félon l’ufage, donner dès ridicules
à ce vieux miniftre, qui reparoiffoit dans une jeune
cour, avec des habits & des airs de modes paffés depuis
long-tems. Le duc de Sully qui s’en apperçut,
dit au roi : « S ire, quand le roi votre pere, ,de glo-
» rieufe mémoire, me faifoit l’honneur de me con-
» fulter, nous ne commençions à parler d’affaires,
»» qu’au préalable on n’eût fait paffer dans l’anti-
»» chambre les baladins & les boufons de la cour».
M. l ’abbé de l’Eclufe a rédigé dans un nouvel ordre
les (Economies royales de Sully. C’eft un très-bon
ouvrage, mais qui n’a point fait tomber le mérite de
foriginal au jugement des curieux. Il n’a pu inférer
dans fon abrège, quantité de chofes inftruélives fur
les affaires d’état ; & en même tems il a paffé fous fi-
lence quelques anecdotes fingulieres. Telle eft, par
exemple,celle qu’on lit dansïes (Economies, p. 2/o.
« Je me Souviendrai toujours, dit M. de Su lly, de
»> l’attitude 6c de l’attirail biiarre oii je trouvai ce
» prince (Henri III.) , dans fon cabinet, en 1586. Il
» avoit l’épée au côté, une cape fur.les épaules, une
» petite toque fur la tête, un panier plein de petits
»» chiens, pendu à fon cou par un large ruban ; 6c il
» fe tenoit fi immobile, qu’en nous adreffant la pa-
»» rôle, il ne remua ni tête, ni pies, ni mains». (Le
' chevalier de J AU COU K T )
ROSOIR, f. m. (Luth) outil dont les Fadeurs de
clavecins fe fervent pour percer dans les tables des
clavecins 6c des épinettes, les trous où on met la ro-
fe. Cet infiniment repréfenté fig. 12. Pl. X V I I . de
Lutherie, fe rapporte au compas à verge. Il eft com-
pofe de deux pièces de bois D E , égales, qu’on peut
appeller boîtes. Au milieu de la boëte D , eft fixée
une tige quarrée de bois F C , qui y eft chevillée &
collée. Cette tige traverfe l’autre boëte E , dans laquelle
elle peut couler. On fixe cette boëte à l’endroit
de la tige F C , que l’on defferre par le moyen
d’une clé, ou d’une viflè qui traverfe cette meme
boëte, 6c qui ferre contre la tige FC. A un des côtés
de la boëte D , eft une pointe conique A , & vis-
à-vis à la boëte E , eft une autre pointe B , laquelle
eft tranchante.
Pour percer une rofe avec cet outil, il faut mettre
la pointe A au centre de la rofe , & avec la
pointe tranchante B (qui doit être éloignée de la
pointe A du demi-diametre de la rofe ), tracer un
cercle, dans le trait duquel on repaffera la pointe B
autant de fois qu’il fera néceffaire pour détacher entièrement
la piece enfermée dans la circonférence :
du cercle que la pointe tranchante a tracé. On remplit
enfuite le trou avec une découpure, ou grille de
carton peint, artiftement travaillée, qui eft ce qu’on
appelle proprement rofe. Voye? Cl a v e c in .
^ ROSPERDEN, (Gèog. mod) petite ville, ou plutôt
bourg de France, dans la Bretagne , au diocèfe
& à l ’orient de Kimper. ( D. J )
ROSPO, vcyei G lorieuse,
ROSS, (Gèog. mod.) province de l’Ecoffe fepten-
trionale, & la plus grande de toutes, car elle s’étend
d’une mer à l’autrei Elle eft remplie de lacs, de montagnes
& de bois ; aufli le bétail & les bêtes fauves
y abondent. Elle fut annexée à la couronne fous le
régné de Jacques III.
Lejley ( Jean ) , célébré écrivain écoffois, d’une
ancienne famille, naquit à Rofs en 1527, 6c devint
évêqtie de fa patrie. Dans les difputes de religion, il
prit le parti des catholiques romains; mais cela ne
l ’empêcha pas de cultiver les fciences.
Il a publié une hiftoire latine, de origine, moribus
& rebus gejiis Scotorum, à primordio gentis ad annum
1-562 ; Jimul & regionum ac infularum Scotioe deferip-
ùoy Romte 16,78, in-fol. Il y a du bon dans cet Ouvrage;
mais l’auteur auroit du y développer plus de
jugement dans la defeription des provinces, & s’être
abftenu d’y mêler des contes de vieilles, & des hif-
toires romanefques de miracles ; cependant il y détaille
plufieurs chofes peu connues fur les moeurs,
les lois 6c le gouvernement d’Ecoffe. En parlant des
oifeaux rares du pa ys, il fait d’aflèz bondes obferva-
tions fur le faucon, le coq de bruyères 6c autres
fur les baleines , les harengs & le faumon parmi les
poiffons. Tout l’ouvrage eft écrit en homme de qualité
; il le finit par la réflexion f ùivante, qui eft d’un galant
homme. « Certaines chofes, dit-il, font fi rem-»
» plies de perfidie, que quoiqu’elles méritaffent d’ê-
» tre connues de tout le monde, elles font-néan-*
» moins indignes que je prête ma plume à les écrire,
» eftiifiant devoir dérober à la connoiffance des
» étrangers, des aérions que j’ai fouvent tâché au
» péril de ma vie, d’empêcher mes compatriotes de
» ; commettre ».
II fit plufieurs écrits à la gloire & à la défenfe de
fa bonne maîtreffe, Marie Stuart. Il eft l’auteur d’un
traité qui parut à Liege,.en 1571 in-8°. dans lequel
on prouve que le gouvernement des femmes eft conforme
aux lois divines 6c humaines. (D . /.)
ROSSA ou LA Rosa , (Gèog. mod) ville d’Afie
dans l’Anatolie, fur le golfe de Macri. Quelques-uns
croient que c’eft l’ancienne Caunus, ville de Carie,
dans la Doride, 6c célébré pour avoir été la patrie
de Protogène. (D . J )
' ROSSAL, (Gèog. mod) bourg à marché de la province
de Lancaftre.
Allen ou Allyn (Guillaume), qui devint cardinal,
naquit ici dans le xvj. fiecle. Il fut fait, en 15 58,
chanoine d’Yorck,&quand la reine Elifabeth monta
fur le trône, il quitta fa patrie & fe retira dans les
Pays-bas. Quelque tems après il revint en Angleterre,
où il demeura trois ans, pendant lefquels il s’érigea
en eonvertiffeur, & écrivit des ouvrages en faveur
de la religion romaine. Son zele extraordinaire
pour l’avancement des intérêts de fa religion, l’engagea
de fe rendre à Rome où le pape Sixte V. le nomma
cardinal prêtre, en 1587, &deux ans après archevêque
de Malines fans réfidence. Il mourut à Rome
en 1594, âgé de 63 ans.
On l’a dépeint différemment dans les différens partis
: mais on convient en général, qu’il étoitfavant,
d’un efprit a£rif& courageux, affable & infinuant
dans fes maniérés. Il eft auteur de plufieurs ouvrages,
tant en latin qu’en anglois; 6c quelques-uns
d’eux méritèrent dans le tems qu’on y répondît.
ÇD.Jf) .. 5 ;
ROSS ANE, f.f. (Bot an) nom vulgaire qu’on donne
à toutes les pêches 6c pavies qui font dé couleur
jaune; il y en a de différentes groffeurs, de tardives
& de hâtives , dont les unes gardent le noyau, 6c
dont les autres le quittent. Vo y e .^ Pêcher. ( D . J )
ROSSANO, (Geog. mod) en latin Rufcianurn ou
Rofcianum; ville d’Italie au royaume de Naples, dans
la Calabre citérieure, à 2 ou 3 milles du golfe de
Venife, au bord d’une petite riviere qui fe jette dans
le Célano,à 10lieues au nord-eft de Cozenfa. Cette
ville dans le viij, fiecle, étoit un évêché fous Reg-
gio : on y transféra enfuite l’évêché de Thurium; 6c
enfin on l’érigea en archevêché vers l’an 1193. Long..
3 4 - lat.gc,,44.
Cette ville a été la patrie de l’antipape Jean XVIf.
nomme auparavant Philagatht, auquel l’empereur
Otîtori ïll. fit couper les mains 6c les oreilles, 8c attacher
les yeux'en 998. C’étoitAune barbarie bien
odieufe, vis-à-vis d’un évêque qui étoit homme de
mérite, favant, &'que Crefcentius qui tenoit Rome
fous fa dépendance avoit fait élire pape, pour l’op*
pofer à Grégoire V. (D . J )
ROSSE ou Ross, (Gèog. mod) nom de deux petites
villes-delà grande-Bretagne ; l’une eft dans le
comté d’Herefort, fur la Wye. Elle a droit de march
é, & eft connue par fes forges. L’autre eft en Irlande
dans la province de Momonie, au comté de
C o r k , fur le bord de la mer; mais depuis que fon
évêché a été réuni à celui de C b rk , cette place a dé*
généré en fimple village.- (D . J )
Rosse , f. f. (Maréchal) méchant cheval, ufé de
vieilleflè ou de maladie, & qui n’eft fenfible ni à l’é*
peron, ni à la gaule.
ROSS EL A E R , prononcez ROSSELARy ( Gèog.
mod. ) petite ville des Pays-bas, dans la Flandre autrichienne,
fur le. chemin d’Ypres à Bruges, à quatre
lieues de la première. Elle eft gouvernée par un
bailli, un bourgmeftre, un pensionnaire, un tréfo-
rier, & des échevins. Il s’y faifoit autrefois un, grand
commerce de toiles, mais ce n’eft plus de même depuis
les guerres du dernier fiecle, & le nombre de
fes habitans diminue tous les jours. L0ng1t. 20.g1.
lai. 5o. 6g. (D . J ).
R O S S EN A , (Gèog. mod) petite ville d’Italie,
dans le comté de même nom , dont elle eft le chef-
lieu ; ce comté eft enclavé dans le Moderiois, qui le
borne au nord, à l’orient &c au midi; & la Leuzà
l’arrofe au couchant. (D. J ) •
. ROSSEROLLE, voyei Rousserolle.
ROSSIGNOLott ROUSSIGNOL, f. m. (Hift. nau
Ornitholog) roffîgnol franc , lueïnia feu philomela, oi-
feau très-connu par fon chant ; il eft de la groffeur
du chardonneret ou de la gorge-rouge , mais il a le
corps un peu plus alongé ; toute la faceifupérieure
de cet oifeau eft d’un roux clair, mêlé d’une teinte
de verd; la queue aune couleur rouffe plus foncée ;
le ventre eft blanchâtre. La gorge, la poitrine & la
face inférieure des aîles font d’un brun obfcur, mêlé
d’une teinte de yerd ; le bec à une couleur noirâtre ;
& le dedans de la bouche eft jaune ; les piés font
d’une couleur de chair obfcur. Rai fynop. meik,
avium. V°ye( OlSEAU.
Le rofjignol avoit toujours été regardé comme un
oifeau de paffage , cependant d’auteur du traité du
Rofjignol franc prétend que cet oifeau ne quitte pas
ces climats pour en aller chercher de plus tempérés,
il'eroit qu’il fe tient caché pendant l’hiver à l’abri du
froid. Quoi qu’il en foit, cet oifeau ne paroît en
France qu’au commencement d’A v r il, & on ne le
voit plus fur la fin de Septembre ; il eft très-folitai-
re ; il fe plaît dans les lieux où il y a un écho ; il
chante très-agréablement une partie du jour & de la
nuit, fur,-tout dans le tems que fa femelle pond &c
pendant l’incubation de fes oeufs. Elle fait ordinairement
deux pontes chaque année & quelquefois trois;
la troifieme ponte réuflit rarement , fur- tout fi le
froid commence trop tôt. Chaque ponte eft de quatre
ou cinq oeufs qui font d’une couleur bronzée ;
le nid eft long , profond , & compofé de feuilles fé-
ches de chêne. Voye? le traité du Rofjignol franc.
' Cet oifeau admirable qui n’eft que voix , & dont
la voix n’eft qu’harmonie, fé plaît dans les bois frais,
épais, & ombrageux, c’eft-là qu’il conftruit fon nxd,
deux fois l’annee , tantôt fous des bluffons contre
terre, & proche des troncs d’arbres, tantôt dans les
arbriffeaux verds & touffus ; il le compofe. de feuilles
, de paille, & de moufle, & le confinât un peu
en long. Si vous pouvez trouver de ces nids , avec
des petits tout jeunes , ne les enlevez point ; mais fi
par hafarçl quelqu’un moins fage que vous vous en
àppôrtôit, prenez-en le foin le plus prééieux ; met*
tez ce nid dans un vaiffeau convenable un peu couv
e r t, jufqu’à ce que les petits puiffent fe foulevèr ;
nourriflèz1-les attentivement avec de petits vers de
farine , & avec une pâte , dont j’indiquerai dans là
fuite la compofition ; • quand les petits Yoffignols un
peu forts, feront prêts à manger feuls, vous les met*
trez dans une cage que vous placerez auprès d’un
bocage afin qu’ils apprennent leur chant naturel.
Le rofjignol mâle a le fondement élevé, l’oeil gros,
la fête'grdffe 6c rondelette, le bec urtpeu’gros- 6ô
long:, Je croupion large avec une rayure au milieu,
laquelle fembie le partager en deux. La femelle a le
fondement 6c la tête plüs applatie , le bec court &c
menu, l’oeil petit, le.croupion plus étroit, & le pen*
nage plus cendré ; donnezdui la liberté.
Les rofjignols aiment' extraordinairement les Vers
qui viennent dans la farine ; l’on en trouve quantité
chez les Pâtifliers & chez les Boulangers. Les oeufs
de fourmis font auffi les délices de ces oifeaux, 6c
leur fe-rvent quelquefois de remede quand ils font
malades.
La cage où l’on met un rofjignol qui a été pris au
trebuchet ou au petit rets , doit être d’abord fanâ
bâtons, 6c toute environnée de papier appliqué fur
de la moufle. Il faut app'âteler ce rofjignol tous les-
jours cinq ou fix fois adroitement, tantôt avec de
petits vers en v ie , tantôt avec ces mêmes vers mê-‘
lés avec du coeur de mouton bien pur, bien battu,
& haché. Quelque tems après , on ôtera peu-à-peii.
le papier dont la cagè eft environnée, en y laiflant
toujours de la moufle.ou autre.verdure, enforte que
la cage en foit toute couverte ;’ âinfi l’oifeau s’habi--
'tuera à voir là campagne, 6c à refpirér un air frais ;
alors les bâtons que vous remettrez dans la cage doivent
être.garnis de moufle, parce qu’il a coutume
de fréquenter les lieux qui en font tapiffés.
La-pâte dont on nourrit le rofjignol fe fait ainfn
On prend.fur deux livres de farine de pois , demi-livre
d’amandes * douées mondées,, quatre onces de
beurre ,. quatre jaunes d’oeufs durcis fous la cendre
chaude, 6c bien pilés , ainfi que les amandes ; on incorpore
le tout après l’avoir mélangé., avec la farine
dé pois dans une poëlè à confiture fur un feu de
charbon l’on remue cette pâte jufqu’à ce qu’elle
foit cuite ; enfuite on prend une livre de miel 6c deuxs
onces de beurre, qu’on fait fondre dans' un pot de
terre neuf, 6c on-en ôte l’écume. Alors il faut que
celui qui a la pâte ait une fpatule de bois, & qu’une
autre perfonne ait une cueillere, 6c mette fur la pâte
le miel cueillèrée à cueillerée ; en même tems celui
qui prend foin de la pâte la remuera continuellement
jufqu’à ce qu’elle foit bien grenuè ;.on mettra
dans cette pâte un peu de fafran pour la rendre apé-
ritive,: La pâte éranr bien grenue 6c jaune, on la
paffe dans une pafloire, dont les trous font ronds, 6c-
on la fait tomber fur une ferviette blanche pour la
fécher ; quand elle fera feche, on la ferrera dans un
pot qu’on tient couvert, 6c où elle fe confervera plu-
fleurs mois; c’eft là la meilleure nourriture des rofji
8nols‘ ' : . , ,
• Ils font fort délicats, fujets à la goiitte, à des.fpaf-
mes, ou trop de graiffe ou de maigeur, & à de petits
boutons. Si le rofjignol eft trop g r a s o n le purgera
avec une couple de vers de colombier & de l’eau fu-
crée. Dans la trop grande maigreur, on lui donnera
des figues fraîches ou féches émiettées. La goutte lui
arrive au bout de deux ou trois ans, & l’on ne peut
que la pallier en lui oignant les pâtes d’un peu de
graiffe.
Ce n’eft pas ici le lieu de parler de differentes efpe-
ces de rofjignols connues ; je dirai feulement que Pli-,
ne rapporte qu’un rofjignol q.ui étoit un peu blanc fut:
payé de fon tems-fix grands fefteres, c’eft-à-dire.