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» de la ville de Lyfinoé qui lui envoyoit des .dépu»-
» tés. On arriva bientôt dans le territoire de Saga-
» lajfus, oïi il y avoit quantité de grains. Les habitans
» font des Pifidiens , les meilleurs foldats de tout ce
» pays ; ce qui joint à la fécondité de la terre, à la
» multitude d’un peuple nombreux, & à la fituation
» de la ville extraordinairement fortifiée, enfle le
» courage ». ( D. J. )
SAGAMITÈ, f. f. ternit de relation j efpece de mets
dont fe nourriffent les peuples du Canada. La fa garni
té fe fait avec du blé d’Inde que les:femmes cultivent
, 6c qu’ elles broyent avec des pierres. Elles le
cuifent dans l’eau , 6c y mêlent quelquefois de la
chair 6c du poiffon. ( D. J. )
SAGAN, f. m. ( Hiérarchie des Hébreux. ) le fagan
chez les Hébreux étoit le lieutenant du grand-prêtre,
6c celui qui faifoit les fondions en fon ablcnce. Ainfi
Eléafar étoit le vicaire d’Aaron, fouverai.n pontife.
11 eft parlé dans les livres des rois de ces deux charges
de prêtrife. [ D . ƒ.)
S a g a n , ( Géog. mod.') petite ville ou bourgade
d’Ailemagne en Siléfie, capitale de la principauté de
même nom , au confluent du Bober 8c de la Queifs,
à 38 lieues de Prague, avec un château. Elle étoit
autrefois bien peuplée , mais elle a foulfert plufieurs
malheurs confécutifs , qui l’ont réduite à une feule
paroiffe ; elle appartient à préfent au prince de Lob-
kowitz. Long, j 2. ip /. latit. S z. g f . ( E). A )
SAG APÈN UM , l. m. ( Hiji. des Drogués exot.')
fuc qui tient le milieu entre la gomme 6c la réfine ;
tantôt il eft en grandes, gouttes comme l’encens, tantôt
en gros morceaux : il eft roul'sâtre en-dehors , &
intérieurement d’une certaine couleur de corne ; il
plie,blanchit fous la d en t,& même entre les doigts ;
il eft d’un goût âcre 6c mordicant, d’une odeur puante
, forte, qui approche de celle du porreau , 6c qui
tient, comme le milieu entre l’affa-foetida & le gal-
banum.' Lôrfqu’on l’approche de la chandelle il s’enflamme
, 6c quand il eft cuit fur le feu avec de l’eau,
du v in, & du vinaigre, il fe réfout entièrement; ôn
en trouve dans ies boutiques des morceaux fales;
6c comme fondus, d’une couleur obfcüre , mais qui
ont le même goût 6c la même odeur, que le plus '
pur.
On eftime le fagapenum qui eft tranfparent, roux
en-dehors, qui paroît former intérieurement des
gouttes blanches ou jaunâtres, qui lorfqu’on le brife,
plie fous les doigts , & qui lorfqu’on le manie, répand
une odeur également pénétrante & defagréa-
ble.
Charas fait mention d’un fagapenum blanc en-dedans
& en-dehors, qu’il croit le meilleur; mais on
en trouve rarement de tel dans les boutiques.
Les anciens Grecs connoifl'oient le fagapenum ;
Diofçoride dit que c’eft le fuc d’une plante férulacée
qui croît dans la Médie ; on nous l’apporte encore
aujourd'hui de Perfe &. d’Orient.
La plante d’oïi il découle nous eft inconnue : on
. coniedure avec affez de raifon par les parcelles de
tiges 6c les graines, qui font fouvent mêlées avec ce
fu c , que c’eft une efpece de férule. ( D. J.)
SAGARI le , ZAGARI, ou SACARIE, (Géogr.
mod. ) riviere de l’Anatolie ; fon nom vient fans doute
de Sangarios, fleuve affez célébré dans les anciens
auteurs, lequel fervoit de limites à la Bithynie. H ' ■ ■ ■■■II SAGARIS , ( Géog. anc. ) riviere de la Sarmatie
en Europe. Ovide, de Ponto, l. IV. eleg. x. y. 45.
& faqq- dit en nommant divers fleuves qui avoient
leurs embouchures dans la mer Noire:
Adde quod hic claufo mifeentur flumina Ponto,
Vimque fretum, multo perdit ab amnefuam.
H'uc Lycus, hùc Sagaris, Peniufaue. Hypunifque,
Çratefque ,
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înjluit y & crebro. vortice tortus Halys ,
Partiieniufquerapax & volvens faxa Cynapes
Labitur. & nullo tardior amnt Tyrus.
Si Ovide n’avoit mis dans cette lifte que des rivières
de la côte feptentrionale , ce paffage feroit dé-
cifif ; mais il y en met, comme l’Halife , qui font de
la côte méridionale. Il eft naturel de croire que le
Sagaris du poëte, eft la riviere dont l’exnbouchure
en forme de golfe, eft nommée Sagaricus jinus par
Pline , /. IV. c. xij. Sagaris s’appelle aujourd’hui le
Pagre. ( D. J . )
S A G A R IU S , f. m. ( Hijl. anc. ) marchand de
foie ou de couverture. .
SAG A TIO , f. f. ( /7i/2. rom fa c’eft ce que nous
appelions berner, faire danfer fur la couverture : l’empereur
Othon s’amufoit dans fa jeuneffe à berner les
ivrognes qu’il trouvoit la nuit dans les rues ; ce fut
aufîi l’amufement de Néron.
SAG D U , f. m. ( Gramm. ) pain qui fe fait avec la
moelle d’un arbre : on mange le fagdu aux Moluques
6c en d’autres contrées de l’orient.
SAGE l e , ( Philofophie. ) le fage, quelque part
qu’il fe trouve, eft, comme dit Leibnitz, citoyen de
toutes les républiques, mais il n’eft pas le prêtre de
tous les dieux ; il obferve tous les devoirs de la fo-
ciété que la raifon lui preferit ; mais fa maniéré de
penfer au-defliis du vulgaire, ne dépend ni de l’air
qu’il refpire, ni des ufages établis dans chaque pays.
Il met à profit l’inftant qu’il tient, fans trop regretter
celui qui eft paffé, ni trop compter fur celui qui s’approche.
Il cultive fur-tout fon efprit ; il s’attache au
progrès des Arts ; il les tourne au bien public, & la
palme de l’honneur eft dans fa main. Il fait tirer un
bon ufage des biens & des maux de la vie , fembla-
ble à la terre qui s’abreuve utilement des pluies, 6c
qui le pénétré des chaleurs vivifiantes dans les jours
brillans & ferains. Il tend à de fi grandes chofes, dit
la Bruyere, qu’il ne porte point les defirs à ce qu’on
appelle des tréfors, des poftes, la fortune, & la faveur.
Il ne voit rien dans de fi foibles avantages, qui
foit affez folide pour remplir fon coeur, & pour mériter
fes foins. Le feul bien capable de le tenter, eft:
cette forte de gloire qui devroit naître de la vertu
toute pure 6c toute fimple ; mais les hommes ne l’accordent
guere ,6 c il s’en paffe.
Si vous avez quelque goût pour le fage , 6c que
vous aimiez à entrer dans les détails., de fa v ie , 6c
dans fa façon de penfer ', l’aimable peintre des fai-
fons va vous en faire le tableau.
Le fage, dit-il, eft celui qui dans les ville s , ou
loin du tumulte des villes, retiré dans quelque vallon
fertile , goûte les plaifirs purs que donne la vertu. Il
ne voudroit pas habiter ces palais fomptueux, dont
la porte orgueilleufe vomit tous les matins la foule
rampante des vils flatteurs qui font à leur tour abu-
fés. .11 ne fe foucie nullement de cette robe brillante,
où la lumière fait réfléchir mille couleurs, qui flotte
négligemment, ou' qui fe foutient par les bandes
d’o r , pour éviter la peine de la porter. Il n’eft pas
plus curieux de la délicateffe des mets : un repas frugal
, débarraffé d’un vain luxe, fuffit à fes befoins ,
6c entretient fa fanté ; fa taffe ne pétille pas d’un jus
rare 6c coûteux ; il ne paffe pas les nuits plongé dans
un lit de duvet, 6c les jours dans un état d’oifiv.eté :
mais eft-ce une privation pour celui qui ne connoît
pas ces joies fantaftiques &trompeufes, qui promettent
toujours leplaifir, & n e donnent que des peines
ou desmomens de trouble 6c d’ennui?
Loin des traverfes 6c des folles efpérances, le fage
eft riche en contentement, autant qu’il l’eft en herbes
6c en fruits : il s’aflïed tantôt auprès d’une haie
odoriférante, & tantôt dans des bofquets& des grottes
fombres ; çe font les afiles de l’innocence, ae la
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beauté fans art , de la jeuneffe vigoureufe, fobre, Sc
patiente au travail. C’eft-là qu’habite la fanté toujours
fleurie,le travail fans ambition, la contemplation
calme, 6c le repos philofophique.
Que d’autres traverfant les mers courent après le
gain ; qu’ils fendent la vague bouillonnante d’écume
pendant de triftes mois ; que ceux-ci trouvant de la
gloire à verfer le fang, à ruiner les pays & les campagnes
, fans pitié du malheur des veuves, de la dé-
folation des vierges, St des cris tremblans des en-
fans ; que ceux-là loin de leurs terres natales, endurcis
par l’avarice, trouvent d’autres terres fous d’autres
cieux ; que quelques-uns aiment avec paffion
les grandes villes , où tout fentiment fociable eft
éteint, le vol autorifé par la rufe, & l’injuftice légale
établie ; qu’un autre excite en tumulte une foule fé-
ditieufe, ou la réduife en efclavage ; que ceux-ci enveloppent
les malheureux dans des dédales de procès,
fomentent la difeorde, & embarraffent les droits
de la juftice. Race de fer ! Que ceux-là avec un front
plus lerain, mais également dur , cherchent leurs
plaifirs dans la pompe des cours & dans les cabales
trompeufes ; qu’ils rampent baffement en diftribuant
leurs fouris perfides, 6c en fuivant le pénible labyrinthe
des intrigues d’état. Le fage libre de toutes ces
pallions orageufes, écoute, & n’entend que de loin
&c en sûreté, rugir la tempête du monde, & n’en fent
que mieux le prix de la paix dont il eft environné.
La chûte des rois, la fureur des nations, le renver-
fement des états, n’agitent point celui qui dans des
retraites tranquilles & des folitudes fleuries, étudie
la nature & fuit fa voix. Il l’admire, la contemple
dans toutes fes formes, accepte ce qu’elle donne libéralement
, & ne defire rien de plus.
Quand le printems réveille les germes, & reçoit
dans fon fein le foufle de. la fécondité, ce fage
jouit abondamment de fes heures délicieufes ; dans
l’été, fous l’ombre animée, & telle qu’on la goûte
dans le frais Tempé, ou fur le tranquile Némus, il
lit ce que les Mules immortelles en ont chanté, ou
écrit ce qu’elles lui di&ent; fon .oeil découvre, &
fon efpoir prévient la fertilité de l’année. Quand le
luftre de l’automne dore les campagnes, & invite la
famille du laboureur, faifi de la joie\univerfelle, fon
coeur s’enfle d’un doux battement ; environné des
rayons de la maturité, il médite profondément, &
fes chants trouvent plus que jamais à l’exercer. L’hiver
fauvage même eft un tems de bonheur pour lui:
la tempête formidable & le froid qui la fuit, lui inf-
pirent des penfées majeftueufes: dans la nuit les cieux
clairs & animés parla gelée qui purifie tout, verfent
un nouvel éclat fur fon oeilferain. Un ami, un livre,
font couler tramjuilement fes heures utiles; la vérité
travaille d’une main divine fur fon efprit, éleve fon
être, & développe fes facultés; les vertus héroïques
brûlent dans fon coeur.
Il fent aufli l’amour & l’amitié ; fon oeil modefte
exprime fa joie; les embraffemens de fes jeunes en-
fans qui lui fautent au cou & qui défirent de lui plaire
, remuent fon ame tendre & paternelle ; il ne mé-
prife pas la gaieté , les amufemens, les chants, & les
'danfes ; car le bonheur & la vraie philofophie font
toujours fociables, & d’une amitié fouriante. C’eft-
là ce que les vicieux n’ont jamais connu ; ce fut la vie
de l’homme dans les premiers âges fans corruption,
quand les anges, & Dieu même, ne dédaignoient
pas d’habiter avec lui.
Ajouterai-je pour terminer le tableau du fage , la
peinture qu’en a fait un de nos poètes d’après ces
Vers d’Horace , impavidum ferient ruinoe.
Le fage grand comme les dieux
Eft maître de fes dejlinées ,
Et de la fortune & des cieux.
S A G
Tient les puijfances enchaînées J
IL régné abfolumtnt fur la terre & fur C onde ,*
I l commande aux tyrans ; il commande au trépas ;
Et s'il voyoit périr le monde 9
Le monde en périjfant ne l'étonner oit pas,
( Le chevalier D E J A U COU R T. )
Sages , ( Littérature. ) nom fous lequel les Grecs
défignoient en général les Philofophes,les Orateurs,
les Hiftoriens, & les autres Savans de toute efpece.
Pythagore fentit le premier que le titre de fage, étoit
trop faftueux ; il prit celui de philofophe, qui fignifie
ami de la fagejfe. La doflrine des Juges, fi on en excepte
Thalès, qui cultivoit déjà la Phyfique 6c l’A-
ftronomie , fe bomoit à des fentences ou maximes
pour la conduite de la vie ; du refte, ni fyftème, ni
école formée, ni contradicteurs. ( D . J .j
Sages-GRANDS, ( C okv. de Venife. ) il y a fix
f âges-grands, ainfi nommés à Venife, parce qu’ils
manient les grandes affaires de la république, & que
pour cela, on fuppofe qu’ils ont plus de fageffe 6c
d’expérience que le commun des nobles. Ils examinent
entre eux les affaires qui doivent être portées
au fénat, & les lui propofent préparées & digérées ;
leur pouvoir ne dure que fix mois. On appelle fage
de la femaine, celui qui à chaque femaine reçoit les
mémoires & les requêtes qu’on préfente au college
des fages-grands, pour les propofer au fénat. Il y a
encore cinq Juges de terre ferme : leur fonClion eft
d’aflifter aux recrues des gens de guerre, 6c de les
payer. On les traite d’excellence comme les autres ;
il y a de plus le confeil des dix fages. C’eft un tribunal
où l’on eftime, 6c oïi l’on taxe le bien des particuliers
, lorfqu’il fe fait des levées extraordinaires.
Enfin, il y a les fages des ordres, qui font cinq jeunes
hommes de la première qualité, à qui on donne
entrée au college, où fe traitent les affaires de la république
, pour écouter & pour fe former au gouvernement
fur l’exemple des autres fages. Amelot de
la Houffaye. ( D . J. )
Sa g e , ( Maréchal. ) un cheval fage eft un cheval
doux 6c fans ardeur.
Sage , tableau fage fe dit en Peinture, d’un tableau
dans lequel il n’y a rien d’outré, 6c où l’on ne voit
point de ces écarts d’imagination, qui à force d’être
pittorefques, tiennent de l’extravagant, 6c oii les licences
ne font portées à tout égard qu?aux termes
convenables. Peintre fage fe dit aufli de celui qui fait
des tableaux de ce genre.
Sages chiens, ( Vénerie. ) ce font ceux cjui con-
fervent le fentiment des bêtes qui leur ont été données
, 6c qui en gardent le change.
Sage-femme, f. f. celle qui pratique l’art des aç-
couchemens. Les fages-femmes ont une maîtrife, 6c
ne forment point de communauté entr’elles. Elles
font reçues maîtreffes fages-femmes par le corps des
Chirurgiens, à la police duquel elles font foumifes.
Les lois pour les fages-femmes de Paris font différentes
que pour \ t s fages-femmes de province , tant des
villes que des villages. A Paris on ne peut être reçu
à la maîtrife de fage femme avant l ’âge de vingt ans ;
il faut avoir travaillé en qualité d’apprentiffe pendant
trois années chez une maît.reffefage-femme de Paris,
ou trois mois feulement à l’hôtel-dieu. Les brevets
d’apprentiffage chez les maîtreffes fages-femmes doivent
avoir été enregiftrés au greffe du premier chirurgien
du roi, dans la quinzaine de leur paffation ,,à
peine de nullité ; 6c les apprentiffes de l’hôtel-dieu
font tenues de rapporter un fimple certificat des ad-
miniftrateurs, attefté par la maîtreffe 6c principale
fage-femme de l’hôtel-dieu.
L ’afpirante à la maîtrife de fage-femme eft interrogée
à S. Corne par le premier chirurgien du roi ou
Ion lieutenant, par les quatre prévois du college de