changer, ce qui perdroit la petite quantité d’huile
qui s’y amafl'e ; cette eau fe décharge par ce tuyau
dans un fécond récipient ; &c comme l’huile eft plus
légère , elle fumage cette eau , 8c s’amafle dans le
col du récipient à la hauteur de l’ouverture , pendant
que l’eau du fond du premier récipient s’écoule
dans le fécond, à mefure qu’elle difolle. Ce récipient
, dont les Parfumeurs ont autrefois fait myf-
tere, peut feryir commodément aux difollations de
toutes les huiles eflèntielles un peu préciëufes. Mém.
de L'acad. des Sciences , ann: 170.0: ( D . J . )
Rose , ( Mat. médic. ) la rofe étoit déjà,regardée
par les anciens comme la panacée d’une infinité de
maladies ; c’eft l’éloge que Pline en fait. Les modernes
en tirent aufli un grand nombre de préparations ;
les principales font l’eau fimple de rofes, la conferve
de rofes, les tablettes de lue rofat, le fyrop de fuc
de rofes , le fuc de rofes folutif, i’éleftuaire du fuc
de rofes, le miel rofat , l’huile de rofes , l’onguent
rofat, le vinaigre rofat, 8c la teinture de rofes rouges.
On trouve dans toutes les pharmacopées la maniéré
& les ufages de ces diverfes préparations ; il
féroit feulement à louhaiter qu’elles fuffent plus fim-
ples & mieux dirigées qu’on ne le voit dans plufieurs
difpenfaires. L’eau qu’on retire des rofes par la distillation
, eft utile pour bafîiner les y eux dans leurs
inflammations. Le fyrop de rofes folutif, eft fort propre
pour purger les enfans. La conferve de rofes ,
pofîede une légère vertu cordiale 8c âftringente,
falutaire aux phthifiques. Le vinaigre rofat, mêlé
avec de l’eau de rofes , un peu de nitre 8c de camphre
, compofe un épithème propre dans les fievres
aiguës 8c les hémorrhagies du nez. ( D . J. )
Rose , ( Jardin. Fleurifle. ) fleur qui croît fur l’ar-
brifleau qu’on appelle rofier. Voye{ R osier.
Pline appelle la rofe la reine des fleurs 8c l’ornement
des jardins ; elle l’eft par fa beauté, par fes variétés ,
& par fon odeur délicieufe. Ses diverfes parties ont
été décorées de noms particuliers. On appelle l’on,
gle de la rofe la partie blanche de fa feuille qlii eft la
plus proche de la queue. On appelle hymen \a petite
peau qui enveloppe fon bouton , 8c qui s’ouvre
quand elle s’épanouit. Enfin le bouton même qui refte
après que les feuilles font tombées , le nomme grate-
cul. ( D .J .)
R ose de Jéricho , ( Botan. ) c’eftie myagrumex
Sùmatrid.& Syrid , fcmi'nefpinofo ,fimili capiti avicu-
la de Zanoni 142, & c’eft dans le fyftème de Tour-
nefort, une efpece de thlapfi , ou une petite plante
haute d’environ quatre doigts, ligneufe , rameufe,
ayant la figure d’une tête d’oifeau, de couleur cendrée
; fes feuilles font petites , longuettes, découpées
, velues ; fes fleurs font quatre petites feuilles
difpofées en croix dans des épis, ■ blanches, ou de
couleur-de chair. Sa femence eft arrondie, rougeâtre,
âcre.au goût. Sa racine eft fimple , aflëzgrofîe,
ligneufe ; pendant que cette plante eft en vigueur fur
la terre, elle paroît un bouquet ; mais à mefure
qu’elle fe feche, les extrémités de fes branches fe
courbant en dedans, fe réunifient à un centre commun
, & compofent une efpece de petit globe.
Cette plante croît dans l’Arabie déferte ; & quoiqu’on
l’ait nommée rofe de Jéricho , elle n’eft point
rofe, 8c l’on n’en trouve point autour de Jéricho. On
a.dit autrefois , par l’amour du merveilleux, qu’elle
ne s’ouvroit qu’au jour de Noël ; -mais on fait à pré-
fent qu’elle s’ouvre en tous tems de fa vie , pourvu
qu’on la plonge 8c qu’on la laiffe tremper quelques
momens.dans l’eau; on-voit alors fes rameaux s’écarter
peu-à-peu, s’épanouir, & fes fleurs paroître.
( 23./.)
Rose d’Inde , ( Jardinage. ) rofa indien. La tige
de cette fleur eft -rameufe, haute de. trois pies, &
garnie tout-au-long de petites feuilles étroites 8c
dentelées.’ Ses fleurs font aurores, très-doubles, en
forme de rofe , avec un calice écailleux qui contient
des graines de couleur noire.
On met la rofe d'Inde dans des pots, 8c dans les parterres
, parmi les plantes de la grande efpece. Elle
fleurit toujours en automne, & demande une culture
générale. On la feme fur couche, & on a foin de
là mouiller.
Rose d’outremer, ( Botan.) par lesbotaniftes,
malva rofea , efpece de mauve, connue fous le nom
de trimier, ifoye^ Mauve 6* TR EM IE R . (D. J'•)
Rose treniere , ( Botan.) autrement dite la rofe
d'outremer, qui eft une efpece de mauve, voye^en
Ûarticle au mot TR EN IE RE R O SE , {Botan. ) (D . J.)
Rose , ( Poéfie, Mythol. Lïttér. ) cette fleur étoit
confacrée à Venus. Tous nos poëtes la célèbrent à
l’imitation des Grecs 8c des Latins , fi nous les en
croyons.
C'ejl la reine des fleurs dans le printems éclofe ;
Elle ejl le plus doux foin de Flore & des qéphirs :
C'ejl l’ouvrage de leurs foupirs.
Anacréon s’étoit contenté de dire avec plus defim-
plicité, qu’elle eft tout le foin du printems, fôSorldfoç
Nos vieux poëtes employent toujours la rofe
dans leurs vers. Aujourd’hui les comparaifons tirées
de cette fleur ont été fi fouvent répétées, qu’on n’en
fauroit uÇer trop fobrement.
Aphtonius 8c Tzetzes nous affurent que c’eft du
fang de Vénus que les rofes ont pris leur couleur vermeille.
Bion prétend au contraire que la rofe doit fa
naiffance au fang d’Adonis, & ce poëte a pour lui
non-feulement Ovid e, mais l’auteur du pervigdium
Ventris, dans l’hymne charmante qu’il a faite fur ce
fujet. |
« Avec quelle grâce, dit-il, le zephir amoureux
» vient-il voltiger autour de la robe verte de cette
» reine des fleurs, 8c chercher à lui plaire par fes
» plus douces careffes? Déjà la divine rofee fait for-
» tir ce bouton vermeil du fourreau qui l’enveloppe.
Humor ille quem ferenis aflra rotant noclibus,
Jam nunc virginis papillas folvit humenti peplo.
» Je le vo is , continue-il, ce bouton qui commen-
» ce à s’épanouir ; je le vois glorieux d’etaler ce rou-
» ge incarnat dont la teinture eft due au fang d’A-
» donis, dont l’éclat eft augmente par les baifers de
» l’amour, 8c qui femble compofé de tout ce que la
»> jeune Aurore offre de plus brillant, quand elle
» monte dans fon char pour annoncer de beaux
» jours à la terre.
En un mot, les poëtes ne fe font plaints que du
peu de durée de cette aimable fleur, & nimium brtvis
rote flores amatnos , » 8c ces rofes, ces charmantes
» fleurs qui paffent hélas, trop tôt pour nos plaifirs. »
Tout le monde connoit cette épigramme latine :
Quam longa una dies , estas tam longa rofarum ,
Quas pubefeentes juncla feneelà premit.
Quam modo nafeentem rutilus confpexit Eous ,
Hanc veniens fero vefpere vidit anum.
» La durée d’un jour eft la mefure de l’âge de la
» tofe ; la même étoile qui la voit naître le matin , la
» voit mourir lefoir de vieilleffe. » Malherbe a bien
fu tirer parti de cette idée ; il d it , en parlant de la
mort de la fille de M. Duperrier.
Mais elle étoit du monde, où les plus belles chofes
Ont le pire def ih ,
Et rofe elle a vécu ce que vivent les rofes ,
L'efpace d'un matin.
Ainfi a vécu madame la princeffe de Con-de.
Les Romains aimoient paffionnement les rofes, 8c
faifoient beaucoup de dépenfe' pour en avoir en hiver.
Les plus délicats les recherchoient encore, lorf-
que la faifon en étoit paffée. Dans le tems même de
la république , ils n’étoient point contens, ditPaca-
tus , fi au milieu de l’hiver, les rofes ne nageoient
fur le vin de Falerne qu’on leur préfentoit. Delicati
UH aefluentes parùm fe lautos putabant, riifi luxuria
vcrtifjet annum , nifi hibernes poculis rofæ innataffent.
Us appelloient leurs maîtreffes du nom de rofe, mea
rofa, ma belle amie.
Enfin les couronnes de rofes étoient chez les anciens
la marque du plaifir & de la galanterie. Horace
ne les oublie jamais dans fes deferiptions des repas
agréables. Auffi rofeus, ro/ea, fignifioit beau, belle,
éclatant, éclatante, comme le foétov des Grecs. C’eft
pourquoi Virgile dit, en parlant de Vénus :
Et avertens rofeâ cervice refulfii.
« En fe détournant, elle fit voir la beauté de fon
» col.»» Dans notre langue un teint de lis & de rofes
défigne auffi le plus beau teint du monde , tel qu’il
fe trouve feulement dans la floriffante jeuneffe. ( Le
chevalier DE J AU COU RT.
R oseIposterol , noms que l’on a donnés à une
ortie de mer de couleur rouge, de l’efpece de celles
que l’on nomme cul de cheval. Voye^ O rt ie de
mer.
Rose blanche , R ose r o u g e , (Hifl. ddAngletf)
on a donné le nom de rofe blanche 6c de rofe rouge,
aux deux maifons d’Yorck & de Lancaftre. Ces noms
font fameux par les guerres entre ces deux maifons,
la quantité de fang anglois qu’ elles- ont fait répandre
, & qui aboutit à la ruine entière de la maifon de
Lancaftre.
Il faut donc fe rappeller que fous le régné d’Henri
VI. en 1453 , il y avoit en Angleterre un defeendant
d’Edouard III. de qui même la branche étoit plus près
d’un degré de la louche connue que la branche régnante.
Ce prince étoit un duc d’Yorc. 11 portoit
liir un fon écu une rofe blanche, & le roi Henri V I.d e .
la maifon des Lancaftre , portoit une rofe rouge. C’eft
de-là que vinrent ces noms célébrés confacrés à la
guerre civile. La bataille de Bolsworth donnée en
148 5 , & dans laquelle périt Richard III. mit fin aux
défolations dont la rofe rouge & la rofe blanche, a voient
rempli l’Angleterre. Le trône toujours enfanglanté
Ôc renverfé , fut enfin ferme & tranquille; lesmal-
heurs qui avoient perfécuté la famille d’Edouard III.
cefferent ; Henri VII. en époufant une fille d’Edouard
VI. réunit les droits des Lancaftres & des Yorchs en
fa perfonne. Ayant fu vaincre, il fut gouverner. Son
régné, qui fut de 24 ans, & prefque toujours paifi-
ble, humanifa un peu les moeurs de la nation. Les
parlemens qu’il affembla & qu’il ménagea, firent de
l'ages lois. La juftice diftributive rentra dans tous fes
droits ; le commerce qui avoit commencé à fleurir
fous le grand Edouard, & qui avoit été ruiné pendant
les guerres civiles , fe rétablit ? & fe ranima
pour profpérer encore davantage fous Henri VIII. &
fous la reine Elifabeth. ( D . J .)
Rose de v en t , (Marine.) c’eft un morceau de
carton ou de corne, coupé circulairement, qui repréfente
l’horifon, & qui eft divifé en trente-deux
parties, pour repréfenter les trente-deux airs de vent;
Onfufpendfur ce cercle une aiguille aimantée , ou
l’on attache une aiguille aimantée à ce cercle , qu’on
fufpend dans une boîte, & l’on écrit à chaque divi-
fion, en commençant par le nord, les noms des vents
dans l’ordre fuivant.
- Noms des rumbs de vent. 1. N. c’eft-à-dire , nord.
2. N. | N. E. nord quart nord-eft. 3. N. N. E. nord-
nord-eft. 4. N. E. -j N. nord-eft quart-nord. 5. N. E.
nord-eft. 6. N. E. ^ E. nord-eft quart d’eft. 7. E. N.
E. eft-nord-eft. 8. E. -y N. E. eft quart nprd-eft. 9.
E. eft. 10. E. ^ S. E. eft quart fud-eft. n . E. S. E. eft
fud-eÀ. 12. S. E. 7 E. fud-eft quart-d’eft. 13. $. E»
fud-eft. 14. S. E. 7 S. fud-eft quart de fud. 15. S. S»
E. fud-fud-eft. 16. S. S. E. fud quart fud-eft. 17. S.
fud. 18. S. 7 S. O. fud quart fud-oueft. 19. S. S. O.
fud-fud-oueft. 20. S. O. 7- S. fud-oueft quart-fud. i t .
S. O. fud-oueft. 22. S. O.7 O. fud-oueft quart-d’oueft.
23. O. S. O. oueft-fud-oueft. 24. O. 7 S. O. oueft
quart-fud-oueft. 25. O. oueft. 26. O. 7 N. O. ouèft-
quart-nor.d-oueft. 27. O. N. O. oueft-nOrd-oueft. 28.
N. O . 7 O. nord-oueft quart-oueft. 29. N. O. nord-
oueft. 30. N. O. 7 N. nord-oueft quart-nord. 31. N.
N. O. nord-nord-oueft. 3 2. N. 7 N. O. nord-quart
nord-oueft.
On donne fur la Méditerranée d’autres noms à ces
rumbs de vent. Voye[ dans les Planches de Marine, oh
l’on a defliné deux rofes des vents où font marqués
leurs noms fur l’Océan, 8c leurs noms fur la mer
Méditerranée.
Rose , (Archit.) ornement taillé dans les caiffes qui
font entre les modifions ^ fous les plafonds des corniches
, 8c dans le milieu de chaque face de l’abaque
des chapiteaux corinthien 8c compofite.
Rofe de compartiment. On appelle ainfi tout compartiment
.formé en rayons par des plate-bandes,
guillochis, entrelas, étoiles, &c. & renfermé dans
une figure circulaire. Il fert à décorer un cul-de-four,
un plafond, un pavé de marbre, rond ou ovale ,
&c.O
n nomme aufli rofe de compartiment, certains fleurons
ou bouquets ronds, triangulaires ou lofanges,
qui remplifient les renfoncemens de fofîte, de voûte
, -&ç.
Rofe de moderne. C’eft dans une églife à la gothique,
un grand vitrail rond, avec Croifillons & nervures
de pierre , qui forment un compartiment en
maniéré de rofe. Les plus beaux vitraux de cette
efpece font à S. Denis en France.
Rofe de pavé. Compartiment rond de plufieurs rarv-
gées de pavés de grès , de pierre noire de Caën, 8c
de pierre à fufil, mélées alternativement, dont on
orne/lès cours ., grottes , fontaines, &c. On en fait
aufli de pierre 8c de marbre de diverfes fortes. Davi-
ler. (D .J . )
Rose y en terme de Boutonnier ; c’eft un ornement
dont le fond eft de cartifane, divifé en piufieurs branches
formant autant de rayons , compôiés d’un feu!
brin plié en dèux , qui s’éloignent les uns des autres,
;• à mefure qu’ils s’éloignent de leur centre commun:
les angles en font arrondis à-peu-près comme ceux
des feuilles d’une rofe. La rofe entre comme les
pompons dans les différens ornemens que le bouton-
nièr imagine.
Ro se , en terme de Diamantaire, eft un diamant
plat , qui n’eft taillé que fur la table. Voyt^ T a ble.
ROSÉS , (Haute-lifferie.) petites étoffes de foie, de
laine & de fil, dont les'façons repréfenteht des ef-
pëcës de rofes. Elles ont 20 aunes un quart à 20 aunes
8c demi de longueur, fur un pié 8c demi 8c un
police de roi de largeur. Savary. (D .J .)
Rose, terme de Luthier ; ce font plufieurs trous qui
repréfentent en quelque forte la figure d’une rofe,
8c qui font au milieu de la table d’un infiniment de
de mufique , comme d’un luth, d’un clavecin, d’une
epinette, &c. (D. J.)
Rose-noble, (Monnoie.) monnoie d’pr qui fe fabrique
en Hollande , 8c qui y a cours pour onze florins.
Rose , (Serrur.) ornement rond, ovale ou à pans,
qui fë fait ou de tôle relevé par feuilles , ou de fer
contourné par compartiment à jour. Il fert dans les
dormaris des portes cintrées,& dans les panneaux de
Terrurerie. (D. /.) '
Rosé ou Rose tte, ( Teinturier. ) c’eft ainfi que