» laquelle elle eft fondée. Du refte, les devoirs n’eu
» font pas-fort différens, et l’on ne sau roit pro~
»: DU IRE' AUCUN, DEVOIR. DES CHRETIENS^ QUI
» n’a it été a ppro uv é.par quelque philoso-
» PHE ».. B ib lio t. c h o i f i t t o m . X X I I . p . 4 - 5 y , -
, Ce qu’il dit dans' la page 444 eft encore plus formel
: le voici. « Il n’y a aucune v e r t u , qui ne
» SE TROUVE ÉTABLIE DANS LES ECRITS DES
» d isciples de So c r a t e , qui nous o n t con-
», SERVE SA DOCTRINE, NI AUCUN VICE QUI N’Y
» SOIT CONDAMNÉ ». -
, Un autre auteur non moins illuftre, & qui étoit
aulii un grand juge dans ces fortes de matières, parce
qu’il avoit étudié la théologie payenne, non en
homme Amplement’ curieux 6c érudit, mais en phi-
lofophe, donne une idée aulïi favorable de lamorale
payenne.
, «, Si lés, payens, dit-il, n’ont point ( s ) pratiqué la
», véritable vertu, ils l’ont du-moins bien connue,
» car ils ont loué ceux qui en faifant une belle ac-
»„tion, ne fe propofent pour récompenfe ni uninté-
» rêt pécuniaire, ni l’approbation publique, 6c ils
» ont méprifé ceux qui ont pour but dans l’exercice
» de la vertu, la réputation, la gloire 6c l’applaudifle-
» ment de leur prochain ( z) ».
A l’égard des.PP. de l’Eglife, j’en pourrois citer
plufieurs , tels que.Juftin martyr, S. Clémentd’Ale--
xandrie , Laéïance 6c S.-Auguftin, qui n’ont fait nulle
difficulté de mettre en parallèle la morale des
payens avec celle du Chriftianifme. Ils foutiennent
que celui qui voudroit raffembler en forme de fyftè-
me, tout ce que les Philojbphes ont-dit conformément
aux lumières de la nature, pourroit s’aflurer de
connoître la vérité.
« Il eft aifé de faire v o ir , dit expreffémentLaftan-
» c e , que la vérité toute entière a été partagée entre
» les différentes fedtes des philofophes, & que s’il
» fe trouvoit quelqu’un qui ramafsât les vérités ré-
» pandues parmi toutes ces feftes, 6c n’en fît qu’un
» feul corps de dottrine, certainement il ne différe-
» roit en rien des fentimens des Chrétiens ». Doçe-
mus nuLlam feciam fuijje tant déviant, nec philôfopho-
rum quenquam tant inanem, qui non viderit aliquid ex
v e ro ...........Q u o d f i e x û iiffe t a liq u is q u i v e r ita tem
fp a r f u m p e r f i n g u l o s , p e r fe c la fq u e d iffu fa m co llig e r e t i n
u n u m , ac r é d ig e n t i n co rp u s ,75 P R O F E C TO N O N D I S -
S E N T 1 R E T A N O B I S .
Laftant. I n f i . d iv in . Lib. V I I . c a p . v i j . h u m . 4. é d it.
C e lla r. Conféren. Juftin m artyr, A p o lo g . j . p a g . 34.
é d it. O x o n . Clément d’Alexandrie, S tr o m a t. lib . I .
p a g . 288,095). é d it. S y lb u r g . C o lo n . 1688. Et S. Au-
guftin, d e v e r â re lig . c a p . i v . §. 7. p a g . 5 5 $ . tom . I .
é d it. A n tu e r p . e p ifi. a d D io fc o r . §. 21 . p a g . 25 5 . to m .
I I . Voyez auffi t p i f i . I v j. 20 2. 6 c c o n fe jf.lib . V I I . c.
i x . 6 c lib . V I I I . c . i j .
Il ne faut pas croire, au refte, que le nouveau Tef-
tament ait lui-même recueilli tous ces divers rameaux
de l’arbre moral. Il fuffit de le lire avec attention
pour fe convaincre du contraire. « En effet, comme
» le remarque très-bien Barbeyrac, les écrivains fa-
» crés ne nous ont pas laifle un fyftème méthodique
» de la fcience des moeurs : ils ne définiffent pas exa-
» élément toutes les vertus : ils n’entrent prefque
» jamais dans aucun détail : ils ne font que donner
» dans les occafions, des maximes générales, dont
» il faut tirer bien des conféquences pour les appli-
(j) On fent que cela ne peut s’entendre que des payens en
général, qui certainement n’étoient pas tous des Ariltide, des
Socrate , des Regulus, des Caton, des Marc Aurele & des
Julien, non plus que les Chrétiens ne font pas tous des
faints.
(/) Bayle, diSlionn. hifl. & crie. rem. h. de l’art. Amphia-
raus. Il faudroit remplir des pages entières de citations, ii l'on
vouloir rapporter tous les paffages des anciens, où ils ont en-
lèigné cette morale.
» quer à l’état de chacun , & aux cas particulier?;
»- En un mot, on voit clairement qu’ils ont eu plus
» en vue de fuppléer ce qui (a ) ' manquait aux idées
» de morale reçues parmi les hommes , éù d’en re-
» trancher ce que de mauvaifes coutumes avoient
»-introduit & autorifé contre les lumières mêmes
» de la nature, que de propofer une morale corn-»
» plette ». ( * )
Je finis ici cette digreffion dans laquelle je ne me
fuis jetté que malgré moi, 6c dans la crainte que la
critique 6c l’autorité de Barbeyrac n’en impofaffent
à quelques lefteurs ; inconvénient que j’ai voulu parer.
Je n’o le, au refte, me flatter d’avoir toujours fai fi
le vrai dans l’examen que j’ai fait des différentes
queftions qui font le fujet de cet article; ce que je
puis affurer, c’eft que j’ai du-moins cherché la vérité
de bonne foi & fans préjugés : c’eft au leéfeur à décider
fi j’ai réuffi. Je ne voulois que le mettre en état
de choifir entre les richeffes 6c la pauvreté , c’eft-à-
dire entre le vice & la vertu ; 6c il me femble qu’il a
préfentement devant les yeux les pièces inftruûives
du procès, & qu’il peut juger. Pour moi qui y ai
vraiflèmblablement réfléchi plus que lu i , je crois,
tout bien examiné, devoir m’en tenir à la fage & ju-
dicieufe décifion de Séneque* Angufianda certè funt
patrimonia, dit ce philofophe, ut minus ad injmi as fortunée
fimus expofiti. Habiliora funt corpora in bello ,
quee iri arma f ia contrahi poffunt, quam qua fuperfun-
duntur, & undique magnitudo fuà vulneribus objecit.
O P T IM U S P ECUNJÆ M O D U S E S T , Q U I NE C IN
P A U P E R T A T EM C A D IT , NEC PR OC V L A P A U -
P E R T A T E D I S C E D IT . De tranquil. anirniyCap. yïij.
circa fin.
En un mot, c ’eft le bagage de la vertu. Il peut être
néceffaire jufqu’à un certain point ; mais il retarde
plus ou moins la marche. Il y a fans doute des moyens
légitimes d’acquérir, mais il y en a peu de bons.
L’horinête épargne eft entre les meilleurs, mais elle
a fes défauts. Quelle follicitude n’exige-t-elle pas ? Eft-
ce bien là l’emploi du teins d’un homme deftiné aiix
grandes chofes ? L’agriculture eft une voie de s’enrichir
très-légitime ; c’eft, pour ainfi dire, la béné-
dittion de notre bonne mere nature : mais qui eft ce
qui a le courage de marcher fur la trace du boeuf, 6c
de chercher laborieufement l’or dans un fillon ? Les
profits des métiers font honnêtes. Ils découlent principalement
de l’induftrie, de la diligence , 6c d’une
bonne foi reconnue. Mais où font les commerçans
qui ne doivent la fortune qu’à ces feules qualités è
Les gains exorbitans de la finance ne font que le plus
pur fàng des peuples exprimé par la vexation. On ne
nie ,pas que l’opulence qui naît de la munificence
(«) Ceci ne peut s’entendre que d’un petit nombre de préceptes
moraux peu importans, qui fuppofent la qualité de
chrétien confidéré précilément comme tel ; car d’ailleurs, l’identité
abfolue qui fe trouve entre la morale de l’Evangile &
celle des philofophes payens en général, peut fe prouver avec
autant d’exa&itude & d’évidence, qu’il y en a dans les dé-
monftrations les plus rigoureufes des Géomètres. Je dis 1’/-
denutc pour me conformer aux idées les plus généralement
reçues ; mais je n’ignore pas qu’il y a eu de tout tëms de très-
grands philofophes qui ont fait infiniment plus de cas des oeuvres
de Platon, d’Ariftote, de Xénophon, de Séneque , de
Plutarque , des offices de Cicéron, du manuel d’Epiftete, &
des réflexions morales de l’empereur Marc Antonin, que de
tous les livres rabbiniques qui compofent aujourd’hui le ca-<
non des Ecritures. Comme c’eft ici une affaire de goût &
de fentiment, chacun eft libre d’en juger comme il lui plaira ,
fans que qui que ce loit puiffe être en droit de le trouver mauvais.
(*) T raité du jeu , liv.I. chap. iij- §, 1. pa%. 41,45 , tom. /.
édit. Amfl. 1737. On peut conférer ce paffage & ce qui le
précédé, avec ce que dit le Clerc dans la vie de Clément
d’Alexandrie (Bibliot. unir. tom. X. pag. 11 z , z 13.) , & l’on
verra que Barbeyrac ne fait ici que copier les penfées du fa,-
vant journalifte, & qu’il les exprime même le plus fouvent
dans les mêmes termes. 11 me femble qu’il y auroit eu plus de
bonne foi à en avertir.
des rois n’apporte avec elle une forte de- dignité.
Mais combien n’eft-elle pas vile, fi die n’a été que
la récompenfe de l’artifice 6c de la flatterie ? Qu’on
convienne donc qu’il eft un très joetit nombre d’hommes
qui fachentacquérir la richtffe fans bafleffe 6c fans
injùftice ; un beaucoup plus petit nombre à qui il
jfoit permis d’en jouir fans remors 6c fans crainte, 6c
prefqu’aucun affez fort pour la perdre fans douleur.
Elle ne fait donc communément que des méchans 6c
des efclaves. Cet article efi de M . N a ig e o n .
Richesse , ( Inconol. ) elle eft repréfentée magnifiquement
vêtue, couverte de pierreries, 6c tenant
en fa main la corne d’abondance. ( D . J. )
RICIN, f. m. {H fi. nat. Botan.') ricinus, genre de
plante dont la fleur n’a point de petales ; elle çonfifte
en plufieurs étamines qui forrent d’un calice, 6c elle
eft ftérile. Les embrions naiflent fur la même plante
que les fleurs, mais féparément ; ils deviennent
dans la fuite un fruit à trois angles, compofé de trois
capfules, qui tiennent à un axe >& qui renferment
une femence couverte d’une enveloppe fort dure.
Tournefbrt, Infi, rei herb. Voye{ Plante.
Ricin , (Botan. exot.')petite amande cathartique,
foit des Indes orientales, foit du Nouveau-monde.
On trouve dans les boutiques de droguiftes & d’apo-
ticàiresplufieurs fortes d’amandes purgatives fous le
nom de ricin; mais il y en a quatre principales en
«fage; favoir, i° . celle que l’on nomme la graine
de ricin j 20. la noix des Barbades, autrement dite
la £eve purgative des Indes occidentales; .3 °. l’aveline
purgative du Nouveau - monde ; 40. les grains de
t illy , ou pignons d’Inde.
Je vais parler avec exaûitude de tous ces fruits,
& des arbres qui les produifent ; 1 °. parce qu’il importe
de connoître les remedes violens , afin de s’en
abftenir, ou de ne les employer qu’avec beaucoup
de lumières ; z°. parce qu’il regne une grande con-
fufion dans les auteurs fur ce qui concerne ceux-ci ;
30. parce que les livres de voyages ont encore augmenté
la confufion, les erreurs, 6c les bévues.
De la noix purgative nommée graine de ricin. La première
noix purgative s’appelle graine de ricin, ri-
cini vulgaris nuncleus, caiapultea major, %hi 6 cxPctoV
par Diofc. c’eft une graine oblongue , de la figure
d’un oeuf, convexe d’un côté, applatie de l’autre,
avec un chapiteau fur le fommet. Elle cache fous
une coque mince, liffe , rayée de noir 6c de blanc,
«ne chair médullaire, ferme, femblable à une amande
blanche, graffe, douçâtre, âcre, 6c qui excite
des naufées ; le fruit eft triangulaire, à trois loges,
& contient trois graines.
La plante qui porte ce fruit s’appelle ricinus vulgaris,
C. B. P. 433. J. B. 3. 642. Raii, Hifi. I. ,6'C.
Tourn. /. R. H. J32. Boerh. Ind. A . 2. 2J3. ricinus
major, Hort. Eyftet. cataputia major Park. Th. 182.
N/iambu gttacu Pif. 180. Avanacu , Hort. mal. 2. 5y,
mirafole par les Italiens, en françois le grand ricin, ou
le ricin ordinaire, en anglois the commonpalrna chrifii.
Sa tige eft ferme, genouillée, creufe, haute de
quatre coudees, 6c même davantage, branchue à fa
partie fuperieure ; fes feuilles font l’emblables à celles
du figuier, mais plus grandes, digitées, dentelées,
lifles, molles, d’un verd foncé, garnies de nervures,
& foutenues par de longues queues.
Les fleurs font en grappes, portées fur une tioe
particulière à l’extrémite des branches, arrangées
lur un long épi ; elles font compofées de plufieurs
etamines, courtes, blanchâtres, qui fortent d’un calice
partagé en cinq quartiers, de couleur verte-
blanche. Elles font ftériles, car les embrions des
truits naiffent avec elles; ils font arrondis, verds,
ornés de crêtes d’un rouge de vermillon, & fe changent
en des fruits dont les pédicules ont un pouce
de longueur.
Tome XIV,,
^ Ces fruits font triangulaires, noirâtres, garnis
d epines molles ; ils ont la grofleur d’une aveline, &
font compofes de trois capfules qui contiennent de
petites noix ovalaires , un peu applaties, 6c ombilù-
quées à leur fommet. Elles font couvertes d’un co-
que mince , noire ou brune , 6c remplies en-dedans
d’une fubftance médullaire, blanche, folide, femblable
à celle de l’amande, d’une faveur douçâtre, âcre.
6c qui caufe des naufecs ; cette plante eft commune
en Egypte, 6c en différens pays des Indes orientales
6c occidentales.
Ses fruits abondent en partie d’une huile douce.
tempérée, ß>c d’une certaine portion d’huile plus tenue
, très-âcre, 6c fi çauftique, qu’elle brille la gorge;
c’eft de cette derniere huile que dépend leur
vertu purgative.
Si l’on pile, & fi l’on avale trente grains de ricin,
dépouillés de leur écorce, ils purgent, félon Diofco-
ride, la bile, la pituite, les ferofités, 6c ils excitent
le vomiflément ; mais cette forte de purgation eft fort
laborieufe, par le boulverfement qu’elle caufe dans
1 eftomac. Mefué déclare qu’il n’en faut donner que
dix ou tout au plus quinze grains, dans du petit-lait
pour la feiatique ou l’hydropifie. Les habitans du
Bréfil, félon le témoignage de Pifon, croient qu’il y
a du danger d’en prendre plus defept grains en fubftance,
mais ils en preferivent jufqu’à vingt grains en
emulfion dans fix onces d’eau commune ; cependant
ils l’emploient très-rarement à caufe de fes effets
dangereux. Pierre Caftelli raconte, dans fes lettres
de médecine, qu’un jeune homme attaqué d’une
grande douleur de tête, en avala la moitié d’une
graine, qui lui caufa l’inflammation de l’eftomac, la
fievre, la fyncope, les convulfions, & la mort.
On émouffe la qualité de ce fruit en le faifant rôtir
6c griller. Pifon propofe la teinture de graine de ricin
tiree avec l’efprit-de-vin ; mais on ne peut fe fier à
tous ces correétifs, 6c le plus prudent eft de regarder
cette amande comme un poifon.
Les anciens tiroient une huile des graines du ricin
foit par expreffion, foit par déco&ion, qu’ils appel-
Iqient plzncv txàtov, huile de ricin ; c’eft un.bon
digeftif, dit Galien, parce que fes parties font plus
fubtiles que celles de l’huile commune. Les habitans
du Bréfil en font ufage extérieurement pour les ulcérés,
les apoftumes, la gale, fe u t r e s maladies de
la peau.' Diofcoride prétend que cette huile prife
intérieurement, purge les eaux par les feiles, 6c
chafle les vers hors du corps ; cependant le docteur
Stubbs, dans les Tranfact. phjjoj'oph. n°. 3 (T. af-
fure que cette huile n’a point de vertu purgative.
De la fécondé noix purgative , dite noix des Barbades.
La féconde noix cathartique, eft l’amande du
grand ricin d’Amérique , ou plutôt du ricinoïde :
cette amande fe nomme faba purgatrix India occiduoe,
nux Barbados Anglorum. Raii hifl. Pinhones indici,
cod. med. 97. Quauhay-olmatli, feu avellana cathar-
tica ; Hern. 8 5 • en françois, noix du ricinoïde, ou noix
des Barbades; en anglois, the americanphyfick-niit.
C ’eft une graine oblongue, ovoïde, delà srofl'eur
d’une petite fève, convexe d’un côté, applatie de
l’autre, cachant fous une écorce mince, noire, un
peu dure, un noyau blanc, oléagineux, d’un goût
douçâtre, âcre, 6c qui caufe des naufées.
La plante eft un ricinoïde dont voici les carafre-
res. Les fleurs mâles confiftent en plufieurs feuilles,
placées circulairement, 6c arrangées en forme de
rofes ; celles-là font ftériles. A quelque dillance des
fleurs, fur la même plante, naiflent des embrions,
enveloppés dans un godet, qui dans la fuite deviennent
lui fruit tricapfulaire, contenant une graine oblongue
dans chaque cellule.
Miller compte quatre efpeces de ricinoïdè; la principale
eft nommée ricinoides amcricana, folio gojfypH,
N n