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ReGGIO , li duché de , ( Gcogr. mod. ) duché en -
Italie , au couchant du Modénois. • Il le partage en
cinq petits.états, qui appartiennent au duc de Mo-
dène. Reggio eft la caj jitale. ( D. J.) - j
REGIANA, ( Gcogr. anc. ) ville d’Efpagne. L’itinéraire
d’Antoaih la met fur la route de Seville à
Mérida; entré Celti & Mérida,à 44 milles üé- la
première j tit à ay milles de la feconde. (D . /.)
RÉGIATES , (Géog.anc.) peuple d’ Italie, que
Plinev A IU. chap..xv. place dans la huitième région.
^ ^RÉGICIDE, f. m. ( Hi(l. & Politique.) c’eft ainfi
qu’on nomme l’attentat qui privé un roi de la vie.
L’hiftoire ancienne & moderne ne nous fournit que
trop d’exemples de fouverains tues par des fujets
furieux. La France frémira toujours du crime qui
la priva d’Henri IV. l’un des plus grands!& des meilleurs
de fes rois. Les larmes que les françois ont verfé
fur un attentat plus récent, feront encore longtems
à fe fécher ; ils trembleront toujours au fouvenir de
leurs allarmes * pour les-jours précieux d’ùn monar- _
aue ,- que la bonté de fon coeur ôc l’amour de fes
fujets lembloient affurer contre toute entreprife fu-
La religion chrétienne, cet appui inébranlable du
trône, défend aux fujets d^attenter à la vie de leurs
maîtres. La railon ôc l’expérience font voir , que les
défordres qui accompagnent & fuivent la mort vio-
, lente d’un r o i , font louvent plus terribles , que les
effets d e fes dëréglémens & de fe-s crimes. Les révolutions
fréquentes ôc cruelles auxquelles les defpotes
de l’Afié-font.-expofés ,-prouvent que la mort violente
des“ tyrans ébranle toujours l’état, & n’eteint
prefqiie jamais la tyrannie. Comment le trouve-t-il
donc desmommes audacieux'& pervers-, qui enlei- ;
.enentque l’on-peut ôter-lâ vie à des monarque, Ion-
qu’un faux zélé' ou l’intérêt les fait traiter de tyrans ? :
Ces maximes odieufes, cent fois profcrites par l’es •
tribunauxdu royaume, ÔC deteftes par les bons ci-
toyehs, n’ont été adoptées que par des fanatiquesam-
bitieiéx, qui s’efforcent- de fapper les/fondemens du
trône ;'lari qu’il ne téur’eft point permis de- s’y alleoir
à côté du fouverain.. - .
L’An4 eterre donna dans le fiécre paffe a 1 univers
étonné,fe fpeûade affreux tfun roi jugé& mis à mort
par des fujets rebeUès?:bPiir.putons point à une nation
générevvfe , un crime odieuï'qu’elle défavouê,
& qu’elle expie encore panféslarmes. Tremblons à
la vue des excès auxquels fe portent 1 ambition,
ïorfqu’elle efUècondée-par lefanatifme& la fuperftition.
‘ . , M M B M I
RÉGIE, f. f. {Juri/prud.) lignifie en general, ad-
minifiradon. On dit que lcs fermesfont en régie y loff-
queiie-roi oii quelqu’àiiu-e feigneur fait lui-même,
exploiter fes biens par desprépofés ôc receveurs, ôc
non par des fermiers. (U r ) ; . . '
R égie , f. .f; (Grami^Gomm. & Fin.) adminïftration
ou. dirêâion d’une affaire dé finance, ou de commerce.
Dans-quelques ëd its& déclarations du roi , con-
cërnantda.police de la-compagnie des Indes, ou' les
diveW commerces que fa majefté lui à-permis,:on-fe
fert'dîi fermé de régie; ÔC alors ceux qui en ont la
direftion ,au liefi d’être appelles directeurs, font nommés
régijfeurs.. Il y a auffi des commerces particuliers
de cette compagnie qui'fqnt en régie , eritif autres les
fermes du tabac ÔC du caffé. Dïclionn. de Comin. &de
Trévr-KV'“ * *. -• ? • . . . . .
RÉGIFÜGE , f. f. {Antiq. rom. ) fête que 1 Orifai-
foit-à $©me le dix avant les calendes de Mars., Les
anci'onsmeVonviennent pas-de l’origine de la fête :
les uns rapportent que c’èftep mémoire de Pévaftôn
de Tarquin le fuperbe, lorfque, 'la ville recouvra fa
liberté. Les autres prétendent qu’elle Rit inftituée,
parce que le roi des ehofes facréesfs’enfuyoit après
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! qu’il avoit facrifié. Le premier fentiment fondé fur
I l’autorité d’Ovide , de Fc fins ; ôc d’Aufone, paroît
| bien plus vraiffemblable que le fécond qui eft de
1 Plutarque ; à moins qu’on ne dile pour les concilier,
que le roi des ehofes facrées füyoit ce jour-là, pour
rappeller la mémoire de cette fuite du dernier des
rois de Rome. ( D . J. )
REGILLA , 1. f. ( Hijl. anc. j efpece de tunique
blanche , bordée de pourpre , à l’ufage des fiancées ,
■ qui s’en revêtoient la veille de leurs noces, avant
que d’être mifes au lit.
REGILLUM ou REGILLUS , -( Géog. anc. j
ville d’Italie dans la Sabine , à cent foixante ftades
de Rome, félon Denys d’Halicarnaffe, liv. V. p.goSi
Tite-Live, Suétone, ôc Etienne le géographe, font
auffi beaucoup mention de cette v ille , dont on ne
connoît pas trop bien aujourd’hui la jufte pofition.
Appius Clatidius, furnommé Sabinus, naquit à Re-
gillum, & étoit un des principaux de cette capitale ,
également illuftre par fon courage & fes richefles ,
mais plus encore par fa vertu & par fon éloquence.
Son grand mérite l’ayant expolé à l’envie de fes
concitoyens , qui l’accufoient de vouloir fe faire ty ran
de la patrie , il prit le parti de fe retirer à Rome
avec toute fa famille , l’an 250, fous les confuls P.
Valerius Publicola IV , &Luèretius Tricipitinus IL
501 ans avant J. C. Plutarque raconte , qu’en fe retirant
, il amena avec lui cinq mille familles à Rome,
ce qui dépeupla prodigieufement la ville de Régille.
Quoi qu’il en lo it , les Romains reçurent très-bieiî
tcius les transfuges de Régille ; on leur accorda le
droit de bourgeoifie , avec des terres fituées fur la
riviere de Téveron , & l’on en donna deux arpens à
chacun. On en donna vingt-cinq à Appius , qui fut
fait patricien , & aggrégé parmi les fénateurs. Il fe
diftingua bientôt dans le fénat pas la fageffe de fes
confeils , & fur-tout par fa fermeté. Il fut nommé
conful avec PubliusServiliusPrifcus, l’an z 59 delà
fondation de Rome, ÔC 493 ans avant J. C. Cettç
. année il y eut de grands troubles à Rome, à l’occa-
fion des dettes que le peuple avoit contra&ées, ÔC
dont il demandoit l’abolition-. Le défordre alla fi loin,
que les confuls mêmes/qui tâchoient de calmer le
tumulte , furent en danger de la vie.
Appius qui étoit d’un cara&ere fevere , fut d’avis
qu’on ne pouvoit appaifer la fédition que par la mort
de deux ou trois des principaux mutins ; mais Ser-
. vilius , plus doux & plus populaire, croyôit qu’on
devoit avoir quelqu’égard au miférable état du peuple
, ôc que les Romains étant menacés d’unè 'guerre
dangereufe, il étoit à propos d’accorder quelque fa-
tisfaâion à ceux qui avoient été opprimés , qui, fans
ce la , ne donneroient pas leurs noms pour s’enrôler'
au feryiee _de la république.
L ’avis de Servilius prévalut : il procura un decret
du fénat én faveur des pauvres débiteurs, Ôc les levées
fe firent. Mais on n’èxécuta pas fidèlement le dé-
1 cret; enforte qu’âpres; la campagne , le peuple recommença
à fe foulever avec plus- de fureur que ja-
maisyfur-tout vers le tems de l’éleftion de nouveaux
cônftïls. Il refufa de marcher contre l’ennemi; & les
- confuls ayant voulu lïiî5 inlpirer de la crainte par un
coup'.d’autorité, en faifant faifir quelques-uns des
- plu's;Rebelles, le peuple les arracha des mains des
licteurs.'Le fénat voyant l’autorité- -fouveraine méprisée,
délibéra fur le parti qu’il y avoit- à: prendre
dans c-etté tirgénte néceffit-é. Les’ fentimens furent
partagés, mais Appius les réunit1, 'en propofant de
créer un didfateur. '
Ge di&ateur ne put pourtant mettre fin aux brOuil-
leriés / dont le réfultat fi.it, qu’on créeroit deux tribuns
du peuple. Le fils d’Àppius Claudius hérita de
fonpere , cette hauteur 81 cette fermeté qui l’avoient
rendu odieux à la multitude, Les tribuns le citèrent
’âëvàïl't ïê pëûplé, comme ï*eWnémi déclaré cle la liberté
publique. Il parut au milieu de fes acc'ufateurS',
'comme s’il avoit été leur juge. Il répondit aux chefs
ri’accufation avec tant de force & d’éloquence, que
le peuple étonné n’ofa le condamner. Enfin il finit
volontairement fa vie qu’il défefpéroit de pouvoir
Sauver. Il avoit un fils'qui fit apporter fon corps
'dans la place , &c fe préfenta, fuivant l’ufage, pour
faire fon oraifon funebre. Les tribuns voulurent s’y
ôppofer ; mais le peuple, plus généreux que les vindicatifs
.tribuns, leva l’oppofition, & entendit fans
peine , les louanges d’un ennemi qu’il rie craignoit
plus, ôc qu’il n’avoit pu s’empêcher d’admirer pendant
fa vie. (Z). /.)
REGILLUS LACUS , {Géog. ànc.) lac d’Italié ^
dans le Latium , félon Pline , Liv. X X X V I I I . ch. ij.
Florus, liv. I. ch. x ji parlé auffi de ce lac, fameux
par la viftoire que remporta fur fes bords A. Poffhu-
mius contre les Tarquins. Le nom moderne eftlago
•di S. Prajfede-.
RÉGIME, f. m. terme de Grammaire ; ce mot vient
du latin regimen, gouvernement : il eff employé en
Grammaire dans un fens-figuré, dont on peut voir le
fondement à Y article G ouverner. Il s’agit ici d’eri
déterminer le fens propre par rapport au langage
grammatical. Quoiqu’on ait infinué , a l’article que
l’on vient de citer , qu’il falloit donner le nom dé
complément à ce que l’on appelle régime, il ne faut
pourtant pas confondre ces .deux'termes comme iÿ-
rionymes i je vais déterminer la notion précife de
i ’un ÔC de l’autre en deux articles féparés ; ôc par-là
je fuppléerai Y article C omplément , que M. duMar-
fais a omis en fon lieu , quoiqu’il taffe fréquemment
tifage de ce terme.
Art. I. Du complément. On doit regarder comme
complément d’un mot, ce qti’on ajoute à ce mot pour
en déterminer la fignification , de quelque maniéré
que ce puifie être. Or il y a deiix fortes de mots dorit
la fignification peut être déterminée par des complé-
mens : 1®. tous ceux qui ont une fignification générale
fufceptible de differens degrés ; z°. ceux qui
ont une fignification relative à un terme quelconque.
Les riiots dont la figriificâtiori générale eft fufeep-
ïible de differens degrés , exigent néceffairement un
complément, dès qu’il faut ailigner quelque degré dé-
terminé : Ôc tels font les noms àppeliatifs ; les adje-
étifs ôc les adverbes q ui, renfermant dans leur figni-
ficatiori; une idée de quantité, font iui'ceptibles en latin
ôc en grec de ce que. l’on appelle des degrés de
comparailon ou de figriifîcation ; Ôc enfin tous les
verbes dont l’idée individuelle peut auffi recevoir ces
differens degrés. Voici des exemples. Livre eft un
hom appellaîif ; la fignification générale en eft ref-
irainte quand on dit , un, livre nouveau, le livre de
Pierre ( libër Pétri ) , un livre de grammaire , un livre
qui petit être utile • & dans ces phrafès , nouveau , de
Pierre’{ Pétri ) , de-granïmaire , qui peut être utile , font
butant de. complémens du nom Livre. Savant eft uij ad-
je ô if; la fignification générale en eft reftrainte quand
On d it , par exemple , qu’un homme eft peu favant,
qu’il eft /o/T/avant, qu’il eft plus/avant que /âge ,
qu’il ëû moins/avantqu’un autre, qu’il eft au/ji/avant
uujoUfd’kàiqiVtl l ’étoit i ly avingt ans , qu’il eYt/al-
\>ànt en droit ,-&c. dans tôütes ces -phrafes , les differens
compléw&ns de l’adjeclif /avant, font peu ^ fo r t,
plus.que /âge, moins qu’iin aùt/t, àu/ji aujourd’hui qu’il
rétôit il y'à.vingt ans, en dfoitiC’cÛ la même chofe,
par exemple., du verbe aimer ; çn àifne Amplement
& fans détefinination de degré ,'ôn aimé peu , on aime
beaucoup , Qa aime ardemment, Ori aime plüs/incé-
remtfit ,;Ô'ri aime en apparenté pri aime avec une conjï
tancé que run rie peut altérer* .vbilà BUtànr'dëmani ere^
de déterminer 'le degre cle-lh • fignification du -véi'bé
ïiimér y & èbrifeqùérnihèrit àùtânt de tohiplémens ùè
rcè verbe. Id'ààveûiè/agéniérit peut 'recevoir auffi 'divers
complémens ; on peut dire ptu/agèment, /dr't/a-
gemerityplus/agement que jamais, aujfi/ngement qu’hett-
reu/ement, Jugement/ans ajfcclation , ÔCc.
Les mots qui ont une'fignification relative , exi-
-‘gent de même un complément, dès qu’il faut déterminer
l’idée générale de la relation par celle d’uri
terme conféquent : ôc tels font plufieurs riôms appcl-
latifs j plufieurs adjeâifs , quelques adverbes , tous
les verbes adifs relatifs & quelques autres, ôc toutes
-les prépofitions-. Exemples de noms relatifs : le /on-
■ dateur de Rome , L’auteur des tropes , le père de Cicèroii \
la mere des Craques , le frere de Romulus , le mari de
Lucrèce, &c. dans tous ces exemples-, le càrfiplémént
commence par de. Exemples d’âdjeftifs relatifs : né-
■ ce/faire à la vie, digne de Louange, /acile à concevoir y
&c. Exemples de verbes relatifs : aimer Dieuy crain-
dre./a jüftice , aller a la ville, revenir de 'l’armée , paffer
par Le jardin ; rejjembler à quelqu’un , /e repentir de ja.
-/aute, commencer à boire, de/rer d’être riche, &c. quand,
on dit j donner quelque cho/e à quelqu’un , recevoir Un
'prê/ent de /on ami, les verbes donner ÔC recevoir ont
chacun deux complémens qui tombent fur l’idée de là
•relation qu’ils expriment. Exemples d’adverbes relatifs
: relativement à vos intérêts 9 indépendamment des
circonfiances , quant à moi , pourvu que vàus le Vouliez
, con/ormément à la nature. Quant aux prépofitions
, il eft de leiir eflënce d’exiger un complément
qui èft un nom j un pronom ou Un infinitif ; ÔC il
leroit irtutile d’en accumuler ici des exemples. Voyez
Préposition & R elatif -, art. I.
« Un nom fubftantif, dit M. du Marfais ( Voyez
» C onstruction ) y ne peiit déterminer que trois
» fortes de mots ; i°; un autre nom ( ôc dans le fy-
» ftème de l’aiiteur il faut entendre les adjeftifs)\
» z°. un verbe, 30; ou enfin une prépofition ». Cètté
remarque paroît avoir été adoptée par M. l’abbé
Fromant ( Suppl page z5 € ) ; ôc j’avoue qu’elle peut
être vraie dans notre langue : car quoique nos adverbes
admettent des complément, il eft pourtant né-
cefïaire d’oblérver que le complément immédiat dé
l’adverbe, eft Chez nous Une prépofition y con/ormé-
ment à ; ce qui fuit eft Le complément de la prépofition
même ; con/orinéniem à la nature. Il n’en eft pas dé
même en latin y parce que la terminaifon â\.\ complément
y délîgne le rapport qui le lie au terme antécédent
, ôc rend inutile la prépofition, qui n’aüfoit pas
d’autre effet : le nom-peut donc y être, 'felOn l'occurrence
, le complément immédiat de l’aclvërbe ainft
que je Fai prouvé ailleurs fur le^1 phrafes ubi tèrrarum\
iunc ierhporis j convenienter naturæ. Voye^ Mot article'
II. n. 2 .
Un mot qui fert de complément à un autre, peut
lui-même en exiger tin- fécond , • qui j pat là niêmé
ràifon, peut encore être fuivi d’un troifienie y auquel
Un quatrième fera pareillement (iibOrdonné, & airili
de fuite; de forte qu e- c h a qu eço lé/nint étant nêcef-
faire à la plénitude du fens du mot qu’il modifié, les
deux derniers conftitiient le^compliment‘total ,de'l’an-
tépénultieme; les trois derniers font la totalité du
complément de celui qui précédé l’antepéiniltiemè ;
ôc ainfi dé fuite jufqU’ait premier complément, qui qd
remplit toute fa deftinatïon , qu’autant qu’il efti accompagné
de tous ceux qui lui font fubdrdonriés/ '"
Par exemple , dans cette phrafe, nousuvons à vivre
avec des hommes fimblabiés à nous : ce dernier hoûs
eft le complément de la prépofition a ) a nous eft celui
de l’adjeriif/emblàbles ; /emblàbles à nous eft le complément
total du nom appellatiï les hommes ; lès hàin-
mes femblables à nous , e’eft la totalité du complément
de la prépofition de ; de lés ou des hommes /emblàbles
â nous, eft [^ complément total d’un nom appellâiif
fous-entendu, par exemple, là multitude {voye^ Pré