î*s s A I
Il faut auflî avoir attention de faire la faifie rcelle
fur le véritable propriétaire , autrement elle feroit
abfolument nulle.
Si l’on faifit un fief, il fuflit de défigner le corps du
fief que l’on faifit ; mais quand on faifit les. biens en
roture, il faut détailler chaque corps d’héritage.
La faifie réelle doit être portée devant le juge auquel
l’exécution du titre appartient.
Les juges des feigneurs en peuvent connoître,
mais les criées doivent être certifiées devant le juge
r o y a l, lorfque la juftice feigneuriale n’eft pas affez
confidérable pour y faire la certification des criées.
La pourfuite de la faifie réelle appartient naturellement
à celui qui a faifi le premier.
Cependant fi quelqu’autre créancier fait une faijic
réelle plus ample , il doit avoit la pourfuite.
Il en feroit de même, fi le premier faififlant étoit
défintérefle , ou qu’il négligeât de fuivre fa faijic,
un autre créancier pourroit fe faire fubroger à la
pourfuite.
Le commiflaire établi à la faifie,réelle doit faire en-
regiftrer la faijic , afin qu’elle foit certaine 6c notoire.
Quand la faijic réelle n’a pour objet que de parvenir
à un decret volontaire, on ne fait point de bail
judiciaire ; mais dans le decret forcé, le commiflaire
à la faifie réelle fait convertir le bail conventionnel
en judiciaire ; s’il y en a un , ou s’il n’y avoit point
de bail, il établit un fermier judiciaire.
On doit enfuite procéder aux criées , 6c les faire
certifier*
. S’il furvient des oppofitions à la faife réelle , foit
afin d’annuller, foit afin de diftraire ou afin de charge
, afin de conferver ou en foufordre, on doit llatuer
lui les oppofitions avant de paffer outre à l’adjudication
; & fi la faife réelle eft confirmée , on obtient le
congé d’adjuger, c’eft-à-dire un jugement portant,
que le bien faifi fera vendu 6c adjugé par decret au
quarantième jour au plus offrant &c dernier enché-
rifleur, qu’à cet effet les affiches feront appofées aux
lieux où l’on a coutume d’en mettre.
Le pourfuivant met au greffe une enchère du bien
faifi , appellée enchère de quarantaine , contenant le
détail des biens faifis 6c les conditions de l’adjudication.
Les quarante-jours expirés depuis l’appofition des
affiches , on met une affiche qui annonce que l’on
procédera un tel jour à l’adjudication , fauf quinzaine.
Au jour indiqué, l’on reçoit les enchères ; & après
trois ou quatre remifes , l’on adjuge le bien faifi par
decret au plus offrant 6c dernier enchériffeur.
Quand le decret eft forcé, l’adjudicataire doitcon-
figner le p r ix , après quoi l’on en fait l’ordre entre les
créanciers.
Dans les decrets volontaires , les oppofitions afin
de conferver font converties en faifies 6c arrêts fur
le prix. Vyyeç les traités des criées de le Maîtrç, de
Gouge , Bruneau ; le traité de la vente des immeubles
par decret de M. d’Héricourt, 6c les mots Criées ,
D ecret f o r c é , D ecret vo lo n t air e , O pposit
ion , Poursuivant , V ente par decret.
( - O
Saisie verbale étoit la faife féodale , que dans
la coutume d’Angoumois le fimple feigneur du fief
qui n’a point de fergens, ni autres officiers , 6c n’a
feulement que juftice foncière , faifoit fous fon fein
privé 6c le fel de fes armes pour la faire lignifier par
un fergent emprunté. Voye^ la coutu/ne déAngoumois,
titre I. article 2. & Vigier fur cet article. ( A )
Saisie , dans le Commerce, le dit lorfque l’on arrête
, ou que l’on s’empare de quelque marchandife,
meuble ou autre matière, foit en conféquence de
quelque arrêt obtenu en juftice,ou par quelqu’ordre
exprès du fouverain.
S A I
Les marchandifes de contrebande, celles que l’on
a fait entrer frauduleufement, ou que l’on a débarquées
fans les faire entériner, ou que l’on a déchargées
dans des endroits défendus, font fujettes à la fai*
fie. yoye{ C ontrebande.
Dans les faifies en Angleterre, une moitié va à celui
qui a déclaré, 6c l’autre moitié au roi. En France
lorfque l’on faififfoit des toiles peintes, &ct on avoit
coutume d’en brîiler la moitié, 6c d’envoyer l’autre
chez l ’étranger ; mais en 1715 , il fut ordonné par un
arrêt du confeil, que le tout feroit brûlé.
'SAISINE, f. f. {Gram. & Jurifp.) lignifiepojfeffion;
ce terme eft oppofé à celui de déj'aifine, qui fignifie
dévêtijfcmcnt de pojfeffion.
Coutume de faifine, voyc{ ci-devant au mot Cou--
TUME.
Saifine en cas de nouvelleté, eft la poffeflion qui a
été troublée nouvellement, c’eft-à-dire lorfque l’on
eft encore dans l’an & jour du trouble.
Simple faifine, eft lorfque le poffeffeur quife plaint
d’avoir été troublé , allègue feulement qu’il avoit la
polTeffion depuis 1 o ans ; mais non pas qu’il l’eût pendant
l’an 6c jour qui ont précédé le trouble. Voye^ le
tit. 4. de la coutume de Paris, & les mots COMPLAINTE,
Ensaisinement , N antissemens, Mise de
f a it , V est & D ev est. {A )
Saisine , (Marine.) petite corde qui fert à en fai-
fir une autre.
Saisine de beaupré^ ou l iv r e , (.Marine.) on appelle
ainfi plufieurs tours de corde qui tiennent l’aiguille
de l’éperon avec le mât de beaupré.
SAISIR, v. aâ . {Gram.') s’emparer, prendre, entrer
en polTeffion, livrer. Safiffeç cette occafion \J'ai-
fijfe^-vous de cet homme ; je l’ai faifi de cet objet ; le
mort faijit le v if ; il a été faifi d’une colique ; le froid
le faifit; l ’ambition l’a fa iji; faifi de colere, d’en-
thoufialme, de fànatîfme ; il faifit facilement les cho-
fes les plus difficiles; faites faifir fes biens, pour aflii-
rer votre dette; le juge eft faifi de la connoifl'ance de
cette affaire. Voyc{ Saisie.
Saisir , lignifie arrêter, retenir quelque chofe,
comme marchandifes, meubles, beftiaux, foit par
autorité de juftice, foit en conféquence des édits 6c
déclarations du prince, foit enfin en vertu de fes ordres,
ou de ceux de fes miniftres. Voye{ Sa isie.
Sa is ir , {Marine.) c’eft amarrer, voyeç Amarrer.
SAISISSANT, adj. {Jurifp.) eft le créancier qui a
fait une faifie fur fon débiteur. Dans les faifies mo-
biliaires, le premier faifijfant eft préféré aux autres,
à-moins qu’il n’y ait déconfiture. Voye{ C ontribut
io n , C r é a n c ier , D e t t e , Saisie. { A )
SAISISSEMENT, 1. m. {Gram.) l’effet de quelque
frayeur fubite fur les perfonnes foibles. Cette nouvelle
lui caufaun faifijjement mortel.
Saififfemcnt fe dit auffi de l’aâion de faifir ; le fai-
fijfement de l’épée.
L’exécuteur de la haute-juftice appelle faififfement,
les cordes dont il lie les mains & les bras du patient
qui lui eft abandonné.
SAISON, f. f„{Cofmographie.) on entend communément
par faijons, certaines portions de l’année qui
font diftinguées par les lignes dans lefquels entre le
foleil. Ainfi,félon l’opinion générale,lesfaifonsfont
occafionnées par l’entrée 6c la durée du foleil dans
certains lignes de l’écliptique ; en forte qu’on appelle
printems, la faifon où le foleil entre dans le premier
degré du belier, 6c cette faifon dure jufqu’à ce que le
foleil arrive au premier degré de l’écreviffe. Enfuite
l’été commence, 6c fubfifte jufqu’à ce que le foleil fe
trouve au premier degré de la balance. L’automne
commence alors, 6c dure jufqu’à ce que le foleil fe
trouve au premier degré du capricorne,. Enfin l’hiver
régné depuis le degré du capricorne, jufqu’au premier
degré du belier.
s a r
|ï eft évident que cette hÿpp^ftièfedes faifons n’eft
point admiffible, parce qu’elle A’eft pas vraie dans
tous les lieux ; niais feulement powtr ceux qui font au
nord de l’équateur. En effet,au.fudde l’équateur, le
printems dure tant que le foleil r^inplit fon cours
depuis le premier degré de la balancé -, jufqu’ait premier
degre du capricorne ; l’été, depuis celui-ci jufqu’au
premier degré du belier, 6c ainfi de fuite, tout
au contraire de ce qui arrivé vers le nord*
De plus, cette hyppothèfe de faifons ne convient
point à la zone torride ; la preuve en eft palpable,
car on doit ayouer que quand le foleil pafle par ces
lieux, il y à été, à-moins que quelque caufe n’y mette
obftacle. Par rapport aux deux , 6c dans les lieux
fitués fous l’équateur, il ne doit être ni printems, ni
automne, quand le foleil a pafl’é le premier degré du
belier, mais plutôt l’été ; car alors le foleil paffe fur
ces lieux, 6c ainfi y caufe la plus grande chaleur. On
ne peut donc pas y tranfporter l’été au premier degré
de l’écreviffe ou du capricorne.
On en peut dire autant des lieux fitués entre l’équateur
6c les tropiques, parce que le foleil y paffe
anffi, avant que d’arriver au premier degré de l’écreviffe
ou du capricorne. Le même inconvénient fe
rencontre par rapport au printems 6c à l’automne
fous la zone torride, puifqu’il paroît n’y avoir ni l’une,
ni l’autre de ces deux faifons, fur-tout fôùs l’équateur.
D’autres auteurs déterminent les faifons par le degré
de chaleur ou de froid, ou par l’apprôche 6c l’éloignement
du foleil. L’idée que les Européens ont
communément des faifons, renferme l’un ou l’autre
de ces deux points, 6c fur-tout le froid &c le chaud ;
quoique, les Aftronomes aient encore plus d’égard au
lieu du foleil dans l’écliptique. Il eft certain qu’en
beaucoup d’endroits fous la zone torride, les J'aifons
ne répondent point au teins que le foleil s’en appro-.
che ou s’en éloigne, car on y compte l’hiver qui eft
pluvieux 6c orageux, quand ce devroit être l’é té,
puifque le foleil en eft alors plus proche; 6c tout au
contraire, on y compte l’été quand îe foleil s’en éloigné.
En un mot, on y fait confifter l’été dans un ciel
clair; 6c l’hiver dans un tems humide 6c pluvieux. Il
eft donc; vrai que les idées des faijons different confi-
dérablement fuiyant les: lieux ; .cependant voici ce
qu’on peut établir de raifonnable.
i° . Puifqüe .dans plufieurs lieux, comme Tous la
zone torride; & même dans quelques endroits de la
zone tempérée , Ja chaleur 6c le froid ne fuivent pas
le mouvement du foleil ; on ne doit pas penfer que ce
foit la chaleur 6c le froid .qui font lès faifons, à-moins
qu’on ne diftingue entre 1 esfuifôrû des cieiïx & belles
'de la terre. Je me fers de ces termes faute dé meilleurs.
Ainfi lafaifon de l’été terre fixe d’un lieu, eft
le tems de l’année, où il y a fait la plus grande chaleur.
Mais l’étércélefte, eft le tems où l’on doit attendre
la plus grande chaleur , à caufe de la pofition
du foleil: raifonnons de même par rapport à l’hiver.
Or quoique l’été 6c l’hiver, tant terreftre que célefte,
arrivent'en plufieurs lieux dans le même tems de
l’année,, il y a pourtant des endroits fous la zone torride,
où ilsarrivent dans dçs tems différens. Il en faut
dire autant du printems 6c de l’automne, tant célefte
que terreftre. '
, *6, Comme il n y a que peu d’endroits :où l’été &
l’hiver tèrreftre different du célefte, par rapport au
tems: de l’annee , 6c que. le plus l’ouvent ils arrivent
dans le même tems; on.doit clone appeller fétéy Phi-
Verv é’ç.jcclefte, Amplement été., hiver, &c. fans y
ajouter le mot de cèle fie f mais quand on veut parler
d^Jqifons terrreftres, il fout-ajouter en^les nommant
le mot terrefire, pour les diftinguerdp celles jqu’on
nomme Amplement été, hiver^.quand if n’yapoint de
différence entre la terreftre & la célefte.
S A î |i#
f 1^J.ete ceie<*e licü eft la faifon dans îàqUellë îô
foleil approche le plus de fon zénith, & l’hiver ceilô
où il s’en éloigne le plus. Le printems eft la faifo/i
qm eft entré la fin de l’hiver, & le commencement
dé l’été; 6c l’automne fe trôuvé entre la fin de l’été
& le commencement de l’hiver. C’eft ainfi qu’il faut
entendre ces quatre faifons dans tous les lieux ; mais
nous nous contenterons de remarquer ici que tous là
z°n^.TernPerée 6c la zone glaciale, les quatre fàijbns
celeftes lont prefque de la même longueur ; 6c que
ious U zone torride elles font inégales, la même/ « -
fon y étant differente feloft les différens lieux.
La prémiere partie de cette propofitiôn eft ciairè,
parce que le foleil parcourt trois fignes dans chaque
faifon ; ainfi les tems feront à-peu-près égaux à quel-
ques jours près, c’eft-à-dire que dans les lieux aii
nord, l’ete eft de 5 jours, 6c lë printems de 4 jourà
plus longs que l’automne 6c l’hiver ; au lieu que dans •
les lieux placés au fud, l’automne 6c l’hiver l’emportent
d’autant de jours fur le printems, à caufe de l’excentricité
du lbleil.
3°. Dans les lieux placés fous l’équateur, lés faifons
font doubles; les deux étés font fort courts, ainfi.
que les deux printems qui n’ont que chacun 30 jours;
Les deux étés 6c les deux printems ont tout au plus
64 jours chacun, c’eft-à-dire 2 mois & 2 ou 4 jours;
Mais l’automnfe & l’hiver ont chacun 55 jours,c’eft-
à-dire les deux automnes 110 jours, 6c les deux hi*
vers autant, e’eft-à-dire près de 4 mois.
4°. Sous la zone torride, plus les lieux font prô*
ches de l’équateur, plus leur été eft long, & leur hiver
court ; 6c 1 automne 6c le printems plus ou moins
longs qu’à l’ordinaire. Si les lieux ont moins de 10 de*
grés de latitudé, l’été ne dure pas moins de fix mois ;
6c l’on peut calculer par les tables de déclinaifon, la
longueur de chaque faifon.
Il feroit trop lUng de déterminer ici dans quel moîà
dé l’année lés quatre faifons arrivent fur la terre fous
la zone torride, fous la zone glaciale, & fous la zoné
témperée : Varenius vous en inftruira complette-
m'ent ; jé mé borne à trois ôbfervations. ‘
1 °. Sous la zone tempérée, l’approche ou la diftari-
ce du foleil eft fi puiffante, quand on la compare aux
autres caüfes, que cette approche ou diftance font
prefque les feulés ehofes qui règlent les faifons. En
effet, dans la zone temperée feptentrionale, il y a
printems 6c automne quand le foleil parcourt les fi»
gnes depuis le belier par le cancer, jufqu’à la balaii-*
ce ; car alors il eft plus proche de ces lieux : enfuité
allant de la balance au belier par le capricorne, il
forme l’automne 6c l’hiver ; mais Tous la zoné tem^
perée méridionale, ç’eft tout le contraire, 6c les aur
très califes ne détruifent jamais entièrement l’effet dé
cellé-ci , comme elles font fous la zone torride.
2°. Cependant les faifons different dans lés divers
endroits, de maniéré qu’il fait plus chaud ou plus
froid, plus fec ou plus humide dans un lieu que dans
un autre, quoique dans le même climat ; mais elles
ne different jamais de l’hiver à l’é té, ni de l’été à l’hiver:
car il y a des pays pierreux, d’autres marécageux
;,les uns font proches, les autres font loin de là
mer ; il y a des terres fablonneufes , d’autres font ar-
gilleufes.
30. La plupart des lieux voifins du tropique forif
fort chaijds en été ; quelques-uns ont une faifon humide
, à-peu-près femblable à celle dé la zoïie torride.
Ainfi dans la partie du Guzârate, qui eft au-delà
du tropique ,.il y ailes mêmes mois de fé cheréffe 6c
d’humidité qii’en-dedans du tropique, M l’été fé
change en un teftis pluvieux : cependant il y fait plus»
chaud, à caufe delà proximité du foleil, qui’1 dans là
partie feche de l’année quand il y a un peu dv^ froid*
Chez nous, nous ne jugeons pas de l’hiver & 4 i- l’été>