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que fa patrie. Suétone remarque que Soèvxits 'NWa-
jior, fameux grammairien, ayant été noté d’ infamie^
lut exilé en S-ardaigne , 6c y mourut.
Gette île eft toujours auffi màl-feine que fertile':
on-pourroit cependant remédier au mauvais air qu’on
y refpire, en faifant écouler les eaux qui croupiftent,
en abattant-des bois qui empêchent l’air de circuler.,
car le climat.n’eit.pas mauvais en lui-même. L’île
eft couverte en tout tems de fleurs 6c de verdure ;
le bétail y paît au milieu de. l’hiver ; les1 campagnes
font abondamment arrofées par des rivières , des
r-uiftéaux 6c des fontaines ; les bêtes à cornes y multiplient
merveilleufement,& donnent des laines, des
peaux 6c des fromages ; les chevaux de cette île font
eftimls,-; les montagnes , les. collines & les plaines ,
fburni-fiènt une aufîi grande chafie de bêtes fauves 6c
igibier qu’en aucun pays du monde ; tous les fruits y
font excellens ; les bois font chargés d’oliviers, de citronniers
6c d’orangers ; les montagnes y renferment
des mines de plomb , de fer, d’alun & de fo'ufre ; les
'cotes produilçnt du thon, du corail, & fur-tout ces
petits poifîohs ft vantés-, connus,fous le nom de J a r d
in e s , à caufe -de la grande quantité qui s’en pêche
autour ;de cette .île. Enfin on y peut recueillir des
grains, en abondance , comme on en recueilloit du
temsrde^iRomains, où cette île étoit mife au nombre
des magafins de. Rome. Pompée , dit Cicéron , fans
attendre que la faifon fût bonne pour naviguer, paffa
en Sicile, vi-fita l’Afrique, aborda en Sardaigne , &
's-aftùra de ces trois magafins de la république.
• Ajoutons que la Sardaigne a des ports capables de
recevoir toute, fortes de bâtimens,; cependant il ne
paroît pas que depuis les Romains aucune puiflance
ait profité des avantages qu’on peut tirer de la bonté
fie cette île. Elle renfermait fous eux quarante-deux
villes, 6c elle n’en a plus que fept ou huit aujourd’hui
, Cagiiari, Saffari ,.Qriftagni, toutes trois érigées
en archevêché; 6c quatre, épifcopales , favoir
Ampu'rias, Algheri, Alez, 6c Bofa. .
La Sardaigne, dit A riftote, eft une colonie greque
qui étoit autrefois très-riche , mais qui a bien déchu
d epuis. Elle fe rétablit fous les Romains, pour retomber
dans la plus grande décadence. La raifon en eft
claire les pays ne font floriffans qu’en raifon de leur
liberté ; & comme rien n’eft plus près de la dévaluation
que l’étata&uelde la Sardaigne, elle eft dépeuplée
, tandis que l’affreux pays du Nord refte toujours
habité. Les maifons religieufes vivent dans cette île
fans aucun travail & fans aucune utilité ; leurs im-
menles privilèges font la ruine des citoyens. Tous les
réguliers , foit en qualité de mendians, foit en vertu
de quelque induit, ne payent ni taxe ni contribution ;
leurs biens ne fourniflent rien au gouvernement ; le
peuple appauvri s’eft découragé ; l’induftrie a cefle ;
les fouverains ne tirant prefque rien de cette île , l’ont
négligée, 6c les habitans font tombés dans une ignorance
profonde de tout art 6c de tout métier. Le roi
de Sardaigne lui-même qui poffede aujourd’hui cette
île , n’a pas cru qu’il fût aifé de remédier à fon délabrement
, 6c d’en réformer la conftitution. Aufîi la
cour de Turin ne regarde la Sardaigne que comme un
titre qui met fon prince entre les têtes couronnées.
Je ne connois que Symmaque , diacre deTéglifè
de Rome, qui foit né dans cette î l e , & qui ait fait
quelque bruit dans le monde. Il fuccéda au pape
Anaftafe II. en 498 ,. par le crédit de Théodoric, roi
des Goths. Il étoit perdu fans ce prince ; mais avec
fa protection ,il fut déclaré innocent des crimes dont
on l’accufoit. On dit que c’fift lui qui ordonna le premier
de chanter à la fneffe dans les fêtes des martyrs,
le gloria in excelfis. Il mourut en 514. (L e Chevalier
TDF. J AU CO URT .')
SARDAM, (Géog.modJ) village à une lieue d’Am-
flerdam fur l’Y em a is c’eft lin village aufîi grand,
S A R
aufîi riche, 6c plus propre que beaucoup de villes
opulentes. Le czar Pierre y vint en 1697 pour y voit
travailler à la conftru&ron d’un vaiffeau , 6c voulut
y travailler aufîi, menant la même vie que les. arti-
fans d e Sardam, s’habillant, le nourriflant comme
eu x, maniant le compas 6c la hache. Il travailla dans
les forges ,dans les côrderies,. dans ces moulins dont
la quantité prodigieufe borde le village , 6c dans lesquels
on feie le fapin 8c le chêne , on tire l’huilè , on
pnlvérile le tabàc , où fabrique le papier , on file les
métaux duâiies. L’on conftrüifoit alors à Sardam
beaucoup plus de vaiffeàux encore qu’aujourd’hui,
(d . / .) . H M H m Ê M ■ W M
SARDÀR, f. fri. ( Milice turque. ) nom d’tuï officier
qu’on tire du corps de ceux des janiffaires pouf
quelque expédition particulière d’une certaine importance
, comme pour être à la tête de quelques dé*-
tachemens en tems de guerre. Ce mot eft dérivé de
la langue perfane, où il fignifie un chef,\m comman*■
dant. Aufîi un fardar en Turquie eft le commandant
d’un détachement de guerre, & il eft toujours accompagné
dans fon entreprife d’un député & de deux fe*
cretaires ; mais fon emploi finit au retour de fon ex;
pédition, foit qu’elle ait réufli ou non. Pocock, def-
cript. de l ’Egypte ,p% /6c). ( D . J. )
. SARDE, voyei Sa r d in e .
SARDELLE, voye\ Sardine,
SARDES , ( Géogv anc.) Za.pS'tic au pluriel par les
anciens, 6c rarement Sardis au fingulier ; grande ville
d’A fie, dit Strabon,-bâtie depuis la guerre de Troie b
avec une citadelle bien fortifiée. Elle étoit au pié du
mont Tn*«ilus, à 15 lieues de Smyrne , & baignée
parle Paélôle. Mais grâce aux belles obfer varions de
M. l’abbé Belley, inférées, dans \ts mémoires de littér
future, tome X V I I I . in-40. je puis fournir l’hiftoire
complette de cette ville , célébré par fon antiquité,
fa dignité , fes richeffes , & fes médailles.
Capitale du royaume de Lydie, 6c le fiége dé fes
rois, dont la puiflance s’étendoit fur une grande partie
de l’Afie mineure, elle tomba au pouvoir de Cy-
rus, après la défaite de Créfus. Sous la domination
des rois de Perfe , elle coriferva un rang diftingué.
On fait qu’elle fut le féjour de Cyrus le jeune : le fa-
trape ou gouverneur de la préfecture maritime, y
faifoit fa refidence. Elle avoit beaucoup fouffert par
la révolte des Ioniens contre Darius fils d’Hyftafpe :
les confédérés conduits par Ariftagorâs, prirent la
ville, la brûlèrent: le temple même de Cybele, déeffe
du pa ys, ne fut pas épargné. Cet incendie auquel les
Athéniens avoient eu part, fut un des motifs qui déterminèrent
Darius à déclarer la guerre auxGrecs, 6c
fervit de prétexte aux Perfes pour brûler les temples
de la Grece.
Mais la ville de Sardes recouvra fon premier état,
lorfqu’Agéfilas , fous Artaxerxès Mnénom , paffa en
Afie pour combattre Tiflapherne. Alexandre le grand
ayant défait fur les bords du Granique les généraux
de Darius, dernier roi de Perfe, fit la conquête d’une
grande partie de l’Afie mineure. La ville de Sardes,
qui étoit l’ornement 6c le boulevard de l’empire des
Barbares du côté de la mer, fe fournit à ce prince ,
qui lui rendit la liberté , 6c l’ufage de. fes lois. Dans
la fuite elle tomba fous la puiflance des rois de Syrie;
le rebelle Achæus qui avoit pris le diadème, fe réfugia
dans cette ville, où il fut pris 6c mis à mort.
Antiochus le grand ayant été vaincu par les Romains
à la bataille de Magnéfte, fut dépouillé des
états qu’il poffédoit en-deçà du montTaurus : les Romains
cédèrent à Eumène , roi de Pergame, leur allié
, la L y d ie , & piufieurs autres pays. Attale Philo--
métor-,- l’un de fes fucceffeurs, laiüa par teftament au
peuple romain fes états , qui trois ans après fa mort
furent réduits en province. Cette province eft connue
dans l’hiftoire fous le nom dyAJie proconfulaire ;
S A R
*îtô étoit gouvernée par un proconful au tems de la
république, & même depuis , Augufte l’ayant cédée
au fénat dans le partage qu’il fit des provinces. L’Afiè
proconfulaire étoit d’une grande étendue ; elle com-
prenoit la Lydie, la grande Phrygie, la Mifnie, l’Eô-
lie , l’Ionie , les îles adjacentes , 6c la Carie. Ainfi la
ville de Sardes paffa fous la puiflance de Rome.
Elle fabriquoit des monnoies piufieurs fiecles avant
l’empire Romain. Hérodote afl’ure que les Lydiens
furent les premiers qui firent frapper des monnoies
d’or & d’argent ; je n’examine point fi l’invention
de l’art de battre monnoie leur eft dûe ; il eft
certairt que cet art eft très-ancien en Lydie, & pai-
coniéquent à Sardes, qui en étoit la capitale. On voit
encore dans les cabinets des anciennes monnoies
d’un travail grofîier, qu’on croit avoir été frappées
fous les Atyades, anciens rois de Lydie, Quoi, qu’il
en foit, le cabinet du Roi & celui de M. Pellerin con-
fervent piufieurs médailles d’argent & de bronze de
la ville de Sardes, où i’on ne voit point la tête des
empereurs ; cependant cette ville fit enfuite frapper
un grand -nombre de médailles avec la tête de ces
princes. Les antiquaires eh connoiffent plus de cent
vingt toutes différentes, depuis Augufte jufqu’à Va-
lerien le jeune : il nous refte auffi piufieurs de fes inf-
criptions ; mais bornons-nous ici à l’hiftoire fimple
de cette ville ; nous avons à faire conndître fa pofi-
tion fertile , fa dignité , fon gouvernement particulier
, fes traités avec d’autres villes d’Afie , fon culte
religieux^, fes temples, fes fêtes , 6c les jeux qu’elle
a célébrés en l’honneur des dieux & des empereurs;
nous indiquerons aufîi quels étoient les miniftres de
la religion des Sardiens. Enfin, comme il eft intéref-
fant de connaître quel a été dans la fuite des fiecles
le fort d une ville fi fameufe , nous rapporterons en
deux mots fes diverfes révolutions depuis le haut empire
jufqu’à-préfent.
1. La ville de Sardes étoit éloignée d’Ephèfe de
540 ftades; 6c , fuivant les itinéraires, de 63 milles,
qui font environ n lieues communes de France : fi
nous ne fayions pas d-’ailleurs qu’elle étoit de PAfie
proconfulaire 6c en Lydie, les monumens nous l’ap-
prendroient, puifqu’on lit fur les médailles, ^a.pS'ia^
ra>v y.oivtv Atnaç, 6c meme le nom du proconful, gouverneur
de la province ; T«,« Anna UoXXimt Aeôunxro;
6c clans une inicription, T*ç a«a(r vauv T0V iVxvha uat- ■ : ' v
On fait aufîi qu’elle étoit fituée fur le penchant du
mont Tmolus , vers le feptentrion, félon Pline, /. V.
c. x x jx . qui dit Sardibus in latere Tmoli montis ; qu’elle
étoit arrofée parle Paélole , cette riviere fi vantée
dans l’antiquité pour les fables d’or qu’elle rou-
ioit dans fes eaux, 6c qu’on n’y trouvoit plus au tems
de Strabon. Ces circonftances locales font encore
marquées fur les médailles. On voit fur une médaille
du cabinet du roi, la tete d’un vieillard couronné de
pampre, avec le nom T/xaXoç, 6c au revers une figure
aflife cjui tient un canthare, avec le nom de Taplivw.
Le meme dieu , le Trnole, fous la figure d’un vieillard
, eft repréfenté fur une des médailles de Sardes,
frappée fous Domitien ; 6c une autre de Septime Se-
v'ere, fuivant le P. Froelich, a fur le revers le Paftole
• avec fes attributs , & la légende o-«pJWwr.
L’opulence des rois de Lydie a été célébrée dans
la plus haute antiquité ; on croit qu’ils puifoient leurs
trefors dans les mines d’or du Trnole, où font les
fources du Paâole; mais ce qui contribua le plus
dans tous les tems à la richefle de" Sardes, ce fut la
fertilité de fon territoire. Les coteaux du Trnole
etoient plantés de vignobles, dont le vin étoit fort
eftimé; aufîi a-t-on imaginé que Baechus avoit été
nourn à Sardes, 6c que cette ville a inventé Part de,
taire le vin : ce dieu eft repréfenté avec fes attributs,
le canthare, le thyrfe & la panthère, fur piufieurs de
Tome X I V
S À ft jlf t
fés médailles. Üne plaine fpacieufe s’étend du pié de
la montagne jufqu’au-delà du fleuve Hermus, nommée
par excellence la plaine de Sardes 2*c<r/*vov m*
fiovi '
Elle eft jlrrofée par un grand nombre defuiffeanx»
&-par le Hermus qui fertilife fes terres. On voit le
fleuve repréfenté fur une médaille de fabine cap*
havov ippcç. La plaine outre les pâturages, produifoit
en abondance des blés 6c des grains de toute efpecë;
Cérès 6c Triptolème qui préfidoient à l’agriculture,
font repréfentés fur piufieurs de fes médailles. Sar^
des, dit Straboù, X I I I . p. 627. a été prife par le».
Cimmériens, par les Trères 6c les L yciens, 6c enfui- ’
te par les Perfes ; elle s’eft toujours relevée de fes mal-*
heurs à caufede la bonté de fon fol. Cette bonté contribua
fans doute à fon rétabliffement, après cet horrible
tremblement de terre qui renverfa en une nuit
douze villes d’Afie ; Sardes fut la plus maltraitée : af~
perrima in Sardiaiios luesb dit Tacite, annal, xj. 47.
auffi eut-elle le pliis de part aux libéralités deTibere,
qui fit rétablir ces villes, 6c Sardes par reconnoiffaiv
ce lui décerna les honneurs divins.
Tl. Si cette viile fut puifîante paf fes richeffes, elle
fut illuftre par d’autres titres honorables, Dans la
tonteftation qui s’éleva entre orize villes de l’Afie,
qui toutes ambitionnoient l ’honneur de bâtir un temple
à Tiberé, à Livie 6c au fénat, les villes de Smyrne
6c de Sardes, à l’exclvifion des autres, refterent en
- concurrence. Leurs députés parlèrent devant le fé-*
iïat, & fi ceux de Sardes n’eurent pas l’avantage fur
les Smyrriéens, c’ eft que ces derniers firent valoir
leur antiquité, & les fervices importans qu’ils avoient
rendus aux Romains dans les tems les plus difficiles,
Sardes néanmoins pou voit prelque prendre fur lès
monumens, les mêmes titres d’honneur que Smyrne ;
c’étoit une grande ville , dit Strabon, la plus grande
de l’Afie, fuivant'Séneque, 6c l ’une des plus magnifiques.
On voyoit près de cette ville, les tombeaux
des anciens rois.de Lydie bpnpara tw fl*<r,xiUVi 6c en
particulier celui d’Alyatte,pere de Créfus.
Antonin Pie dans un de fes referits, met Sardes au
nombre des villes qu’il qualifie de métropole de peu-*
pies. Elle étoit métropole de la Lydie: Lydia célébra-
tur fnaximé Sardibus, dit Pline, lib. V. c. xxix. Auffi
prenoit-elle le titre de métropole, comme l’a prouvé
M. Askew, favant anglois, par une inicription qu’il
a copiée fur les lieux en 1748, On lit fur un médail-
g fo n de Septime Sévere, <r*?Sm v hmozopw ^ 0 ^
xtac anair. Enfin dans la divifion que les Romains firent
de la province d’Afie en piufieurs préfe&ureS ou
jurifdiérions, qu’ils nommoient juridici conyentus
celle de Sardes^ à laquelle refî'ortiflbient piufieurs
grandes villes, étoit une des plus étendues.
III. Dans les premiers tems, les villes de l’Afie
i étoient gouvernées fuivant leurs lois, 6c par leurs
propres inagiftrats: elles jouiffoient alors d’une véritable
autonomie. Sous la domination des Perfes elles
perdirent cette précieufe liberté. Alexandre ie grand
les rétablit dans leur ancien état, qui fut confirmé
par les Romains, & nous favons que Sardes eut part
a ce bienfait.
Le gouvernement fie cette ville étoit déniocrati-»
que ; l’autorité publique s’exerçbif au nom du peuple
par un confeil public, comme on le voit fur un monument
érigé en l’honneur d’Antonin Pie : h. BeiM» k «/
0 Ah/j.00- toc èapS'iamvi Outre le confeil commun de la
ville appellé (iovXn, compofé des archontes & d’autres
conlcillérs, la ville de Sardes avoit un fénat ou
confeil des anciens ,ytpowia, dont il eft fait mention
dans une belle infeription de cette ville , rapportée
par Spon ( mife. p . 3/7.) ti |3otA,i v.at O ïn/xor Kcu »
y»pevF/a itip.wav, &c. Ce confeil s’aflembloit dans le
palais de Créfus, que les Sardiens avoient deftinc
pour le logement 6c la retraite des citoyens pendant
N N n n