Cap. j. ). Voilà un qui 6c un quas qui commencent
chacun une phrafe. Il me lemble qu’il faut interpréter
le premier comme s’il y a v o it , a tQUI IS eum minus
effetprobatus, &c. (O r celui-ci n’étant pas dans
les bonnes grâces de fes parens ) : c’eft une remarque
que l’hiftorien veut joindre à ce qui précédé, par une
traniition. Qy X. contumtlia non fregit eum, fed erexit,
c’ e’ft-à-dire, verum HÆC contumelia non fregit cum,
fed erexit ; l’effet naturel de l’exhérédation devoit être
d’affliger Thémiftocle 6c de l’abattre, ce fut le contraire.
Il faut donc joindre cette remarque au récit du
fait par une conjonction adverfative, de même que
les deux parties de la remarque pareillement oppo-
fées entr’elles : ainfi je traduirois ; m a is cet affront,
au lieu de l'abattre, lui éleva l'ame : la conjonction
mais indique l’oppofition qu’il y a entre l’effet 6c la
caufe ; 6c au lieu de défigne l’oppolition refpeCtive
de l’effet attendu 6c de l’effet réel.
Il n’y a pas une feule occafion où le qui, quee, quod
ainfi employé, ou de quelque autre maniéré que ce
fo it , ne conferve 6c fa fignifîcation démonftrative 6c
fa vertu conjonftive. Outre qu’on vient de le voir
dans l’explication analyfée des exemples mêmes allégués
par D. Lancelot en faveur de l’opinion contraire
; c’eft une conféquence naturelle de l’aveu que
fait cet auteur que qui, quee, quod eft fou vent revetu
de ces deux propriétés, 6c c ’eft lui-même qui établit
le principe inconteftable qui attache cette conféquence
au fait, je veux dire l’invariabilité de la figni-
fication des mots : « car c’eft par accident , dit-il,
» ( ch. jx. ) fi elle varie quelquefois , par équivoque,
» ou par métaphore ». Mais fila lignification demonf-
trative 6c la vertu conjonftivefont les deux propriétés
qui caraftérifent cette forte de mot, à quoi bon
le désigner par la dénomination du relatif, qui eft vague
, qui convient également à tous les adjeftifs, qui
convient même à- tous les mots d’une phrafe, puif-
qu’ils font tous liés par les rapports refpeCtifs qui les
font concourir à l’expreffion de la penfée ? Ne vaut-
il pas mieux dire tout Amplement que c’eft un adjectif
démonfiratif & conjonctif? Ce feroit, en le nommant
en déterminer clairement la deftination, 6c
pofer, dans la dénomination même , le principe jul-
tificatif de tous les ufages que les langues en ont faits.
Cependant comme il y a d’autres adjeftifs démonftra-
tifs comme is ,ea. id ; hic, hase, hoc ; ille, ilia, illud;
ifle, ifta, iftud, 6cc. 6c que cette idée individuelle ne
donne lieu à aucune loi particulière de fyntaxe : je
crois que l’on peut fe contenter de la dénomination
d'adjectif conjonctif, telle que je l’ai établie d’abord,
parce que c’eft de cette vertu conjonftive & de la
nature générale des adjectifs , que découlent les réglés
de fyntaxe qui font propres à cette forte de
mot.
Première réglé. U adjectif conjonctifs ’accorde en genre
en nombre, 6c en cas, avec un cas répété de l ’antécédent,
foit exprimé , foit fous-entendu. Je m’exprime
autrement que ne font les rudimentaires, parce
que la Philofophie ne doit pas prononcer Amplement
fur des apparences trop fouvent trompeufes, 6c
prefque toujours infuffifantes pour juftifier fes dédiions.
On dit communément que le relatif s’accorde
avec l ’antécédent en genre, en nombre,6c en perfonne
; & l ’on cite ces exemples : Deus QUEM ado-
ramus eft omnipotens, ri/nete Deum QUI mundum con-
didit. On remarque fur le premier exemple, que quem
eft au fingulier 6c au mafeulin, comme Deus ; mais
qu’il n’elt pas au même cas, 6c qu’il eft à l’accufatif,
qui eft le régime "du verbe adoramus ; fur le fécond
exemple, que qui eft de même qu’au fingulier 6c au
mafeulin comme Deum, mais non pas au même cas,
puifque qui eft au nominatif, comme fujet de condi-
dit : on conclud de-là que le relatif ne s’accorde pas
en cas avec l’antécédent. On remarque encore que
qui, dans le fécond exemple, eft de la troifieme personne
, comme Deum , puifque le verbe condidit eft
à la troifieme perfonne , 6c qu’il doit s’accorder en
perfonne avec fon fujet, qui eft qui.
Ce qui fait que l’on décide de la forte, c’eft le préjugé
univerfel que q u i, quee, quod eft un pronom : il
eft vrai que le cas d’un pronom ne fe décide que par
le rapport propre dont il eft chargé dans l’enfemble
de la phrafe, quoiqu’il fe mette au même genre 6c
au même nombre que le nom fon correftif, dont il
tient la place, ou qui auroit pu tenir la fienne ; mais
ce n’eft pas tout-à-fait la même chofe de Yadjectif conjonctifs
6c la méthode latine de P. R. elle* même m’en
fournira la preuve. « Le relatif q u i , QUÆ, q u o i?,
» doit ordinairement être confidéré comme entre deux
» cas d’un même fubftantif exprimés ou fous-enten-
» dus; 6c alors il s’accorde avec l ’antécédent en gen-
» re 6c en nombre ; 6c avec le fuivant, même en cas,
» comme avec fon fubftantif». C ’eft ce qu’on lit dans
l’explication de la fécondé réglé de la fyntaxe; 6c
n’eft-il pas furprenartt que l’on partage ainfi les relations
du relatif, fi je puis parler de la forte, 6c que
l’on en décide le genre & le nombre par ceux du nom
qui précédé , tandis qu’on en détermine le cas par
celui du nom qui fuit ? N’étoit-il pas plus fimple de
rapporter tout au' nom fuivant, 6c de déclarer la concordance
entière comme à l’égard de tous les autres
adjeftifs ?
La vérité de ce principe fe manifefte par-tout.
i°. Quand le nom eft avant 6c après Y adjectif conjonctifs
comme, LUXERAS abs te M. Calenus ad me attu-
lit , in QUI BU S LITTERIS feribis, Cic. Ultra EUM.
LOCuM QU O in LO CO Germani confederant , Cæf,
E od em ut JURE uti J'enem liceat, QUo JURE fum
ufus adolejeentior, Ter. i° . Quand le nom eft fup-
primé après Y adjectif conjonctif s puifqu’alors on ne
peut analyfer la phrafe qu’en fuppléant l’ellipfe du
nom , comme cognofees ex IIS LITTERIS QU AS li-
berto tuo dedi, Cic. pour ex litteris quas litteras, dit la
méthode latine ( loc. cit.). 30. Quand le nom eft fup-
primé avant Y a d jt lf conjonctifs pour la même rai-
ion; comme ,populo ut placèrent QU AS feciffet FABULAS
s Phoed. c’eft-à-dire s populo ut placèrent F A B u -
LÆ q u a s F ABU LAS feciffet. 40. Quand le nom eft
fupprimé avant 6c après ; comme sfunt q u i B u s in
fatyrâ videor nimis acer, Hor. c’eft-à-dire , funt ho-
m i s e s (fui BU S HOMINIBUS infatyrâ videor nimis
acer. <j°. Quand Y adjectif conjonctif étant entre deux
noms de genres ou de nombres différens, femble s’accorder
avec le premier ; comme, Herculi facrificium
fecitin LOGO QUEM P yr am appellants T . Liv. c ’eft-
à-dire, in LOGO QUEM LOCUM appellant Pyram ; 6>C
encore Darius ad e um l o c u m q u e m amanicas P y -
l a s vocantpervenit, Curt. c’eft-à-dire ad EUM LOCUM
QUEM LOCUM vocant P y Las amanicas. 6°. Et
encore plus évidemment quand Yadjeclif conjonctif
s’accorde tout Amplement avec le mot fuivant ; comme
, ANIMAL providum & fagax QUEM vocarnus
h OMi nem ; quoiqu’il foit vrai que cette concordance
ne foit alors qu’une fyllepfe (voyez Syllepse);
mais ce qui a amené cette fyllepfe , c’eft l’authenticité
même de la réglé que l’on établit ic i, 6c que l’on
croyoit fuivre apparemment.
Elle eft fondée, comme on vo it, fur ce que le prétendu
pronom relatif eft un véritable adjeftif,& que,
comme tous les autres, il doit s’accorder à tous égards
avec le nom ou le pr .nom auquel on l’applique , 6c
cela en vertu du principe d’identité. Voyez Ident
i t é .
Seconde réglé.L’adjectifconjonctif appartient toujours
à une propofition incidente, qui eft modificative de
l’antécédent; & cet antécédent appartient par confé-
quent à la propofition principale..
C’eft une fuite néceflaire de là vertu conjonctive
renfermé é dans cette forte de mot partout où îï y a
conjonftion , il y à nécëffairement plufieurs propofi-
fions, puifque les conjonctions font des mots qui dé-
lignent entre les propositions, une liaifon fondée fur
les rapports qu’elles ont entre elles : d’ailleurs la
concordance de Y adjectif conjonctif avec l’antécédent
ne paroît avoir été inftituée , que pour mieux faire
concevoir que c’ eft principalement à cet antécédent
que dôit fe rapporter la propofition incidente. Je
n’infifte pas davantage fur ce principe, qui, apparemment
, ne me fera pas contefté : mais je dois
faire faire attention à quelques corollaires importans
qui en découlent.
Coroll. 1. Dans la conftruftion analytique, & dans'
toutes les occafions où l’on doit en eonferverla clarté
, ce qui eft prefqüe toujours néceflaire ; Y adjectif
conjonctif doit fuivre immédiatement l’antécédent,
6c être à la tête de la propofition incidente. La conjonction,
qui eft l’un des carafteres de cet adjefti'f,
eft le ligne naturel du rapport de la propofition incidente
à l’antécédent ; elle doit donc être placée entre
l’antécédent 6c l’incidente, comme le lien commun
des deux, ainfi que le font toujours toutes les
autres conjonctions. Les petites exceptions qu’il peut
y avoir à ce corollaire dans la pratique, peuvent
quelquefois venir de la facilité que le génie particulier
d’une langue peut fournir pour y confërver la
clarté de l’énonciation, par exemple, au moyen de
la concordance des terminaifons ou de la répétition
de l’antécédent, comme dans les langues tranfpofi-
tivëS : ainfi, la concordance du genre & du nombre
fauve la clarté de l’énonciation dans cette- phrafe de
Térence , QÜ As credis effe lias , non funt ver a nuptia,
parce que cette concordance montre affez nettement
que nttptioe eft l’antécédent de quas, qui ne peut s’accorder
qu’avec nuptias ; 6c c ’eft à-peu-près la même
chofe dans ce mot de Cicéron, qu a m quifque norit
artenisin hâc fe exercent. D ’autres fois l’exception peut
Venir de la préférence qui eft due à d’autres prirtei-:
pes , en cas de concurrence avec celui-ci ; 6C cette
préférence, connue par raifon oü fentie par ufage,
fâuve la phrafe des incertitudes de l’équivoque : tels
font les exemples où nous plaçons entre l’antécédent
6c Y adjectif conjonctif, ou' une fimple propofition , ou
mêmè Une phrafe adverbiale dans le complément de
laquelle doit être Yadjeclif conjonctif ; la maniéré même
dont je viens de m’expliquer en eft un exemple ;
& T o n en trouve d’autres au mot Incidente.
Coroll-. x. Puifque Yadjeclif conjonctif eft effentiel-
lement démonfiratif, 6c que i’analyfe fuppofe dans
la propofition incidente là répétition du nom ou du
pronom antécédent avec lequel s’accorde Yadjeclif
conjonctif ; cet antécédent eft donc envifagé fous ce
point de vue démonftratif dans la propofition incidente
: niais cette propofition incidente eft modificative
du même antécédent envifagé comme partie
de la propofition principale : donc il doit être confi-
deré dans la principale fous le même point de vue dé-
monftratif; puis qu’autrèment l’incidente, qui fe rapporte
à l'antécédent p’-is; démortftrativement , ne
pqurroit pas fe rapporter à celui' de la propofition
principale. C ’eft préçifèment en conféquence de ce
principe que dans-la phrafe latine on trouve fouvent
lé premier antécédent accompagné de l’adjeétif dé-
nfonftratif « , ou-hic,- ou-ille ^ 6cc.-ultra eum locum
qu'O in loto Germant confederant j cognofees ex IIS Ut-
lins quas, &c. 6c Virgile l’a même- exprimé avec le
pronom ego; i l l e ego qui quonddm^Gc. C’eft auflï le
fondement de la réglé propoiée par Vaugelas {rem.
comme propre à notre langue , que le pronom
TfkxïiÇÇc'efl-a-diré l’àdjeélifeonjonêtif), nefep6ut rapporter
à un nom qui n?a point d'ariïck. Vaugelas- n’a*
voit pas apperçu toute la généralité dé cette réglé';
la -Grammaire 'générale ( part. I l ch-,- x . ) l ’a difçutée
Tomç XLp't
âVec bèàucô.üp de foin; M. du Marfaïs , qui èn a
préfenté la caufe fous un autre afp e cl que je ne fais
ic i, quoiqu’au fond ce foit la même, a réduit la
réglé a fa jufte valeur ( A rt icle , p. y j G. col. ij. j ;
M. Duclos femble avoir ajouté quelque chofe à la
précifion (rem. fur le ch. x. de la gram...gènér..) ; 6c M-.
l’abbé Fromant a enrichi fon fupplément (fur le même
chap.) de tout ce qu’il a trouvé épars' dans différens
auteurs fur cette réglé de fyntaxe. Voilà donc lés
fources où il faut recourir pour fe fixer fur le détail
d’un principe , que je ne dois montrér ici que fous
des termes généraux ; & afin de favoir quels autres
mots peuvent tenir lieu de l’article où être réputés
articles , on peut voir ce qui en eft dit au mot In d é f
in i , (n. 2 .)
Coroll. j . Comme la fignifîcation propre de chaque
mot eft effentiellement une ; c’eft une erreur que de
croire , comme il femble que tous les Grammairiens
le croient, que Yadjeclif conjonctif puiffe être employé
fans relation à un antécédent, 6c fans fuppo-
l’er une propofition principale autre que celle où ert^
tre cet ad] eft if. Q u i, que , qu oi, Lequel font, au dire
des Grammairiens français, ou relatifs ou abfolus :
relatifs , quand ils ont relation à des noms ou à des
perfonnes qui les précèdent; abfolus, quand ils n’onf
pas d’antécédent auquel ils aient rapport. Voyer la
gram. f i . de M. Reftaut, ch. v. art. ô . 6* 6. A b uno
dij,ce omîtes. Dieu QUI aime les hommes, t argent QU Ê
j 'a i depenfé , ce a QUOI vous p e n j e l e genre dé vie AU QUEL
on fe defiine ; dans tous ces exemples, q u i,
que s quoi 6c auquel font relatifs : ils font abfolus dans
ceux-ci, y« fa is QUI vous a accufé,je ne fa is QUE vous
donner , marquez-moi à QUOI j e dois ni'en tenir , 6t
après avoir parlé de livres,/« vois a u q u e l vous donnez
la.préférence ; ils fe font encore dans ces phrafes
qui font interrogatives, QUI vous a accufé?QUE vous
donnerai-je ? A Qu01 penfez~vous ? 6c après avoir parlé
de livres , AUQUEL donnez-vous la préférence ? C ’eft
la meme chofe en latin : qui, quee, quod y font relatifs,
quis , quid y font abfolus.
Mais approfondiffons une fois les chofes avant què
de prononcer. Je l’ai déjà dit dans cet article , & je
le répété encore : la fignifîcation'propre des mots eft
effentillement une : la multiplicité des fens propres
feroit directement contraire au but de la parole, qui
eft l’énonciation claire de la penfée ; 6c fi l’ufage introduit,
quelques termes équivoques, p ir quelque
caufe que ce foit, cela eft très-rare,. & l’on ne trou-
vêra pas qu’il ait jamais expôfé à ce défaut trop eôn-»
fiderable, aucun des mots qui font dé nattifé à fë
montrer fréquemment dans Te difeours. Or il1 eft
confiant que qui, quee, quod en latin, qui, que, quoi,
lequel ën franÇois,font ordinairement âes adjectifs con^
jonclifs : il faut donc en conclure qu’ils le font toujours
, & que dans les phrafes où ils paroiflènt employés
fans antécédent, il y a une ellipfe dont l’a^
nalyfe fait bien remplir le vuidè.
Reprenons les exemples pofitifs que l’on vient dè
voir. Je fais QUI vous a accuj'e; c’eft-à-dire , je fais
la perfonne QUI vous a acci/fé : je ne fais q u e vous
donner, c’eft-à-dire, je ne fais pas la chofe QUE je
puis vous donner ‘ ou QUE je dois vous donner : mal-
quez-moi à q u o i je dois m'en tenir, c’éft-à-dïre', marquez
moi lé fentiment, ou l’opinion, ou le parti, &-c.
à q u o i je dois rtüen tèriir : eh parlant dé' livres' , je
vois AüQùEL vous donnez Ld préférence, c’eft-â-dite1',
je vois le livre AUQUEL voui donnez la préfetincé ; le
genre mafeulin 6c lé nombre fingulier du mot aucjùtl,
pr'ôuvent affez qu’on le rapporte à un nom mafeulin
6c fingulier. Mais en général ces adjeftifs étant ef-
fentielîement conjonftifs, & fuppofant, par une conS
féquence néceflaire, un antécédent au'qùel iis fervent
à joindre1 une propofition incidente ; il- a été
très-facile à l’ufage d’autorifer ü s ü de cet- ante*
H ij