les Italiens, rocca, rupts oupietra ;par les Efpagnols,
roca oupefia ; en allemand, fe ls , & en anglois a rock.
On a bâti quelquefois des tours & des forts fur ces
fortes de rochers, & plufieurs villes même en ont
pris leurs noms, comme Rochefort, la Rochelle &
autres. Elles font appellées roques dans le Languedoc
, auffi-bien que dans les autres pays voifins.
La Paleftine étant un pays de montagne , avoit
beaucoup de rochers, & ces rochers faifoient une partie
de la force du pays, parce qu’on s’y retiroit dans
les allarmes, & qu’on y trouvoit un azyle contre les
irruptions fubites des ennemis. Audi l’Ecriture parle-
t-elle fi fouvent de rochers ; par exemple, des rochers
d’Arnon, des rochers d’Oreb , du rocher d’Odolam,
du rocher d’Etham, &c. De-là vient aufli ces expref-
fions fi communes dans l’Ecriture ; foyez mon rocher,
Pfeaume 3 i . Le Seigneur eft mon rocher ; oii eft le
rocher autre que le Seigneur, Pfeaume 18. verf. 3 . 32.
6"c.
Les rochers qui fe trouvent dans la mer, & contre
lefquels les vaiffeaux font fujets à fe brifer quand ils
en approchent, fe nomment brifans. Il y en a qui font
toujours couverts de la mer, & cachés fous l’eau ,
d’autres qui ne font jamais couverts de la mer, &
d’autres que la baffe-mer découvre. On dit qu’une
roche eft faine, lorfqu’il n’y a point de danger autour
d’elle , & que tout ce qu’il y a de dangereux eft ce
qui paroît.
La chaîne des rochers qui font fous l’eau , s’appelle
refjif par les Américains, & on appelle hanche un fonds
de roches tendres & unies qui fe trouvent en certains
lieux au fond de la mer. Il y a de certains rochers qui
fe trouvent vers les îles des Açores, & ailleurs ; ils
font cachés fous l’eau, & on les nomme vigies.
Les rochers font repréfentés dans les cartes générales
par des petites croix ; mais dans les cartes particulières
, les rochers découverts y font figurés par
des pointes de rochers , & ceux qui font cachés
fous l’eau, font rèpréfentés par de petites croix.
( D .J ■ )
ROCHER S de Sciron, (Géog. anc.) Scironides petroe;
rochers célébrés, qui étoient dans l’enceinte de la
Mégaride en Acaïe. Strabon leur donne fix milles
d’étendue. Ils étoient devenus infâmes par les cruautés
de Sciron , dont ils prirent le nom. Cet homme
barbare réduifoit ceux qui arrivoient, ou qui étoient
jettés fur ces côtes, au honteux miniftere de lui laver
les p iés, de le chauffer, & enfuite abufant de leur
fituation, il les précipitait d’un coup de pié dans la
mer. Un monftre que Paufanias croit être une tortue
de mer, accoutumée à fa proie, cantonnée dans
quelque creux voifin, rendoit inutiles les efforts que
ces malheureux faifoient pour fe fauver à la nage, &
les entraînoit dans fon repaire , où il les égorgeoit,
s’ils n’étoient pas brifés par les pointes des rochers ,
fur lefquels ils rouloient en tombant dans la mer.
Théfée punit Sciron du même genre de mort, & purgea
le monde de ce fcélérat, que Jupiter Hofpitalier
avoit laiffé trop longtems impuni. C’eft de ces rochers
que Stace nous parle, Theb. L. J.
Infâmes Scirone Petras ,fcyllataque rara
Purpureo regnata feni.
Voye{ S c i r o n i d e s petroe > Gèogr. anc. (Z). 7 .)
R o c h e r , le,(Conchyliolé) c o q u ille a u t rem en t n om m
é e murex, voye^ c e mot ; c ’ e ft a ffe z d e fe r a p p e lle r
i c i , q u e c’ e ft u n e c o q u i l le u n i v a lv e , g a rn ie de p o in t
e s & d e tu b e r cu le s a v e c u n fom m e t ch a rg é d e p i -
q u an s ; il e ft q u e lq u e fo is é l e v é , q u e lq u e fo is ap p la t i.
Sa b o u c h e e ft to u jo u r s a lo n g é e , d e n té e , é d en té e ; la
l e v r e e ft a i lé e , g a rn ie d e d o ig t s , r e p l ié e , d é c h ir é e ;
l e fû t e ft r id é , & q u e lq u e fo is u n i. ( D . J. )
R o c h e r , en Anatomie ;nom d’une apophyfe des
os des tempes, appellée auffi apophyfe piemufe , à
c a u fe q u ’ é lle e ft d’ u n e fu b fta n c e e x t rêm em en t corn*
p a é le . Voye^ T e m p o r a u x .
R o c h e r d'eau, f. m. (Archit. hydraul.') efpece de
fontaine adoffée ou ifolée, & cavée en maniéré d’antres
d’où fortent par plufieurs endroits des bouillons
& napes d’eau. Telle eft la fontaine de la place Na-
vonne à Rome. C’eftun rocherfait de tevertin, percé
à jour en fes quatre faces, portant à fes encoignures
quatre figures de marbre avec leurs attributs , qui
repréfentent les quatre plus grands fleuves de la terre
, & fur lequel eft élevé un obélifque antique de
granit tiré du cirque de Caracalla.. C et ouvrage merveilleux
a été fait par le cavalier Bernin, fous le pape
Innocent X .
On appelle aufli rocher d'eau, une efpece d’écueil
maflif, d’où .fort de l’eau par différens endroits. Il
y a un de ces rochers à la vigne d’Efte, à T iv o li, près
de Rome. Daviler. ( D . J. )
R o c h e r s dans les bois, font de groffes touffes un
peu baffes Si rampantes, qui fe trouvent entre les
arbres de haute futaie.
R o c h e r de grenailles, ( à la Monnoie.) eft la maffe
de métal, qui dans l’état de bain ou fufion , eft ver-
fée dans un baquet d’eau froide , qui fe précipitant,
s’amaffe au fond en forme de grenaille. L’objet de
cette manutention eft de purifier le métal.
R o c h e r , terme de Brajferie; il fe dit du levain,
lorfqu’il commence à former des boutons de moufle
qui s’accumulent, s’amaffent, & forment des houppes
de moufle.
R o c h e r , en terme d'Orfevre en grofferie ; c’eft environner
les parties qu’on veut fouder de poudre de
borax, qui fert de fondant à la foudure.
ROCHERAYE ou P i g e o n d e r o c h e , (Hifioire
nat. Ornithol.) columba rupicola, Willugbi. Oifeau
qui eft à-peu-près de la groffeur du bifet ; il a un pié
de longueur depuis la pointe du bec jufqu’à l’extrémité
de la queue , & feulement dix pouces jufqu’au
bout des ongles ; la longueur dû bec eft de onze IL
gnes depuis la pointe jufqu’aux coins de la bouche ;
les ailes étant pliées , s’étendent prefque jufqu’au
bout de la queue. La tête & la face inférieure du
cou font d’un cendré foncé ; la face fupérieure du
cou , la partie antérieure du dos & les petites plumes
des aîles qui fe trouvent près du corps ont une
couleur cendrée brune : les autres petites plumes de
l’aîle, la partie poftérieure du dos & le croupion ,
font d’un cendre clair. Il y a fur la partie fupérieure
du cou une teinte de ces couleurs brillantes qu’ont la
plupart des pigeons. La poitrine eft d’une légère couleur
vineufe ; le ventre, les côtés du corps, les jambes
& les plumes du deffous de la queue font d’un
cendré clair. Les grandes plumes de l’aîle, & celles
du fécond rang, qui font les plus près du corps, ont
une couleur brune , les autres font cendrées à leur
origine & noirâtres vers la pointe : il y a de plus fur
chaque aîle deux taches d’un brun noirâtre. Toutes
les plumes de la queue font cendrées à leur origine,
& noirâtres vers leur extrémité. Le bec eft gris, les
piés font rouges & les ongles noires. Le rocheraye eft
un oifeau de paffage. Briffon, Omit, tome I . Voye{
O i s e a u .
R d cH E R A Y E B L A N C , columba alba faxatilis. On
r e g a rd e c e t o i fe a u com m e u n e v a r ié t é du rocheraye.
Voyei R o c h e r a y e ; i l n’ en d iffé ré q u ’e n c e q u ’i l e ft
en t iè rem en t b l a n c , à l’ e x c e p t io n d e la t ê t e , du c r o u p
io n & d e la q u eu e , q u i fo n t d ’u n b e a u r o u x . Omit.
d e M. B r i f fo n , tom. I . voye[ O i s e a u .
R o c h e r a y e de la Jamaïque, P i g e o n à.la couronne
blanche , colomba capite albo, Klein. Cet oifeau eft
à-peu-près de la groffeur du pigeon domeftique ; il a
un pié Un pouce de longueur depuis la pointe du bec
jufqu’à l’extrémité de la queue, & feulement dix pou-,
ces fix lignes jufqu’au bout des ongles ; la longueur
du bec eft d’un pouce, & celle de la queue de cinq
pouces ; les aîles étant pliées s’étendent jufqu’aux
deux tiers de la longueur de la queue. Le defiits.de la
tête eft blanc, & plus bas il y a une belle couleur
pourprée changeante. Le cou eft d’un verd changeant
, qui paroît à certains afpeâs bleu ou de couleur
de cuivre bronzé. Tout le refte du corps ; fa-
y o ir , le dos , le croupion , les petites plumes des aîles
, celles du deffus & du defl'ous de la queue, la
poitrine , le ventre , les côtés du corps & les jambes
lont d’un brun tirant fur un gris bleuâtre, les grandes
& les moyennes plumes des aîles ont une couleur
brune. Les yeux font entourés d’une peau blanche.
Le bec eft rouge à fa bafe, & blanc vers l’extrémité;
Les piés font rouges & les ongles gris. On trouve
cet oifeau dans toutes les îles de Babama, à la Jamaïque
& à S. Domingue. Briffon, Omit. t. Ir Voyc^
Oiseau.
ROCHESTER, (Géog. mod.) ville d’Angleterre ,
dans la province de Kent, fur le Medway, qu’on y
paffe fur un des beaux ponts d’Angleterre , à 27 mib
les au fud-eft de Londres. Elle eft fort ancienne , a
titre de comté, & un évêché d’un revenu fort modique.
Long, fuivant Caflini, ./51. ig, lat. S.t.czo. &
fùivant Streft. Long. ry. 5G. latit. ôt. zG. (D. J.)
ROCKE-SUR-YON, (Géog. mod.) bourg de Franc
e , dans le Poitou , fur la petite riviere d’Yon , à 6
lieues au nord-oueft de Luçon ,.avec titre de principauté,
qui appartient à la maifon de Conti. Long. 16.
j o. lat. 4G. 3%. ( D . J. )
ROCHL1Z , (Géog. mod.) ville d’Allemagne, dans
la Saxe, au cercle de Léipficlc, fur la Muldaw, qu’on
ÿ paffe fur un pont ; elle eft munie d’un château, &
ades mines de cuivre dans fon voifinage. C’eft une
ville ancienne, car elle a déjà été brûlée autrefois du
lems de l’emperetir Henri II. & elle avoit alors pour
fei^neurs des comtes qui en portaient le nom. Jean
Frédéric, eleâeur de Saxe, l’enleva, en 1547, au
duc Albert, margrave de Brandebourg , mais le duc
Maurice la reprit fur l’clefteur, & elle eft reftée à la
poftérité. (D . J.).
^ ROCKENHAUSEN , ( Géog. mod. ) petite ville
d Allemagne, dans le bas-Palatinat. Elle eft fituée
entre les châteaux de Reipolzkcirch & de Fralckenf-
tein. (D .J . )
ROCKIZAU , (Géog. rnod.) ville royale de Bohème
, à trois milles au levant de Pilfen , fur les confins
du cercle de Podebroc. Le fameux Zifcka la prit
& la brûla en 1421. (D .J . )
RO CH AR T , voye^ L a m a n t i n .
' RÖCHET, 1. m. (Gram. Hiß. mod.) ornement de
lin que portent les evêques & les abbés ; il reffem-
ble à un furplis, excepté qu’il a des, manches & des
poignets, au lieu que le furplis eft entièrement ouvert
& fans manches.
Ménage fait venir ce mot du mot latin rochettus ,
diminutif de rocchus, dont les écrivains de la baffe
latinité fe font fervis au lieu de tunica , & qui vient
onginaifémeat du mot allemand-roj.
Rockets font aufli des efpeces de manteaux qi
portent en Angleterre les pairs du royaume féans :
parlement dans les jours de cérémonies. Voye? P a
& P a r l e m e n t . x
Ceux des vicomtes ont deux bandes ou bords
demi; ceux des comtes, trois ; ceux des marqui
trois & demi & ceux des ducs, quatre. Larrey.
o c h e t , f. m. (Manufacl.) on appelle ainfi ch
es marchands de foie, chez les manufafturiers
ouvriers en étoffés d’o r , d’argent & de foie, & ch
“ - - f Cn foie » laine & 61, des bobines pl
groiies & plus courtes que les bobines ordinair.
en iur ces rockets que tous çes marchands & 0
lome X IV .
vriêrs dévident leurs foies ou pour les vendre > oit
pour les employer, ou pour leur donner quelque
préparation de teinture. D i cl. de Commerce. (D . 7 .)
R o c h e t , ( Horlogerie. ) nom que les Horlogers
donnent à une roue dont les dents ont une figure à-
peu-près.femblable à celle d’une cremaiilere de cheminée.
Ces fortes de roues font ordinairement d’u*
iàge dans les encliquetages & dans les échappemens
des pendules. ^ ^ { É c h a p p e m e n t , En c l iq u e t
a g e , &c. & lesJig. dans nos Planches de l'Horlogerie
, qui repréfentent des rockets d’échappement, &
d'autres figures qui repréfentent des rockets d’encliquetage.
ROCHOIR, f. m. (Orfevr.) infiniment ,à l’ufage de
prefque tous les ouvriers qui employent les métaux.
C ’eft une petite boîte de cuivre ronde , & élevée à-
peu-près comme la moitié d’un étui rond ; il y a un
couvercle , & au-bas un trou auquel eft adapté un
tuyau fur lequel eft une petite bande de métal cre-
née. Dans le corps de la boîte eft renfermé le borax
pulvérifé, & on fait tomber cette poudre fur les parties
que l’on veut rocher ou faupoudrer de borax,
en faifant paffer fon ongle le long des crans de la petite
bande crenée , &c en dirigeant le tuyau fur les
places où l’on a befoin de borax.
R O C K E T , f. m. ( Ht fi. d 'Angleterre. ) on appelle
rockets en anglois les mantelets que portent aux jours
de cérémonie les pairs féans au parlement. Ceux des
vicomtes ont deux bordures & demi, ceux des comtes
trois, ceux des marquis trois & demi, &ceux des
ducs quatre. Ce mot vient peut-être de rdcchus , qui
eft employé pour tunica chez les écrivains latins du
moyen âge , o u , fi l’on veut, de rock, mot teutoni-
que qui fignifioit une robe , une tunique. (D. J.)
ROCOU ou R O CO U R T , f. m. (Botan.) arbre
exotique cultivé dans toutes les îles de l’Amérique.
Il eft nommé orleana feu orellana foliculis lapaceis ,
parHerman ; Cat. Hort. Lugd. Bat. 4G4. Pluk. Almag.
■ Zÿz.'P hytog. Zoÿ . f 4. Orleanafeu orellanajiveurucu,
Parad. Prod. 357. urucu ; Pifon , éd. 1G48, Gfi, éd.
)GS8, 133. Çat. Jam. 1S0. hifi. z. Sz. urucu Brafi-
lienfibus ; Marcgr. 61. Kaiabaka, daburi. Ger. Emac.
tSSq. Archiotl yfeu medicina tingendo apta , Hern. 74.
Arbor mexicana ^fruclu cafianeoe , coccifera, C. B. Pin.
41 c). Raii, hifi.z. t j j t . Jonf. Deudr. tic). Bixa ovie-
di, J. B. 1. 440. metella Amcricana maxima tincloria •
Tourn. Infi. 242. Boerh. Ind. A. zo8. arbor finium
regundorum , Scalig. Arnotto. Dale.
Cet arbre eft de moyenne grandeur ; il pouffe de
fon pié plufieurs tiges droites, rameufes , couvertes
d’une écorce mince , unie, pliante , flexible,
brune en-dehors , blanche en-dedans ; fon bois eft
blanc, facile à rompre ; fes feuilles font placées alternativement
, grandes , larges, pointues, liffes, d’un
beau verd, ayant en-deffous plufieurs nervures rouf-
lâtres ; fes feuilles font attachées à des queues longues
de deux ou trois doigts.
Ses rameaux portent deux fois l’année en leurs
fommités des bouquets compofés de plufieurs petites
têtes oii boutons de couleur brune rouffâtre ; ces
boutons s’épanouiffent en des fleurs à cinq pétales,
difpofées en rofe, grandes , belles , d’un rouge pâle,
tirant fur l’incarnat, fans odeur & fans goût ; cette
fleur eft foutenue par un calice à cinq feuilles, qui
tombent à mefure que la fleur s’épanouit: au milieu
d£ cettç fleur il y a une efpece de houpe composée
R r ij